Les animaux mendiants. – C'est au jardin des Plantes. Dès que le flâneur s'approche longeant les grillages, la bête s'empresse. Elle tend le mufle, agite ses babines, allonge sa lippe, pour suggérer à l'homme l'idée du morceau de pain. J'ai vu un cerf qui simulait la quête, parmi les cailloux, des croûtes qu'on oubliait de lui offrir ; puis, ses bois rejetés lentement en arrière, le cou allongé, il semblait sourire, espérant être compris. J'ai même cru m'apercevoir que la biche léchait ses faons avec beaucoup d'à-propos, quand la galerie était suffisante. Elle donnait en spectacle son amour maternel, tout comme les Négresses du Champ-de-Mars. Cette biche ainsi déjà un peu façonnée à l'image de l'homme, cette bête mendiante et prostituée, n'est pas très loin de notre belle humanité ; je l'appellerais tout au moins un « sur-animal ». (72e épilogue, septembre 1897)