Un mot de Barbey d'Aurevilly (Echo de Paris, 16 avril).


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M. Lavedan aurait conté à un rédacteur de l'Echo de Paris une anecdote ainsi conçue : « Barbey d'Aurevilly narrait que son père, chef de chouans, avait eu la langue coupée par les bleus. Comment commandait-il ? lui demandait-on. Et Barbey, de répondre : Il rugissait, Monsieur ! »

Une telle anecdote, outre qu'inepte, est apocryphe. Aucun Barbey ne figure dans le livre de M. de la Sicotière sur Louis de Frotté et l'Insurrection normande. De plus, ou d'abord, Barbey d'Aurevilly savait fort bien que son père, mort en 1868, n'avait pris aucune part aux guerres de la chouannerie et surtout qu'il n'avait pas eu la langue coupée. « La plus grande douleur de sa vie (à Théophile Barbey, père d'Aurevilly) fut, sans aucun doute, dit M. Eugène Grelé (1), de n'avoir pu, à cause de son jeune âge, prendre part à la guerre des Chouans. »

(1) Barbey d'Aurevilly, Caen, 1902.

R. DE BURY.

pp. 127-128