Marcel Coulon : La Complexité de Remy de Gourmont
Stuart Merrill : Orage, poésie
Jean-Paul Lafitte : Les Danses d'Isadora Duncan : II. Les Vases
Emile Magne : La Jeunesse de Boisrobert
Doris Gunnell : Quelques amis anglais d'Alfred de Vigny, avec des lettres inédites
André Rouveyre : Visages : XVI. Emile-Antoine Bourdelle
Albert Gayet : Les Dernières Découvertes archéologiques faites en Egypte
Henri Malo : Les Surprises du bachelier Petruccio (V-VII), roman

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : LXXXVI. Grèves
Pierre Quillard : Les Poèmes
Rachilde : Les Romans
Jean de Gourmont : Littérature
A.-Ferdinand Herold : Littératures antiques
Edmond Barthèlemy : Histoire
Georges Bohn : Le Mouvement scientifique
Henri Mazel : Science sociale
A. van Gennep : Ethnographie, Folklore
Charles-Henri Hirsch : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
André Fontainas : Les Théâtres
Emile Vuilllermoz : Musique
Charles Morice : Art moderne
Georges Eekhoud : Chronique de Bruxelles
Auguste Marguillier : Musées et Collections
Henri Albert : Lettres allemandes
Démétrius Astériotis : Lettres néo-grecques
Michel Mutermilch : Lettres polonaises
Mercure : Publications récentes

Echos


LITTÉRATURE

Collection des Plus Belles Pages : Maurice de Guérin. Avec un Portrait et une Notice de Remy de Gourmont. 1 vol. in-16, 3 fr. « Mercure de France ». — Henri Boucher : Souvenirs d'un Parisien. Deuxième série, 1853-1862. 1 vol. in-18, 3. 50, Perrin. — Georges Grappe : Dans le Jardin de Sainte-Beuve. Essais. 1 vol. in.18, 3. 50, Stock. — Georges Philippe : Les Jardins de Bade. 1 vol. in-18, 2.50, « Edition du Beffroi ». — J.-H. Retinger : Le Conte fantastique dans le Romantisme français. 1 vol. in-18, 2 fr., Bernard Grasset.

Il n'y a peut-être aucune œuvre dans notre littérature qui nous donne une émotion intellectuelle aussi belle et aussi pure que ces fragments des œuvres de Maurice de Guérin. Devant le Centaure, « ce morceau colossal de marbre antique », comme disait Sainte-Beuve, on se sent pris d'une admiration étonnée et d'un immense regret pour toutes les promesses que la mort de ce jeune écrivain a emportées avec elle. Mais c'est dans ses lettres, écrites avec un moindre souci d'art, mais avec une spontanéité et une sûreté de langue admirable, qu'il s'est le mieux révélé à lui-même d'abord, et à nous, tel qu'il était, nature inquiète et perpétuellement malheureuse, mais d'un tourment d'infini. Sa sensibilité, toujours aux écoutes, fut plus souvent blessée que caressée par le contact des êtres et des choses... « Il n'est presque pas de moment dans la journée qui ne m'apporte une souffrance produite par l'anxiété et le tremblement d'un esprit sans cesse alarmé. » Le bonheur même trouble son âme et la fait ployer sous son poids ; mais comment analyser de telles nuances, il faut citer :

Il y a pour moi tel moment où il me semble qu'il ne faudrait que la toucher du doigt le plus léger pour que mon existence se dissipât. La présence du bonheur me trouble, et je souffre même d'un certain poids que je ressens ; mais je n'ai pas fait deux pas au dehors que l'agitation me prend, un regret infini, une ivresse de souvenir, des récapitulation qui exaltent tout le passé et qui sont plus riches que la présence même du bonheur.

Ces dernières lignes m'arrêtent : elles m'expliquent le tourment de Guérin, qui ne posait jamais nettement son pas dans le présent, parce que pour lui, la vibration du passé n'était jamais complètement assourdie. Vivre complètement dans la minute présente est un bonheur interdit aux natures trop sensibles qui n'ont jamais épuisé le bonheur ou la douleur des heures et des jours précédents. Maurice de Guérin eut ce don de sensibilité rétrospective poussé jusqu'à la maladie, mais n'est-ce pas sa délicatesse physique qui fit son âme d'une réceptivité infiniment sensible, apte à photographier les nuances les plus délicates de la nature ? Dès ses premières années, il avoue cette curiosité de sensation : « Lorsque mon âme avait reçu quelque impression, je n'allais pas la perdre et l'effacer au milieu des jeux et des distractions que m'eût procurés la société d'un autre enfant de mon âge. Mais je la conservais tout entière ; elle se gravait profondément dans mon âme et avait le temps de produire son effet. » Cette absorption, cette contemplation de la vie jusqu'à l'extase, jusqu'aux larmes, nous expliquent la plénitude de son style où toutes les images sont vivantes et cueillies directement dans les forêts comme ces rameaux qu'en courant le Centaure élevait par-dessus sa tête : « La vitesse de la course suspendait la mobilité du feuillage qui ne rendait plus qu'un frémissement léger : mais au moindre repos, le vent et l'agitation rentraient dans le rameau qui reprenait le cours de ses murmures... » On a dit et écrit bien souvent, depuis Sainte-Beuve et George Sand, la beauté de ce poème le Centaure, cet admirable morceau de marbre antique, mais il ne faudrait, pas que cette qualification accrochât une idée de pastiche de l'antique ; il y a dans, ce poème, en prose une originalité de pensée, de symbole et de langue qui se suffit à elle-même. On peut même y découvrir, avec toutes ses nuances, artistiquement fixées, la physionomie de Guérin, son enfance inquiète, et grave, les désirs et les rêves de son âme profonde. Ce poème de Guérin nous situe dans la même atmosphère divine et légère que l'Après-midi d'un faune de Mallarmé.

Mais que l'on lise, aussi, dans ce petit volume, la Bacchante, de la même inspiration et du même marbre que le Centaure, les fragments du Journal, plus intime et plus secret, les Lettres, et, à l'appendice, les études de George Sand et de Sainte-Beuve, qui permettent de mieux comprendre encore la beauté de cette œuvre.


LES REVUES

La Nouvelle Revue Française : M. Jacques Copeau : « Le Métier au théâtre ». — La Revue : Mme Bessonnet-Favre : « La Physionomie de V. Sardou ». — Le Spectateur : extrait du programme de cette publication nouvelle. — L'Hermine : une grève de perruquiers à Saint-Malo en 1753. — La Grande Revue : M. André Suarès : « Colloque avec Pascal ». — Memento.

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—MEMENTO. — La Flamme (20 avril), qui paraît pour la première fois, sera mensuelle, a pour rédacteur en chef M. Louis Roubaud, publie des œuvres de MM. S. Crosnières, P. Gault, P. Desthomas, un beau poème de M. G. Seine : la Chaude nuit d'hiver, et le commencement d'un roman de M. J. Servy : « Hercule et le Lion ».

Le n° I de la Renaissance tragique, « revue littéraire et théâtrale » a paru en mai. Y ont collaboré : MM. Charles Martel, — qui donne une conférence sur « La Tragédie royale », de M. Saint-Georges de Bouhélier, — Louis Rozier, Charles Dulait, A. de Rosa, C. Schiltz.

La Revue hebdomadaire (24 avril). — M. G. Hanotaux y étudie « la Crise balkanique », M. O. de Barral « Swinburn et son œuvre poétique », M. E. Rod, « Taine, romancier ».

Le Correspondant (25 avril). — « La Conversion de Pascal », par M. H. Bremond. — « La Nation grecque », par M. A. Britsch, — « Nicolas Bargasse », par M. E. Lamy.

La Revue de Paris (1er mai). — « Fleurs et Fruits », par M. Louis Bluringhem. — « L'Annamite et nous », par M. Pierre Duclaux.

Idées Modernes (avril). — « Une épopée finnoise », par M. L. Mirary.— « L'Action directe », par M. Georges Renard. — « Enquêtes sur les Ecoles belges », par M. L. Riotor. — « Le Monde juif», par M. N. Slouch.

La Nouvelle Revue (1er mai). — « Les bibliothèques libres dans la nouvelle Allemagne », par M. Eugène Morel.

Revue du Temps présent (2 mai). — « Un soldat de la Révolution : le général Duphot », par M. J. de Barys.

Le Spectateur. — « Du Fonctionnement réel de l'intelligence », par M. René Martin-Guelliot. Etudes critiques de MM. Marcel Pareau, F. Carré, Vincent Muselli.

L'Education (mars) est une nouvelle revue trimestrielle « d'éducation familiale et scolaire », que dirige M. Georges Bertier. On y lira avec intérêt « la Morale sexuelle à l'Ecole », par M. Malaper, et l'article du docteur Lietz sur le Landersiehungsheime dont il a inauguré le système en Allemagne.


LES JOURNAUX

Chronique stendhalienne : Inédits de Stendhal (communication de M. Paupe). — Le plus beau vers français (l'Action Française, 11 mai). — Le Journal des gens de Lettres, n°1. — Le Café Tabourey (l'Intermédiaire, 30 avril). — Belles phrases (l'Essor congressiste, avril).

M. Paupe nous communique, amicalement quelques « Notes inédites de Stendhal sur la manuscrit de Mina de Wangel », Les voici, sans commentaires : [...].


ECHOS

Mort de George Meredith. — Mort d'Emmanuel Delbousquet. — Autographes. — Le Comité Villiers de l'Isle-Adam. — Humour munichois. — Le Concours de poésie de l'Odéon. — Coucou. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.