J. Commaille : Quelques généralités sur les monuments d'Angkor
Jules Barbey d'Aurevilly : Quelques lettres à François Coppée et Annette Coppée
André Rouveyre : Visages : XXVIII. Auguste Longnon ; XXIX. Paul Meyer
Jean Bruant : Poèmes
Marius-Ary Leblond : Le Bonheur individuel et la repopulation
Martial Perrier : Sur Claude Tillier
Eugène Defrance : L'Esprit mystique de la Révolution d'Angleterre
Félix Salten (René Puaux, trad.) : La princesse Anna fut..., conte (fin)

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : XCVII. — Population
Pierre Quillard : Les Poèmes
Rachilde : Les Romans
Jean de Gourmont : Littérature
Edmond Barthèlemy : Histoire
Carl Siger : Questions coloniales
Jacques Brieu : Esotérisme et Sciences psychiques
Intérim : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
André Fontainas : Les Théâtres
Jean Marnold : Musique
Henry-D. Davray : Lettres anglaises
E. Séménoff : Lettres russes
Mercure : Publications récentes.

Echos.


LITTÉRATURE

Collection des Plus belles Pages : Saint-Evremond, avec un portrait. Notice de Remy de Gourmont, 1 vol. in-18, 3 fr. 50, « Mercure de France ». — La Pléiade française. française. Les Amours et Nouveaux Eschanges des Pierres Précieuses de Rémy Belleau, avec une notice de l'abbé Goujet et des notes par Ad. van Bever, 1 vol, in-18, 3 fr. 5o, Sansot. — Collection des plus belles pages. Tristan l'Hermite, Notice de Ad. van Bever, 1 vol. petit in-12, 3 fr., « Mercure de France ». — Albert de Bersaucourt : Paul Verlaine, poète catholique, 1 vol. in-12, Henri Falque. — Albert de Bersaucourt : Louis le Cardonnel, 1 vol. in-12, « Les Entretiens Idéalistes ».

Saint-Evremond, dont voici les plus belles pages, est peu connu du public, mais il sera toujours aimé d'une élite, ainsi qu'il le fut de son vivant. D'ailleurs, il ne rechercha jamais la gloire littéraire, et n'écrivait que pour son propre plaisir : « J'évite surtout d'être ennuyeux ; et, ne désirant que me plaire, je suis ingénieux à tirer de moi des pensées qui me contentent. » Il était si peu homme de lettres, au sens où nous l'entendons aujourd'hui, que ses œuvres, « imprimées souvent à son insu, devinrent célèbres malgré lui », écrit G. Merlet dans une étude judicieuse que l'on trouvera à la fin de ce volume. Saint-Evremond nous y est présenté comme un précurseur et un annonciateur de nos idées modernes. Mais l'ami de Ninon de l'Enclos n'a pas condensé sa doctrine en un ouvrage, et ses idées se trouvent éparpillées dans des opuscules ou dans des lettres où il les épandait au hasard. C'est ce qui fait dire à Gustave Merlet : « Bien qu'il ait trop souvent placé sa fortune en viager, n'oublions pas qu'il rappelle de loin le souvenir de Montaigne, que la conversation du père Canaye a précédé les Provinciales, qu'un de ses pamphlets politiques fut un modèle d'ironie sensée, que ses lettres se soutiennent entre Voiture et Mme de Sévigné, qu'il a tracé de piquants portraits avant La Bruyère, et qu'il eut l'honneur d'ouvrir la route à Montesquieu », par ses Réflexions sur les divers génies du peuple romain dans les divers temps de la République. On trouvera dans ce recueil ces œuvres diverses, soulignées dans cette critique. La Conversation du Maréchal d'Hocquincourt avec le Père Canaye est un morceau que Sainte-Beuve égalait à l'une des Lettres Provinciales de Pascal. C'est une merveille d'esprit et de persiflage, ajoute Remy de Gourmont : « On a là un jésuite pris sur le vif, avec sa bonhomie inquiétante, ses restrictions, son adresse, ses feintes et son ridicule. Le P. Canaye n'est qu'une statuette, mais précieuse : au musée des types, on la mettra aux pieds de Tartufe. » Voici encore ses deux comédies : les Académiciens et les Opéra, qui furent célèbres et que l'on peut lire encore sans ennui. Mais c'est sans doute dans ses lettres à la duchesse Mazarin et à Mlle de l'Enclos que Saint-Evremond s'est montré le plus sincèrement lui-même, sceptique, sauf en amitié, épicurien, libertin et honnête homme. A la fin de sa vie, qui fut longue, il écrivait à Mlle de l'Enclos : « Je n'ai pas en vue la réputation ; elle vous est assurée dans tous les temps. Je regarde une chose plus essentielle ; c'est la vie, dont huit jours valent mieux que huit siècles de gloire après la mort. Qui vous aurait proposé autrefois de vivre comme vous vivez, vous vous seriez pendue (l'expression me charme) ; cependant vous vous contentez de l'aise et du repos, après avoir senti ce qu'il y a de plus vif. »

La sagesse de ces deux fins de vie, de Saint-Evremond et de Ninon, sont deux beaux exemples à méditer ; ils nous apprennent la valeur de l'existence. C'est en véritable épicurienne que Ninon écrit : « II faut se contenter du jour où l'on vit. Les espérances prochaines, quoi que vous en disiez, valent bien autant que celles qu'on étend plus loin : elles sont plus sûres. Voici une belle morale... »

Saint-Evremond nous a laissé quelques maximes, qui sont le résumé de son expérience de la vie. Si ce libertin gourmet nous conseille la modération dans les plaisirs de la table et de l'amour, ce n'est pas dans un sentiment de morale chrétienne, mais parce que la santé lui semblait la chose la plus importante, la seule importante, dans la vie. Un médecin actuel signerait ce précepte :

Vous ne sauriez avoir trop d'attention pour le régime, trop de précaution contre les remèdes. Le régime entretient la santé et les plaisirs, les remèdes sont des maux présents, dans une vue assez incertaine du bien à venir.

Il conseille la même modération dans l'amour et dit que c'est aller contre l'intention de la nature « que de faire notre tourment d'une chose dont elle a voulu faire notre plaisir ». Le style de Saint-Evremond est d'une grande pureté et d'une grande habileté, écrire est pour lui un jeu passionnant, parce qu'il exprime toujours ce qu'il sent en lui, et qu'il se révèle plus lucidement à lui-même en notant ses pensées, ses réflexions, et ses sentiments. Que l'on lise ses lettres à la duchesse Mazarin et à Ninon de l'Enclos : la ferveur de son amitié pour ces deux femmes, célèbres par leur beauté et leur esprit, lui a inspiré des pages émues.


LES REVUES

La Revue : Le Dr Max Nordau critique les historiens. — La Grande Revue : M. le comte Prozor publie des « Papiers posthumes » d'Henrik Ibsen. — La Revue du Mois : M. Hugo von Hofmansthal donne une préface écrite pour l'édition en allemand des œuvres de Balzac. — Revue pédagogique : « Le Féminisme d'Auguste Comte », par M. Charles Jacquard. — L'Action française : « Notes d'un camelot du roi : La foule veut un chef », par M. Maxime Réal del Sarte. — Memento.

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MEMENTO. — La Revue (15 octobre) : Dr M. Billard : Un fils de Napoléon Ier (Documents inédits). — La Grande Revue (10 octobre) : Hermann Sudermann : Le Cantique des Cantiques (1re partie d'un roman traduit de l'allemand par M. Maurice Rémon et M. Valentin). — Le Cousin de Rose, comédie en un acte, de Jules Renard. — Revue illustrée (25 septembre) : M. Gustave Coquiot : Macbeth à l’abbaye de Saint-Wandrille. — Les Documents du Progrès (octobre) : Emile Vandervelde : La Représentation proportionnelle en Belgique. — La Femme contemporaine (octobre) : Les Cahiers de Madame de Chateaubriand, d'après l'édition de M. S. Ladreit de Lacharrière. — La Rénovation esthétique (octobre) publie une étude sur Elémir Bourges, par M. Milos Marten (traduite du tchèque par Mlle Braunerova). — La Revue des Lettres et des Arts (1er octobre) : M. Jacques Reboul : Un grand précurseur des romantiques : Ramond (1755-1827).Revue bleue (9 octobre) : M. L. Capuana : Le Maléfice, drame en trois actes, en prose. — M. Gabriel Monod : La Place de la Société de Jésus dans l'histoire de la Réforme. — (16 octobre) : M. Camille Mauclair : Venise devant le Modernisme. — La Revue hebdomadaire (9 octobre) : M.Gabriel Hanotaux : La Guerre ou la Paix. — (16 octobre) : M. Louis Batiffol : Un jeune roi de France soldat (Louis XIII). — La Revue de Paris (15 octobre) : M. Charles Andler : Detlew von Liliencron, première partie d'une étude sur le grand poète allemand mort en juillet dernier. — Akademos (15 octobre) ; Andreïew : La Vie de l'homme, traduction de M. Halpérine-Kaminsky. — M. Henri Guilbeaux : Detlew von Liliencron. — M. Jean-Marc Bernard : Phaëton, poème. — M. Roberto Bracco : Ce soir « les Huguenots », nouvelle à la Boccace (trad. de l'italien par M.J.D. de Hill). — Les Rubriques nouvelles (15 octobre) : M. Edmond Potier : Les Rythmes sismiques (les découvertes polaires et la théorie des déluges périodiques).


LES JOURNAUX

Le monument de Piron (L’Éclair, 25 octobre). — André Lemoyne (Le Temps, 29 octobre). — Ce que devient la toile peinte (L'Opinion, 30 octobre). — Une pensée.


ECHOS

Une lettre de M. Félicien Challaye à propos du Congo français. — Les Séances littéraires du Salon d'Automne. — Le mouvement en faveur de la réforme orthographique. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.