Pages, textes choisis et présentés par Christian Buat, éditions du Chien noir, 2024.

20€ + 6 € ou port prépayé.

On sait que Gourmont dirigea (et alimenta) au Mercure de France la collection des Plus Belles Pages. Grande était donc la tentation d’intituler le présent recueil : Les Plus Belles Pages de Remy de Gourmont. Réflexion faite, ce florilège étant par nature subjectif et Pages choisies ayant déjà été retenu par Marcel Coulon, après avoir hésité entre Belles pages, Bonnes pages, Belles et bonnes pages, j’ai retenu un titre, que j’espère un peu moins présomptueux, celui de Pages, au grand risque qu’il soit peut-être sibyllin. Les textes sont reproduits (sauf le dernier) dans l’ordre chronologique (Est-ce pas Hubert Juin qui préconisait telle lecture ?) Ensemble hétéroclite, certes, mais comme le mot insinuation, le mot hétéroclite était prisé du « grand contempteur ». Au cas où un strict gourmontien s’étonnerait que ce florilège s’ouvrît sur un extrait de Merlette, — roman que l’auteur de Sixtine omit de faire figurer dans la liste de ses œuvres — je réponds que l’extrait choisi montre que Merlette ne s’exprime pas autrement que l’Hyacinthe du Fantôme, « le plus symboliste peut-être des écrits gourmontiens » : « Je ne suis ni chair, ni esprit, je suis femme et fantôme : je deviendrai — ce que tu me feras . » Qu’on le veuille ou non, l’effacement de Merlette par Gourmont de la liste de ses œuvres reste un mystère. Mon souci anthologique a aussi été de choisir des textes représentatifs de l’esprit gourmontin, de ses « idées-forces » : présentisme, dissociation des idées, loi de constance intellectuelle, paganisme éternel, esthétique de la langue française, réflexions sur le temps qu’il fait, cinéma, statues, etc. Sans oublier l’amoureux de Sixtine et de Natalys, l’amant de la littérature du « siècle dix-septième », du bouquinage, du cinématographe, de la nature et de la science… Ont été laissés de côté ses goûts ou dégoûts littéraires et esthétiques, le masque de Maeterlinck n’étant là que pour illustrer le mimétisme de la critique gourmontine et « La mort de Nietzsche », pour rappeler que le créateur de valeur que fut Gourmont passe pour le Nietzsche français.