Dernier texte entoilé :

Naissance : La Province littéraire, 15 janvier 1914


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1890-1892

ECHOS DIVERS ET COMMUNICATIONS

Le Roquet, après s'être offert assez originalement deux mois de vacances, a reparu en octobre ; puis il est mort, et de ses cendres est né le Carillon (illustré, 16 pages), dont le premier numéro est du treize novembre. Léo Trézenik en est le rédacteur en chef, et notre ami Jules Renard y collabore assidûment. Nos compliments à M. L. de Saunier pour cette transformation.

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Voici ressuscitées, mais en forme de journal, Les Annales Artistiques et Littéraires, sous la direction de Robert Bernier, avec MM. Louis Taillis pour rédacteur en chef et Abel Pelletier au secrétariat.

MERCVRE.

(Mercure de France, décembre 1890, p. 448.)


A TRAVERS LES JOURNAUX

Signalons tout d'abord l'apparition du JOURNAL, qui s'annonce par une formidable réclame et promet une lutte fort mouvementée avec l'Écho de Paris et le Gil Blas, dans lesquels a été pris le noyau de la rédaction. Citons, parmi les collaborateurs de cette nouvelle feuille littéraire et artistique, sympathiques du Nouvel Echo : Oscar Méténier, Pierre de Lano, Allais, etc. Le clan des arrivistes anarchistes n'y est pas oublié, grâce à Bernard Lazare, Remy de Gourmont et Paul Adam, ces trois intrépides en chambre.

(Djinn, « A travers les journaux », Le Nouvel Echo, n° 19, 1er octobre 1892, p.12)


1893-1899

REVUE DES REVUES

Paru, le premier numéro de La Chronique de Paris, revue bimensuelle.

Vient de paraître à Bruxelles un nouveau journal bi-mensuel : Lutte pour l'Art dont quelques articles sont à signaler. Les rédacteurs de Lutte pour l'Art partent en guerre contre les négociants de la littérature, avec une vaillance et un enthousiasme des plus louables.

Paraîtra, à la fin du mois, à la librairie de l'Art Indépendant, un périodique nouveau : La Haute Science revue documentaire de la tradition ésotérigue.

Cette revue a pour unique but, « en restant étrangère à toute idée de caste comme à toute polémique », de publier les principaux textes relatifs à la mystique et à l'occultisme. La revue veut rester exclusivement scientifique et documentaire. Elle publiera simultanément : une traduction du Zohar ; l'Antre des Nymphes de Porphyre, traduction de Pierre Quillard, et la Brihadâranyaka-Upanishad, traduction de A. Ferdinand Hérold. (Le tirage de cette revue sera restreint au nombre des abonnés).

(B. L., Entretiens politiques & littéraires, 25 janvier 1893, p. 93-94)


REVUE DES REVUES

Une nouvelle revue paraît sous ce titre malheureux : l'Académie Françaie. M. Camille Mauclair y donne un premier fauteuil sur la neuvième symphonie et M. Edouard Dubus, des vers.

(B. L., Entretiens politiques & littéraires, 10 février 1893, p. 141)


REVUE DES REVUES

Nouveau confrère : La Revue : directeur René Béhaine, rédacteur en chef ; Charles d'Avesne à la bibliothèque de l'Association. Les amateurs de lys y trouveront une abondante moisson... le Chevalier au Lys... le Songe du Lys... des Lys !

(Le Thyrse,1897, p. 151)


LES JOURNAUX

L'Etoile littéraire, artistique, politique, (11 juin). — C'est le premier numéro d'un journal hebdomadaire dirigé par M. Marcel Mouton.

R. DE BURY.

(Mercure de France, juillet 1898, p. 260.)


LES JOURNAUX

Le premier numéro de la Volonté a paru le 17 octobre. La présentation au public, par M. Ernest Lavisse, est la paraphrase de ce désir : « Qui nous donnera un journal indépendant ! » Il y a deux ou trois revues indépendantes ; pourquoi n'y aurait-il pas un journal indépendant libre, ouvert à tous les talents, à toutes les idées ? — En effet, mais il fallait le vouloir. Ce journal que nous attendions tous, M. Jacques Daurelle l'a créé sous la forme, la plus heureuse.

(R. de Bury, Mercure de France, novembre 1898, p. 493-494.)


ECHOS

Une nouvelle revue vient de paraître à Lyon : Germinal. Comité de rédaction : Léopold Selme, Louis Raymond, Marc Brisac, Georges Lévy, Louis Payen, E.-A. Vaillé, Pol Levengard, Emile Vuillermoz, Michel Puy. — Rédaction et administration : 10, rue des Archers (Mercure de France, février 1899 p. 576).


ECHOS

Le Journal du Peuple, quotidien, à cinq centimes, dirigé par Sébastien Faure, paraît depuis le 6 février. Critique des livres et des revues par Adolphe Retté ; critique dramatique par Laurent Tailhade (Mercure de France, mars 1899 p. 855).


CHRONIQUE DU MIDI

Il vient de paraître à Aix-en-Provence, sous l'inspiration du poète Joachim Gasquet une revue dont j'aime beaucoup le titre, plus encore l'esprit, et sur laquelle je veux m'attarder aujourd'hui, à la fois pour les idées d'avenir qu'elle me suggère — et pour les souvenirs harmonieux qu'elle évoque en moi.

Elle a pour titre Les Pays de France.

(Mercure de France, mars 1899, p. 816-821.)


PUBLICATIONS D'ART

La Carte postale illustrée (janvier). —Encore un nouveau confrère. Il paraît que la carte postale illustrée a pris une extension assez considérable pour que se puisse fonder un organe autant pour biut de grouper les kartophiles et de faciliter les échanges (Yvanohé Rambosson, Mercure de France, avril 1899 p. 257).


SCIENCE SOCIALE

Les Cahiers occitans. — Sous ce titre M. Paul Redonnel et ses amis publient le premier numéro, présenté par Maurice Barrès, des revendications languedociennes. Bon succès à ces fédéralistes, et que leur tentative soit plus sérieusement locale que celle du Midi fédéral de Toulouse, qui n'avait rien trouvé de plus méridionnal et centralisateur que la curéphagie ! (Henri Mazel, Mercure de France, avril 1899 p. 200).


ECHOS

M. Emile Michelet devient directeur littéraire et artistique de l'Humanité nouvelle, dont la partie scientifique reste sous la direction de M. A. Hamon (Mercure de France, juin 1899 p. 856).


LES JOURNAUX

L'Action féminine. Première année, n°1, 1er mai 1898 [1899 ?]. « Les collaborations sont reçues à titre gracieux. » (R. de Bury, Mercure de France, juin 1899, p. 809).


1900

LES REVUES

NAISSANCES. — Gallia vient de paraître à Gaillac (Tarn). Revue décentralisatrice : « Il fut un temps où Paris seul avait le privilège d'attirer... etc., etc. » air connu ; air juste (Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, février 1900, p. 504).


ECHOS

Léon Deschamps. — Une lettre-de M. Francis Vielé-Griffin. — Le théâtre populaire à Paris. — Vient de paraître au Mercure de France. — Le Médaillon de Charles Colinet. — Décorations.— Un avis. — Nouveau-nés et naissances prochaines. — Des Titres. — Epigramme.

Un avis. — M. Ernest Gaubert nous prie d'annoncer qu'il est chargé de la chronique des « Lettres françaises » à Zycie et à Moderni-Revue, de Prague ; les livres et les revues doivent lui être adressés, 11, rue Lemercier, Paris.

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Nouveau-nés et naissances prochaines.

L'Action Humaine, journal bi-mensuel, paraissant à la fin de chaque quinzaine. Directeur-Rédacteur : Charles Morice. Un an : 5 fr. ; six mois : 3 fr. ; un numéro : 10 centimes (361, chaussée de Boondael, IxelIes-Bruxelles).

Le Livre des Légendes renaît sous ce titre : L'Hémicycle, et promet de jolies images et de bons contes. Directeur artistique : André des Gachons. Publication mensuelle. Un an : 6 francs (Lille, 68, rue Jacquemart-Giélée).

La Vie, revue d'art, de littérature, de sociologie et d'actualité. Principaux collaborateurs : Laurent Tailhade, Vigné d'Octon, Ernest Gaubert, Jean de la Hire, Marc Varenne, P. Hortala, Louis Payen, etc. (11, rue Lemercier, Paris).

Les Droits de la Femme, journal bi-mensuel (49, rue Vaneau, Paris).

(Mercure de France, février 1900 p. 575-576.)


ECHOS

Nouveau-nés. —Vie nouvelle, revue littéraire mensuelle. Directeur : Fernand Larcier, 26-28, rue des Minimes, Bruxelles. Rédacteur en chef : Christian Beck, 40, rue de Milan, Bruxelles. Le numéro : 1 fr. Un an : 10 fr. pour la Belgique ; 12 fr. pour les autres pays.

Le Mercure héraldique, paraissant tous les deux mois. Directeur : P.-Albert Dubourg, Maison G. Thomas et Cie, Agen. France, 1 an, 4 fr. ; étranger, 1 an, 5 fr.

(Mercure de France, avril 1900, p. 288)


PUBLICATIONS D'ART

La Baïonnette n° 1. — Le nouveau journal illustré dirigé par le caricaturiste Charly est d'une saine bouffonnerie. Le pitoresque dessinateur y critique avec une verve primesautière et bon enfant les mœurs de la caserne.

(Yvanohé Rambosson, Mercure de France, avril 1900, p. 256)


LES REVUES

NAISSANCES. — La Revue des Indépendants, dirigée par M. Henri Chateau.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, avril 1900, p. 229)


Une fusion. La Vogue et L'Anthologie-Revue viennent de fusionner. M. Tristan Klingsor reste Directeur de la revue ; MM. Edward Sansot-Orland et Roger Le Brun en deviennent Secrétaires généraux.

A « La Plume ». — M. Karl Boës a pris la Direction de La Plume ; M. Paul Fort est Secrétaire de la Rédaction. — M. Paul Redonnel a donné sa démission de Rédacteur en chef pour fonder La Maison d'Art (publication d'art, monograpbies artistiques, littéraires et scientifiques. Paris, 23,rue de Vaugirard).

(Mercure de France, mai 1900, p. 575)


LES REVUES

NAISSANCES. — Vie nouvelle vient de paraître à Bruxelles sous la direction de M. Christian Beck. Ce premier numéro contient des poèmes de MM. Vielé-Griffin et Emile Verhaeren, des « Paradoxes » de M. André Gide et le début d'un roman : La Sensitive, de son rédacteur en chef

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, mai 1900, p. 523)


ECHOS

Nouveau-né. — Le Sagittaire, revue mensuelle d'Art et de Littérature (Paris, 13 boulevard Montparnasse. Un an : 6 fr. ; le numéro : 0. 40).

(Mercure de France, juillet 1900, p. 288)


LES JOURNAUX

Voici le Journal des Auteurs. Le premier numéro contient d'intéressants documents touchant la question de la propriété littéraire.

(R. de Bury, Mercure de France, septembre 1900, p. 789.)


LES REVUES

La Lutte (juillet) : M. G. Ramaeckers quitte la direction de cette revue pour collaborer au Scandale « pamphlet orthodoxe d'inquisition ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, octobre 1900, p. 225)


ECHOS

Une fusion : La revue La Vie fusionne avec la Revue Impressionniste, qui reparaîtra fin novembre, agrandie, sous un nouveau format (11, rue Lemercier, Paris).

(Mercure de France, octobre 1900, p. 288)


ECHOS

Avis. — La maison d'édition P.-V. Stock (27, rue de Richelieu, téléphone 238-70) recevra dorénavant les commandes pour la Revue Naturiste, qui vient de fusionner avec la Vie Nouvelle.

Administration et rédaction, 22, rue Théodore-de-Banville, Paris XVIIe.

(Mercure de France, novembre 1900, p. 576)


LES JOURNAUX

MEMENTO. — Le journal la France donne tous les samedis une excellente revue littéraire, les Idées et les Livres, par M. Auguste Brunet.

Sous la signature Harlor, la Fronde publie le mardi une Semaine artistique (où la littérature tient sa place) rédigée avec beaucoup de soin et de goût

(Mercure de France, décembre 1900, p. 828)


1901

LES REVUES

Les Partisans ont paru pour la première fois le 5 novembre dernier. C'est une « revue de combat, d'art, de littérature et de sociologie », — bi-mensuelle, que dirtigent MM. Paul Ferniot et Paul Redonnel. Les deux numéros publiés empruntent à la collaboration de M. Laurent Tailhade une vie intense. Avec cette signature figurent au sommaire MM. Léon Bloy, Paul Redonnel, Han Ryner, Albert Boissière, Ed. Beaufils, R. Sainte-Marie, Henry Eon, etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, janvier 1901, p. 199)


Les Partisans (5 novembre) — Premier numéro d'une publication fondée par MM. Paul Ferniot et Paul Redonnel. La nouvelle revue se présente alertement, avec un luxe bien compris de typographie et d'illustrations. Vignettes et couverture originales d'un jeune artiste de talent, le peintre Louis Payret-Dortail, et croquis inédit de Charles Léandre, dont la place dans notre art contemporain devient de jour en jour plus considérable.

(20 novembre). — Pointe sèche et dessin d'Henri Boutet.

(5 décembre). — Couverture dramatique de coloration par Paul Guignebault et un portrait du musicien Justin Clérice encadré par un article d'Albert Boissière.

(Yvanhoé Rambosson, Mercure de France, janvier 1901, p. 228.)


ECHOS

Flegrea, la revue italienne bien connue, dirigée à Naples par M. Riccardo Forster, publiera régulièrement à partir de ce mois (janvier) des articles en langue française. C'est notre collaborateur, M. Remy de Gourmont,qui organise cette partie de la revue. On se souvient qu'il y a déjà donné, en français, des Marginalia sur E. Poe et sur Baudelaire (5 juillet) et la Poésie française contemporaine et l'influence étrangère (20 octobre). Flegrea paraît le 5 et le 20 de chaque mois.

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L'Almanach du Père Ubu illustré, pour le XXe siècle, vient de paraître sur sept feuilles in-8 carré. En vente partout.

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Le Salon des Poètes a donné, à la Bodinière, jeudi 6 avril, sa première récitation de poèmes contemporains.

Mlle Maille, de l'Odéon, a lu l'Idole, de Louis Payen ; Mlle Jane Rabuteau : La reine Latina, d'Ernest Gaubert ; Mlle de Deken : Even-Tide, de Samain, et des poèmes d'A. Fleury. Enfin des poèmes de Magre, Jammes, Perilhou, etc.

Causerie de Raoul Ralph.

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Emmanuel Signoret est mort à Cannes, le 20 décembre. dans sa vingt-neuvième année. Il était né à Lançon (Bouches-du-Rhône). Il avait publié plusieurs volumes et plaquettes de poèmes : Le Livre de l'Amitié (Myrzaël et Myrtil), 1891 ; Ode à Paul Verlaine, 1892 ; Daphné, 1894 ; Vers Dorés, 1896 ; La Souffrance des Eaux, 1899 ; Vers et Prose, 1899 ; Le Tombeau de Stéphane Mallarmé, 1899. Emmanuel Signoret avait en outre fondé en 1890 et rédigeait à lui seul une revue : Le Saint-Graal, qui parut assez irrégulièrement.

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Le Mouvement psychique vient de paraître : revue scientifique mensuelle, traitant des questions d'hypnotisme, de magnétisme, et, en général, de tous les phénomènes de Psychisme expérimental. Cette revue est l'organe de « l'Institut des Sciences Psychiques de Paris ». Rédacteur en chef : Jacques Brieu, 7, impasse Bardou (15e arrondissement). — Abonnements : France et Colonies, 5 fr. par an. Etranger, 6 fr. — Le n° o fr. 5o. Le montant des abonnements doit être adressé au Dr E. Legrand, administrateur de la Revue, 14, rue d'Amsterdam (9e arrondissement).

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La Revue Provinciale. — On annonce pour paraître à Toulouse, en janvier, la « Revue Provinciale », mensuelle, régionaliste et littéraire.

Collaborateurs : Marc Lafargue, E. Delbousquet, Saint-Georges de Bouhélier. E. Ducoté, E. Zola, E. Pouvillon, Ed. Pilon, Jean Viollis, Fr. Fabié, Ch.-L. Philippe, J. Gasquet, L. Godet, Marinetti, Roger Frêne, Franc-Nohain, Alph. Ternère, Jacques Liran, Maurice de Faramond, E. Payen, L. Lumet, V. Charbonnel, A. Fleury, G. Clemenceau, Maurice Le Blond, Ernest Gaubert, Pierre Hortala, Marc Varenne, Dalert, Firmin Verdier, etc.

(Mercure de France, janvier 1901, p. 287-288)


ECHOS

Revue de la Renaissance, organe international, mensuel, des Amis de la Pléiade et du XVIe siècle. Directeur : Léon Séché (à la librairie Lechevalier, 39, quai des Grands-Augustins, Paris). Le premier numéro de cette revue, sur laquelle nous reviendrons dans nos rubriques, vient de paraître ; elle se propose « d'étudier sous toutes leurs faces les hommes et les choses du XVIe siècle ». (Un an : 20 fr. ; spécimen contre bon de poste de 2 fr.).

(Mercure de France, février 1901, p. 592)


LES REVUES

La Pie, nouvel organe hebdomadaire, « dévoile toutes les intrigues, combat tous les abus, dit tout », sous la direction de M. Fernand Hauser.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, février 1901, p. 530)


ECHOS

Les droits d'auteurs dans l'Amérique du Sud. — La Nacion, le grand journal de Buenos-Aires, vient d'inaugurer un système qui palliera, dans une certaine mesure, l'absence de traité pour la protection des œuvres littéraires entre la France et la République Argentine. Désirant s'assurer la publication exclusive du roman de M. Zola, Le Travail, La Nacion a acheté de l'auteur même une copie du manuscrit : et Travail et Trabajo paraissent simultanément, l'un à Paris, l'autre à Buenos-Aires, inédits ici et là.

Signalons à ce propos le remarquable supplément de douze pages in-folio que ce journal a publié à l'occasion du nouveau siècle, avec le concours d'une élite d'écrivains européens. En voici le sommaire : Remy de Gourmont, El siglo XIX ; Miguel de Unamuno, El Movimiento social en el siglo XIX ; Teodor de Wyzewa, La Literatura en el siglo XIX ; Paolo Mantegazza, La Italia en el siglo XIX ; W. Schimper, La Alemania en el siglo XIX ; sont traités ensuite : l'Angleterre, par Sidney Low ; les Industries, par Henry Fouquier ; Max Nordau donne : Espana y la America Espanola en el umbral del siglo XX ; Paul Hervieu, Fiesta veneciana ; Jean Rameau, El primer Asesinato ; Emilia Pardo Bazan, El Misterio del Convento ; parmi les excellents articles dus à des Américains, la Poesia, par Manuel G. Prada.

Nota bene des Amateurs : sur le même sujet, on lira une lettre de Ruben Dario publiée dans les « Echos » du mois suivant, p. 283-284.

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Chimera, revue mensuelle de littérature et d'art, 7, rue des Princes, à Varsovie, vient de publier son premier numéro. C'est une très belle revue, avec gravures dans le texte et hors texte imprimée avec soin. Elle est rédigée par l'élite des écrivains nouveaux polonais. Nous lui adressons tous nos vœux de réussite.

(Mercure de France, mars 1901, p. 872)


LES REVUES

Le Penseur, à Paris, et l'Idée libre, à Bruxelles, ont publié leur second numéro.

La Rédaction de le Lys, — revue « politique, littéraire et mondaine », qui « paraît le 5 et le 20 de chaque mois » depuis février, pour « porter haut le Drapeau de l'Humanité et de la Noblesse spirituelle » — sait « qu'on ne manquera pas » de lui « jeter des insultes », ce qui ne « l'empêchera pas de cribler implacablement tous les masques ». Hardy ! Montjoye et Sainct-Denys !

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, avril 1901, p. 215-216)


LES JOURNAUX

Il faut signaler parmi les journaux, malgré son format, l'amusante Pie, qui paraît tous les samedis, dirigée par M. Fernand Hauser. C'est un petit journal satirique aux idées les plus saines et de la lecture la plus agréable.

(R. de Bury, Mercure de France, avril 1901, p. 222)


LES REVUES

Messidor (mars) — La dame de l'Automne, par M. R. de Gourmont. — Persée, par M. Louis Payen.

Les Semailles (1er numéro paru le 15 mars), revue mensuelle de sociologie et d'art. Ce recueil publie un fragment inédit de Travail, le roman d'Emile Zola, — la Foule, par M. Mécislas Golberg, et des poèmes de MM. A. Gauche, G. Chose et d'Hormon.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, mai 1901, p. 503)


LES REVUES

La Revue Franco-Roumaine — a paru pour la première fois en mai.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, juillet 1901, p. 204)


LES JOURNAUX

Voici le Journal des Auteurs. Le premier numéro contient d'intéressants documents touchant la question de la propriété littéraire.

(R. de Bury, Mercure de France, septembre 1901, p. 789)


LES REVUES

La Revue libre — a paru pour la première fois en août. Elle n'a pas de programme. Y lire une lettre ouverte au ministre de la guerre sur la Correction militaire, par M. J. d'Estray.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, octobre 1901, p. 225)


ECHOS

L'Occident, revue littéraire et artistique, annonce pour décembre son premier numéro, qui contiendra des articles de MM. Adrien Mithouard, Charles Morice, Henry Mazel, Raoul Narsy, Tristan Klingsor, Vincent d'Indy, Baffier, Maurice Denis, Louis Rouart, André Mellerio.

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Une fusion. — L'Effort, de Paris, fusionne avec Messidor, sous le titre de La Revue Dorée. — Rédaction et administration : 4, place Wagram. Tél. 294-70

(Mercure de France, décembre 1901, p. 856)


1902

LES REVUES

La Revue verlainienne (n° 1, novembre 1901) contient des « notes inédites sur Paul Verlaine », par M. Francis Vielé-Griffin. C'est la première visite que M. Vielé-Griffin ait rendue au maître qui habitait alors rue de Lyon :

« L'accueil fut charmant de gaieté souriante ; il nous parla de nos petits vers de début avec indulgence et finesse, des choses de l'Art sans pessimisme, des choses de la Patrie sans découragement, avec ardeur et, dans un paradoxe rieur, analysa les beautés verbales d'un refrain populaire du jour. Il loua Lamartine avec vénération ; de Hugo qu'il avait vu à Bruxelles, pendant l'exil, il narra un trait qui justifierait la sorte de royauté littéraire où ses contemporains intronisèrent le Poète de la Légende : Verlaine, jeune, inconnu, méconnu, aborda humblement le glorieux vieillard ; Hugo avait-il pressenti le rôle considérable de Verlaine ? Pourquoi ne l'eût-il pas pressenti ? Toujours est-il qu'au nom de ce jeune homme, il se retourna vivement et, après quelques paroles d'accueil, sans préambule littéraire il déclama par cœur vingt vers d'un petit recueil publié à Senlis, chez un imprimeur, aux frais de l'auteur, tiré à 200 exemplaires, et dont on devait mettre vingt-cinq ans à connaître le titre : les Romances sans paroles. »

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, février 1902, p. 514)


LES JOURNAUX

L'adolescence de Verlaine (Echo de Paris, 17 décembre). — La question Shakespeare-Bacon (Le Temps, 5 janvier). — Le patois franco-algérien (Le Temps, 6 janvier). — Anecdote graphologique (Le Temps, 16 janvier). — Le caractère de Rudyard Kipling (L'Européen, 11 janvier).

Il vient de se fonder une revue charmante, la Revue Verlainienne. Elle ne parlera que de Verlaine, de son génie, de ses faiblesses, de ses aventures, de ses poèmes. Mais, documentaire autant que cultuelle, elle fera leur place aux ennemis du poète. Les « insulteurs du génie », c'est-à-dire, pour Verlaine, les Fouquier, les Faguet, les Doumic, les Brisson, les Rameau, verront leurs insultes cataloguées et groupées. Cela sera d'un bon enseignement. Si l'on dispose aussi une galerie des amis de Verlaine, M. Edmond Lepelletier méritera une des premières places comme l'un des plus anciens et des plus fidèles. Il a toujours quelque chose de curieux à nous raconter sur Verlaine. Le mois dernier, à propos de l'affaire Niederhausern, c'était l'histoire des années d'enfance et d'adolescence du poète. Né à Metz, par hasard, comme Victor Hugo à Besançon, Verlaine eut Paris pour véritable patrie.

« Son père s'était engagé à seize ans dans les armées de Napoléon. Il avait fait campagne, en I8I4 et I8I5, et comme plus tard son fils, le soldat de Napoléon dut faire une déclaration d'option pour rester Français. Il faisait, en effet partie des Ardennes Belges, département des Forêts, qui fut incorporé par le traité de I8I5 dans le royaume des Pays-Bas.

» Le capitaine, mécontent de ne pas obtenir d'avancement, donna sa démission, que Niel, alors colonel, et avec lequel il était en relations d'amitié, voulut lui faire reprendre. Mais le capitaine Verlaine insista ; il abandonna Metz, et la famille vint habiter Paris.

» Paul Verlaine a raconté l'impression stupéfiante que lui causa son arrivée dans la grande ville.

» Ce fut aux Batignolles que la famille Verlaine alla loger, dans cette rue Saint-Louis, aujourd'hui rue Nollet, au numéro 10. Là s'est passée toute son enfance et une partie de sa jeunesse. C'est là qu'il a joué, rêvé, imaginé ; c'est dans ce calme quartier qu'il a grandi, qu'il a appris, que son esprit s'est ouvert à l'art ; c'est là qu'il a chanté ses premiers vers.

» C'est dans ce modeste appartement de la rue Nollet, puis, par suite, rue Lécluse, qu'il a nourri son cerveau de ses premières lectures.

» Tout homme instruit reçoit deux enseignements : d'abord, celui des maîtres, dans le milieu scolaire où le hasard l'a placé. Cet enseignement général est commun à toute une génération d'élèves : il n'en peut sortir aucune puissance médiative [sic] ou critique, aucune originalité ; cet enseignement-là n'est qu'une aptitude à comprendre le second enseignement et à en profiter. Ce second enseignement est celui qu'on se donne à soi-même, ou bien qu'on reçoit de camarades, de confidents d'intellectualité, ou de maîtres sans mandat et sans titres légaux, rencontrés au début de la vie, dont l'action est puissante.

» Pour Paul Verlaine, les lectures extra-classiques furent les leçons de ce professorat personnel. Nos échanges de livres étaient fréquents. J'ai communiqué à Verlaine tout mon Victor Hugo, que je possédais alors complet dans l'édition Hachette, à un franc le volume. Verlaine ne possédait que les Contemplations, dont la publication était récente. Ce fut pour lui une joie inouïe que de pouvoir lire tout Victor Hugo. Il s'enfonça dans cette œuvre touffue et magnifique, avec la fougue et la jouissance d'un chasseur dans la forêt giboyeuse.

» L'éducation de Verlaine fut donc presque exclusivement romantique, comme celle de tous les jeunes lettrés de cette époque. Nous ne jurions que par Victor Hugo ; c'était une admiration sans réserve pour « le Père qui était là-bas dans l'île » ; mais Verlaine y joignait un enthousiasme particulièrement développé pour cette délicate Desbordes-Valmore, dont il restaura le culte dans ses dernières années.

» C'est à Batignolles que Paul Verlaine est devenu poète ; c'est là qu'il a conçu, écrit ses premiers livres : les Poèmes Saturniens, les Fêtes galantes, la Bonne Chanson. Jusqu'à son mariage, il a vécu ses meilleures années dans ce quartier qui fut le berceau du Parnasse. Coppée, Sully-Prudhomme, Dierx, Anatole France, tous ces poètes bientôt édités chez Lemerre, se sont connus et entraînés boulevard des Batignolles, numéro 10, dans le salon aimable et lettré de la marquise de Ricard. Le buste de Paul Verlaine perpétuera, dans le square proposé, son souvenir en un milieu pour ainsi dire familial, et sa gloire là où elle eut son aurore. »

(R. de Bury, Mercure de France, février 1902, p. 515-517)


LES REVUES

Les Maîtres artistes (décembre). — Cette nouvelle publication consacre à Eugène Carrière un numéro entier [la suite sur Gallica].

(Yvanohé Rambosson, Mercure de France, février 1902, p. 531)


PUBLICATIONS D'ART

Les Arts (février). — Premier numéro d'une publication éditée par Manzi et Joyant avec leur luxe coutumier, et destinée à noter les ouvrages inédits des collections privées, les accroissements des Musées et des bibliothèques, les chefs-d'œuvre enfouis dans les édifices peu connus de France ou de l'étranger ou les objets de valeur qui apparaîtront dans les ventes publiques. Les Arts inaugurent brillamment leur programme avec un article nourri de M. Paul Villars sur la collection de M. Alfred de Rothschild, qui a réuni dans son hôtel de Londres ou dans son château de Halton de si considérables pièces du XVIIIe siècle anglais et français. M. Gaston Migeon relate les dernières acquisitions du Musée du Louvre ainsi que les générosités qui l'ont enrichi depuis peu. Autres articles de M. Molinier sur le Mobilier Français du XVIIIe Siècle, de M. Maurice Hamel sur Delacroix, de M. Thiébault-Sisson sur Cazin et de M. Roger Marx sur la Renaissance des arts décoratifs.

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Le Connaisseur (n° 1). — Suivant l'exemple donné par le Studio, le Connaisseur, qui obtient depuis plusieurs années un grand succès dans les pays de langue anglaise, s'est décidé à publier une édition française. Dans ce premier numéro d'intéressants conseils sur l'art de collectionner le meubles, les livres, les dentelles et les gemmes.

(Yvanhoé Rambosson, Mercure de France, mars 1902, p. 256-257)


LES JOURNAUX

Victor Hugo, conspirateur napoléonien (L'Intermédiaire). — Anecdotes sur sainte Thérèse (Le Temps). — La Cassandre de Ronsard (Le Temps). — Une collection de cartes de visite (Le Temps). — (Le Souvenirs d'un directeur de journal (Le Pavé de Paris).

Un nouveau journal hebdomadaire vient de se montrer, heureusement sans prétentions politiques. C'est M. Laffitte, ancien directeur du Voltaire, qui s'amuse ainsi. Le Pavé de Paris, journal ironiste, a tenu à lancer son premier numéro le mardi gras. L'intention est peut-être un' peu marquée. C'est si vieux, ces choses, mardi-gras, mi-carême Cela n'intéresse plus guère que les étudiants et les blanchisseuses ; les étudiants, très peu. Le plus intéressant de ces quatre petites pages, c'est le début des Souvenirs d'un Directeur de Journal (1859-1891), par M. Jules Laffitte, lui-même :

« Il y a une vingtaine d'années, M. Emile Zola me signifia par tétégramme — je vais dire à quelle occasion — que, désormais, j'étais mort... pour lui, daigna-t-il ajouter.

« J'étais alors directeur du Voltaire et je tenais largement ouvertes les colonnes du journal au groupe naturaliste pour y défendre sa doctrine littéraire, alors assez méconnue.

« Les disciples de M. Zola : Huysmans, Paul Alexis, Léon Hennique, Henri Céard, y avaient libre accès. L'oracle de Médan y tenait en toute indépendance la férule littéraire et dramatique. Las ! le pauvre Victor Hugo en reçut-il des taloches !... Je restais impassible. Un beau jour seulement, à un anniversaire, je fis paraître un numéro exceptionnel en l'honneur du génial poète. Le bon grand vieillard voulut bien me marquer combien il avait été touché de mon attention.

« Je dois dire que M. Zola ne me souffla pas mot de ma hardiesse, qui, en elle-même, avait eu pour but de, dégager le Voltaire.

« A quelque temps de là, il prit fantaisie à l'irascible auteur de Nana d'appliquer sans motif, sans provocation, pour le plaisir, dans son feuilleton littéraire et dramatique, quelques autres coups de son terrible martinet à des collaborateurs du journal qui n'en pouvaient mais, à des rédacteurs politiques, à mon ami Ranc particulièrement pris à partie. J'étais en voyage lorsque surgit la sarabande. Dès ma rentrée, je mis les choses au point par quelques lignes dans le journal ; de là, la dépêche foudroyante qui m'arriva par Triel : « Désormais, pour moi, vous êtes mort. »

Cela fait le pendant de la dépêche qui illustra le pauvre M. Alexis. Espérons que M. Laffitte nous donnera d'autres anecdotes sur les naturalistes qu'il a beaucoup fréquentés, et qui ne semblent pas lui avoir laissé un très bon souvenir.

(R. de Bury, Mercure de France, mars 1902, p. 809-810)


ECHOS

La Renaissance latine est le titre d'une revue dont on annonce le premier numéro pour le mois de mai prochain. Rédaction et administration : 25, rue Boissy d'Anglas.

(Mercure de France, mars 1902, p. 857)


LES REVUES

La Revue latine, dont le 1er numéro a paru fin janvier, est un « journal de littérature comparée ». — « Je fonde cette petite revue pour le divertissement de ma vieillesse, d'abord », prévient M. Emile Faguet. Il s'y occupera de littérature française. — Cette revue révèle en M. Pol Miles un poète assez original pour versifier « la mort d'Albine », d'après Zola : la Faute de l'abbé Mouret.

Minerva, « revue des lettres et des arts », a commencé sa publication le 1er mars. M. A. Croiset y écrit sur L'histoire de l'art dans l'éducation ; M. Pottecher sur Victor Hugo ; M. Dauphin Meunier, sur des Lettres inédites de Mirabeau à Julie Dauvers. — Cette revue annonce des Notes sur Balzac, de M. Paul Bourget.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, avril 1902, p. 221)


ECHOS

La Critique internationale, mensuelle, paraîtra le 15 mai. Elle aspire à être un moniteur consciencieux des ouvrages les plus remarquables que voient éclore les diverses littératures, signalant aux lecteurs étrangers les productions françaises qui méritent d'être connues d'eux et aux lecteurs français les productions de l'extérieur dignes de leur attention. Direction : E. Sansot-Orland et Roger le Brun. Secrétariat : F. T. Marinetti. Abonnements : 6 francs par an. Bureaux : 34, rue Monge, à Paris.

§

Les Poèmes, tel est le titre d'une élégante revue trimestrielle dont le premier numéro vient de paraître, et qui ne publiera que des vers. Le fascicule paru ne contient que des alexandrins, mais la revue pratiquera le plus large éclectisme et le vers libre ne sera pas exclu. Rédaction : 68, boulevard Saint-Germain. Prix du numéro : 1 franc. Abonnement : un an, 4 francs.

(Mercure de France, mai 1902, p. 575)


LES JOURNAUX

Le Progrès du Var annonce qu'il va ouvrir — une rubrique spéciale pour étudier les écrivains symbolistes, leurs œuvres et leurs idées.

§

M. Paul d'Armon, dans le Signal, a exécuté, avec trop de douceur, le contre-maître Ernest Charles et son ridicule pamphlet sur la Littérature française d'aujourd'hui. Les contre-maîtres, le mot est de M. Vielé-Griffin, qui avait prédit leur venue. Hélas ! la période est accomplie !

(R. de Bury, Mercure de France, mai 1902, p. 509)


LES REVUES

Aujourd'hui, revue mensuelle, a paru pour la première-fois à Paris le 15 avril. Parmi les fondateurs : MM. Ch.-Louis Philippe, J.-G. Prod'homme, Lucien Jean. Voici le programme de la rédaction :

« Ceux qui se réunissent ici ont, pour la plupart puisé leur énergie primitive dans les larges courants révolutionnaires qui, depuis cent ans, rajeunissent le monde. Ils espèrent que leurs œuvres et leurs actions, si simples soient-elles, conserveront toujours l'empreinte de cette origine sacrée.

« Mais ils ne croient pas que l'histoire de l'humanité se compose exclusivement d'une série de phénomènes économiques. Ils croient, contrairement à ce qu'écrivait un jeune critique socialiste, que Marx ne biffe pas Rousseau. Ils ne veulent pas remplacer les idoles à grosses têtes par des idoles à gros ventre.

« C'est pourquoi ils essaieront de penser et de travailler en dehors de tous les dogmes et de toutes les lois. Et c'est pourquoi, ayant évoqué l'âme d'hier souriant au beau visage lumineux de demain, ils demandent à aujourd'hui sa force et sa beauté. »

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, juin 1902, p. 784)


LES REVUES

Ont paru pour la première fois :

La Renaissance latine, mensuelle, le 15 mai, publiant : un poème de M. J.-M. de Heredia : Matagueña. Une fine nouvelle de M. P. Louys : Balzac péremptoire et la fausse Esther. Un article sur Napoléon III et l'idée latine, de M. A. Lebey ; le portrait M. R. de Montesquiou, par M. H. Bat

Les Annales de la jeunesse laïque, en juin, revue de combat, fondée par des jeunes gens que leur fougue conduit « à l'humanité, à la vérité, à la justice », — où nous leur souhaitons de parvenir.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, juillet 1902, p. 224)


ECHOS

« Les Poèmes ». — La revue Les Poèmes nous prie d'annoncer qu'elle n'est point, comme on l'a cru en voyant parmi ses collaborateurs ordinaires plusieurs poètes de l'Ecole Française, l'organe attitré de la « Foi nouvelle ». Elle est ouverte à tous les groupes et n'appartient à aucun.

(Mercure de France, octobre 1902, p. 288)


LES REVUES

L'Humanité nouvelle, après une interruption de presque deux ans, reparaît en octobre. Au sommaire : Le Trust par M. Th.-Elmer Will, des Sonnets (!?!) de M. V.-Emile Michelet, le Gouffre, nouvelle de M. Léonide Andreef, la Situation politique en France, par M. Marcel Sembat.

L'Acacia, revue d'études maç∴, exclusivement rédigée par des ff∴ maç∴, a publié en octobre son premier fascicule. Le Tr∴ III∴ F∴ A. Blatin y étudie la Représentation proportionnelle et le F∴ E. Vidal-Naquet montre, pour notre divertissement, l'esprit le plus inventif en traitant de Dieu et le libre arbitre (1).

La Bavarde, organe bi-mensuel, paraît depuis le 25 octobre. On nous prévient : « Le but de cette publication est d'avoir 10.000 abonnés ». Elle en aura bientôt cent mille et davantage, si M. Félicien Champsaur y collabore régulièrement, car M. Champsaur a le génie du négoce.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, décembre 1902, p. 779-780)

(1) Cette première série parut d'octobre 1902 à février-mars 1914 (tome XII, n° 2-3). Une seconde série, sous-titrée « revue mensuelle d'études et d'action maçonniques, sociales et philosophiques » connaîtra, de juin 1923 à septembre 1934, 111 numéros. Paul Dermée en était le rédacteur en chef, même si son nom n'apparaîtra comme tel qu'au n° 54, de décembre 1928 (note de Victor Martin-Schmets).


1903

ECHOS

L'Anthologie-Revue, qui paraissait autrefois à Milan, va, sensiblement agrandie et fondue avec La Critique Internationale, reprendre sa publication à Paris. le 15 mai. MM. E. Sansot-Orland et Roger le Brun en restent les co-directeurs. Les bureaux seront au siège de la Bibliothèque internationale d'Edition, 9, rue des Beaux-Arts.

§

L'Œuvre d'Art international, vient de transférer ses bureaux, 33, rue de Constantinople.

(Mercure de France, octobre 1903, p. 288)


ECHOS

Les Marges. — M. Eugène Montfort entreprend la publication, sous ce titre, d'une gazette littéraire qui sera mise en vente à la librairie H. Floury notamment, et dans les principales librairies d'amateurs (Les Marges, 22, rue Théodore-de-Banville, XVIIe).

§

La Belgique Contemporaine. — La création d'un périodique, nouveau est imminente en Belgique, où, depuis la disparition de la Société nouvelle, manquait une revue de véritable importance. La Belgique Contemporaine ne sera pas une publication exclusivement littéraire et artistique. Elle s'intéressera aux grandes questions industrielles et sociales, aux problèmes de la politique étrangère aussi bien qu'aux questions d'art. C'est dire qu'elle s'efforcera d'être large de programme et moderne d'inspiration. Le comité qui patronne la revue associe des noms de grands industriels et d'hommes d'Etat, — entre autres le directeur des Beaux-arts, — à ceux d'écrivains et d'artistes notoires tels que Constantin Meunier,Verhaeren, Camille Lemonnier, Maus, etc. Ajoutons que la direction de La Belgique Contemporaine est confiée à M. Eugène Baie, l'auteur de la récente Epopée Flamande, et Raphaël Petrucci, dont on connaît les importants travaux d'esthétique.

(Mercure de France, décembre 1903, p. 858)


LES REVUES

Le Festin d'Esope, revue des belles-lettres, mensuelle, rédacteur en chef M. Guillaume Apollinaire, a paru pour la 1re fois en novembre.

La Femme contemporaine, revue internationale des intérêts féminins, paraît depuis le 1er octobre.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, décembre 1903, p. 792)


1904

ECHOS

Athena, revue d'art et de littérature, qui paraît depuis huit ans à Lyon, vient de confier à l'un de ses collaborateurs, M. Gabriel Clouzet, les fonctions de directeur à Paris (1, rue du Mont-Cenis).

(Mercure de France, janvier 1904, p. 287)


ECHOS

Une protestation. — Nous avons dernièrement adressé quinze mille catalogues à différentes catégories de personnes lettrées. Nous avons reçu la lettre suivante :

« Monsieur,

« Nous protestons avec indignation contre l'envoi qui nous a été fait du catalogue des publications du Mercure de France. —Nous l'avons jeté au feu. — En vérité, pour qui nous prenez-vous ?

« L'aumônier du Bon Pasteur,

L. LEFÈVRE.

« L'aumônier de Sainte-Anne,
« F. GOINEAU. »

(Mercure de France, janvier 1904, p. 288)


ECHOS

La Revue des Idées. — Le n°1 s'ouvre par une étude sur le Radium où le Dr G. Bohn expose très clairement la question de la Radio-activité au triple point de vue physique, biologique et philosophique. Des notes sur l'Action toxique des émanations du radium et sur les Rayons N complètent cet article important.

Une autre étude scientifique, destinée à un grand retentissement, est celle où M. R. Quinton formule la Loi générale de constance du milieu vital des cellules : ce n'est rien moins que la question des origines de la vie et de l'ordre d'apparition des espèces animales sur le globe. L'homme ne serait plus, loin de là, le dernier venu : cette place suprême appartient aux oiseaux.

Un sévère quoique sympathique examen, par M. Maurice Vernes, de la Valeur scientifique de l'œuvre de Renan et quelques pages de M. R. de Gourmont sur François Bacon et Joseph de Maistre achèvent la physionomie de ce premier numéro, où l'on trouvera encore des notes critiques sur Herbert Spencer, l'Abbé Loisy, différentes communications scientifiques et une Chronique pleine de faits curieux.

Les Art de la Vie, revue d'art et de littérature, dirigée par notre confrère Gabriel Mourey, paraîtra sous peu. On y combattra pour un idéal de « belle harmonie moderne », tout à la fois contre l'académie anachronique et le modernisme outrancier. Les Arts de la Vie seront, au point de vue matériel, la démonstration tangible des idées d'ordre et de beauté qui y seront exprimées.

Le numéro, mensuel, comportera 64 pages sous une couverture illustrée (Direction et Rédaction, 6, chaussée d'Antin, Paris).

La Revue provinciale, qui entre dans sa quatrième année, paraît désormais en fascicules mensuels de 64 pages, et formera deux volumes par an. Le numéro de janvier contient une étude inédite d'Anatole France sur Jean Gutenberg, un article sur Vigny d'E. Zyrowski, professeur à l'université de Toulouse, etc. La Revue provinciale publiera quelques lettres inédites d'Alfred de Vigny, des pensées de Ch. Renouvier et continuera à être rédigée par les meilleurs des écrivains méridionaux (Rédaction, 28, rue des Paradoux, Toulouse).

(Mercure de France, février 1904, p. 575-576)


LES REVUES

Trois revues nouvelles : Les Arts de la Vie [...]. — La Revue littéraire [...]. La Revue des idées [...] [la suite sur Gallica

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, mars 1904, p. 781)


ECHOS

La Revue d'Art dramatique, qui entre dans sa dix-neuvième année, modifie son titre et devient La Revue d'Art dramatique et musical, organe international du théâtre et de la musique. Elle transporte sa direction, sa rédaction et son administration 25, rue d'Ulm, Paris.

(Mercure de France, mars 1904, p. 857)


LES JOURNAUX

L'Informateur nous donne le tirage de quelques-uns des principaux journaux de Paris. Nous reproduisons son tableau, à titre de document :

« On a beaucoup discuté, dans les milieux littéraires, sur les conséquences pour les journaux parisiens des concours divers : trésors, litres d'or ou de blé, etc. Il est donc assez curieux de savoir, à quelques mille près, le tirage réel des principaux journaux.

« A la fin de décembre 1903, les journaux suivants tiraient environ :

L'ACTION, 55.000.
L'AURORE, 27 à 28.000.
L'AUTO, 68 à 70.000.
L'AUTORITE, 39 à 40.000.
LES COURSES,. 18.000.
L'ECHO DE PARIS, 100 à 105.000.
L'ECLAIR, 98.000.
LE FIGARO, 30 à 32.000.
LE GIL-BLAS, 9 à 10.000.
L'INTRANSIGEANT, 66.000.
LE JOURNAL, 750.000.
LA LANTERNE, 42.000.
LA LIBERTE, 20 à 22.000.
LA LIBRE PAROLE, 66.000.
LE. MATIN, 380 à 400.000.
LE MONDE SPORTIF, 25 à 30.000.
L'OFFICIEL, une moyenne de 26.000.
LA PATRIE, environ 90.000.
LE PETIT JOURNAL, 800.000.
LE PETIT PARISIEN, 1.500.000.
LA PETITE REPUBLIQUE, 70 à 72,000.
LA PRESSE, 70.000.LE RADICAL, 48.000.
LE RAPPEL, 20.000.
LA REPUBLIQUE, 4.500.
LE SIECLE, 3.000.
LE SOIR, 4 000.
LE SOLEIL, 21 à 22.000.
LE SUPPLEMENT, 96.000.
LE TEMPS, 30 à 35.000.
LE VELO, en moyenne 30 à 35.000. »

(R. de Bury, Mercure de France, avril 1904, p. 236-237)


LETTRES HISPANO-AMERICAINES

Ideas (Idées). — Un groupe de jeunes gens sous la conduite de M. Manuel Galvez (fils) ont fondé cette revue avec le ferme propos de maintenir bien haut le pavillon de l'Idéal. La tentative me paraît excellente. La phalange a toute l'ardeur de la jeunesse et l'amour des choses simples et nobles ; Ideas apparaît à Buenos-Aires mensuellement en une livraison de 80 pages. L'impression typographique en est luxueuse et d'une netteté parfaite.

(Eugenio Diaz Romero, Mercure de France, juin 1904, p. 837)


ECHOS

Les Annales Romantiques, revue mensuelle (18, rue Nicole, Paris), dont M. Léon Séché a publié le premier numéro le 15 mai, seront une publication intéressante. Le goût du public lettré, dit son directeur, se porte de préférence vers l'étude de deux époques qui, bien que séparées par trois cents ans, n'en ont pas moins entre elles des affinités remarquables : la Renaissance et le Romantisme.

« Aussi, ajoute M. Léon Séché, après savoir fondé la Revue de la Renaissance, où, tout en étudiant l'art et la littérature française au XVIe siècle, nous nous occupons surtout de la Pléiade, autrement dit de l'école poétique de 1550, avons-nous décidé de publier les Annales Romantiques, qui seront principalement consacrées à l'école de 1830... »

Il n'y sera pas seulement traité des sujets d'histoire littéraire, on y trouvera des documents inédits, lettres, poésies, mémoires, qui seront plus tard une mine précieuse pour les travailleurs.

(Mercure de France, juin 1904, p. 856)


LETTRES POLONAISES

La belle revue littéraire et artistique de M. Zenon Przesmycki, Chimera, a commencé à publier des tirages à part de quelques-unes des œuvres qui ont précédemment paru dans ses feuilles. Nous avons à noter jusqu'à présent les tirages à part de Komurasaki, conte japonais de M. WI. St. Reymont, des Démons (Biesy) de Mme Marie Komornicka, du Roi Kofetua de Zeyer (traduction de Zenon Przesmycki), d'Axël de Villiers de l'Isle-Adam (traduit par le même), de la Croisade des enfants de Marcel Schwob (traduit par le même), de l'Ame digne de F. Nietzsche (traduit par Wyrzykowski). Nous n'en saurions assez louer l'élégance de la forme extérieure et les beautés de la traduction. En lisant la Croisade des enfants, nous éprouvons l'impression vive de l'original écrit par ce styliste incomparable qu'est Marcel Schwob. Vraiment, les tirages à part de la Chimera sont tout indiqués pour faire en Pologne une révolution en l'art de traduire et de publier les livres.

§

Une revue nouvelle, Sztuka (l'Art), consacrée presque uniquement aux arts plastiques, commence à paraître à Paris. Elle est signée par M. Antoine Potocki, critique littéraire bien connu, et Ladislas Granzow, artiste peintre. Son premier numéro, outre les reproductions des œuvres de Whistler, Gauguin, Gotlieb et Slewmski, contient en sa partie littéraire une traduction de l'étude de Huysmans sur Whistler, notes, poèmes et articles de Gauguin, Slewinski, Potocki, Brzozowski, Adamowicz et Klosowski. Le choix des matières n'est pas toujours fait d'une façon très heureuse. J'aimerais mieux y voir une bonne héliogravure du portrait de la mère de Whistler que ce fac-similé d'une eau-forte de Guérard dépourvu de toute valeur artistique. Telle « lettre » de M. Slewinski sur Gauguin ferait mieux de rester dans le dossier privé du rédacteur. Quant à la forme extérieure (papier et caractères), elle témoigne du soin et du bon goût de la rédaction.

(Michel Mutermilch, Mercure de France, juin 1904, p. 844-845)


ECHOS

Le « Mercure » bimensuel. — Depuis que notre revue existe — quinze ans déjà — nous nous sommes constamment efforcés, souvent à l'encontre de notre intérêt immédiat, d'y apporter des améliorations essentielles. Nous n'avons qu'à nous en louer : nous avons la satisfaction de compter encore parmi nos abonnés la plupart de nos lecteurs des premiers temps, nous avons peu à peu pénétré dans tous les mondes, notre diffusion à l'étranger s'accroît d'année en année.

Nous pensons le moment opportun pour réaliser des améliorations nouvelles : le Mercure de France paraîtra deux fois par mois, le 1er et le 15, à partir de janvier prochain, et les rubriques qui forment la Revue du Mois — demain Revue de la Quinzaine — seront composées en caractères plus lisibles. Nous avions d'abord imaginé que cette partie de nos livraisons, si abondante en documents, serait moins lue que consultée ; mais l'expérience nous a enseigné que notre public, lettré, l'esprit en éveil et curieux de toutes les manifestations intellectuelles, suit assidûment nos rubriques ; nous lui en rendrons donc la lecture plus facile. L'intérêt qu'on prend en général à notre Revue du Mois — unique au monde, nul périodique ne donnant cette sorte d' « encyclopédie au jour le jour » du mouvement universel des idées — constitue d'ailleurs la principale des raisons qui nous engagent à modifier notre périodicité, car la Revue de la Quinzaine offrira l'avantage d'être plus active.

Tel qu'il paraîtra désormais, le Mercure de France publiera dans l'année beaucoup plus de matières (un tiers environ) qu'il n'en publiait auparavant, et si le plan de rédaction d'après lequel il est établi en fait certainement la revue qui contient le plus de substance, les prix de vente au numéro et d'abonnement, qui sont fixés comme suit, en font celle des revues françaises qui coûte le moins cher [...].

(Mercure de France, décembre 1904, p. 851-852)

A consulter :

- Alfred Vallette, « Le Mercure de France bimensuel », Mercure de France, 1er janvier 1905, p. 5-8


Le Courrier Européen. — A la suite d'un dissentiment grave entre la rédaction et les actionnaires, M. Louis Dumur a donné sa démission de rédacteur en chef de l'Européen et de membre du conseil d'administration de la société propriétaire du journal. Il a été suivi par toute la rédaction et presque tous les collaborateurs de l'Européen ; la fondation d'un nouveau journal a été immédiatement décidée, et huit jours après le premier numéro paraissait, sous le titre : le Courrier Européen (rédaction et administration : 280, boulevard Raspail ; bureau annexe : 18, rue Dauphine). Le Courrier Européen, dont plusieurs numéros ont déjà paru, a un Comité de Direction composé de MM. Bjoernstjerne Bjoernson, Jacques Novicow, Nicolas Salmeron, Gabriel Séailles, Charles Seignobos.

L'Ermitage. — En entrant dans sa seizième année l'Ermitage, revue de littérature et d'art, agrandit son format. Par suite de l'augmentation du texte qui correspond à cet agrandissement, le prix de l'abonnement est porté à 10 fr. pour la France et 11 fr. pour l'étranger, et le prix du numéro à un franc.

L'Ermitage continue à paraître sous la direction de M, Edouard Ducoté, assisté d'un comité de rédaction composé de MM. Remy de Gourmont et André Gide. M. Charles Verrier est attaché au secrétariat de la Revue.

L' Ermitage paraîtra régulièrement le quinze de chaque mois.

(Mercure de France, décembre 1904, p. 854-855)


1905

ECHOS

La Revue Germanique — vient de faire paraître son premier fascicule. Cette publication se consacrera particulièrement à l'étude des littératures allemande et anglaise, sans négliger de suivre le mouvement intellectuel des Etats-Unis, des Pays-Bas et de la Scandinavie. La Revue Germanique paraîtra tous les deux mois, et M. Henri Lichtenberger, professeur à l'Université de Nancy, s'occupera du secrétariat général pour l'année 1905, alors que M. Joseph Aynard, tout en assumant les soins|de la rédaction à Paris, dirigera spécialement les rubriques concernant la littérature anglaise. Au sommaire de la première livraison, une étude de M. Ernest Lichtenberger, professeur à l'Université de Paris, sur le Faust de Goethe, des pages singulièrement attachantes de M. André Chevrillon, consacrées à la Jeunesse de Ruskin, et un essai, de M. Albert Schwitzer sur le Symbolisme de Bach. Dans les « Notes et Documents » nous retiendrons trois lettres inédites de Fr. Nietzsche à Hugo von Senger. Enfin les « Comptes-rendus critiques » présentent une image très variée de la philologie étrangère.

(Mercure de France, 1er janvier 1905, p. 166-167)


ECHOS

Une revue internationale de poésie paraîtra dans les premiers jours de janvier, à Milan, sous le titre : Poesia ; elle publiera tous les mois des vers inédits des meilleurs poètes français, italiens, espagnols, anglais, allemands, russes, etc. On annonce qu'au sommaire du premier numéro figureront les noms de Léon Dierx, Catulle Mendès, Gabriele d'Annunzio, Giovanni Pascoli, Paul Adam, Gustave Kahn, Paul Fort, Stuart Merrill, Edouard Schuré, Albert Mockel, Camille Mauclair, Clovis Hugues, Rudyard Kipling, Alma Tadema, Hélène Vacaresco, Fred Bowles. Tous les poèmes publiés par Poesia doivent être dits et analysés par M. F. T. Marinetti, qui partage la direction de la revue avec M. Sem Benelli, au cours de la série de Conférences sur la Poésie Contemporaine qu'il fait chaque année dans les principaux théâtres et les grands cercles littéraires de l'Italie. — Rédaction : 2, Via Senato, Milan.

§

L'Europe Artiste, que dirigent MM. Albert Trotot et Ricciotto Canudo, publie un numéro exceptionnel contenant la reproduction de trois gravures rares d'Albert Durer : la Cène, Chevauchée de la Mort et Eraclès, d'un Paysage de Boucher et d'un Effet de pluie de Dorothée George.

(Mercure de France, 1er janvier 1905, p.167-168)


ECHOS

Une fusion. — On annonce la fusion de l'Europe artiste avec la Plume. La nouvelle publication paraît rait dans le courant de ce mois, sous le titre de la Plume, avec MM. Karl Boès et Albert Trotrot pour directeurs, et M. Ricciotto Canudo pour rédacteur en chef. La Plume sera Illustrée comme par le passé, littéraire, philosophique et musicale, réunissant ainsi les caractéristiques des deux revues dont elle est. faite. Rédaction : 4, rue Jacob ; administration : 54, rue des Ecoles.

................................................................................................................................................

La Revue des Arts Lyriques — fera paraître son premier numéro le 15 février prochain. Elle sera dirigée par M. Maurice Reynal, qui a choisi pour rédacteur en chef M. Paul Fort et pour secrétaire de la rédaction M. André Salmon.

(Mercure de France, 15 janvier 1905, p. 326-327)


ECHOS

Les « Feuillets Littéraires » viennent de publier leur premier numéro. C'est une élégante revue, bien imprimée sur beau papier, et qui paraîtra le 20 de chaque mois. Directeur : Joseph Rapine ; secrétaire de la rédaction : Marcel Thellier ; rédaction et administration : 11, rue de Montparnasse.

(Mercure de France, 1er février 1905, p. 488)


ECHOS

Les Quotidiens de Paris.La Presse Internationale avançait, dans un de ses derniers numéros, qu'il existe 150 quotidiens à Paris. La Cote de la Presse du 15 février déclare que ce chiffre est exagéré.

Il n'en existe que 58, d'importance d'ailleurs inégale, mais ce n'est déjà pas trop mal. En voici d'ailleurs la nomenclature :

Figaro.
Temps.
Gaulois.
Echo de Paris.
Journal.
Matin.
Soleil.
Liberté.
Autorité.
Gil Blas.
Petit Sou.
Rappel.
Siècle.
Univers.
Vérité Francaise.
Gazette de France.
Patrie.
Presse.
Soir.
Peuple Français.

XIXe Siècle
France.
République Française.
Opinion Nationale.
Journée.
Petit Bleu.
Aurore.
Petit Moniteur.
Petit Caporal.
National.
Gazette des Tribunaux.
Action.
Droit.
Paris.
Estafette.
Courrier du Soir.
Loi.
Gazette du Palais.
Le Vélo.
Cocarde.

Voltaire
Libéral.
Nation.
Pays.
Epoque.
Constitutionnel.
Charivari.
Petit Journal.
Petit Parisien.
Débats.
Libre Parole.
Petite République.
Intransigeant.
Lanterne.
Radical.
Justice.
La Paix.
Evénement.

Notons que quelques-uns des titres ci-dessus énumérés n'existent plus, et que par contre quelques autres manquent.

§

L'Informateur des Gens de Lettres, périodique bimensuel illustré, entre dans sa troisième année. Il fut fondé en janvier 1903 par Mme Camille Pert, qui le dirige avec une activité louable. C'est, en France, le seul organe professionnel des écrivains. Il renseigne les auteurs sur les choses pratiques de leur métier, et défend leurs intérêts, traitant des questions littéraires et professionnelles, rendant compte de ce qui parait en librairie et de ce qui se joue au théâtre. Spécimen gratuit sur demande adressée 70, boulevard Magenta, Paris.

(Mercure de France, 1er mars 1905, p. 159-160)


LES REVUES

Du Symbolisme et de plusieurs revues nouvelles : Vers et Prose ; Revue Littéraire de Paris et de Champagne ; Ecrits pour l'Art ; Poesia ; Le DamierL'Ermitage ; M. Jacques-Emile Blanche, critique musical.

Le mois de mars a vu naître Vers et Prose, recueil trimestriel, dirigé par M. Paul Fort, dans le but élevé de réaliser « l'œuvre littéraire la plus significative et la plus noble » en réunissant « à nouveau le groupe héroïque des poètes et des écrivains de prose qui rénovèrent le fond et la forme des lettres françaises ». Il s'agit du groupe symboliste.

On a beaucoup tué le symbolisme depuis quelque cinq ans. Pour M. Paul Fort, les symbolistes n'étaient que dispersés. Bon berger, il les rassemble et se propose de présenter à leurs côtés, « pour mieux affirmer que leur œuvre est impérissable », « ceux d'entre les jeunes « écrivains qui, sans abdiquer leur neuve personnalité, peuvent se « réclamer d'aînés initiateurs. Le Mercure de France, l'Ermitage, ces deux revues au moins, n'ont jamais cessé de publier les œuvres des symbolistes ni d'accueillir les prémices des nouveaux écrivains de talent. A l'originalité de paraître 4 fois l'an, la revue de M. Paul Fort ajoutera celle de ne publier que des pages irréprochables. Ainsi le Lyrisme, la Haute Littérature, seront défendus par l'un de leurs meilleurs paladins.

Ce premier numéro de Vers et Prose est présenté par M. Francis Vielé-Griffin. Il contient un des plus beaux poèmes de M. Henri de Régnier la Lampe, un poème où Psyché, apparue à ce grand poète qui l'a si fidèlement chantée, explique en somme l'évolution logique du mouvement symboliste. Ni M. Robert de Souza, ni même M. Albert Mockel, dans un article probe et un peu mystérieux, n'égalent la sagesse, l'élégance, la clarté, de cet admirable discours de l'Inspiratrice et de la conclusion du poème

« Ne cherche plus en moi la Psyché de jadis,
Enfant silencieuse et compagne ingénue.
Celle qui vient à toi n'est qu'une femme nue
Dont la chair a frémi et dont la jeune bouche
A mordu le fruit mûr avec des dents farouches,
Dont les bras ont étreint et dont les pas errants
Ont saigné sur la ronce aux chemins différents,
Et qui t'apporte ici, sur sa lèvre meurtrie,
Le baiser de l'amour et l'odeur de la vie.
C'est la nuit. Que crains-tu de l'ombre ? N'ai-je pas
Cette lampe à la main pour conduire nos pas ? »

Et, soudain, souveraine, éblouissante et nue,
D'un geste, elle haussa sa lampe devenue
Tout à coup éclatante et semblable au soleil.
Et moi, je regardais son visage vermeil
Qui s'empourprait encor du reflet orgueilleux
De s'être, un soir, penché sur le sommeil d'un Dieu.

§

Il faut vraiment le croire nous sommes « parvenus à un tournant de l'histoire » littéraire, comme disent les orateurs de réunion publique. Dans la Revue Littéraire de Paris et de Champagne (février), M. Mécislas Goldberg, traitant de l'Orthodoxie symboliste, écrit, de M. Remy de Gourmont, qu'il est « quelque chose comme le Sarcey du symbolisme ».

Ayant ainsi exalté la mémoire de l'Ogre Francisque, M. Mécislas Goldberg assure que « la génération nouvelle cherche dans le symbolisme son côté le plus littéraire et le moins orthodoxe » et il constate que « le symbolisme n'a pas conquis universellement l'opinion publique ». Quelle école littéraire, grand Dieu ! a jamais « conquis universellement l'opinion publique !

Cependant, M. Mécislas Goldberg connaît les tendances de la génération nouvelle, le devoir qu'elle se trace, l'effort accompli par elle et nié par « la vieille garde du symbolisme ».

Nous n'avons qu'à travailler. Il y a des choses plus graves à dire et plus profondes que ne le firent MM. Maeterlinck et Francis Jammes. Il y a à chercher l'eurythmie autrement éblouissante que la mélopée symboliste ou le caquet de Francis de Croisset. Il y a aussi à dompter pour l'art la vie qui passe, la phrase qu'on a déchaussée sans grâce, à soumettre enfin à la loi les déformations créées par un siècle de littérature sentimentale, barbare, échevelée.

M. de Gourmont et d'autres sacrificateurs ne voient que choses dites et choses faites. Nous apercevons d'immenses problèmes envahir la pensée, et imposer des tâches d'Hercule à la génération qui vient. La poésie, la prose, la peinture, la sculpture, la politique même attendent une loi plus propice à leur existence. C'est cette loi qu'on cherche à travers des confusions et que l'orthodoxie symboliste nie, superbement enveloppée d'oripeaux princiers empruntés à ceux qui autrefois ont combattu groupe Boileau, groupe Hugo, groupe Leconte de Lisle, groupe Mallarmé. L'histoire ne recommence que dans ses vices. Quant aux vertus, heureusement pour la vie, elles se renouvellent et évoluent, éternellement jeunes.

Les opinions de M. Mécislas Goldberg prendront, au jugement des quelques personnes jusqu'alors mal informées de ses travaux, l'importance qu'il faut qu'elles aient, puisqu'un Hommage à Mécislas Goldberg, publié dans le n° de mars de la même revue, associe MM. Henri de Régnier, Stuart Merrill, Pierre Quillard, Edmond Pilon, G. Apollinaire, Paul Souchon, et M. André Salmon, poète, qui termine le second quatrain d'un sonnet par ces vers :

Ta parole nourrit le vide des tombeaux
Et quelquefois tu lèves un doigt sans rien dire.

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Il faut, vraiment, qu'il se passe quelque chose : les Ecrits pour l'Art reparaissent, « mensuels », depuis le 15 mars, sous la direction de M. Jean Royère. Le premier article est, naturellement, de M. René Ghil.

L'ironie ne convient pas à qui parle de M. René Ghil. Le Temps change les hommes, les choses, les mœurs, les idées. Il modifie le monde visible et ce qui est sous les apparences. Les forces terribles unies en lui épargnent M. René Ghil et cela est merveilleux et grave. Dès 1886, ce poète a vu son œuvre comme un long chemin droit et plat. Voici près de vingt ans qu'il va sa route, obstiné, semblable à soi-même, hermétique, et superbe. Nul autre que M. René Ghil n'oserait écrire encore « le splendissement d'une cristalloïde Beauté », ou parler de « trois noms en points primordialement stellaires ».

Ces trois noms connus dès l'origine du « Mouvement poétique » furent : Verlaine, Mallarmé et René Ghil, d'après M. Aug. Marcade qui les citait en novembre 1886, dans le Figaro. Aujourd'hui M. René Ghil reconnaît que son influence a été considérable sur l'expression des poètes depuis 20 ans. Il faut croire un écrivain qui a le courage de vêtir sa pensée de ce style éblouissant et harmonieux :

Mais non seulement de mon En Méthode et de quelques-uns de mes livres, dépendent tels appels à la Vie, à la compréhension « humaine », à l'homme-social, tels volumes de poèmes exaltant les milieux des Activités humaines, usines, ateliers, travaux aux âmes mécaniques, œuvre des champs, — que plusieurs depuis hier et à l'heure actuelle, préconisent: mais ils sont tributaires de mon premier livre même et de sa Préface, lignes rudimentaires de mon plan général.

Et, ceux qui œuvrent en ce sens relèvent-ils également d'Emile Verhaeren qui le premier a saisi de moi et interprété selon son énorme tempérament ces Beautés, que personnellement alors il magnifia. — Encore qu'il ne se soit avancé sur la voie où il m'appartient de les synthétiser et signifier quand il sied, cette comme cosmique et multiple invention mécanique et son travail qui meut et hallucine nos villes modernes de son luisant et titanesque triomphe, les voir ainsi que des « sens nouveaux » en prolongements d'organismes de notre humanité Occidentale.

Aussi, le précepte et l'exemple ont porté, par mon Œuvre-une, qui amenèrent les poètes de hasardeux recueils, sinon à composer le livre de vers, du moins à lui désirer une presque unité par parties...

Et, selon M. René Ghil, la Poésie doit « être une méthaphysique émue de la Vie connue par la science et le poète un poète-philosophe ». Il a le droit d'ajouter : « J'ai été le décisif commencement moderne de ce Poète philosophe, dont d'Autres seront la suite différenciée. » M. René Ghil cite Lucrèce, Gœthe et Shelley. Oui, M. René Ghil a des disciples. Il n'en a peut-être point de plus proche que l'auteur de Kehath, Sadia Lévy, qui donne de ce « livre sous presse » un fragment significatif intitulé : l'Après midi d'un Styliste.

Or, Kehath ne travaille pas facilement :

Pour sertir une pensée méconnue — idéal diamant extrait de sa gangue de redondantes rhétoriques — il innovait des courbes et des zig-zags de syntaxe, ciselait des filigranes de diction. Sous des surcharges de patarafes, morfil des glaives jadis aiguisés, il découvrait les damasquinures d'une métaphore inédite, la suggestive disparate d'une catachrèse ou d'une paronymie imprévues.

Il s'égarait en des ambages digressifs, régénérait les associations sylleptiques, agrafait les analogies et les subtiles correspondances.

— Des propositions concordes se joignaient pour le coït syllogistique… —

Bientôt, grâce au forceps déductif formé des deux monosyllabes OR et DONC, chaque couple de prémisses accouchait d'une conclusion. Les notions nouveau-nées se groupaient. Aux Barbara s'aboutaient des Felampton ou des Cesare

Sadia Lévy cite Ernest Renan et emprunte à M. Remy de Gourmont, à Bjœrnstjerne Bjœrnson, Stéphane Mallarmé, Multatuli, Nietzsche, à l'Ecclésiaste, Villiers de l'Isle-Adam, et à M. Jules Renard, des épigraphes limpides.

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M. F. T. Marinetti, qui a beaucoup contribué, par des conférences et des récitations de poèmes, à répandre en Italie la littérature symboliste, vient de créer une revue universelle Poesia.

L'intention du fondateur est excellente et les deux premiers fascicules de Poesia (février et mars) la réalisent parfaitement.

Le n° 1, dédié à Giosué Carducci, débute par un fragment de la Nave de d'Annunzio, que suivent des vers de MM. Paul Adam, Sem Benelli, A. Colautti, Gustave Kahn, E. Schuré, Marinetti, C. Mauclair, Catulle Mendès, E. Moschino ; un poème en prose de M. de Régnier et un fragment de prose poétique de Mme Rachilde et aussi des vers de Fred Bowles et de Laurence Alma Tadema.

Le fascicule de Mars ouvre sur un poème de F. Mistral et il contient une ballade de M. Paul Fort, un extrait inédit de la Chanson de Jehanne d'Arc de M. Clovis Hugues, quatre romances de M. Stuart Merrill, des poèmes d'auteurs italiens et anglais, et, aussi, un portrait de Mme la Comtesse de Noailles.

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La Plume est entrée dans sa 17e année du 1er au 15 février et elle s'est « fondue » avec l'Europe Artiste, pour « combattre tout dogmatisme d'écoles, d'œuvres et d'individus, toute caste intellectuelle et spirituelle ». Les lecteurs sont appelés à alimenter une rubrique nouvelle la Vie contemporaine. Il y aura une Chronique régionale.

Lire, dans ce numéro, l'acte III de cette œuvre extraordinaire Napoléon ou les Cent jours, par Dietrich-Christian Grabbe (trad. par M. J. de Néthé).

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Le Damier, « revue de littérature et d'art paraissant dans les premiers jours de chaque mois », a paru pour la première fois en mars. La couverture est blanche le titre, gravé, est rose, calligraphié en bâtarde la distinction de ces dehors attire et irrite, c'est impertinent à force d'être « joli ».

Mais le Damier contient un poème délicieux de M. Gabriel de Lautrec, une nouvelle et une élégie où le talent délicat de M. Robert Scheffer sourit, le portrait de M. R. Scheffer, par M. Ch. Léandre, un autographe nerveux de M. R. Scheffer, de petits motifs spirituels de M. P.-J. Toulet, un poème en prose de M. Eug. Marsau, une « simple statistique » où les peintres anciens furent « estimés » en 1784 et qu'il faut remercier M. Henry Beretto de reproduire. En vérité, il faut, dirons-nous encore, qu'il se passe quelque chose.

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(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 avril 1905, p. 594-598)


ECHOS

Mistral et Nietzsche.— Prouvènço ! l'organe de la cause félibre, qui paraît à Avignon depuis le commencement de l'année, publie en tête de son numéro du 7 avril un poème de Frédéric Nietzsche traduit en prose par Frédéric Mistral. La pièce est la dernière des Chants du Prince « Vogelfrei », qui servent d'appendice au Gai Savoir. Mistral suit mot pour mot la traduction française que nous avons donnée aux Editions du Mercure de France.

Voici la première strophe de ce « casoun dansarello », qui s'intitule Pèr lou Mistrau :

Vènt Maïstrau, cassaire de nivo, tuaire de malancounié, escoubaire dóu cèu, tu que brames, oh que iéu t'ame ! Sian-ti pas tóuti dous, nous-autre, li primadié d'uno mémo óurigino, eternamen astra pèr mou meme destin !

(Mercure de France, 15 avril 1905, p. 638)


ECHOS

Le Mercure musical paraîtra le 15 mai prochain, sous la Direction de MM. Louis Laloy et Jean Marnold (E. Demetz, éditeur, 2 rue de Louvois).

(Mercure de France, 1er mai 1905, p. 160)


LES REVUES

Le premier numéro de la Revue immoraliste, présentée au public par Henri Beyle sous la direction de M. Guillaume Apollinaire, — a paru en avril. Les amateurs de paradoxes liront avec bénéfice les « propos mensuels » de M. G. Apollinaire, notamment les pages intitulées le Gouvernement.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 mai 1905, p. 281)


CHRONIQUE DU MIDI

Depuis janvier paraît à Avignon un nouveau journal : Prouvenco ! dirigé par un comité que préside M. Pierre Dévoluy. Le programme de ce journal est « de prendre pour modèle et pour leçon l'ancien Aioli, de Mistral, et d'en « suivre, d'en répandre et d'en propager la doctrine ». Les curieux des questions félibréennes les trouveront traitées tout au long dans cette publication, organe officiel de l'Eglise provençale où les schismes, les querelles, les hérésies de toutes sortes abondent aussi bien que dans toute autre religion. Actuellement la question des maintenances fait couler beaucoup d'encre et s'agiter bien des langues. Mais il est juste de dire que la vie méridionale n'en est guère troublée et que, dans Prouvenco ! même, il y a place pour de beaux vers et de belles proses.

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Qui disait que Marseille n'était occupée que de négoce ? Mistral, lui-même, se trompait, quand, dans la Reine Jeanne, il faisait dire à Aufan de Sisteron : « Marseille tient la mer et navigue, âpre au gain. » Une nouvelle étonnante nous arrive, en effet, de la cité phocéenne une revue littéraire vient de s'y fonder. Et comme, là-bas, les mots ne sont jamais assez forts pour exprimer les sentiments et les pensées, cette revue a pris pour titre : Le Feu.

Elle brûle, en effet, du feu de la jeunesse et de l'enthousiasme et il n'y a qu'à lire son appel initial Aux Lecteurs :

N'y a-t-il pas, dans notre cité de labeur, une place pour la pensée ? Et, le soir, quand la tâche est faite, ne pouvons-nous pas réserver une heure, afin de la vivre d'une façon plus ample ; une heure pendant laquelle, les mains oisives, mais le cerveau en travail nous existerions, non pas seulement de notre existence propre, mais de la vie tout entière en nous mêlant, par la lecture, à l'Humanité, dont nous sommes les membres obscurs, mais actifs ? « Le Feu » s'est allumé à cette pensée... « Le Feu », symbole de l'esprit, s'occupera de tout ce qui peut intéresser l'intelligence, tant au point de vue général qu'au point de vue local. Chaque fois qu'un événement surgira dans le domaine littéraire, artistique, scientifique, ou même industriel, notre Revue l'examinera avec un sens précis de la vérité et un souci rigoureux de la forme.

Ce beau programme est en partie rempli dès le premier numéro qui contient des vers de la comtesse de Noailles, de Camille Mauclair et du directeur de la Revue, M. Emile Sicard, ainsi que diverses proses locales entre lesquelles je dois signaler le premier chapitre d'un nouveau roman provençal de Valère Bernard : les Nomades, sur lequel je reviendrai.

Souhaitons que le Feu reçoive à Marseille le bel accueil qu'il mérite et change enfin la mauvaise renommée intellectuelle de la « seconde ville de France ».

(Paul Souchon, Mercure de France, 15 juin 1905, p. 620-621)


ECHOS

Antée est une revue mensuelle de littérature dont le numéro 1 porte la date du 1er juin. Abonnement pour tous pays : 6 francs par an (rue Veydt, 70, Bruxelles).

(Mercure de France, 1er juillet 1905, p. 160)


NOTES

On nous prie d'annoncer le premier fascicule d'un recueil mensuel dont le titre est Poésie et qui, publié par les soins de MM. Louis Estève, Georges Gaudion et Touny-Lerys, vient de paraître à Toulouse, 73, boulevard de Strasbourg.

(L'Ermitage, juillet 1905, p. 382)


ECHOS

« L'Austrasie ». — A Metz vient de paraître le premier fascicule d'une revue trimestrielle, l'Austrasie, revue du pays de Metz et de Lorraine. Ce nouveau périodique, qui se présente sous des dehors à la fois somptueux et graves, n'est en réalité que la reprise et la continuation d'une des plus anciennes publications des provinces françaises.

En effet, la Revue d'Austrasie, fondée en 1837, grâce à une phalange exceptionnelle d'artistes et de savants, avait su durer trente ans. Son programme, qui résumait déjà tout le régionalisme d'aujourd'hui, mérite d'être cité :

A la province, la province. Qu'elle révèle ce qu'elle a été, par quelles révolutions elle a passé, quels drames se sont joués sur son sol ; qu'elle raconte son origine, ses progrès, ses développements ; qu'elle immortalise ses grands hommes ; qu'elle secoue la poussière de leurs tombeaux ; qu'elle relève les dalles de ses monuments, et, qu'appuyée sur son ancienne célébrité, elle s'élance fièrement vers l'avenir.

La nouvelle Austrasie, en suivant la voie tracée par son aînée, rappellera, une fois de plus à Metz qu'elle est un des plus anciens foyers de la civilisation latine.

Les bureaux de l'Austrasie se trouvent à Metz, 50, place Saint-Louis. On s'abonne chez Champion, 9, quai Voltaire, à Paris.

(Mercure de France, 1er septembre 1905, p. 159)


ECHOS

La Revue Libre est annoncée pour le 1er octobre. Ce sera une revue mensuelle d'art et de littérature, que dirigeront MM. Fernand Paul et Maurice Gilles. Rédaction et administration : 23, rue de la Commune, Saint-Josse-ten-Noode, Bruxelles. Abonnements : Belgique 3 fr. ; France 4 fr.

(Mercure de France, 15 septembre 1905, p. 320)


CHRONIQUE DE BRUXELLES

La Belgique artistique et littéraire. Une nouvelle revue ? Oui, et qui se présente sous les meilleurs auspices. Elle réunira, pour la première fois depuis de longues années, les forces littéraires du pays disséminées et, partant, perdues.

Au sommaire des premiers numéros on trouvera Albert Giraud avec des Souvenirs, Valère Gille avec une comédie féerique en un acte : Ce n'était qu'un rêve, Georges Eekhoud avec sa conférence d'Ostende sur l'Ame Belge, etc., etc. MM. Demolder, Verhaeren, Gilkin, Severin ont promis leur collaboration régulière et immédiate. Mme Blanche Rousseau fera la critique des romans, M. Ruyters celle des poèmes ; M. Delattre s'occupera de sciences, M. Maubel de théâtre, M. Paul André de littérature, etc., etc. Dans son appel au public, la Belgique artistique et littéraire annonce qu'elle sera nationale sans mesquinerie et sans esprit sectaire : « Délaissant les querelles des petites écoles qui passagèrement bourdonnent, elle pratiquera l'éclectisme dans le sens le plus élevé et le plus tolérant. » On s'abonne chez Larcier, 26-28, rue des Minimes, à Bruxelles.

(Georges Eekhoud, Mercure de France, 15 octobre 1905, p. 624-625)


CHRONIQUE DE BRUXELLES

Aurions-nous enfin la revue belge espérée? On le croirait à voir le second numéro de cette Belgique artistique et littéraire dont je vous signalai la fondation l'autre jour. Entre autres bonnes pages ce fascicule contient des souvenirs d'Albert Giraud, des notes du commandant Charles Lemaire, une étude sur l'Ambidextre de Picard par Dina C.P.Meddor, une délicieuse comédie en un acte et en vers de M. Valère Gille, un courrier de Paris d'André Fontainas,un courrier d'Angleterre de M. Jean Delville, enfin des chroniques signées Louis Delattre, Picard, Sander, Edmond Pierron, Aug. Joly, Blanche Rousseau, Henry Maubel, André Ruyters, sans oublier la suite d'un roman de Paul André,des vers de Picard et un travail philosophique du professeur Georges Dwelshauwers.

(Georges Eekhoud, Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 462)


ECHOS

« La Lithographie ». Album-revue d'art, mensuel, paraîtra en novembre prochain et donnera des planches originales de Rodin, Carrière, Steinlen, Bourdelle, Suréda, Traiteur, Naudin, etc.

Cet album-revue périodique, dû à l'initiative du peintre-lithographe Jean- Paul Dubray, sera tiré sur papier de Hollande. (Administration : 27, rue Saint-Jacques).

(Mercure de France, 1er novembre 1905, p. 159)


LES REVUES

Le Censeur politique et littéraire (n°1, 6 octobre) paraît le samedi, sous la direction de M. J. Charles. Un court préambule avertit de ce que sera cette revue. Elle sera une revue de « combat » et point de « combat » [la suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 600)


LES REVUES

L'Austrasie (nouvelle série), « revue du pays messin et de Lorraine », paraissant tous les trois mois, est intéressante, dans ses deux premiers numéros juillet et octobre. Elle s'adresse aux Messins et à tous ceux que l'histoire de Metz et de la Lorraine, les coutumes de cette province, la vie de ses enfants illustres à travers les siècles, etc., intéresseront. M. Fernand des Robert y réédite et commente un manuscrit du XVe siècle : Le Grand Atour de Metz.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 600)


LA FRANCE JUGEE A L'ETRANGER

La Fin des jeunes est le titre d'un article que M. Laurence Jerrold a consacré dans le Temple bar à ce qu'on appelait il y a quelques années « la jeune littérature ». M. Jerrold est un des écrivains anglais les mieux au fait des lettres françaises. Il a fait à Paris de longs séjours. Il a été, plusieurs années durant, le titulaire de la rubrique Lettres anglaises à la feue Revue blanche. De ses réflexions, qui ne semblent donc pas indifférentes, nous citons ici quelques-unes.

Le Mercure de France et la Plume ont atteint l'âge mûr. La mort de la dernière des « Jeunes revues » clôt une époque à Paris. Epoque absurde, délicieuse, perverse, naïve et très mal comprise. Temps de pose exaspérée et d'affectation éclatante, de simplicité qui fascinait et d'enfantillage charmant, de cynisme en billon et de sincérité en or sonnant. Temps aimable au total... « Les Jeunes » ne sont plus. Le mystique est devenu anticlérical, le transcendantaliste est secrétaire d'un politicien ministrable et sera bientôt lui-même un politicien ministrable. Les ermites de l'église littéraire ont renversé leur Tour d'Ivoire et fréquentent les salons académiques. L'anarchiste est nationaliste. Le vers-libriste inspiré de naguère bat tout le jour l'asphalte du boulevard et fait du reportage pittoresque. On a coupé les cheveux. Les cravates de dentelle, les revers de velours, les nerfs de bœufs, tout cela est aussi loin que le gilet rouge de Gautier. Les périodiques sérieux, les périodiques à annonces et à gros tirages ont envahi les étalages de l'Odéon. La dernière « Revue jeune » (la Revue blanche) est morte parce qu'il n'y a plus de « Jeunes ».

C'était un temps héroïque, vaillant, magnifiquement ridicule, naturellement peu connu en dehors de Paris, bien que ses échos se soient un peu répétés à Londres, à l'époque du Dome, des Knight Errant, Pageant et Yellow-Books. Au moment que le Savoy disparut c'était à Paris également le crépuscule des « Jeunes ». Les « Jeunes » n'étaient pas compris en dehors de Paris, parce qu'il fallait être au milieu d'eux pour en tirer quelque chose. Le boulevard, lui-même, ne savait rien d'eux, ou peu de chose, et ce peu de chose était faux. Les « Jeunes » avaient pour premier principe de n'être pas connus, si ce n'est parmi eux. Ne pas arriver en était un autre, maintenant aussi défunt que le reste et pourtant, quoiqu'ils ne fissent jamais rien, il y avait vraiment du génie dans la façon dont ils parlaient de leurs projets. Faisant de leur mieux pour être incompris hors de leur propre cercle,ils l'étaient en fait. Quand les « Jeunes » furent mentionnés pour la première fois dans un journal répandu, ce fut pour être anathématisés par Zola, dans le Figaro, comme une race usée de poseurs impuissants. La critique de Londres fut aussi fermée que celle des boulevards, et, quand elle entendit parler des « Jeunes », pensa à l'heure de l'absinthe, aux amours de brasserie du Quartier Latin, à Murger, au Romantisme, et autres caractéristiques de la ville de plaisir, de la bohème théâtrale, dans les préjugés anglais. La Jeune Amérique fit des efforts herculéens, comme seule en est capable l'Amérique, pour se mettre au ton des « Jeunes » et s'élever au comble du chic. Le Chabook en creva. Les « Jeunes » continuaient à être incompris. Ils n'étaient ni chics, ni bohèmes, ni romantiques ils ne buvaient pas d'absinthe ; ils ne parlaient pas d' « épater le bourgeois » ; ils ne cultivaient pas le spleen ; il n'y avait pas de cœurs brisés parmi eux ; ils n'étaient pas néo-byroniens, pas las de la vie, rien,en fait, de ce qu'ils auraient dû être, et ne posaient pas tant que cela.

M. Jerrold, après avoir rappelé que la Revue Indépendante, « brillante et brillamment rédigée, avec plus de symbolisme dans le style que dans la doctrine », fut un prélude à « l'ère actuelle des Jeunes », attribue au mysticisme, une influence fort exagérée, pensons-nous. D'après lui, « le mysticisme devint littéraire, le Poète fut un voyant, une ligne parfaite manifestait une révélation religieuse ». Mais il explique de manière fort subtile, quoique spécieuse, comment, chez certains (et c'est M. Bérenger qu'il doit viser), la renaissance néo-catholique s'épanouit en anticléricalisme.

Traduire le mysticisme dans la vie la vie est transcendante la vie est une unité mystique or, la pia fraus opprime la vie et c'est ici l'anticléricalisme mystique. Le mysticisme, le néo-catholicisme, pourtant, ne devinrent pas anticléricalisme sans phases intermédiaires, car il faut toujours se souvenir que les « Jeunes » étaient remarquablement sincères. Un autre produit du mysticisme fut un mouvement en faveur de l'éducation du peuple, l'humanité devenant l'entité transcendantale, à la façon des premières années du règne de Victoria. Un vaillant humanitarisme inspiré de Carlyle, dont l'influence se faisait sentir dans des voies inattendues, était un premier développement auquel contribua l'Art et la Vie. Puis,sur une branche de mysticisme, le carlylisme lui-même fut greffé d'une main hardie. Le culte du héros devint une religion, la direction des peuples une mission mystique... L'homme de lettres, lui, rejeta ces missions, se voua au style, fiancée mystique, à ce qu'il paraît, à l'absolu de son adoration. Cela dégénéra en parisianisme de boulevard, et ce fut le commencement de la fin pour ce groupe des « Jeunes ».

Un autre groupe passa par une dernière métamorphose avant de mourir. L'idéalisme, l'art pour l'art furent tous reniés, et le Naturisme seul resta. Mais il resta exclusivement sentimental. Si vous aviez la grâce, vous étiez naturistes, si le démon du doute, c'est-à-dire, l'esprit critique, vous tenait sous sa griffe, vous étiez profane. Ce fut pendant cette dernière phase qu'eut lieu la mémorable réconciliation entre Zola, qui n'avait pas la moindre idée de ce que voulaient dire les Naturistes, et ces « Jeunes », qui, comme naturistes, étaient aux antipodes du réalisme et du naturalisme... On retournait à la nature, bien qu'on en sût peu de chose, la plupart ayant été élevés à la ville, et l'un d'eux, à peine, sachant reconnaître un oiseau à son chant et distinguer plus d'une demi-douzaine d'espèces de fleurs. « Pas vivant » était alors la suprême insulte. Après l'affaire Dreyfus, ce culte de la vie produisit un mouvement spécialisé, qui tendait à enseigner aux masses l'amour de la vie, et pour ce, à jouer du Molière, ou chanter du Schumann, en haut de Montmartre, devant un auditoire d'hommes et de femmes du peuple dont l'appréciation était de la plus remarquable finesse.

Reconnaissant la « merveilleuse atmosphère intellectuelle qui flottait autour des « Jeunes », puisque ne pas comprendre tout au premier mot était la dégradation à perpétuité », Mr Jerrold estime qu' « intelligents, quoique abhorrant l'esprit », les « Jeunes » étaient une génération amusante, mais certes pas inconsciente. Il rappelle les critiques hardies, et souvent intelligentes, que les « Jeunes » firent aux réputations établies. A son idée Stéphane Mattarmé, qui accueillait les « Jeunes », était un jeune lui-même, totalement dénué d'influence, et le resta jusqu'à sa mort.

La multiplicité des jeunes revues répondait à la diversité des doctrines. Zola, Bourget, Huysmans même, Daudet, Maupassant, tout cela était pour les jeunes revues « comme n'ayant jamais existé ». Les « Jeunes revues », elles, existaient pour régénérer le monde, et, le considérant « sub specie æternitatis », ne pouvaient s'arrêter à noter des phénomènes transitoires. Chaque jeune, du moment qu'il avait une idée, lançait une revue... Le labeur patient et l'énergie pratique dépensés par les jeunes revues ont été aussi remarquables que l'idéalisme passionné avec lequel elles furent entreprises. Aussi loin qu'on puisse remonter, le mysticisme fut la phase la plus fructueuse pour les petits imprimeurs.

II est à craindre qu'une histoire complète des « Jeunes » ne puisse jamais être écrite. Des mois de recherches dans les boîtes à deux sous des quais ne permettraient pas de dresser la liste de toutes les jeunes revues. Malheureusement, les « Jeunes » eux-mêmes ont envoyé en l'air leurs collections, dont aucune en vérité n'aurait pu vraisemblablement être complète, lorsqu'ils lâchèrent le Néo-Platonisme pour le reportage pittoresque, et les rapports avec la Nature pour les secrétariats des politiciens en vedette. L'histoire des « Jeunes », on peut seulement en faire une ébauche dans une bibliographie abrégée de leurs revues (1)... Les étalages de l'Odéon en recevaient d'énormes dépôts, 3o exemplaires par mois, au minimum. Ils n'étaient généralement pas vendus, mais quand ils étaient retournés, la marque des doigts témoignait que la semence était tombée dans les esprits de la jeune France. A l'occasion, devant le terminus des gros Omnibus jaunes qui joignent à Montmartre le Quartier Latin, conducteurs et cochers venaient tourner les feuillets mystiques. Les rédacteurs voyaient cela, haletants. Si le bon grain allait germer dans ces esprits incultes I

M. Jerrold, revenant ici à la Renaissance du catholicisme, retrace l'alliance de l'Eglise de Rome avec la jeune France, toastée, en 1890, au banquet de l'association des étudiants, dont le président, alors, « était précisément M. Henry Bérenger ». « Une société catholique avait été préalablement fondée avec le délicieux nom de Bock idéal, par le vicomte de Vogüé. Les organes de la renaissance étaient la Lutte, revue d'art catholique, l'Ermitage, l'Art et la Vie. Le congrès des religions excitait l'enthousiasme des « Jeunes » et l'Art et la Vie visait à une religion universelle. » Mais rien n'étant sorti des « organismes sociaux », ni de la Cité moderne de M. Izoulet, la Ligue d'action morale, et le néo-catholicisme étant morts on ne peut plus subitement, la décade se termina par une troisième phase :

Avec le mysticisme, Carlyle et Emerson avaient une influence immense sur les « Jeunes » . Peu à peu, PIotin fut lâché. On découvrit soudain que le scepticisme cesse dès qu'on agit, et la découverte réveilla l'enthousiasme. Faire quelque chose par pur hasard, agir « gratuitement », fut un des nouveaux credos. Transporter de façon ou d'autre le transcendantalisme dans la vie en fut uu autre. Après différentes « actions morales », le scepticisme paraissait avoir bien cessé. Mais le scepticisme revint, fortifié par l'expérience, en une fraction des « Jeunes » qui se mit à claquer joyeusement des doigts au Non éternel, et en définitive, à la vieille religion de l'homme de lettres. Ce fut de nouveau le retour du cri lugubre de Mallarmé, la Littérature seule existe ! On y pesa la théorie du vers libre. On ne s'inquiéta plus de rien que de la couleur d'une voyelle ou de la qualité d'une assonance. L'Ermitage cessa d'être un monastère pour devenir un atelier d'écrivains.

Le Mercure cependant était resté constamment fidèle aux lettres pures ; c'est maintenant une grosse livraison bi-mensuelle ; ce n'est plus une jeune revue ; c'est un compendium « sérieux », écrasant, de la littérature contemporaine. L'an dernier, M. de Gourmont a lancé la Revue des Idées, qui est ardemment moderne et s'assure des articles de collaborateurs scientifiques compétents, autre signe de la fin des « Jeunes ». Les « Jeunes » sont morts, et quant au présent il n'y a pas de « Jeunes » pour réclamer leur succession.

(1) Cette bibliographie a été faite et se trouve à la librairie du Mercure de France.

(Lucile Dubois, Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 629-633)


ECHOS

Une nouvelle revue italienne, le Rinascimento, paraît à Milan (Libreria editrice Lombarda, de MM. Mohr et Antongini). Elle a pour directeur M. Ettore Moschino. Elle publie dans tous ses numéros un article de Gabriel d'Annunzio et un article de Mathilde Serao. Parmi les collaborateurs, Mme Grazia Deledda, MM. Pascoli, Colantti et les meilleurs écrivains de langue italienne. Chaque fascicule du Rinascimento contient une Correspondance parisienne de M. Gustave Kahn.

(Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 649)


ECHOS

Poésie est le titre d'un recueil mensuel publié par les soins de MM. Louis Estève, George Gaudion et Touny-Lerys. Le premier fascicule vient de paraître à Toulouse (78, boulevard de Strasbourg).

(Mercure de France, 15 décembre 1905, p. 650 ; voir aussi : Charles-Henry Hirsch, « Les revues », Mercure de France, 15 janvier 1906, p. 284-285)


1906

LES REVUES

Poésie est un recueil mensuel dont le n° I a paru en décembre. Il se recommande au lecteur en ces termes :

Passant, qui au hasard ouvriras ce livre, tu trouveras au frontispice de notre œuvre ces quatre vers d'Albert Samain :

Oh ! garder à jamais l'heure élue entre toutes,
Pour que son souvenir, comme un parfum séché,
Quand nous serons plus tard las d'avoir trop marché,
Console notre cœur, seul, le soir, sur les routes.

Et si tu n'as pas une âme de poète, tu hausseras les épaules et t'en iras...

MM. A. Fontainas, Francis Jammes, Albert Saint-Paul, ont donné de beaux poèmes à cette jeune revue, et, avec eux, M. Georges Gaudion qui est un descriptif très précis. M. Gustave Kahn a écrit pour Poésie une exquise nouvelle hollandaise pleine de lumière et de mélancolie.

M. Louis Estève, qui a étudié Les Chats dans la littérature moderne et l'Amour androgyne dans la littérature moderne, traite aujourd'hui des Parfums dans la même. Après l'« audition colorée», M. Louis Estève nous entretient de ce qu'il appelle les correspondances olfactives, ou bien l'olfaction colorée, ou encore l'audition olfactive.

Voici d'abord qu'à côté des types psycho-physiologiques du visuel, de l'auditif et du tactile-moteur, c'est-à-dire chez lesquels prédominent respectivement les images visuelles, auditives, ou tactiles-musculaires, les psychologues accusent de plus en plus l'existence d'un type olfactif, c'est-à-dire chez qui prédominent les impressions de l'odorat.

D'autre part, les chimistes nous découvrent des analogies curieuses entre les odeurs; sans parler des gammes établies empiriquement, on cherche à fixer par des procédés scientifiques un spectre des odeurs avec des graduations bien définies.

Mais, comme toujours, l'art sert d'avant-garde à la science, ce sont les artistes et les littérateurs, qui, dès ce moment, tâchant de démêler et de fixer leurs impressions subtiles, parviennent à frayer la voie dans ce sens.

M. Louis Estève cite une page de La Faute de l'Abbé Mouret et des fragments de M. Sully-Prudhomme, d'A. France, de Samain, des Rosny, de Rodenbach, de J. Vallès, de M. Theuriet et de M. Jean Mariel ; — et il nous assure que le parfum de la lavande correspond au bleu-vert clair. M. Estève aurait pu rappeler la tentative faite naguère au théâtre d'Art, par le poète P.-N. Roinard, qui avait mis Le Cantique des Cantiques à la scène avec adaptation de parfums. M. Estève aurait pu nommer aussi M. R. de Montesquieu, l'auteur du Chef des odeurs suaves.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 janvier 1906, p. 284-285.)


LETTRES ALLEMANDES

MEMENTO. — Nous recevons de M. Franz Blei, qui en est le rédacteur, le premier fascicule d'un nouveau périodique qui n'est pas mis dans le commerce et qui s'intitule Der Amethyst, Blœtter für seltsame Litteratur und Kunst. Signalons, en fait de « curiosités » contenues au sommaire : un très suggestif frontispice de Th. Th. Heine, un chapitre supprimé dans la première édition du Henri Vert de Gottfried Keller, des traductions de poèmes arabes, d'une nouvelle de Molza, d'un dialogue de Lucien et du Paradoxe sur l'Amour de M. A. Retté. Souhaitons bonne chance à cette revue rare et singulière dont on peut se procurer les jolis fascicules in-4 chez l'éditeur C. W. Stern, à Vienne, en Autriche, au prix de 35 marks l'année.

(Henri Albert, Mercure de France, 1er février 1906, p. 464.)


LES REVUES

MEMENTO. — Revue du Sud-Est. Le premier numéro en a paru le 1er janvier, à Lyon. Cette publication sera bi-mensuelle. Elle se réclame de Taine et de Maurice Barrès. Ce sont de bons parrains. Elle est régionaliste et a un sens social.

M. Adolphe Boschot y raconte l'Enfance de Berlioz. Le chapitre débute par ces mots : « Le nouveau-né, — le futur romantique, — fut... »

La Revue du Mois (10 janvier), qui vient de naître, intéressera une élite curieuse de sciences, de philosophie, d'histoire, de biologie. M. G. Darboux y parle avec émotion de la Vie et l'Œuvre de Charles Hermite ; et le professeur Elie Metchnikoff écrit sur la Mort naturelle dans le règne animal. Un anonyme étudie le Haut Cornmandement dans l'armée française.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 février 1906, p. 594.)


CHRONIQUE DE BRUXELLES

Nous ne cessons de nous enrichir de revues comme de livres. La plus récente est le Samedi, un périodique hebdomadaire dirigé par M. Georges Rency, dans lequel MM. Valère Gille et Van Lerberghe ont écrit sur la sempiternelle question du vers libre et M. Rency sur la question non moins fameuse de l'art social que certains romanciers socialistes opposent à l'art pour l'art.

(Georges Eekhoud, Mercure de France, 1er 1906, p. 457-458)


LES REVUES

Le Mouvement a publié son premier numéro le 25 mars. On y lira un conte agréable de M. Ch.-Louis Philippe, des vers de MM. Henry Bataille et Fernand Gregh, et, naturellement, des vers de Mme de Noailles. Ceux-ci sont à la gloire de l' Ile-de-France. Ils seront admirés des dévots de Mme de Noailles, car l'auteur s'y surpasse. On n'imagine pas ce qu'une poétesse de génie peut mettre, dans trente-quatre quatrains, de géographie, d'histoire, de botanique et de littérature puérile :

Sous le poids des frelons tout l'herbage remue,
Je suis là, j'ai sur moi l'herbe des prés stridents ;
Caresse de verdure au bord de l'âme émue,
Plaisir qui naît aux pieds et qui va jusqu'aux dents !

.......................................................................

Les tilleuls sont en fleurs, l'abeille se balance,
Et soudain, dans la paix de cet été lassé,
Un lourd faisan s'envole et fait dans le silence
Le bruit d'un oiseau froid sur un étang glacé.

Tout est ordre, harmonie, heureuse jouissance,
Tout est dispos, exact, indolent et béni,
Il semble que le cœur de mon Ile-de-France
Soit soumis à la loi qui régit l'infini.

Ah ! ces deux vers, Madame !

Ah ! si j'ai quelquefois désiré voir la Perse,
Si Venise me fut le dieu que je rêvais,
De quel autre bonheur plus tendre me transperce
La douceur d'un beau soir qui descend sur Beauvais.

Bien plus que pour Bagdad, dont le nom seul étonne,
Que pour Constantinople, ineffable Hourî,
Je m'émeus quand je vois dans un matin d'automne
Le clocher de Corbeil ou de Château-Thierry.

Mme de Noailles s'adresse à Marie-Antoinette :

Vous n'aviez pas de cœur, et pourtant vos doux rêves
Flottaient sur les hameaux, les sources, les moutons ;
Pauvres pâtres heureux, comme votre heure est brève,
Des hommes vont venir, c'est Vergniaud, c'est Danton.

Mme de Noailles évoque le « jeune Bonaparte » :

Ah ! comme il est petit, comme il est mince et pâle,
Comme il est anxieux, tandis que follement
Joséphine, en lin clair sous son collier d'opales,
Le voyant si chétif, rit qu il soit son amant !

Deux quatrains suivent celui-ci, — et Mme de Noailles signe. On s'étonne qu'un tel poème finisse !

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 avril 1906, p. 592-593)


ECHOS

La Revue des Flandres, revue régionaliste d'art, de littérature et de sociologie, se proclame l'organe de la vie flamande en France et en Belgique. Directeur Albert Croquez; secrétaire de rédaction Charles Clarisse (Lille, 39, rue de Turenne ; Bruxelles, rue Royale. Abonnement 4 fr.).

(Mercure de France, 1er juillet 1906, p. 159)


ECHOS

On demande des poètes. — Plusieurs de nos amis ont reçu une lettre singulière, venant d'Enghien-les-Bains : « ... Nous sommes persuadé... que vous voudrez bien nous adresser quelques vers inédits qui magnifient en Albert SOREL soit l'homme, soit l'écrivain, et surtout le Normand. » Qu'on se rassure, à Enghien-les-Bains : ces sortes de vers toujours sont inédits.

(Mercure de France, 1er juillet 1906, p. 160)


ECHOS

« Le Continent ». — A partir du 1er octobre paraîtra, chez l'éditeur W. Suesserott à Berlin, une nouvelle revue franco-allemande qui s'appellera le Continent. Elle paraîtra tous les mois et sera publiée mi-partie en langue française mi-partie en langue allemande Le docteur Hans Richter la dirigera à Berlin et le comte A. de Pouvourville à Paris.

Ce n'est pas la première tentative dans ce genre. Il y a quelques années paraissait déjà à Munich une Revue franco-allemande, mais elle n'eut qu'une durée éphémère. Peut-être l'époque était-elle mal choisie. On pourrait cependant insinuer que l'état actuel des esprits se prête encore beaucoup moins à une collaboration, fût-elle même purement littéraire, entre l'Allemagne et la France.

(Mercure de France, 1er octobre 1906, p. 479)


LES REVUES

La Revue intellectuelle, organe rationaliste, a paru pour la fois le 25 octobre. Elles est mensuelle. Si elle atteint son but, il n'y aura qu'à lire pour ne rien ignorer de ce qu'il faut savoir. On n'y trouve, hélas ! pas un poème, pas un pauvre petit poème descriptif ou sentimental comme on en imprime un peupartout.

(Charles Henry Hirsch, « Les revues », Mercure de France, 15 décembre 1906, p. 615)


1907

LES JOURNAUX

Un nouveau journal, les Guêpes, quotidien minuscule, a cueilli ces fleurs oratoires dans le Bulletin municipal officiel :

M. BELLAN. — Si cette crise commerciale continue, elle peut durer encore longtemps.

M. PATENNE. — Permettez-moi de couper les ailes à un ballon d'essai dont je connais d'ailleurs la source...

M. V. GELEZ. — Nous avons au-dessus de la tête une épée de Damoclès, qui nous gêne dans les entournures.

M. LAJARRIGE. — Nous avons passé la loi au scribe de l'examen le plus attentif.

M. BILLARD. — Oui, ces anneaux glorieux de la chaîne du passé devant lesquels je m'incline respectueusement...

(R. de Bury, Mercure de France, 1er janvier 1907, p. 150-151)


LES REVUES

L'Epopée des Esprits paraîtra tous les trois mois et comprendra 10 spectacles dédiés à « la Science moderne », la 10e muse. C'est l'œuvre de M. Maurice Villard. Le 1er spectacle publié en octobre est une comédie en 5 Actes en vers : la Charmeuse, dont, pour le fond de l'intrigue, l'auteur conseille de « voir la Jérusalem délivrée du Tasse ». La conclusion de ces 10 spectacles sera une dissertation rimée ayant pour titre : le Mystérialisme.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 janvier 1907, p. 343)


LES REVUES

L'Essor (mai) est une nouvelle publication. Elle se recommande de MM. Jean Aicard, Maurice Donnay, Emile Faguet, Edouard Schuré, E. Verhaeren, E. Haraucourt, J. Normand, de M. le pasteur Charles Wagner. C'est une revue très éclectique.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 février 1907, p. 620)


LES REVUES

Le Mercure musical (janvier) est dorénavant l'organe de la « Société internationale de Musique ». La revue a agrandi son format. Ce n° contient des notes sur Lully par M. Romain Rolland.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1907, p. 149)


ECHOS

Cœnobium. — Revue internationale de libres études. Direction et administration à Lugano. Ce recueil, rédigé partie en italien et partie en français, doit paraître tous les deux mois. Le premier numéro publié aux derniers jours de 1906 contient un exposé du programme de la revue. On y constate que, par l'approfondissement même de la connaissance scientifique, notre époque se refuse aux solutions définitives et dogmatiques, qu'elle est caractérisée par la fermentation des idées et le conflit des hypothèses. Aux besoins de l'heure présente, tels qu'ils résultent de cet état de fait, le Cœnobium pense répondre par la liberté dans le choix des sujets traités, par la préoccupation de produire, sous leur jour le plus sincère, les expressions diverses du souci métaphysique. Ce premier fascicule contient notamment, — outre l'exposition de ce programme, qui est elle-même une belle page de philosophie générale, — en français : une étude de M. E. Giran sur la Croyance et la foi, un aperçu de M. Buquet sur les Morales récentes, et des pages, de M. Novicow ; en italien : une importante étude ; sur la Religion de M. Giuseppe Rensi, des développements de M. Tommaso Tommasina sur le Devenir de la science, enfin, sous la signature Natano il Savio, une pénétrante étude sur le Bovarysme métaphysique et sur la philosophie de notre collaborateur M. Jules de Gaultier.

(Mercure de France, 15 mars 1907, p. 383)


LES REVUES

Tanit : le jargon algérien ; exemples de la corruption du langage, par M. R. Curtin.

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Tanit, revue tunisienne, a paru pour la première fois en février. La direction de ce recueil « de lettres et d'art » a eu la sagesse de ne pas exposer en préambule de ces programmes dont la valeur n'abuse que ceux qui les composent, presque toujours avec une parfaite bonne foi et plus d'enthousiasme que de méthode.

Ce premier fascicule contient, au moins, un article extrêmement curieux : l'Idiome algérien, par M. Rémi Curtin. L'auteur proteste contre la négligence du Français d'Algérie qui oublie la langue française et s'accommode d'un « idiome inharmonieux et barbare... grossier et inapte à exprimer une pensée » [la suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 mars 1907, p. 337)


LES REVUES

Le Coq, art et littérature, a paru en février pour la Ire fois à la Charité-sur-Loire (Nièvre) sous la direction de M. Raoul Toscan, qui annonce : « Notre grande force, pour ne pas dire notre unique force, est dans l'abonnement. » On lit plus loin : « Tous les abonnés et les adhérents ont droit à la collaboration dans le Coq. » — « Fuir le banal et le quelconque ! », tel est le cri du Coq nivernais.

Les Bandeaux d'or, dont nous avions annoncé le premier numéro, viennent de paraître, fin février, et « ce numéro est le premier de la série définitive. » Ce recueil de vers et de prose paraîtra quatre fois l'an à Arras.

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L'Amitié de France, journal trimestriel de philosophie, d'art et de politique a paru en février. Le but de ses fondateurs est exposé en 18 grandes pages. Suit une étude de M. Emile Baumann sur Dante et le Surnaturalisme catholique.

La Rénovation esthétique (mars) est rédigée par Léonard de Vinci et MM. Emile Bernard et Louis Lormel notamment.

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La Fronde (1er mars) vient de naître à Liège. « Notre revue est belge, simplement parce que le hasard le veut ainsi », dit La Rédaction, dans un court manifeste mal écrit. « A bas les tours d'ivoire ! » s'écrie M. Louis Valentin. C'est tout un programme pourvu qu'on ait appris son art.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1907, p. 529)


LES REVUES

Le Revue verte (mars) vient de naître à Toulouse. Cette revue sera mensuelle peut-être et peut-être littéraire et sociale.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 avril 1907, p. 743)


LES REVUES

MEMENTO (... quia pulvis es). Vient de paraître le n°1 de La Gerbe (janvier) que publient à Alger « des jeunes au sortir des rêves de l'adolescence ». Au nom de ces jeunes hommes, M. Ch. Collomb déclare que la revue recevra avec plaisir tous les articles présentant « une valeur littéraire ou des idées philosophiques ou morales quelconques ». Tout va bien.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juin 1907, p. 718)


ECHOS

La Rassegna Latina vient de paraître à Gênes. C'est une revue bimensuelle de 90 pages in-4°, dirigée par Mario-Maria Martini. Elle publiera dans chacun de ses numéros une lettre de Paris de Gustave Kahn, en français.

(Mercure de France, 15 juin 1907, p. 768)


LITTERATURE

M. Alfred Jarry vient de faire paraître un petite plaquette sur Albert Samain : souvenirs, qui ajoute quelques documents au volume de Léon Bocquet sur Samain. Voici, en reproduction autographe, une très intéressante lettre de Samain à M. Van Bever, où il lui dit: « Ma vie n'a point d'histoire et ne comporte point d'éléments dont se puisse alimenter le côté anecdotes d'une biographie. » Pourtant, les amis de Samain ont recueilli avec piété tous ses souvenirs; mais il n'en est guère qui ne soient mêlés à son œuvre. Aussi est-il curieux de reproduire ce sonnet presque inédit paru dans le Courrier du jeudi, « périodique autocopié, rédigé, vers 1884, par M. Alfred Vallette » :

BOTANIQUE

Oui, chaque fleur, madame, est l'ardente maîtresse
Du soleil empourpré, qui se couche là-bas.
Voyez, comme suivant son déclin pas à pas,
Chacune tend vers lui sa tige avec détresse.

Sur le jardin palpite une suprême ivresse ;
Car de l'âpre bruyère au suave lilas,
Toutes veulent sentir sur leurs seins délicats
Glisser l'or tiède et doux d'une oblique caresse.

Mais quand l'ombre a rempli l'horizon jusqu'au bord,
Naïves, elles croient que le soleil est mort
Et le sol sent en lui frémir leur petite âme.

Alors, toute la nuit, leur amour enfantin
Pleure sous le ciel vide, et c'est pourquoi, madame,
Leurs calices sont pleins de larmes le matin.

(Jean de Gourmont, Mercure de France, 1er septembre 1907, p. 132.)


LES JOURNAUX

Le Réveil Wallon est un nouveau journal qui veut être le représentant des « Latins du Nord », qui veut défendre la civilisation française, contre les empiètements du pangermanisme. Tout son programme est excellent union douanière, union postale — et union spirituelle. Parmi les signataires, on relève les noms de MM. Albert Mockel, Maurice Wilmotte, comte Albert du Bois, Maurice Desombiaux, Louis Pierrard, Isi Collin, Christian Beck, Oscar Colson, Georges Delaw. Louons ce journal et qu'il nous aide à faire comprendre que là où l'on parle français, là est la France.

(R. de Bury, Mercure de France, 16 décembre 1907, p. 717)


1908

LES JOURNAUX

Signalons le premier numéro des Loups, journal d'action et d'art, qui s'annonce comme très combattif. Il publie en tête de ses colonnes un grand portrait de Villiers de l'Isle-Adam ; vis-à-vis, des loups affamés grimpent à l'assaut d'un village :

Les loups épars se sont groupés en horde et ils vont se jeter à l'assaut du village enseveli sous la neige épaisse et lourde d'une littérature trop blanche, entassée sans art ; ils ont résolu de teinter cette neige avec du rouge, pour changer la monotonie de cette blancheur imbécile qui submerge tout jusque par delà l'horizon, avec du rouge fait du sang épais de leurs victimes et du sang clair de leurs blessures...

Soit. Buvons du sang ; cela nous réchauffera.

(R. de Bury, Mercure de France, 1er janvier 1908, p. 145)


ECHOS

L'anthologie de « Gil Blas ». — Un quotidien qui donne, à l'heure actuelle, une place à la poésie, le fait vaut d'être noté. Gil Blas publie des poèmes le lundi, en tête de sa seconde page. Les manuscrits doivent être adressés à M. Gustave Kahn, à la rédaction du journal.

§

Les Documents du Progrès, tel est le titre d'une revue mensuelle internationale qui se publie simultanément en trois éditions : française, anglaise, allemande. Grâce à ces trois éditions, les Documents du Progrès se proposent « d'apporter un ensemble de documents et de faits qui renseigneront sur « le progrès organique » de l'espèce humaine, tel qu'il s'élabore dans tous les pays, bien que souvent d'une manière inconsciente, inaperçue de ceux-là mêmes qui en sont les artisans ». Envoi gratuit d'un spécimen, dans l'une des trois langues, sur demande adressée à l'administration, 59, rue Claude-Bernard, Paris.

(Mercure de France, 1er février 1908, p. 575)


LES REVUES

MM. Jean Veillon, Guy Lavaud, A.-Toussaint Luca sont de jeunes Niçois qui ambitionnent de « faire de Nice un centre d'art ». Le meilleur moyen de préparer l'exécution de ce généreux projet leur a paru de fonder La Revue des Lettres et des Arts. Le numéro du 1er janvier réunit d'excellentes choses. Les trois fondateurs du nouveau périodique s'y sont réservé de rendre compte des romans, des poèmes, des revues et ils ont demandé des vers à MM. F. Vielé-Griffîn, Robert Scheffer, Tancrède de Visan et Fagus, de la prose à MM. Han Ryner, A. Thibaudet, Alfred Mortier, J. Lefèvre, Lahovary-Soutzo ; — et Mme Aurel a écrit, pour ce numéro initial, un article élégant et profond : Ceux qui demeurent, où elle évoque ces « beaux passants nés pour aimer ce sol de Nice », qui furent : Nietzsche et Guyau, Jean Lorrain, Cyrille Besset et Simon Bussy.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er février 1908, p. 535-536)


LES REVUES

La Foire aux chimères (n° I, décembre 1907) groupe de jeunes écrivains pleins de projets. « On pourrait au besoin nous appeler les « Visionnaires », dit leur manifeste. Ils sont aristocrates, égoïstes, créateurs, conscients, synthétistes, rationalistes, tout cela de leur propre aveu. Empruntant à leur programme d'un bel enthou-siasme juvénile et confus, j'ajoute : « les Visionnaires sont de chair ». II y a tant d'hommes qui, pour n'être pas de bois, ne sont guère sensibles aux choses de l'esprit, que les « visionnaires » ont mille fois raison de les associer au monde naturel qui les inspire toutes, au fond.

MM. Georges-Hector Mai et Banville d'Hostel, délégués par leurs camarades, ont demandé à M. Anatole France do vouloir bien « présenter la revue au public » . Ils ont noté un « escalier rétrospectif » et vu « un monsieur mi-jeune » qui a une « érudition polyphile ». Quant à M. Anatole France, ils écrivent à son sujet ces mots dont l'excellent M. Bergeret aurait souri « de sa belle voix grave de doge vénitien et de sa calotte de soie rouge tombent les mots de bon accueil Appel à la jeunesse. Ensuite voici le tour de l'entretient tel que le rapporte la Foire aux chimères : [la suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 janvier 1908, p. 328-329.)

Dans le Mercure du 16 janvier, parlant de ce groupe de jeunes écrivains qui a pour organe la Foire aux chimères, j'ai écrit par inadvertance qu'ils étaient des « aristocrates ». L'un d'eux me prie de faire connaître que j'aurais dû écrire : artistocrates. Je lui laisse la responsabilité de ce néologisme dont le besoin n'est pas encore prouvé.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 février 1908, p. 710.)


LES REVUES

Viennent de paraître pour la première fois à Paris :

En janvier : Juvenia, revue que MM. C.-H. de Guy et d'Angelis ont placée sous le patronage de M. Maurice Barrès.

Le 1er février : Floréal, dont la rédaction se recommande de M. Edmond Haraucourt.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1908, p. 151)


LES REVUES

Viennent de paraître pour la première fois à Paris :

En janvier : Juvenia, revue que MM. C.-H. de Guy et d'Angelis ont placée sous le patronage de M. Maurice Barrès.

Le 1er février : Floréal, dont la rédaction se recommande de M. Edmond Haraucourt.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1908.)


LES REVUES

A paru pour la première fois :

Pan, « revue libre, paraissant tous les deux mois ». On y lira des notes de M. Louis Thomas sur l'Allemagne, un poème de M. Sicard : « La vieille ville » ; un article de M. J. Royère : « L'équivoque de la perfection », et maintes pages valables

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 mars 1908, p. 341)


LES REVUES

Amaryllis (Février-mars) vient de paraître pour la première. Ses rédacteurs sont : MM. Louis Thomas, Emile Henriot, Edmond Gojon et Roger LaiII. Ils se présentent eux-mêmes au public en ces termes :

L'un est un homme d'esprit volontiers cynique ; le second est un poète délicat et harmonieux qui se recommande des symbolistes ; le troisième, dans les yeux duquel brillent encore des visions de pays ensoleillés, serait jusqu'à maintenant plutôt disciple des Parnassiens ; quant au dernier, d'un esprit sans doute moins subtil que les précédents, car il ne se flatte pas de toujours comprendre les symbolistes, il se préoccuperait plutôt du but de la littérature, ayant pour devise cette phrase d'Ernest-Charles : « La littérature comme la politique ne compte pas par elle-même, mais par ses résultats.  » [suite sur Gallica]

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1908, p. 535-536).


LES REVUES

A notre époque d' « actualité  » et de critique à outrance, où la part de la Poésie semble se restreindre chaque jour davantage, la revue Les Argonautes s'est donné pour but de compenser le peu d'accueil que trouvent les poètes dans les journaux et périodiques.

Cette nouvelle publication a paru pour la première fois en avril. Sa couverture porte la nef de Jason qui passe devant un énorme soleil. Un poème de M. Edouard Beaufils chante dignement la Toison d'or. Entre un dialogue en deux quatrains de M. Charles Le Goffic et Enivrement de Mme Hélène Picard, il y a de belles stances autographes de mon maître Catulle Mendès. Ensuite, ce sont des vers de MM. Louis Tiercelin, B. de Lur-Saluces, de Mme V. de Saint-Point, de M. C. Lemercier d'Erm, qui dirige la revue ; puis, il y a un « vitrail » : Le Roi mort, de M. Guillaume Carantec, où l'on assiste aux derniers moments du roi René d'Anjou.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 mai 1908, p. 331-332).


LES JOURNAUX

Amusante découverte faite par l'Action française :

Il s'imprime toutes les nuits, à Paris, un journal assez curieux. Ce journal a deux éditions l'une, qui s'adresse au public clérical et démocrate, s'appelle le Peuple Français l'autre, qui vise un public antidérica et également démocrate, s'intitule l'Aurore.

Naturellement, les deux éditions présententquetques menues différences ; mais la moitié de la composition leur est commune. Qu'on ouvre l'Aurore et le Peuple Français d'hier 15 mai on y constatera l'identité des articles suivants :

L'Inauguration de l'exposition franco-anglaise, Le Budget de 1909, La Revanche du lock-out, Les Elections de Dimanche, La Session parlementaire, La Guerre au Maroc, Au Quartier-Latin : désordres et bagarres, Le Contrôle des liquidations, Tribunaux, L'Election de Saint-Etienne, Au Maroc (dernière heure), Les Journaux de ce matin, Faits divers, Les Sports, Où mène l'alcool, Cadavre de mineur, Le Premier mai russe, Bourse de Paris du 14 mai.

Cette association de l'abbé Garnier et de M. Ranc a, en effet, quelque chose d'assez piquant,mais elle est pratique. Ils donnent un exemple fort moral d'économie bien entendue.

(R. de Bury, Mercure de France, 1er juin 1908, p. 538)


ECHOS

Les métèques dans la poésie française contemporaine. Dans le numéro du 22 mai du Journal la Roumanie, qui se publie en français à Bucarest, on trouve une bien curieuse nomenclature des. poètes de la nouvelle école qui ne sont pas de race ou de nationalité française. À côté des Juifs Kahn et Mickhaël [sic], des Américains Vielé-Griffin et Stuart Merrill, du Grec Moréas, du Belge Rodenbach, du Flamand Verhaeren, des Suisses Duchosal et Dumur, de l'Helvète (sic) Morhardt, de la Roumaine Mme de Noailles, figurent les mentions suivantes, pour le moins inattendues : Laforgue, Uruguayen ; Tailhade, Espagnol ; Souza, Portugais ; Lautréamont, Juif ; Marie Krysinska, Russe ; Tola Dorian, Polonaise ; Fontainas, Batave ; Maeterlinck, Wallon ; puis celles-ci : Corbière, Breton ; Rimbaud, Breton ; Rostand, Marseillais.

Ce sont tous ces « exotiques », explique l'auteur de l'article, qui « formèrent, inaugurèrent ou suivirent le courant que l'on est convenu de nommer le Décadentisme, le Vers-librisme ou le Symbolisme ».

Que de métèques ! Mais, à ce compte-là, il y en a bien d'autres !

(Mercure de France, 16 juin 1908, p. 684-688.)


LES REVUES

MEMENTO. La Revue critique des Idées et des Livres (25 avril-10 mai) a fait paraitre ses deux premiers numéros. On y trouvera des écrits conçus dans le but de ramener la France dans les « voies traditionnelles » par la méthode d'un « Empirisme organisateur », selon le « beau nom » dont cette méthode fut appelée par un « Maître de la Pensée française ». Ce doit être M. Charles Maurras qui est le maître à penser de quelques personnes d'action. Cette publication est intéressante à consulter, pour ceux que la réaction divertit. M. Pierre Gilbert y écrit sur Le Sémitisme au Théâtre des pages curieuses par leur excessive partialité.

(Mercure de France, 1er juillet 1908, p. 134)


ECHOS

La Revue des Idées — Une société vient de se constituer pour acheter la Revue des Idées, qui continuera à paraître dans le même esprit sous la direction de M. Remy de Gourmont, avec M. Lucien Corpechot pour rédacteur en chef. L'Administration de la Revue des Idées est transférée dans les locaux du Mercure de France.

(Mercure de France, 1er juillet 1908, p. 192)


ECHOS

« Cœnobium » et la « Nuova Parola ».Cœnobium, la revue d'études philosophiques et religieuses qui paraît depuis deux ans, en français et en italien, à Lugano, dans le Tessin, annonce dans son dernier numéro que la Nuova parola, le périodique romain d'Arnaldo Cervesato, se fond désormais avec elle. La direction de Cœnobium en profite pour préciser son dessein et son but :

Notre revue s'est fondée comme revue de libres études, et elle reste telle dans le cercle de l'idéalisme dont elle s'est faite principalement l'organe et à la diffusion de qui elle s'est consacrée. L'idéalisme — soit dans son élaboration historique et que nous pourrions dire classique, soit dans sa renaissance actuelle — présente une si riche variété de manifestations que sans sortir de son domaine nous et noscollaborateurs gardons la plus grande liberté de recherches... Le monisme idéaliste, le concept de l'unité spirituelle de l'Etre, le panthéisme en somme, tel qu'il s'est produit dans la grandiose période philosophique qui va de Spinoza à Hegel, constitue le point central de notre conscience métaphysique, le pôle vers lequel s'oriente l'aiguille aimentée [sic] de notre esprit philosophique. Mais pour cela nous ne repousserons pas ou ne passerons pas sous silence les autres conceptions à l'aide desquelles l'esprit humain tente de nouveau aujourd'hui d'escalader le ciel... Pragmatisme, tendances religieuses nouvelles qu'on nomme modernisme, études sur les religions d'Orient dans leurs rapports avec l'idéalisme d'Occident, recherches scientifiques qui comme celles de Maxwell et de Lodge nous ramènent à un dynamisme universel et guident les sciences physiques vers des conclusions auxquelles est déjà arrivé l'idéalisme philosophique, expériences médiumnimiques, tout cela nous est ouvert. En outre, nous ne nous défendrons pas de nous intéresser aux conséquences de caractère pratique et social, que l'on peut tirer de cette philosophie. La croyance vulgaire qui rattache la rénovation sociale aux prémices matérialistes est si abandonnée que personne parmi les gens de bonne foi ne nie cette évidence : le culte de l'esprit, base de l'idéalisme, implique la négation de tous les jougs sous lesquels les ordres sociaux courbent l'esprit lui-même : c'est pourquoi le problème social est avant tout un problème métaphysique, le panthéisme conduisant nécessairement à la panarchie ou gouvernement organisé de tous par tous.

C'est à cette œuvre à la fois philosophique et sociale que comptent dorénavant se consacrer le directeur de Cœnobium, M. Enrico Bignami, et ses principaux lieutenants, Giusuppe Rensi, Momigliano, Crespi, Cervesato, etc.

(Mercure de France, 1er août 1908, p. 559)


LES REVUES

Hélios vient de paraître à Agen, dans le mois des plus longs jours et du plus somptueux soleil. M. Tristan Derème présente la nouvelle revue en ces termes :

Hélios, c'est le soleil symbolique qui rayonne au ciel de la Beauté, qui flamboie au zénith à l'heure de Racine, de Virgile ou de Dante, et verse, ainsi qu'un philtre, sa chaude lumière au cœur des hommes. C'est l'Astre pareil au Phénix, qui agonise dans les apothéoses pour renaître plus jeune et plus éblouissant aux fastes de l'aurore !

Notre unique dessein est d'exalter le Beau, nous voulons partout et malgré tout le défendre et le faire triompher. Ah ! la cloche n'est pas fondue encore qui tintera le glas des luttes ardentes et les clairons du Rêve n'ont pas encore sonné leurs dernières fanfares !

On raillera notre enthousiasme ? Qu'importe ? On doutera de notre succès ? Qu'importe ? L'essentiel, n'est-ce pas de forger une resplendissante chimère ? Et qu'importe de dégringoler du ciel, si l'on a rêvé d'escalader les étoiles ?

MM. Francis Jammes, Paul Souchon, Abel Bonnard, R. Frêne, L. Deubel, etc., ont prêté leur concours à Hélios, où l'on trouvera, signés de MM. Louis Mandin, Raoul Brumme et Tristan Derème, des poèmes tout à fait intéressants.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er août 1908, p. 521-522)


LES JOURNAUX

La Beauté (L'Eclair, 19 novembre). — Les Argas (La Nature, 14 novembre). — Malthusianisme (Le Malthusien, novembre).

Les journaux malthusiens sont-ils pour quelque chose dans la diminution de la natalité ? Pour bien peu, sans doute ; ils sont un résultat, bien plus qu'une cause, les produits d'un milieu et non les créateurs de ce milieu. C'est peut-être aussi leur intérêt. Ils prouvent que le monde civilisé se désintéresse de plus en plus de la procréation. Tous les pays ont leurs journaux malthusiens. France : Le Malthusien (qui me donne ces renseignements) ; Angleterre : The Malthusian ; Hollande : Het Gellukting Huisgezin ; Allemagne : Die Sozial Harmonie ; Espagne : Salud y Fuerza ; Suisse : la Vie intime ; Etats-Unis : The american Journal of Eugenics.

(R. de Bury, Mercure de France, 1er décembre 1908, p. 540)


LES REVUES

Le Voile de Pourpre, qui paraîtra quatre fois par an, est présenté au public par M. Henri de Régnier, en ces termes :

Ce sont des jeunes gens qui fondent cette Revue.

Derrière le voile de pourpre qu'ils tendent au seuil du portique et dont ils me laissent soulever un pan, les voici réunis pour l'œuvre commune.

C'est un même culte pour la beauté qui les assemble. Chacun rend son hommage et apporte son offrande. Celui-ci la cisèle en vers ; celui-là la façonne en prose. Tous les tributs sont agréés. L'autel se pare de toutes les guirlandes.

J'aime beaucoup cette large hospitalité et cet éclectisme est de bon augure. Il promet que la nouvelle publication sera variée, libérale et vivante. Elle ne sera pas une égoïste manifestation de cénacle et d'école ; elle fera accueil aux efforts les plus divers et ce caractère même sera son meilleur signe de jeunesse. Il ne faudra donc pas y chercher une direction déterminée et exclusive.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er décembre 1908, p. 536)


LES JOURNAUX

Le Cri de Paris cite quatre vers inédits de l'Aiglon, coupés à la scène, mais qui méritent de passer à la postérité. C'étaient les dernières paroles de Flambeau :

Oh non, je ne suis pas le séraphin Flambeau,
Ce n'est pas assez grand, ce n'est pas assez beau.
J'entre en tambour-major dans la danse macabre.
Je grandis, je deviens archange candélabre.

(Il meurt.)

(R. de Bury, Mercure de France, 16 décembre 1908, p. 725)


LES REVUES

Je cueille dans les Bandeaux d'Or (fascicule VII de la 2e série) le sonnet que voici. L'auteur en est M. P.-J. Jouve et il date son poème de l'année 1907. On a publié, depuis vingt ans, mainte pièce analogue. Il n'est pas sûr que l'auteur en sache lui-même le sens :

SONNET A THEIA

Le transparent pistil aigu
renversé du souffle au silence
d'un cou riche d'adolescence
sera sa vie dans mes doigts nus.

Et les mers évanouissantes
monteront des dunes amies,
pierres tombales endormies
où parlèrent les hiérophantes.

... Aux chairs jointes les vies étouffent
un blanc fermoir, dont les yeux s'ouvrent
au triste abandon de sa hanche.

Sous la mémoire des cheveux
ne vois-je pas les cils des yeux,
des mots de nuit aux lèvres blanches ?

§

La Revue critique des idées et des livres (10 novembre) ouvre un « concours pour la rédaction d'un manuel d'histoire de France enfin conforme aux exigences du patriotisme français ».

Les concurrents ont jusqu'au 1er décembre 1909 pour écrire un volume in-i6 d'environ 350 pages. Les prix ou mentions absorberont 9.500 francs ainsi répartis : un prix de 3.000 fr. ; six indemnités, la première de 1.500 fr., les autres de 1.000 fr.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 décembre 1908, p. 721 )


1909

LES REVUES

La Revue latine (25 décembre), où M. Emile Faguet se jouait si brillamment à louer ou molester les auteurs contemporains, annonce qu'elle ne paraîtra plus en 1909. Ce dernier numéro renferme un très délicat et émouvant essai de M. Jean Bonnerot sur « l'Eminente poésie des Bibliothèques ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er février 1909, p. 539)


LES REVUES

Les Marches de l'Est : extrait d'une lettre-préface de M. Maurice Barrès. — La Phalange : M. G. Apollinaire, sur M. Paul Fort. — Les Idées Modernes : une brochure révolutionnaire persane. — L'Echo de France : influence du Symbolisme. — Les Petites feuilles : le droit à la pornographie, par M. Michel Puy. — Memento.

Les Marches de l'Est, tel est le titre d'un nouveau « recueil trimestriel de littérature, d'art et d'histoire ». On y trouvera ce qui intéresse l'Alsace, la Lorraine, le Luxembourg, les Ardennes, les Pays wallons. Tout imprégné encore du charme qu'il goûta dans le commerce de Colette Baudoche, la messine, M. Maurice Barrès en évoque la figure simple, le maintien modeste, en présentant les Marches de l'Est au public. On ne peut se retenir d'admirer que la publication d'une nouvelle revue corresponde à de si vastes desseins. Vous remarquerez l'accent belliqueux de M. Maurice Barrès. Mais vous observerez aussi la fidélité de cet admirable prosateur à la doctrine que proposent tous ses livres depuis qu'il a clos, pour n'y plus regarder que par-dessus le mur, « le Jardin de Bérénice ».

Il s'agit de réveiller, de dégager, bref de créer la conscience littéraire de ces puissants et pleins territoires, l'Alsace et la Lorraine, le Luxembourg, les Ardennes, les vallées de la Moselle et, de la Meuse, et puis la Flandre wallonne, qui, depuis Charlemagne, sans cesser de rêver en commun, se sont interrompus d'accorder leurs voix.

Toutes ces provinces ont subi à certaines époques des infiltrations germaniques puissantes. Elles sont peuplées de Celtes et de Germains. Et pourtant, elles ont adopté, elles aiment la culture française. Elles forment les Marches de la France et de la Romania. Comme l'a fait voir d'une manière saisissante, à propos de la Lorraine, notre cher compatriote Jean Tanet (dont il faudra que la Revue des Marches de l'Est mette en valeur le beau livre), depuis l'Ancêtre, le légionnaire romain, jusqu'au Clairon Pointot de la guerre de demain, de solides défenseurs se lèvent toujours sur notre horizon. Mais certains points sont menacés. Si les plateaux lorrains et ardennais forment contre le germanisme un bloc résistant, le pays messin, la vallée de la Sambre, communiquant avec la vallée de l'Oise et les plaines du Nord, sont des frontières ouvertes. L'infiltration germanique y est continue. La frontière imposée à la France en 1815 et en 1871 nous dessert et dessert la civilisation latine. Depuis trente-huit ans, un immense effort a été tenté pour germaniser la rive gauche du Rhin et la Belgique.

Sur tous ces territoires, la langue française, quand même, se maintient victorieusement. L'Alsace (M. Zorn de Bulach en convient) parle plus couramment qu'avant la guerre ce français que la Lorraine annexée n'a jamais cessé de parler. Dans le grand-duché de Luxembourg, dont le patois populaire est allemand, le français est resté la langue de la bonne compagnie.

Enfin la Belgique est, pour une moitié, française de mœurs et de langage.

Dans cette Austrasie aux contours historiquement un peu vagues, c'est notre rôle de secourir la France dans chaque intelligence. Je parle plus haut de la force du sang, c'est une vue un peu mystique. La simple sagesse nous dit : ce Amis de la France, aidez-vous ; le ciel vous aidera. » Il faut agir, sinon combien de temps les vertus françaises seraient-elles transmises aux jeunes Colette par leurs mères ? Mais ne perdons pas de vue que nous ne ferons de bon travail qu'en unissant nos efforts à ceux des ouvriers qui travaillent dans le champ avec nous. La Revue des Marches de l'Est doit être la sœur et la collaboratrice de ses aînées ; la Revue alsacienne illustrée, la Revue lorraine illustrée et le Pays Lorrain.

Que de bons amis votre revue va réjouir, depuis nos amis de Metz et de Strasbourg jusqu'à Maurice Vilmotte, qui fut l'âme du Congrès d'Arlon, Dumont-Wilden, et tous les organisateurs des fêtes de Jemmapes.

Pour tous ces pays d'Austrasie séparés politiquement de la France, la culture française est l'élément civilisateur. C'est par elle qu'ils communiquent avec l'univers. Mais à la France, que de services ils rendent ! Ils sont nos bastions avancés !

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1909, p. 153-154)


LES REVUES

Les Rubriques Nouvelles (15 mai) ont paru pour la première fois, sous la direction de MM. N. Beaudoin et A. Acremant, avec la collaboration de MM. A. Billy, Roussille, Sauvebois, Daireaux, etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 juin 1909, p. 726)


ECHOS

Apollon, nouvelle revue d'art et de littérature en langue russe, vient de paraître à Saint-Pétersbourg, C'est une publication internationale, qui a demandé leur collaboration à de nombreux écrivains étrangers. Elle donne des reproductions de tableaux obtenues au moyen des meilleurs procédés, et des lithographies originales. Chaque fascicule est de 10 à 11 feuilles petit in-4°. Directeur-Rédacteur en chef : Serge Makovsky. Rédaction et Administration : 24, Moïka, Saint-Pétersbourg.

(Mercure de France, 16 décembre 1909, p. 757)


1906

ECHOS

« Le Continent ». — A partir du 1er octobre paraîtra, chez l'éditeur W. Suesserott à Berlin, une nouvelle revue franco-allemande qui s'appellera le Continent. Elle paraîtra tous les mois et sera publiée mi-partie en langue française, mi-partie en langue allemande. Le docteur Hans Richter la dirigera à Berlin et le comte A. de Pouvourville à Paris.

Ce n'est pas la première tentative dans ce genre. Il y a quelques années paraissait déjà à Munich une Revue franco-allemande, mais elle n'eut qu'une durée éphémère. Peut-être l'époque était-elle mal choisie. On pourrait cependant insinuer que l'état actuel des esprits se prête encore beaucoup moins à une collaboration, fût-elle même purement littéraire, entre l'Allemagne et la France.

(Mercure de France, 1er octobre 1906, p. 479.)


1910

LES REVUES

Le Succès, revue universelle des méthodes de s'enrichir (9 décembre), ouvre un « concours d'escroquerie » ; des prix en espèces sont offerts « aux auteurs des neuf meilleurs articles sur une des escroqueries tolérées les plus connues » ; ce concours est placé sous la présidence d'honneur de MM. Lépine, Bérenger et Rochette !

(Intérim, Mercure de France, 16 janvier 1910, p. 344)


ECHOS

The English Review. — Après un an d'existence, au cours duquel elle donna douze numéros extrêmement intéressants, The English Review passe en de nouvelles mains. Le nouveau propriétaire, qui est, dit-on, un opulent mécène de la littérature, préfère pour le moment conserver l'anonyme. Il a pris pour diriger la Revue Mr Austin Harrison, qui est décidé à maintenir le niveau littéraire et artistique élevé atteint par le précédent directeur, Mr Ford Madox Hueffer, et à encourager de toutes façons les jeunes auteurs de talent.

Mr Austin Harrison est l'un des fils de M. Frédéric Harrison, le philosophe qui présida de 1880 à 1905 le comité positiviste anglais. Il est né le 27 mars 1873 et après des études préparatoires à Harrow, il passa aux universités de Lausanne, de Marbourg et de Berlin. En vue de la carrière diplomatique, il étudia les langues et l'histoire en Allemagne, en France et en Espagne. Il fut correspondant du Times à Berlin, du Morning Post à Vienne, dirigea pendant 5 ans à Berlin l'agence Reuter, et fut le témoin ensuite de la révolution russe. Il a publié des ouvrages sur le pangermanisme, sur les relations de l'Angleterre et de l'Allemagne, et de nombreux articles de politique et de littérature dans les grandes revues anglaises et américaines. En 1908, il devint « literary editor » de l'Observer en même temps qu'il exerçait la critique dramatique au Daily Mail.

Bien que ces deux quotidiens soient violemment conservateurs, Mr Austin Harrison annonce qu'en politique The English Review observera « une attitude nettement libérale sans perdre de vue les intérêts vraiment nationaux ; elle soutiendra les réformes, l'affranchissement intellectuel et moral, la littérature, l'indépendance ». La plupart des écrivains actuels ont promis leur concours ; une large place sera faite à la poésie et à la nouvelle, au conte vraiment littéraire. Et la note qui nous informe de la transformation ajoute en terminant : « Le propriétaire et le nouveau directeur sont décidés à voir si une revue littéraire, comme le Mercure de France, ne peut être établie de façon permanente, non seulement comme une tentative artistique, mais aussi comme une entreprise que couronnera le succès. »

(Mercure de France, 1er février 1910, p. 571.)


LES REVUES

MEMENTO. Arlequin (premier numéro paru en décembre) aura le bon sens et le flair et le sel pour bagage, annonce la « parade ».

Je n'inaugure point un cercle nouveau-né
Par quelque muse illustre et veuve patronné ;
Je n'ouvre pas au culte une étroite chapelle
Pour l'adoration pompeuse et mutuelle
Et l'échange de la rhubarbe et du séné ;
Point ne crée une feuille où l'homme fortuné
Pourra, sans qu'un gérant pratique s'y oppose,
Edulcorer ses vers et diluer sa prose ;
Moi fou, je veux tenir boutique de raison ;
J'ouvre à tous, mais surtout aux jeunes, ma maison :
Place aux jeunes ! Messieurs ! Car c'est demain qui gronde
Dans leur ferme propos de rénover le monde !

MM. J. Pacheu, P, Galland, Maurice Toussaint, par un bel article sur le regretté Charles Demange, H. Clouard, Paul Verlet, G. Batault, Léon Bouthillon, collaborent brillamment à ce numéro de début, où Arlequin joue de sa batte comme il sied, c'est-à-dire à tort et à travers.

Propos (n° 1, 15 janvier), sous la direction de M. J.-F. Louis Merlet, traitera mensuellement de littérature, de beaux-arts et de théâtre. Ce premier numéro contient des vers curieux de M. Marcel Millet : « Le Guignol des Buttes-Chaumont. »

(Mercure de France, 16 février 1910, p. 718)


LES REVUES

« Stentor » : programme de cette nouvelle publication ; emprunts à ses collaborateurs ; de l'influence du corset sur les scribinettes ; du tour de taille d'Adam, d'Eve et de la Vénus de Milo.

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MEMENTO. — Chloé, « revue jeune », est née en janvier. Elle est toute petite et a trois directeurs : MM. Paul-René Cousin, Charles Moulié et Marcel Prouille. Ils ont composé un numéro fort aimable, discret, sans autre manifeste littéraire que de publier un poème de M. Emile Verhaeren, ce qui est une preuve de bon goût.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1910, p. 146 & p. 151)


ECHOS

Excelsior. — Ce n'est pas le nom d'un phare d'automobile. Ce fut celui d'un ballet. Ce sera en octobre celui d'un journal tittéraire, théâtral, sportif et mondain. Il aura 12 pages, coûtera 0,10 c. et sera illustré.

On dit que le reportage sera assuré par MM. Gabriel d'Annunzio, Marcel Prévost, Bazin, les frères Fischer et Jules Bois (écrivains de talent fort divers mais d'une égale modestie), sous la férule littéraire de M. Ernest-Charles, le rédacteur en chef étant M. Joseph Galtier.

Nul doute que, sous l'éminente direction de M. Pierre Laffitte, ce quotidien ne s'élève, dans le ciel littéraire, aux hauteurs vertigineuses, et même ne les dépasse (Excelsior !) où atteignirent Femina, Fermes et châteaux, Je sais tout, etc.

(Mercure de France, 16 juillet 1910, p. 383)


LES REVUES

Nouvelles de la République des Lettres (n°1, juillet).— C'est une revue qui naît sous la direction de M. André Salmon. MM. Vincent Muselli, J. de Gourmont, Guy-Charles Cros, Paul Nerval publient, avec M. André Salmon, d'excellentes pages dans ce numéro initial où « les scènes de la vie littéraire » ont pour mémorialiste Baju fils.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 août 1910, p. 716)


1911

ECHOS

Un Journal de Mode masculine, telle est la curieuse idée que vient d'avoir M. Louis Thomas. On entend bien qu'il ne s'agit pas d'un journal technique, s'adressant exclusivement aux tailleurs, et parlant de coupe et de métrage, mais d'une feuille renseignant avec précision sur les variations incessantes et parfois presque imperceptibles du vêtement masculin. La Mode masculine paraîtra tous les samedis, à dater de la mi-janvier.

(Mercure de France, 16 janvier 1911, p. 447.)


LES JOURNAUX

Le Journal des Satyres est une affreuse plaisanterie faite contre un grand journal par un autre grand journal, son ennemi. Il faut dire cela, parce que beaucoup de gens, même du métier, y ont été pris et ont cru à une entreprise scandaleuse. Cette publication, qui n'aura pas sans doute de lendemain, m'a paru tout à fait inoffensive, mais l'art du découpage perfide y est poussé assez loin, et il est certain que, ainsi groupés, les passages un peu libres, tels qu'ils abondent dans le roman et le théâtre contemporain, y prennent une valeur fâcheuse. Mais aucun ne dépasse les limites de nos mœurs. Tout ceci, à titre de curiosité et pour calmer les imaginations lointaines.

(R. de Bury, Mercure de France, 1er mars 1911, p. 172)


LES REVUES

Vox est une nouvelle-née du 1er février. Revue française et « monarchique », elle insère la fleur de lys d'or dans l'o de son nom découpé en blanc sur fond bleu. Ce sont les couleurs de la Pucelle. Un « abonnement de fondateur et de patronnage », du coût de 100 fr., donne « droit au service continuel de la Revue ».

Vox est une revue d'idée et de propagande royaliste.

Elle n'est ni une concurrence, ni une diversion à l'effort des autres groupements ! Ses collaborateurs sont, avant tout, les serviteurs dévoués du Prince exilé, et ils ne pensent qu'à unir leurs énergies à celles qui se dressent, sur tout le territoire, en faveur de la puissance Française par la Monarchie.

Vox est en outre une revue d'informations inédites et piquantes, sur le monde politique, littéraire et théâtral.

En résumé, rien de ce qui touche à l'Elite française ne lui est étranger.

M. Paul Marédy, s'il prouve qu'Il faut être monarchiste, prouve, hélas I qu'il écrit un déplorable français. Parler de la « marée montante du crime » et du « char de l'Etat », cela est traditionnel, sans doute ; mais d'une tradition que se garde de suivre M. Charles Maurras, car celui-ci sait écrire, M. Marédy devrait être, surtout dans le style, un disciple de ce subtil doctrinaire. Il le traduit involontairement, en écrivant des lignes pareilles aux suivantes :

La conscience française, toujours vivante et enthousiaste, mais dont on ne cultive depuis 40 ans que la peur et le bien-être, se lèvera unanime, quand l'heure sera venue pour elle, de choisir entre la vie et la mort, quand on aura osé lui dire sans appel aux représailles mais avec fermeté et clarté, ce que vaut la monarchie, dont la Force peut s'alimenter à 600 ans de gloire nationale ; enfin quand on aura prouvé au monde laborieux qu'il n'y aurait plus alors de prolétaires, mais des artisans du travail, dont le Roi seul pourra, d'après son autorité, protéger les droits.

M. Charles Boudon, qui traite d'un sujet ancien : la Monarchie et le peuple ne le fait point d'une plume meilleure, quoiqu'il cite, lui aussi, M. Charles Maurras et Paul-Louis Courier,— il écrit même Courrier, avec deux r ; cela est un détail significatif. C'en est un autre et presque aussi alarmant, que cette métaphore audacieuse : « le flot montant des ronds-de-cuir inutiles ». Et M. Charles Boudon doit bientôt diriger la Nef, future revue « d'inspiration et de forme classiques » !

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1911, p. 181-182)


LES REVUES

M. Eugène Morel — La Nouvelle Revue (1er février) — nous annonce une découverte importante « Le livre par projection » au moyen d'une « application ingénieuse du cinématographe ».

Faire tenir la Bibliothèque nationale dans une boutique et le musée du Louvre dans une armoire, pouvoir, dans un logement modeste, 450 francs, deux pièces et cuisine, posséder en grand format les photographies de tous les monuments et de tous les tableaux qu'on admire en Europe, réaliser le rêve de cette vieille dame anglaise qui réclamait une Bible de poche, toute petite, mais complète et imprimée très gros, emporter en voyage, dans une malle de cabine, quelques centaines de volumes pour se distraire et les cartes au 20/000e d'un continent, mais surtout pouvoir se procurer en reproduction excellente, pour un prix infime, qui n'atteint pas un sou, n'importe quel document graphique, estampe, carte, médaille, page de manuscrit, texte imprimé... — telle est la merveille qui nous a été présentée, fin août 1910, au Congrès de Bibliographie et de documentation, à Bruxelles.

Ainsi s'exprime M. Eugène Morel, romancier, auteur dramatique de talent, dont on sait, en outre, les travaux érudits sur les Bibliothèques publiques.

Il a pu venir à l'idée que garder une photographie microscopique, mais agrandissabte, ne serait pas, au moins dans bien des cas, absolument une utopie. Un film ne tient pas une place tellement grande. Un peu plus que la fiche elle-même, pas beaucoup plus ! Un livre de 3 fr. 50 ordinaire peut tenir en quatre ou cinq films, parfois moins. C'est au maximum le quart de l'espace qu'il occupe d'ordinaire.

Mais un in-folio tiendrait exactement la même place, pas un centimètre de plus ! Et l'unification de tous les formats n'est pas un des moindres avantages de cette nouvelle espèce de livre !

En tout cas, pour des extraits de revue, des articles de journaux, sans détruire le recueil, on peut en obtenir plusieurs épreuves, à classer différemment, suivant les besoins. Possibilité aussi de conserver ces collections d'un si grand intérêt, mais si gênantes, encombrantes et fragiles : les journaux. La collection complète authentique d'un journal pendant une année tient l'espace d'un petit livre ordinaire, et se conserve mieux sur gélatine que sur papier.

Ce rôle du film remplaçant les livres de bibliothèque est peut-être plus proche qu'il ne semble, mais n'est pas immédiat, et avant qu'on ait tiré, page par page, ces livres en nombre suffisant, ce rôle restera peut-être un peu exceptionnel.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1911, p. 181-182)


LES REVUES

La Gazette littéraire (20 mai) est une nouvelle née. Elle n'a point de programme, ce qui est sage. MM. Raymond Lyon, Charles Mokel, Albert C. Adés, J.-H. Eymar, F. Manise, y publient des vers. M. Albert Josénovici y donne un conte « Un ménage parfait ». M. Louis Arcens étudie savamment « Esclarmonde de Foix et la croisade contre les Albigeois ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1911, p. 169)


LES REVUES

Les Amis de Paris, tel est le titre d'une association et de l'organe qu'elle publiera mensuellement. Le premier numéro de cette revue est du 1er avril. Elle répandra les idées d'hommes « poussés par la conviction passionnée que Paris a besoin de l'appui de tous ses amis pour se développer dans une atmosphère de beauté et d'harmonie » [suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 mai 1911, p. 404)


LES REVUES

Les Lions (juillet). — « Gloire à Verlaine », par M. Saint-Pol-Roux. — « Paul Fort », par M. André Salmon. — « Charles Péguy », par M. Paul Dermée.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er août 1911, p. 851)


LES REVUES

Mme la baronne Hélène Brault vient de donner à la France : Le Parthénon (20 octobre), sous les espèces d'une nouvelle revue mensuelle « politique et littéraire, indépendante ».

M. Emile Faguet chaperonne le naissant périodique devant l'opinion. L'honorable académicien le fait avec la bonne humeur qui est une de ses vertus :

Elle sera, comme son sous-titre l'indique, indépendante de tout parti et de toute école et elle sera éminemment éclectique. Et elle sera éclectique précisément parce qu'elle sera indépendante. Car par ce mot « indépendance » elle entendra l'indépendance de ses rédacteurs. Elle ne demandera à aucun d'eux que du talent et le laissera absolument libre de ses idées, de ses tendances, de ses préférences, de ses systèmes. Ce qu'elle veut, c'est ouvrir une tribune libre et laisser le public lui-même juge des choix d'idées qu'il aura à faire.

Tout homme de valeur est rédacteur, d'ores et déjà, du Parthénon et n'aura d'autre instruction que d'y présenter ses idées avec la modération convenable aux gens du monde et qui leur est comme naturelle.

Cette tribune libre plaira-t-elle au public ? J'ose en être sûr. Il voudra exercer ce rôle d'arbitre dont je parlais tout à l'heure, d'arbitre après documentations, après examen dans différents sens et, pour ainsi dire, conférence contradictoire. Il lui suffira que cette conférence contradictoire ait été faite par des gens, d'abord de bonne foi, ensuite de mérite, enfin ayant (cependant) quelque chose de commun, à savoir le goût de rechercher la vérité et le goût de réaliser le beau.

A une Revue qui aura, qui a déjà, l'esprit que je viens de dire, je ne saurais que souhaiter bienvenue dans la République des lettres qui sera augmentée, agrandie et honorée par elle.

Après des articles graves, des pensées, des poèmes, le tout fort choisi, avant des vers et de la prose pareillement fort choisis, nous trouvons cette petite pièce imprimée en bas de page, comme en pénitence, et que nous réimprimons ici, dans le pur dessein de la changer d'air.

TES BAISERS

En bonne averse, en grain d'orage,
Tombent, tombent sur mon visage
Tes baisers fous, tes baisers drus,
Tes baisers brûlants et goulus.
Et la plante, qui desséchée
D'une soif jamais étanchée,
Au désert s'allait consumant,
Se désaltère éperdument.

CAMILLE BRUNO.

(Charles Henry Hirsch, « Les revues », Mercure de France, 16 novembre 1911, p. 400-401)


LA VIE ANECDOTIQUE

André Blandin et Louis Piérard viennent de créer à Bruxelles le journal fantaisiste qui manquait au pays de Tyl l'Espiègle. Ils l'ont appelé le Passant. L'humour s'y mêle au lyrisme, les caricatures y alternent avec les dessins sérieux. C'est une tentative nouvelle et le Passant ne rappelle aucun journal de France, ni, je pense, d'aucun pays.

« Le café où nous nous réunissons, m'écrit un des rédacteurs, c'est dans les galeries Saint-Hubert, le Hulskamp. Là, Grégoire Le Roy, le vieil ami de Maeterlinck, est, avec le peintre Navez, la terreur du garçon ; ils illustrent en une heure deux tables de marbre d'une foule de dessins et de chiffres que le malheureux boufiat [sic] doit frotter longuement après leur départ. Horace Van Offel et le poète catholique Georges Ramaekers s'y chamaillent sur la question bilingue. Stuart Merrill, quand il est à Bruxelles, vient y siroter un schiedam perlé, l'épais curaçao blanc ; à moins que ce ne soit le jaune advocaat ou le dantzig pailleté d'or. La carte des spirits est sur toutes les tables et l'on n'a qu'à choisir... »

Le Passant publie un grand roman byzantin inédit par Poladan. On m'a affirmé qu'il était dû à le collaboration d'André Blandin et de Théo Varlet.

(Guillaume Apollinaire, Mercure de France, 1er décembre 1911, p. 661)


LES REVUES

Le double bouquet, « proses et vers », date son n° 1 du 15 novembre. Mme Lucie Delarue-Mardrus et MM. André Germain, Abel Léger, Charles Grolleau en sont les premiers collaborateurs. Ce premier fascicule contient un poème en prose signé Le Sonneur, à la mémoire de Mme Renée Vivien et digne de ce beau nom, cher aux fervents de poésie [la suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 décembre 1911, p. 827-828)


1912

LES REVUES

Les fins d'années voient naître ou renaître des Revues. C'est une forme imprimée des vœux de saison. L'avenir en est comptable, comme de tous les souhaits humains. Il nous corrige du travers de prévoir. Cela est un bien, car toute l'éloquence accumulée des Prophètes, que l'on ne lit plus guère, ne les a pas sauvés d'être de fort ennuyeuses gens pour leurs contemporains.

Le Recueil pour Ariane ou Le Pavillon dans un Parc, publié en « automne » pour la première fois, paraîtra aux quatre saisons, « à 81 exemplaires sur papier de Hollande, numérotés à la presse ».

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Prométhée (n°I, nouvelle série, 15 novembre) n'avait pas paru depuis 3 ans : « le silence avait été volontaire : l'instant de la résurrection avait été choisi ». Le mot d'ordre, à Prométhée, est, fièrement : « Par le feu, nous chasserons les vautours. »

« Le Sabbat », de M. Roger Le Baron, est la pièce la plus considérable de ce numéro.

L'Heure qui sonne (n° I, nouvelle série, novembre) est une « revue d'avant-garde ».

Elle propose au public un programme précis :

Nous aimons toutes les idées neuves et saines, nous les défendrons ardemment. Mais les officines néo-symbolistes, les petites chapelles, les écoles fantasques ne sauraient nous intéresser. Tout cet obscurantisme voulu n'est qu'une manière de réclame. Au contraire, nous respecterons toujours la sincérité,comme nous admirerons toujours la beauté,d'où qu'elle vienne. Nous combattrons les exploiteurs, la foule des maîtres-chanteurs ès-lettres qui aurait voulu s'imposer à la littérature tout entière, qui le tente encore aujourd'hui. Il y a une volonté qui doit unir la majorité des groupes de la génération nouvelle c'est celle de rendre la littérature française habitable. Les œuvres de chacun feront le reste.

La Revue du Foyer (illustrée et bi-mensuelle ;n°I, 15 novembre) est ainsi présentée par ses auditeurs :

Cette Revue n'est pas une publication nouvelle.

Depuis dix ans, de généreux et persévérants efforts ont marqué le développement d'une œuvre, « le Foyer », fondée pour donner aux jeunes filles du monde cette science de la vie,complément indispensable de toute bonne éducation.

L'œuvre a grandi elle s'est développée peu à peu, groupant autour d'elle les forces morales et intellectuelles nécessaires à son développement.

Un bulletin a d'abord été publié marquant les étapes franchies. C'est ce bulletin qui devient aujourd'hui Revue, avec le concours des principaux maîtres de la pensée française.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er janvier 1912, p. 177-180 )


LES REVUES

La Plume (1er et 15 décembre) reparaît. Ses nouveaux éditeurs disent : « On a parlé de la résurrection de la Plume ; c'est réveil qu'il faut dire... » Ils admettent néanmoins que l'on crie : « La Plume est morte, vive la Plume ! » Oui, qu'elle vive. quand ce ne serait que pour introniser le descendant de Naundorff, ou s'y essayer. Déjà, vous apprendrez beaucoup sous t'autorité de M. Robinet de Cléry, et au cours d'une étude désormais « à suivre » : « Les d'Orléans et les Montpensier, traîtres à la France. »

Cependant, la Plume est littéraire, de par la collaboration de MM. G. Marlow, L. Bazalgette, E. Guérinon, R. Christian-Frogé, etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 janvier 1912, p. 396)


LA VIE ANECDOTIQUE

La Petite Gazette Aptésienne. — Les Événements littéraires les plus importants de l'année 1911. — M. André Barre. — Prédiction concernant le Maroc et Tripoli.

La Petite Gazette aptésienne vient de disparaître. Ce journal hebdomadaire était bien rédigé et ceux qui aiment les lettres le lisaient avec plaisir. On le comparait à ces compotes d'Apt, où il était publié. Mais, sucrées au miel, comme dans celles-ci, les guêpes n'y étaient point mortes.

Parmi les excellents prosateurs qui écrivaient dans la Petite Gazette Aptésienne, il faut citer avant tout Emile Godefroy. Il y publia son Auzias qui, dans l'ensemble, constitue un des meilleurs ouvrages de critique générale qui ait paru depuis longtemps.

Henri Dagan y fit paraître des contes empreints de bonne humeur, de petits articles pleins de sens et dont les piqûres devaient être bien cuisantes. Paul Bourdin, André Mary, Fernand Sauve complétaient à merveille la brigade qui rédigeait la Petite Gazette Aptésienne. On les retrouvera le premier mars, à Paris, dans la Revue nouvelle des Lettres françaises, que dirigera un poète véritable Raymond de la Tailhède.

§

J'ai entendu dernièrement une conversation touchant les Ëvénements littéraires les plus importants de l'année 1911. On s'accorda pour dire que c'était la publication de la Mission théâtrale de Wilhelm Meister et celle du Docteur Faustroll, d'Alfred Jarry. Il serait trop long de donner ici les raisons qui poussent les interlocuteurs à soutenir cette opinion, qui me paraît fondée.

On oubliait, toutefois, qu'un grand poète encore inconnu a peut-être publié cette même année son premier ouvrage.

(Guillaume Apollinaire, Mercure de France, 16 janvier 1912, p. 441)


LES REVUES

Les Cahiers de l'Amitié de France (n° 1 janvier) sont un supplément à « l'Amitié de France », revue trimestrielle. A elles deux, ces publications paraîtront 12 fois l'an. Ce premier fascicule des « cahiers » contient deux pages inédites d'E. Hello, le chant VI des Géorgiques chrétiennes et un article de M. E. de Brémond d'Ars sur leur auteur, M. F. Jammes.

La Revue critique des idées et des livres (10 janvier) continue, sous un nouveau format, à batailler. M. Pierre Gilbert y attaque de son mieux Flaubert, dans un « Plaidoyer pour Emma Rouault, femme Bovary ». Il est plaisant de lire : « livre fignolé mais mal écrit », à propos de Madame Bovary, et qu'il soit question du « mépris commandé à tout honnête homme » par « l'art » de Flaubert. — Dans ce numéro « Chantilly : les Héros, les Muses et les Nymphes », par MM. J. Herluison et P. du Colombier.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 février 1912, p. 849)


LA VIE ANECDOTIQUE

J'ai reçu de Bruxelles la lettre suivante :

...Vous avez fait l'autre jour une excellente petite réclame au Passant. Ne pourriez-vous pas parler un peu du Masque, qui, dès sa première année, a publié vers ou prose de Gourmont, Miomandre, Régnier, Jean Dominique, Paul Drouot, Duhamel, Dumont-Wilden, Eekhoud, Fontainas, Fort, Marguerite Gillot, Albert Giraud, Lemonnier, Grégoire Le Roy, Georges Marlow, Blanche Rousseau, André Salmon, Van Lerberghe (inédits), Verhaeren, etc.

Vous voyez que, pour une petite revue, c'est une petite revue assez grande.

Les collaborateurs et directeurs du Masque se réunissent les mercredis et samedis, en compagnie du Passant, dans un café des Galeries. Vous avez déjà parlé de ces réunions. Quant au Masque, il organise une fois par mois un dîner intime. Il est d'usage de manger dans un des restaurants qui avoisinent Sainte-Catherine, au long du Quai du Bois à Brûler, soit chez Justine, qui apprête les meilleures moules de Bruxelles et où fréquentait Demolder, soit chez Desmet, fameux pour ses poissons. Après le dîner on se répand dans les tavernes de la ville basse — les bonnes vieilles tavernes flamandes qui s'enorgueillissent de leurs bières de Diert, de Louvain, de Bornhem, d'Houthem, de leur brune vieux système, de leur faro, de leur Kricken lambic, et enfin de certaine bière du diable qu'on vous sert au Vieux Château d'Or. D'autres fois nous préférons les bars anglais du quartier.

Au dernier dîner étaient présents Albert Giraud, Grégoire Le Roy, Georges Marlow, Dumont Wilden, Octave Maus, les peintres Georges Lemmen, Cluysenaer et Marc Stevens ; le sculpteur Dubois et son inséparable Rictis, Gaspard, l'administrateur du Masque, Robert Sand. l'organisateur de l'exposition annuelle de l'Estampe, où triomphe cette année Alphonse Legros, l'aquafortiste et peintre français qui vécut et mourut à Londres, et qui est presque inconnu en France, malgré un chef-d'œuvre visible au musée de Dijon.

(Voilà que je déraille à propos de Legros, un de mes dadas).

Vous pouvez aussi dire que Ie Masque s'oppose nettement aux tendances si ridiculement nationalistes des autres revues belges, d'où les Français sont systématiquement exclus (exception faite pour la Société Nouvelle). Le Masque recherche au contraire les collaborations françaises et reprend très nettement le rôle de l'ancienne Wallonie de Mockel. Si vous pouviez appuyer sur ce point, j'en serais heureux, car à l'étranger... je me sens terriblement français. Je suis même affilié aux Amitiés Françaises, moi qui fuis tous les groupements.

Cette lettre est signée par un grand poète. Mais je crois que le Masque et le Passant s'entendent comme larrons en foire pour se faire faire de la réclame dans le Mercure. Et ma foi, c'est fait.

(Guillaume Apollinaire, Mercure de France, 16 février 1912, p. 887-888)


LES REVUES

La saison est remarquablement propice à l'éclosion des revues. Je compte, sur ma table, neuf nouvelles-nées. Souffrez qu'on vous les présente. L'ordre alphabétique nous permettra d'assurer leurs fondateurs de notre impartiale bonne volonté à les accueillr également.

[L'Assaut, Cahiers alsaciens ou Elsaesser Hefte, Comme il vous plaira, La Jeune Revue, Les Marches de Provence, L'Œil de veau, L'Olivier, Le Parvis, Les Soirées de Paris]

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1912, p. 163-165)


LES REVUES

Revues nouvelles ou ressuscitées : Burdigala ; La Flora (revue-école) ; Les Horizons ; La Vie ; La Vie française [suite sur Gallica]

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 mars1912, p. 401-404).


LES REVUES

Bulletin des revues nouvelles ou ressuscitées, établi dans une ordre alphabétique :

Art et Pensée (n°1, mars 1912), « revue idéaliste d'art et de sociologie. » Sa périodicité n'est pas annoncée. L'abonnement coûte : 3 francs pour la France et les colonies ; 4 francs, ailleurs. En épigraphe, un verset du psaume CXXVI. Les fondateurs s'expriment ainsi :

Cette Revue est une coopérative de jeunes travaillant en commun à ce qu'ils considèrent comme un devoir : l'entraînement mutuel à tendre son âme, toute son âme, vers le Beau. C'est un groupement d'artistes indépendants ayant coordonné pour un même but leur savoir, leur expérience et leur désir, ainsi qu'il convient de le faire dans une association fraternelle de camarades et d'égaux. Nous voulons, non pas retrouver, mais réaliser cette beauté incontestable et sûre que connurent les vieux maîtres, non pas telle que nous la transmet une tradition respectable et pieuse, mais vivante en nous et issue du travail des idées contemporaines. L'œuvre est énorme et nous sommes dénués de tout mais celui qui porte en soi l'immortelle présence des grands exemples se sent protégé contre ses propres égarements et donne humblement sa part. Chacun, de nous est astreint à l'ingrat labeur quotidien et chaque homme qui lutte avec la vie apprend d'elle, s'il le veut bien, plus de philosophie que dans les ouvrages des philosophes, parce que l'acuité de la souffrance donne une forme plus profonde et plus nette à sa pensée. Ceci dit pour expliquer notre origine et l'épigraphe de la Revue.

Collaborateurs : MM. Lucien Bourgeois, Armand Aubertin, Dr R. Desormeaux, Henri d'Aragon, et M. Georges Rouillard, qui donne deux pages de musique.

La Revue des Etudes Littéraires (février-mars) paraîtra « le 1er de tous les deux mois ». Elle « consacrera toujours une place importante aux concours ». Gratuits pour les abonnés, ces concours coûteront un droit d'inscription de 2 francs aux non-abonnés. Directeur M. Joachim Rolland.

La Revue de France et des Pays Français (février) sera mensuelle et dirigée par MM. Olivier-Hourcade et Carlos Larronde. Ces messieurs la présentent ainsi :

Comme nous préparions sous la lampe le numéro de janvier des Marches du Sud-Ouest et de la Revue du Sud, un « monsieur », qui s'était fait annoncer par un mot, se présenta et nous dit :

Votre action dans le Sud-Ouest a été manifeste et remarquable. Je veux fonder les Marches du Nord et les Marches de l'Ouest, dont je suis. Voulez-vous en assumer la direction ?

.........................................................................................................................................................................................

Il y a une griserie au début de toutes les batailles. Toutes ces forces disséminées qui affluaient vers nous, nous n'avons pas voulu les laisser se perdre ; nous les avons rassemblées autour de la Revue de France et des Pays Français. Et nous voilà, à la naissance de 1912, prêts à soutenir les efforts de tous les amis de notre Patrie intellectuelle et morale, faite de nos petites patries.

Régionalistes nous sommes, et nous l'avons prouvé.

Notre but sera de réveiller dans chaque région, dans chaque ville, et si nous en avons la force dans chaque bourgade, la vie intellectuelle, morale et économique originale qui y sommeille.

Faire connaître à chaque coin de France ses écrivains, ses artistes, ses savants, ses industriels même, et lui apprendre les ressources parallèles, mais de qualité différente, des autres parties de la Patrie et les efforts de ceux qui travaillent pour nous, notre influence et notre gloire à l'étranger, voilà dans sa fière simplicité le but premier que se propose notre Revue.

Outre les directeurs, ont collaboré au numéro initial MM. R. Kamperheide, A. Dehodencq, F. Dafour, R. Maran, Paul Claudel, Canudo, C. Piéchaud, A. Pujolie, A. Heumann, T. de Visan. (Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1912, p. 623-624.)


LES REVUES

Nota bene : aucune revue n'est née en cette quinzaine ! (Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 avril 1912, p. 841).


MUSIQUE

MEMENTO. — La Revue musicale de Lyon, fondée en 1903 par M. Léon Vallas, fusionne avec la Revue musicale du Midi et, sous le nom nouveau de REVUE FRANÇAISE DE MUSIQUE, se transforme en un organe de musicographie plus important et bi-mensuel, ayant des rédacteurs attitrés dans les principales villes de France et des correspondants provinciaux un peu partout. Il importe de signaler cette intéressante tentative de décentralisation musicale en lui souhaitant la continuation du succès qui, depuis neuf années, la soutint. (Jean Marnold, Mercure de France, 16 avril 1912, p. 857.)


LES REVUES

Deux revues nouvelles. Ni l'une ni l'autre n'a de programme. C'est un excellent indice de discrétion.

Maintenant (n° 1, avril), « revue littéraire », d'une périodicité secrète encore, est un cahier de 8 pages pour présenter : Sifflet, une poésie de son directeur : M. Arthur Cravan, des « Documents inédits sur Oscar Wilde », signés W. Cooper, et deux annonces de restaurants dont l'un est une « maison recommandée à messieurs les étudiants ».

Les vers de M. Arthur Cravan sont d'un disciple fervent de Walt Whitman. Ils indiquent évidemment un poète inquiet de nouveau, et doué de lyrisme :

Le commerce a favorisé ma jeune initiative :

Huit millions de dollars gagnés dans les conserves

Et la marque célèbre de la tête de Gladstone

M'ont donné dix steamers de chacun quatre milles tonnes,

Qui battent des pavillons brodés à mes initiales,

Et impriment sur les flots ma puissance commerciale.


Je possède également ma première locomotive :

Elle souffle sa vapeur, tels les chevaux qui s'ébrouent,
Et, courbant son orgueil sous les doigts professionnels,

Elle file follement, rigide sur ses huit roues.

Elle traîne un long train dans son aventureuse marche,

Dans le vert Canada, aux forêts inexploitées,
Et traverse mes ponts aux caravanes d'arches,
A l'aurore, les champs et les blés familiers ;

Ou, croyant distinguer une ville dans les nuits étoilées,

Elle siffle infiniment à travers les vallées,
En rêvant à l'oasis : la gare au ciel de verre,

Dans le buisson des rails qu'elle croise par milliers,
Où, remorquant son nuage, elle roule son tonnerre.

La Vasque (mars) est mensuelle, dans l'intention de son rédacteur : M. J.-H. de Rosen. Il y publie une « nouvelle rencontre de M. de Bréot » dédiée à M. Henri de Régnier. M. Emile Verhaeren donne à la nouvelle-née un beau poème : « Au bord de l'eau. » Suivent : une pièce agréable de Mme Marie Dauguet ; des poèmes en prose de M. René Druart ; une nouvelle de M. Raoul Desjardins : « l'Ame du petit frère » ; trois poèmes de M. Bernard Zimmer ; « Le Dernier chagrin » de M. Jean de Reszké, fils ; « La Maison », de M. M. Brunnarius ; — des vers très délicats de M. Jean Reutlinger.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1912, p. 175-176.)


FLAMBERGE est une nouvelle sœur belge. Son premier numéro nous oflre de beaux vers de Rémy de Gourmont.

(R. L. G., « Les revues », La Plume, n° 388, 1er juin 1912, p. 263)


LA VIE ANECDOTIQUE

Je vous annonce la mort du « Passant », ce journal amusant fondé par de bons littérateurs et de spirituels dessinateurs de Bruxelles.

Le dernier numéro du Passant mérite qu'on l'examine. Il porte en épigraphe ces vers de Laforgue :

Quand on est mort c'est pour longtemps,
La faridondaine, la faridondon...

Dans une lettre ouverte encadrée de deuil, le Passant fait part de son décès à ses abonnés et leur en donne la raison :

Nous n'avons plus le sou !

Voilà qui est net et clair. A ce propos, chers abonnés, faisons, si vous le voulez bien, un peu de comptabilité :

Pour les sept francs cinquante de votre abonnement, le Passant vous a donné jusqu'à ce jour vingt-deux numéros à vingt centimes le numéro, soit quatre francs soixante. Le présent dernier numéro étant édité au prix de trois francs, vous vous rendrez facilement compte, après un léger calcul, que vous nous êtes redevables d'une somme de dix centimes. Nous espérons que vous ne lésinerez pas pour nous faire parvenir au plus vite ce léger supplément. La somme globale ainsi obtenue est destinée à faire les fonds d'un banquet de funérailles.

Les personnes pointilleuses qui trouveraient notre façon d'agir un peu désinvolte sont prévenues que nous partageons entièrement leur manière de voir...

Et la dernière page du Passant est occupée par un superbe portrait de Cambronne à Waterloo.

Il faut ajouter que le Passant accomplit sa mission,qui fut de révéler à l'univers l'esprit d'André Blandin et les mérites littéraires d'Horace Van Offel, qui est encore un dessinateur ingénieux et d'un talent véritable.

Passant, repose en paix !

(Guillaume Apollinaire, Mercure de France, 16 juin 1912, p. 881-882)


LES REVUES

Les Poètes. — C'est le titre d'un nouvel organe qui se définit « Recueil de haute poésie publié sous la direction d'un groupe de Poètes. »

L'avant-propos de cette publication se borne à ces lignes :

« Dans le désarroi actuel de la littérature, et plus spécialement de la Poésie, nous avons cru bon, à quelques-uns, de réunir nos efforts, en vue d'une affirmation nouvelle et haute de la Poésie épique et lyrique telle que la demande notre époque.

Le public ignore les poètes, ou à peu près.

Nous avons voulu les lui faire connaître.

Qu'il les lise donc et les apprécie.

Nous sommes certains que ses jugements ne feront que confirmer les nôtres.

Chaque cahier, suivi d'un extrait des appréciations de la critique contemporaine, sera strictement consacré aux œuvres d'un seul auteur. »

On s'abonne, moyennant 8 francs, chez MM. Basset et Cie, 3, rue Dante, à une série de 4 fascicules. Le premier est consacré à M. Nicolas Beauduin dont les poèmes n'occupent pas moins de cent pages. On sait la grande valeur de ce poète.

Voilà une tentative particulièrement intéressante.

(Charles Henry Hirsch, « Les revues », Mercure de France, 16 juillet 1912, p. 405-406)


1913

LES REVUES

Le Mail (juillet) paraît pour la première fois à Paris. Son rédacteur en chef, M. Pierre de Roussanne, expose l'objet de la revue qui n'est pas moins que celui-ci « Contre les Barbares, il importe que la coalition des Français se fasse. » [La suite sur Gallica]

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 août 1913, p. 845-846)


LES LETTRES

Métamorphose. — M. R. de Bury, qui rédige la revue des journaux au Mercure de France, était naguère un bénédictin fumeur de cigarettes. C'est aujourd'hui un écrivain au veston court, aux fortes moustaches.

Car, dans les fonctions de lecteur de gazettes au Hg, M. Jean de Gourmont remplace M. R. de Gourmont.

(Les Uns , « Les Lettres », Gil Blas, 16 septembre 1913, p. 4)


LES REVUES

Bulletin des Naissances

La Forge (n° I ; sans date).

La Forge est l'organe de l'action idéaliste menée par la ghilde : Les Forgerons, groupement de jeunes qui voient en l'art un puissant facteur d'émancipation humaine.

Créée dans le but de propager des idées saines et généreuses, elle se propose, en ce temps où l'Or et le Ventre sont rois, de délivrer l'esprit de la gangue qui l'emprisonne, pour son libre épanouissement.

La Forge sera contre l'esprit bourgeois, pour l'esprit révolutionnaire.

Elle s'oppose violemment contre cette « jeunesse d'aujourd'hui », contre ces jeunes « vieillards », qui dans leur agonie, fixent étrangement leur regard sur le Passé.

Nous affirmerons ici notre foi en la Vie, profondément humaine, notre soif d'un avenir meilleur ; et le Passé, pour nous, sera le piédestal sur lequel nous édifierons l'Avenir.

Nous voulons nous dresser superbement devant cette jeunesse émasculée, montrer qu'il en existe une autre, vaillante et forte, ouverte à toutes les idées de franchise, d'humanité et de pensée libre.

La Forge sera le titre d'une série de brochures, que tous nos lecteurs, dont notre action ne manquera pas de susciter l'amitié se feront un devoir de répandre partout.

Que tous nos amis se servent de l'arme que nous leur offrons ; qu'ils s'en servent pour forger des Voies nouvelles, des Voies plus belles.

Le premier numéro de la Forge contient exclusivement le texte d'une éloquente et généreuse conférence de M. Pierre Desclaux, sur « l'Amour »,.

§

Le Pamphlet (Cahier I. Première série. Septembre) a pour rédacteur en chef M. Jean-Jacques Marcel. On lit, à la page du faux-titre :

Abonnement : fr. 6,5o l'an.
Rédaction ambulante :
Automobile rouge de Dion-Bouton.
Paris-Bruxelles-Genève.

MM. Camille Mauclair, Han Ryner, R. Télin, J. Violette,Edouard Conte et le rédacteur en chef ont collaboré au premier cahier, qui est très mordant.

§

La Nef (N° I. Septembre) est une « Revue de lettres indépendante » mensuelle, dirigée par M. Th. Eymard. Elle ne définit pas son programme. Elle publie des vers de M. Achille Millien, son portrait, et !a biographie de ce poète né en 1838, plusieurs fois lauré par l'A. F., auteur de I7 volumes et Nivernais.

(Charles Henry Hirsch, « Les revues », Mercure de France, 16 novembre 1913, p. 405-406)


1914

LES REVUES

Naissances.

1° Cet automne voit paraître le «cahier n° I de la première année » des Echos du Silence, qui seront trimestriels, au gré de M. Dynam-Victor Fumet, directeur dudit recueil.

M. Dynam-Victor Fumet annonce le but de cette publication dans un article qu'il intitule : « Exégèse de Demain. » On lit, en tête, ces lignes :

C'est avec une grande joie, toutefois accompagnée d'une certaine appréhension religieuse, que j'entreprends publiquement mes pérégrinations à travers l'Absolu, et que j'aborde de front le brûlant problème de la Vie en soi.

Mon but est de démontrer que la Vie, force de toute force, énergie de tout geste et de toute création, n'a pas entièrement scellé son sourire aux prudents investigateurs de la Lumière et aux preux chevaliers du Saint Amour.

Fiévreux de m'avancer entre les indigentes moqueries de plusieurs, les défiances et les colères des autres, je suis décidé — secondé, aujourd'hui, par un escadron sans défaillance d'intraitables, formant une véritable chevalerie nouvelle et véhémente — à atterrir au Port de la Terre Promise, aux portes mystiques et lustrales du sacré Tabernacle. C'est après l'élimination des éléments chaotiques, des grincements disphoniques des contraires, que j'entends échafauder mon œuvre et établir, en fin de compte, la suprématie du Silence et de la Nuit métaphysiques comme point générateur de la première Parole et de la première Lumière, comme point générateur de l'irradiation de la Vie.

Recueillir, enfin, en signes et en mots, les mystiques vocables qui élementent toute possibilité contingente, devient le surcroît naturel de l'œuvre de notre revue « les Echos du Silence ».

Nous y proposerons une nouvelle et antique philosophie sous l'égide du grand Roi Salomon, philosophie dont le Crucial Symbole est le trophée glorieux.

On voit jusqu'à quel degré M. Dynam-Victor Fumet et ses collaborateurs sont des mystiques. Ils s'adressent «au peuple Juif » et au « peuple Chrétien ». Ils tiennent que « la Vie n'est que la conscience du soi dans le soi ». Leur valeureux avocat écrit :

Et je crois avoir établi entre l'Absolu et son symbole une intime union, un ineffable baiser qui fait du fini l'admirable réceptacle de l'Infini. J'aurai démontré ainsi la véracité de cette promesse, que Nous VERRONS DIEU EN NOTRE PROPRE CHAIR.

Le premier cahier des Echos du Silence nous offre un poème de M. Stanislas Fumet. En voici, dessous le titre, la première strophe :

OFFICE DE LA PROCRÉATION

N'oscillez pas, de vos sept corps, aux bord des eaux.
Ces eaux qui déferlent leur foi démente
En ruissellements chauds.
N'oscillez pas de vos sept corps aux bords des eaux.
Petits enfants, clartés de ma souffrance !
Entendez-le, rouler, — et cette extravagance ! —
Psaume universel du Sang,
Mû d'une fortitude lente, lente :
Ce fleuve de sang, ce fleuve de sang !
Et cette cataracte inexterminablement lente,
Ah ! cette cataracte languissante,
Qui déborde partout hors des serpents du Jour,
De notre jour cruel, — quotidienneté — noce fatale
Qui flèche à ras un sol qui râle…
Ce fleuve de sang, ce fleuve d'amour !

En prose, M. Lucien Parisot célèbre le « Prince de l'Automne ». Il fait parler « les amants éternels », « la Solitude », met en scène « la jeune Mort », « le Silence », « le Minuit glacé du Monde ». C'est un peu confus. Peut-être est-ce très beau ? Les mystiques sont secrets, à force qu'ils tendent vers les mystères.

M. Justin Klotz signe trois proses courtes. L'une d'elles : « Idéal », inspirée par la donna Laura de Bellini, porte en épigraphe : « Pouvoir bâtir ma maison au coin de ses lèvres !... » Evidemment, c'est un vœu désespéré, comme celui des petits enfants qui demandent la lune...

M. René Dessambre chante « la Pénitence », en vers qu'on lit avec étonnement car l'auteur, énumérant « tous ses joyaux », nomme :

Le caducée, hélas ! de ma beauté…

et déclare :

J'ai sur moi le corset du vice.

Deux hors-texte illustrent les Echos du Silence : « La Nuit », de M. Boleslas Biegas et « le Christ aux Outrages » qui commença, vers 1891, la juste gloire de M. Henry de Groux.

2° Plus modestement, M. Marcel Ermont a publié, en novembre, le numéro initial de : Les Passants, qui « paraîtront de temps en temps ».

Les Passants sont les gens que nous rencontrons chaque jour au hasard de notre promenade.

Certains nous frappent par leur visage de beauté, d'intelligence ou de souffrance.

Souvent nous ne les connaissons pas, mais nous sentons qu'une âme extraordinaire vit en eux.

Ce petit recueil parlera de quelques-uns de ces passants singuliers de ces artistes, de ces écrivains, de ces travailleurs, de ces chercheurs d'idéal qui se mêlent un moment à la foule des hommes.

Le premier de ces passants définis par M. Marcel Ermont est M. Valère Bernard, peintre, poète et romancier. Suit une nouvelle de M. Marcel Ermont : « Le Roi de la Grande Bleue » Des « Notations » complètent ce premier numéro. En voici l'une :

Jean Moréas déjeunait parfois dans un restaurant du Boulevard Brune, près de la porte de Montrouge. Un jour, il entre dans la deuxième salle, souvent déserte, aperçoit tout juste deux clients: un sous-officier, et un civil; alors il retourne aussitôt vers la porte en disant au garçon de sa voix dédaigneuse : « Il y a trop de monde, je repasserai. » Deux témoins c'est encore trop pour qui veut vivre avec ses beaux rêves.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er janvier 1914, p. 195-197)


LES REVUES

Bulletin de Naissance.

Avec l'an nouveau, vient de paraître L'Abbaye de Thélème, dirigée par M. Yves Le Moyne, « publication mensuelle de littérature et d'art ». Pas de programme, pas de manifeste, pas le moindre avertissement au public, hormis cette épigraphe rabelaisienne : « Cy n'entrez pas, hypocrites, bigotz, vieux matagotz, marmiteux, borsouflés... »

Le premier numéro contient un poème de M. Léon Bruneteaux : « Le Cortège de la Fiancée », un très beau conte de M. Gabriel de Lautrec ; « L'âme de Sonia », une singulière « Ephéméride de Dieu le Père », de M. Y. Le Moyne, des « Notes d'Art » de M. Saint-André de Lignereux, une chronique : « Lectures pour tous et choses vues », de M. Luc Mirah.

Mais, surtout, ce premier numéro contient ce robuste sonnet de M. Louis Fourest qui, vraiment, nous à fait songer aux farces énormes qui provoquaient le « formidable éclat de rire » du bon et grand Flaubert :

LE NOUVEL ORIGÈNE OU LE RUT VAINCU

Il avait, ce soir-là, défloré mille vierges
De diverses couleurs et, suivant les leçons
Des Pentapolitains, trois cents jeunes garçons
Parmi lesquels les fils — horreur ! — de ses concierges…

Mais il ardait toujours ! Ahanant, frénétique,
Il investit des boucs et des rhinocéros,
Des lynx, des sphinx, le dieu-serpent d'Abonotique…
Et toujours il flambait sur le brasier d'Eros,

Et toujours le désir mordait sa génitoire
Et vers le firmament l'orgueil ostentatoire
De son membre viril se dressait !… « Par Mithra ! »

S'écria-t-il, « ô Rut, propagateur du monde,
Bâtard du Vouloir-vivre, à nous deux, Rat immonde ! »
Il dit, s'arma d'un bon rasoir et se châtra !

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 16 février 1914, p. 829-830.)


LES REVUES

Naissances :

Aréthuse (février) paraît pour la première fois, « sous le haut patronage d'Henri de Régnier », à Montpellier (17, avenue Bouisson-Bertrand), dans le dessein d'être un « recueil mensuel d'art et de littérature », sous la direction de M. A. Verdier. Cette publication « indépendante n'est le champion d'aucune école » elle est « ouverte à toutes les formes paraissant sincères », lisons-nous au verso de la couverture.

MM. Léo Larguier, Emile Cottinet, Louis Payen, par d'heureux poèmes, s'associent, en aînés amicaux, à MM. A. Verdier, qu'inspire « La mort d'une libellule », A.Sauclières qui chante « l'Eté » et « la Saint-Jean », et René Rivière, dont nous lisons deux sonnets. Un article de M. Ed. Perrin sur « Claude Debussy et la musique, contemporaine » complète le n° 1 d'Aréthuse.

La Revue sans titre (n° 1, 23 avril). — Administration : 11 , rue d'Ulm, à Paris. — « Arts. Lettres. Musique. Informations. Hebdomadaire ». — Gérant M. J.-P. Dubray. — Ce nom (sauf celui de l'imprimeur) est la seule signature que nous lisions, d'un bout à l'autre de ce premier numéro. Il est composé d'articles et d'articulets anonymes, fort agressifs, et d'une citation d'Emile Zola. Il y a un hors-texte de feu A. Delannoy et la reproduction inédite d'une toile d'Eva Gonzalès « Miss et Baby. »

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juin 1914, p. 617-618)


1915

Revue de la Presse du Front

L'Écho des Gourbis publie dans son numéro 6 une page relative à la «Terre de France que glorifient Anatole France, Remy de Gourmont et Gustave Guiches. Un délicieux sonnet : L'Ambulance du Château ; une jolie pièce en vers : Au poste d'Écoute ; Le Monsieur qui revient du front, fantaisie drôle et spirituelle ; etc., etc. Dans sa Revue des journaux du front, L'Echo des Gourbis parle amicalement de « Poilus et Marie-Louise ».

Poilus et Marie-Louise, n° 6, 1915, p. 4


1916

LES REVUES

La Presqu'île, nouvelle revue fondée par des cadets des conscrits de la classe 17 ; but de la revue ; R. D. et les intellectuels ; M. J. Sylveire et les combattants ; vers de M. J. R. B. ; un sonnet de M. Pierre de Régnier ; le besoin de justice et de bonté, après la guerre. — La Revue hebdomadaire : M. Alexandre Cohen et l'opinion publique en Hollande. — Le Divan : « Louis Codet », par M. Eugène Montfort. — Le Double bouquet : Vers échangés au feu, par MM. Léo Larguier et Guillaume Apollinaire. — Memento.

Un groupe de très jeunes gens, les cadets des conscrits de la « classe 17 », vient de fonder une revue : La Presqu'île. Elle a paru en janvier 1916.En février, elle a donné une preuve de sa périodicité.

La rédaction expose en ces termes son dessein :

... Sans nous séparer du monde par une mer infranchissable, et tout en gardant toujours devant nos yeux le spectacle grandiose de nos frères qui luttent, nous voulons nous accorder quelques heures de pensée tranquille nous voulons dans l'orage garder une retraite sûre où nous puissions songer et réfléchir. Et lorsque la Tempête sera apaisée, lorsque la Victoire aux ailes d'or reviendra avec les soldats criant « Vive la France ! », que [suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1916, p. 509-513)


ECHOS

« La Herse ». — Une phalange d'artistes des théâtres de la rive gauche qui, des te début de la guerre, sut lutter contre l'adversité atteignant alors si cruellement la corporation dramatique, vient d'adjoindre à son activité philanthropique une intéressante revue mensuelle illustrée : La Herse, placée sous la direction d'un jeune comédien, M. Laurent Bruna. La Herse, qui nous donne en ce mois son 5e numéro, a déjà publié de nombreux articles de critique dramatique et littéraire. On y cherche noise à Bergson, à Barrès ; on y lit des vers, qui, à défaut d'autres mérites, ont celui de laisser en repos la muse héroïque ; on y trouve des audaces : celle, notamment, de Mme Lucine qui conclut avec Malthus une entente... cordiale et courageuse. Récemment paraissait un reportage sur d'Annunzio s'illustrant d'un amusant profil. (Abonnement annuel : 1 fr. 5o, avenue du Maine, 54).

(Mercure de France, 1er avril 1916, p. 576)


LES REVUES

La Revue (1er-15 octobre) annonce qu'elle va s'accroître de 32 pages par numéro, en attendant de pouvoir reprendre sa périodicité bi-mensuelle. — M. E. Renauld : « Charleroi, — Dinan, — Neufchâteau, — Virton ». — M. Jean Finot : « Dans le royaume de la bonté ». — « Les Canadiens et la guerre », par « Un volontaire canadien ». — M. R. de Mesa : « Sur la germanophilie espagnole ».

L'Amitié de France (août à octobre) a perdu son directeur, M. Georges Dumesnil, décédé le 31 juillet. Ses collaborateurs s'expriment ainsi : « Dans le numéro prochain, qui sera le dernier, ils essaieront de dire combien belle fut la vie de l'homme éminent, de l'esprit généreux et puissant dont l'œuvre est arrêtée, mais dont l'exemple reste leur force. »

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er novembre 1916, p. 131)


1917

LES REVUES

La belle Matineuse a paru en avril et en mai, sous couverture orange. C'est une « revue littéraire, philosophique et artistique ». Son siège est 44, rue du Bac. Elle se recommande du vieux Malherbe. Les articles de M. Ramon Fernandez sur Kant et Rousseau et sur M. Paul Claudel, l'Essai de M. Jean-Paul Samson sur l' « Ecole Romane et le Traditionalisme littéraire » sont de bonnes et brillantes contributions à la critique.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er août 1917, p. 521-522)


LES REVUES

Le Symbole, « feuillets d'art et de pensée », a publié en août le n° 1 de sa première série, sous la direction de M. Robert Petit.

Adresse : 18, rue du Roi-de-Sicile, à Paris. Le premier article est de M. Han Ryner : « Comment te bats-tu ? » Suivent des poèmes de M. Robert Petit, « deux croquis » en prose, de M. Marius Aimot, dédiés « aux soldats de tous les pays qui meurent loin de chez eux », des vers de M. Jean Malau et de M. Banville d'Hostel.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er octobre 1917, p. 517)


ECHOS

« La Patrie Serbe » est la seule revue littéraire en qui survit actuellement la Serbie intellectuelle ; elle est publiée à Paris (203 boulevard Raspail) depuis octobre dernier. Dirigée par M. Drag [Icon]itch, elle paraît en français avec un supplément serbe de seize pages. Cette revue est l'épave d'une patrie.

La Serbie littéraire survit donc à l'étranger sous les espèces d'une revue dédiée à la Jeunesse Serbe en exil.

(Mercure de France, 1er novembre 1917, p. 768)


LES JOURNAUX

Dans le Journal des Etudiants Alliés, M. Georges Prévôt s'étonne de l'indifférence actuelle devant des œuvres comme celles de Remy de Gourmont, où, dit-il, tous les grands problèmes qui passionnent l'esprit humain «ont examinés. Mais il ajoute philosophiquement : il ne faut pas que les admirateurs de Remy de Gourmont s'attristent du demi-oubli où l'a plongé l'indifférence des hommes. Ce fut le sort d'écrivains aujourd'hui célèbres, comme Ronsard, et « l'on peut avoir la certitude qu'un jour viendra où Gourmont sera mis à sa vraie place, c'est-à-dire à une place d'honneur ».

§

J'ai reçu du camp de Wurzburg un journal, écrit et composé par des prisonniers français : l'Intermède ; et je ne sais rien de plus triste que ces « impressions d'un revenant » : [...]

§

Je n'ai plus que la place de signaler le premier numéro de Nos Tanks, journal de guerre des artilleries d'assauts alliées, « écrit et illustré par des combattants Tankers ». Les illustrations en sont amusantes et impressionnantes : ce sont des images de la guerre à conserver.

(R. de Bury, Mercure de France, 16 décembre 1917 p. 714-715.)


1918

BIBLIOGRAPHIE

La Renaissance du Livre, organe de bibliographie et de bibliophilie, 78, boulevard St-Michel, Paris.

Sous ce titre, la maison d'édition La Renaissance du Livre vient de fonder un organe mensuel, trait d'union entre les auteurs, éditeurs, libraires et public. Ce périodique contient des échos, des extraits de presse et crée une tribune corporative, journal de « la sorte de famille » que doit former une maison d'édition avec tous ses collaborateurs. Heureuse et originale idée. Puisse-t-elle être féconde pour tous !

(Le Liseur, La Revue normande, Nos 23-24, mai-juin 1918, p. 128)


Plançons (mars) est une nouvelle-née 29, rue de Richelieu. Elle est « franco-catalane ». Elle dit, dans sa présentation : « Notre programme cependant est ouvert à tous les vents, tous les soleils. » C'est une petite sœur ou une cousine de Nord-Sud, il nous semble, ou bien une parente de Soi-même (15 mars) où nous lisons une « Ballade » bien divertissante de M. R. M. Hermant, « Il y avait autrefois en Arcadie... », un beau conte de M. Ker-Frank-Houx ; « Quelques réflexions » de M. J. Rivière, etc.)

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1918, p. 118-119

La Sève, paraissant le 15 de chaque mois, est née en mars, par les soins de M. Roger Sanary, 63, rue des Saints-Pères. C'est une « revue artistique et littéraire ». M. Stéphane Manier y traite d'Anatole France et M. Marius Aimot, d'Ernest Hello, ce qui est une indication d'éclectisme. « La Prière des Phoques », placée sous l'invocation de M. Maurice Barrès, est un apologue divertissant de M. Jean Casson. MM. Jean Malau, A. Fabrègues, R. Sanary, publient des poèmes. M. Han Ryner donne à la Sève le « prélude » d'une nouvelle œuvre « Le Sillage parfumé ». M. Georges Gaufré parle des « Concerts montmartrois ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1918, p. 115)


BIBLIOGRAPHIE

« LA MINERVE FRANÇAISE ». — Nous sommes heureux de signaler la parution de cette très belle et excellente Revue, sous la direction de notre confrère A.-P. Garnier (1, rue de Lille, Paris). Revue bi-mensuelle de littérature et de critique, elle compte parmi ses collaborateurs des noms qui en assurent le plus grand succès. Nous citerons, rien que pour la rubrique « Le Mouvement littéraire » : Marius André, G. Le Cardonnel, Maurice Allem, Emile Henriot, Henriette Charasson, Abel Farges. — A lire, dans le numéro du Ier août, « Ce que la Normandie a donné à la France », copieux article de Anne Osmont.

(J.-B. Charte, « Echos de Paris et de Normandie », La Revue normande, Nos 37-39, juillet-septembre 1918, p. 187)


LES REVUES

L'Art (Hiérarchie-Fraternité-Liberté), n°1er, août. 5 bis, rue Schœlcher. Le Comité de Rédaction signe un article-manifeste qui a pour titre « l'Artiste et la Société » et se termine par ces Mots :

Nul n'a droit au superflu avant que tout le monde, et l'élite d'abord, ait le nécessaire. Nul n'a droit à l'opulence quand le génie a faim et quand la Patrie manque de chefs-d'œuvre.

Dans ce numéro, une « Nativité », d'Olivier Hourcade, un « Essai sur le Lyrisme », par M. Carlos Larronde, une étude de M. O.-W. Milocz sur le peintre Elmiro Celli, une étude sur le poète O.-W. M. locz par M. Francis de Miomandre, un conte délicieux de M. Henri Strentz : « Les Porteuses de Poupées », etc., etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er novembre 1918, p. 119)


LES REVUES

La mort du Loup. — On annonce la mort à l'hôpital militaire de Romans du poète Belval-Delahaye, qui avait été boucher, puis s'était consacré à un journal d'action d'art intitulé : les Loups, qui eut de la vogue et de l'influence.

Ce sont Belval-Delahaye et ses Loups qui organisèrent, après la mort de Léon Dierx, l'élection de son successeur, M. Paul Fort, comme prince des poètes.

BelvaI-Delahaye fit également imposer par ses Loups, qui étaient de jeunes écrivains, de jeunes poètes, de jeunes peintres, l'élection de M. Han Riner comme premier prince des conteurs.

(Mercure de France, 1er novembre 1918, p. 182)


1919

Notre voix a paru pour la première fois le 6 avril. C'est un recueil hebdomadaire, littéraire, social, artistique, dirigé par M. Genold et qui a ses bureaux 71 bis, rue Damrémont. Le programme de ce nouvel organe tient en trois mots suivis d'un triple point exclamatif : « Liberté-Justice-Amour !!! » En somme, une transposition un peu naïve des trois substantifs officiels qu'on peut lire sur les édifices publics, sur les églises comme au fronton d'entrée des maisons de correction.

M. Henri Barbusse, avec « La Tour d'Ivoire » collabore au numéro initial de cette revue de combat. MM. Marcel Sauvage, Paul Desanges, Genold, Mme Fanny Clar contribuent au second fascicule où l'on trouvera un article fort intéressant de M. Pio Baroja : « Une face de la pensée espagnole. »

Avril a vu naître Hélianthe, à Bruxelles, 20, rue François-Bossaerts, sous la direction de M. Roger van Gindertael. La revue se recommande de ce cri du bon et grand Verhaeren « Toujours ! aux horizons du cœur et des pensées. » Elle veut obtenir « que la foule écoute, respecte et aime les artistes ». M. H. Meunier, très sagement, professe : « Peu de paroles... mais des œuvres ! »

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juin 1919, p. 119)


LES REVUES

La Revue intellectualiste (Rédaction : M. G.-A. Masson, 25, rue Boislevent, Paris) a inauguré sa publication par un « cahier consacré à Paul Adam » : [suite sur Gallica].

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er août 1919, p. 517)


LES JOURNAUX

La revue Lutétia, qui s'est métamorphosée en journal, publie un conte de Rachilde, un subtil billet d'Aurel, et une critique littéraire du poète Louis de Gonzague-Frick. Il faut saluer la naissance de ce journal de vrais littérateurs.

(R. de Bury, Mercure de France, 16 septembre 1919, p. 330)


1920

LES REVUES

Naissance :

Les Trois marteaux (I, rue du May, à Toulouse). « La revue ne se vend que par abonnement. » Six cahiers formeront la Ire série. Le fondateur est M. Pierre-Etienne Allard. Il y donne, « Mare Nostrum », un morceau de belle éloquence et qui n'est pas sans signification ; M. Eugène Rouart, des « Souvenirs sur Mallarmé » ; M. P. Saint-Gervais-Martel, « un François les bas bleus », agréable, et M. Albert Ambielle trois poèmes de qualité, dont voici l’un :

Voluptueuse comme un singe prisonnier
Qui fait derrière les grilles des indécences,
Tu es la douce amie aux regards d'innocence
Subtilisant des chatteries, sans t'en douter…

Tes yeux ont la ferveur des longs étangs de fièvre
Et la barque au long mât qui dans leurs flots chavire
Et le rêve de quelque déesse en délire
Dont la lèvre m’écrase à d'invisibles lèvres…

Ta voix est une crécelle très ancienne,
Où sont passées tant d’harmonies et de chansons,
Qu'elle en a pu garder un mystérieux frisson
Qui se fiance à sa nostalgique antienne…

Et quand tes blanches mains frôlent mes mains amies
Tu infuses en mon âme de tels désirs
Qu'il me semble te voir toute nue, et blottie
Sur mes genoux, et tes petits seins me sourire.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1920, p. 219)


LES REVUES

L'Amour de l'Art (1er mai) (directeur M. Louis Vauxcelles ; 99, boulevard Raspail, Paris) vient de paraître. Chaque mois, cette revue traitera d'art ancien, d'art moderne, d'arts appliqués, de littérature et de Musique. Le premier numéro est le plus heureusement composé. Il débute par un hommage au peintre Pierre Fauconnet qui vient de mourir et une étude de M. Elie Faure sur Nicolas Poussin. On lira avec agrément les « Allusions à l'art chinois » de M. Charles Viguier. On trouvera de belles illustrations et en hors texte un beau tirage du « premier état du Boissy d'Anglas de Delacroix par Bracquemond ». La direction littéraire de la revue est confiée au poète Joachim Gasquet.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juillet 1920, p. 241-242)


LETTRES ITALIENNES

Jeunes revues. — La Voce. — M. Jahier. — L'I. C. S. — Une anthologie de poètes italiens modernes.

(Henri Prades, Mercure de France, 15 juillet 1920, p. 537-541)


1921

LES LETTRES

Une nouvelle revue littéraire.

« Intentions », revue mensuelle de littérature, avec le concours de MM. Paul Valéry et André Fontainas. Le premier numéro paraîtra le 2 janvier prochain.

(Les Treize, L'Intransigeant, 26 décembre 1921, p. 2)


LES REVUES

L'IMPRIMERIE GOURMONTIENNE a paru. Ce premier numéro du Bulletin, consacré à Rémy de Gourmont par son frère et par ses amis, est émouvant et fin. Il contient des lettres de Gourmont, des articles de Rachilde, Rouveyre, Jules de Gaultier ; et de Paul Fort, ce poème :

Comme on éprouve argent, or louches,
au grain d'une pierre de touche,

il éprouvait tout, la Beauté, Pan, Dieu,
Saint Paul (ou Sainte Thècle),

amours, langage et « vérités » — au plus fin
sourire du siècle.

LES CAHIERS D'AUJOURD'HUI et la VIE DES LETTRES reparaissent.

LA MINERVE FRANÇAISE cesse de paraître.

(La Nouvelle Revue française, Tome XVI, 1921, p. 127)


1922

LES REVUES

La Bourgogne littéraire et scientifique, revue régionaliste mensuelle 17 bis, avenue de la Gare, à Autun, a paru le 15 avril pour la première fois. Son but : « Entretenir, et, si possible, éveiller autour de nous l'amour et le goût des choses de l'esprit. »

Dés, recueil mensuel, a son n° I daté d'avril. M. Pierre Mac Orlan le présente par une agréable fantaisie sur les « dés », qui est un exemple de style ferme et de logique dans l'invention, dont feront peut-être leur profit MM. Tzara, Elluard, Marcel Arlan (le directeur de Dés) et la plupart des collaborateurs de ce n°I. L'administration de la revue a son siège : Villa Andréa, à Meudon-Val-Fleury. Dés « reprend » et « modifie » une tentative risquée « avec une revue : aventure », lisons-nous. « On ne trouvera ici que tentative et contradictions. » « Les idées ont trop peu d'importance pour qu'on s'y maintienne. » Quelques idées valent mieux que cela. Nous souhaitons à Dés d'en découvrir une, de temps en temps. A moins qu'il ne s'agisse uniquement de lancer un dédéisme sans dieu ni musique de Christiné.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juin 1922, p. 487-488)


LES REVUES

L'Aquadémie (Cahier n° I. Trimestriel. Octobre. Adresse : 3, place de la Sorbonne). Cette nouvelle revue établit la liaison entre Montmartre et Montparnasse. On y trouve des poèmes et des reproductions de tableaux. M. P. N. Roinard, M. F.-A. Cazals, M. H. Chassin, M. Louis Moreau, M. Louis Sonalet, etc., ont collaboré à ce cahier.

Les Cahiers d'Icare (No 1, Septembre-Octobre. Adresse : 14, place Gare de Riquier, Nice) « réuniront toutes les tendances des littérateurs modernes, sans exception », promet M. Ange Merlo. « Le cher pouls étoilé » est le premier poème de ce nouveau recueil et il est l'œuvre de M. Stëpanëge. « Les mages », tel est le titre de la première page en prose de ce nouveau recueil et elle porte aussi la signature de M. Stëpanëge. — Enquête sur la revue et l'auteur qui plaisent le plus et le moins aux lecteurs de la nouvelle-née (Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er décembre 1922, p. 504-505).


1923

LITTERATURE

Je veux encore signaler aux écrivains, aux critiques, aux bibliophiles et aussi aux simples amateurs de littérature La Fiche Bibliographique, publiée sous la direction érudite de M. Hector Talvart, l'auteur de Conjectures. Les ouvrages de bibliographie existants sont volumineux ; l'éditeur de ces fiches en carton a voulu obvier à cet inconvénient, en faisant tenir sur un ou deux cartons par auteur l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur une œuvre. Ont déjà paru une cinquantaine de fiches d'auteurs choisis comme Villiers de l'Isle-Adam, Charles Baudelaire, Anatole France, Jules Renard, Barbey d'Aurevilly, Laurent Tailhade, Remy de Gourmont, Ernest Hello, Charles Guérin, etc., etc.

C'est une excellente innovation et qui rendra les plus grands services aux littérateurs.

(Jean de Gourmont, « Littérature : La fiche bibliographique française, Pijollet, La Rochelle », Mercure de France, 1er août 1923, p. 759.)


Poésie, une nouvelle revue consacrée seulement à la poésie, admirablement éditée et illustrée, vient d'être lancée par les éditeurs du Croquis, 6, rue Bezout, Paris. Excellente collaboration d'Octave Charpentier, Lucien Dubech, Loys, Labègue, M.-A. Salze, Edmond Rocher, et, en tête du dernier numéro, un poème inédit de Laurent Tailhade (Furet, « Actualités et souvenirs », La Revue française, n°1, 7 janvier 1923, p. 7)


LES REVUES

NAISSANCES.

Les livrets du mandarin (n° 1, sans date) rédigés par M. René-Louis DOYON, publieront 10 fois l'an les « propos subversifs du mandarin » qu'on a pu lire naguère dans La Connaissance (20, rue Boissy-d'Anglas, Paris VIIIe).

Europe (n°1, février) a pour rédacteurs en chef MM. René Arcos et Paul Colin et paraîtra le 15 de chaque mois ; 7, place Saint-Sulpice, à Paris. MM. Léon Werth, J. Bounine, Charles Vildrac, Kasimir Edschmid, René Arcos, Georges Duhamel, Luc Durtain, H. Van de Velde, et Mme Lucie Cousturier ont collaboré au premier numéro. Ces noms tiennent lieu de tout un programme.

Latinité (n° 1, 15 février) veut être l'organe bimensuel de l'union des peuples latins. Directeur : M. Joseph Torre. Adresse : 93, Boulevard Sébastopol, à Paris.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1923, p. 517)


LES REVUES

La Revue européenne (n° I, 1er mars. Administration : 6, rue Blanche. Rédaction M. Philippe Soupault : 250, rue de Rivoli.) MM. Edmond Jaloux, Valéry Larbaud et André Germain font aussi partie du Comité de Direction. Cette revue, mensuelle, remplace et « développe » Les Ecrits Nouveaux. Elle publiera « quelques-unes des œuvres les plus importantes et les plus caractéristiques des écrivains européens ». Le premier numéro donne des lettres de Dostoïewsky et des « Souvenirs de jeunesse » de Maxime Gorki, un « Jean Giraudoux, » de M. E. Jaloux, « Inauguration d'une nouvelle ligue », par M. V. Larbaud, — un singulier « Gaurisankar, » de M. Joseph Deltail qui se termine ainsi :

« Puis... mais, ici, le rôle de l'auteur finit ; celui du cher lecteur commence. »

Au cours d'un article de critique, M. Ph. Soupault remarque joliment : « Personne, dit on, ne lit plus de vers, et tout le monde en écrit. »

La Paix (n° I, 1er avril. Revue bi-mensuelle, 93,rue du Bac.) La direction de cette revue est anonyme. Elle promet :

Nos lecteurs trouveront ici régulièrement sous forme d'articles ou d'interviews la pensée de M. Joseph Caillaux, le seul homme d'Etat français qui fut l'homme de la Paix et qui puisse l'être encore. Et tous nos efforts ici tendront à arracher les erreurs et à répandre les vérités, au hasard de la route. Car, pour les peuples, la guerre, sous quelque forme que ce soit, est une erreur solidaire de toutes les autres et la Paix ne peut s'établir et grandir que par la diffusion universelle de la vérité.

Dans ce premier numéro, M. Joseph Caillaux écrit sur « Delcassé et Renan » et M. Robert Pelletier, sous ce titre « Un monument d'ignorance », relève quelques-unes des bévues qui font de « Sylla et son destin » un livre assez divertissant.

Les Cahiers littéraires, « revue mensuelle de littérature et d'art », n° I, 15 mars. Adresse 2, rue du Panorama, à Caudéran (Gironde). Directeurs : MM. Henri Feur et René Violaines, assistés de M. Marcel Lesvignes, rédacteur en chef.

Leur but est : « Faire connaître ceux dont le talent mérite d'être consacré. »

Ils se sont adressés, pour inaugurer leurs travaux, « à ceux de nos aînés qui représentent, avec le plus d'autorité, le mouvement littéraire de notre époque » : MM. Fernand Gregh, M.C. Poinsot, Xavier de Magallon, Alcanter de Brahm, Serge Barran, Léon Vérane, J.-F. Louis Merlet, M. Dumenger, J. Mesmy, Fernand Mazade, Louis Payen, René Maran, H. Allorge, Marcel Millet, Fagus, Pierre Lebesgue, Claude Arnal, etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1923, p. 770-771)


1924

LES REVUES

Naissance : Japon et Extrême-Orient, revue mensuelle (17, rue Miromesnil, à Paris, chez l'éditeur Edmond Bernard), vient de paraître, le 1er décembre, sous la direction de MM. Louis Aubert, P.-L. Couchoud, S. Elisséev, Claude Maître, R. Martinie et Lucien Bec. Son but est de « travailler à un rapprochement franco-japonais ». L'époque, nous dit-on, est particulièrement propice à cette œuvre :

C'est à quoi cette revue voudrait contribuer pour sa part, en apportant au public français, non pas des impressions ou des dissertations, mais des textes, des documents, des faits, en un mot des éléments d'information et d'appréciation aussi nombreux et aussi précis que possible sur un pays vers lequel le porte une sympathie spontanée, mais insuffisamment avertie. Notre enquête s'étendra à toutes les branches de l'activité japonaise politique, vie économique, sciences, histoire, art, littérature. Nous viserons moins à être complets qu'à mettre en, lumière les faits caractéristiques, propres à nous éclairer sur la pensée japonaise, sur ses manifestations, sur son évolution, sur ses tendances, sur ses incertitudes et ses contradictions mêmes. Pour la présenter dans sa pureté et sans la déformation d'interprétations plus ou moins personnelles, nous donnerons, autant que faire se pourra, la parole aux Japonais eux-mêmes, en multipliant les analyses de documents et les traductions des textes.. C'est par les traductions en particulier que nous tâcherons de mieux faire connaître la littérature japonaise classique et contemporaine, sur laquelle, à quelques exceptions près, nous n'avons guère que des informations fort superficielles de seconde main.

Le premier numéro donne la première partie d'une étude de M. E. Vergnaud : « Japon et Russie », des « Nocturnes japonaises » traduits par M. Claude Maître, « Le crime du jongleur », une très curieuse nouvelle du conteur japonais M. Shiga Naoya, et le compte rendu d'un nouveau livre sur le théâtre japonais.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er février 1924, p. 771)


LES REVUES

Naissance :

Le 1er mai a vu naître Accords. La bande verte qui ceint ce mince cahier de 24 pages, porte, en apostrophe et souligné, cet avertissement : « Le début d'une époque. » Dessous le titre, en épigraphe :

Le cœur précis du monde bat
Derrière un arbre de cristal.

Nous ne saurions contredire à cette affirmation gratuite. Le directeur d' Accords est anonyme. Son domicile est 35, rue des Ecoles. Il y reçoit le samedi, de 4 à 6 heures. Ses premiers collaborateurs sont : MM. Marcel Arland, André Besson, Jos Deltheil, André Harlaire, François Cachot. Périodicité indéfinie.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 juin 1924, p. 795)


NAISSANCE. — Commerce, « cahiers trimestriels publiés par les soins de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud », débutent par leur numéro d'été (7, rue de l'Odéon).

Pour ce premier cahier, M. Paul Valéry a écrit une « Lettre » que l'on tiendra pour l'une de ses œuvres en prose les plus heureuses, il y répond avec la plus claire finesse au reproche d'obscurité que lui vaut son succès soudain, l'un des moins discutables de ce temps — où il convient de n'avoir ni mesure, ni bon sens, ni générosité d'esprit, pour être un artiste de lettres.

Sous ce titre : « Epaisseurs », M. Léon-Paul Fargue donne des poèmes en prose qui sont des esquisses, sommaires des sommaires pour un ouvrage en préparation : L'atmosphère. On lira avec autant d'agrément : « Ce vice impuni , la lecture » de M. Valéry Larbaud, « Amitié du prince de M. » de M. St J. Perse et, avec stupeur, les fragments d'un « Ulysse » de M. James Joyce.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er octobre 1924, p. 228)


1925

LES REVUES

Naissance :

L'Art vivant (1er janvier) « arts décoratifs et appliqués », rédacteur en chef M. Florent Fels éditeur Librairie Larousse, 13-17, rue Montparnasse. Cette nouvelle revue débute par un bel article de M. Gustave Geffroy sur « Claude Monet et l'Impressionnisme ». Elle réunit les plus autorisés de nos critiques d'art. M. Serge Romoff renseigne sur « l'Art russe après la Révolution » et M. Maurice des Ombiaux sur « l'Esthétique de la table ».

Disparition :

Le Mouton blanc (novembre), qui annonce son dernier numéro, contient une « Préface à l'avenir de M. Jean Hytier et et quatre éloges des collaborateurs de ce recueil qui était l'« organe du classicisme moderne ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er février 1925, p. 793)


Naissance

La Revue du Siècle (1er mars) dirigée par MM. Armand Bernardi et Pierre Thirion, (9, rue Yvon-Villarceau, est une « édition du Nouveau Mercure politique et littéraire ». Elle paraîtra le 1er de chaque mois en une brochure de 128 pages. Les premières sont de M. Charles Maurras : « Adresse à un Conseil de Ville (à propos de Bourdaloue) » et datées de 1902. Il y a un très bon essai de M. Philippe Chabaneix sur l'œuvre poétique de M. Jean Lebrau, un beau fragment du « Lucifer » de M. Fagus, le début d'un nouveau roman de M. Pierre Dominique : « Le roman d'une île ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1925, p. 219)


1926

Coups d'ailes, journal de Potaches.

Je veux signaler et encourager cette publication de Coups d'ailes, journal périodique littéraire des élèves du Lycée de Pau, et citer les noms de ces jeunes (vraiment jeunes) littérateurs, dont quelques-uns peut-être sont destinés à la renommée ou... à la gloire : Lataillade, F. Pistor, Magne (qu'il prenne un prénom pour se différencier), de Ganay, Saint-Guilhem, Appert, de Zangroniz, Casterot, Dejan. Ouvrons cette petite feuille timide, voici, de L. Lataillade Le Pèlerinage à Sarrauge qui est de l'excellent V. Hugo de la Légende des Siècles ; de R. Pistor un Nocturne, d'après un thème irlandais ces deux vers :

La lune, comme un fruit, dans le soir ronde et pleine,
Est restée accrochée aux branches de ce chêne.

Dans ses Souvenirs sur le symbolisme (1), Stuart Merrill écrit :

Se doute-t-on que le premier groupement de ces poètes qui devaient illustrer plus tard le Symbolisme, se fit dès 1882 au lycée Fontanes (aujourd'hui Condorcet) ? J'y comptais alors comme condisciples de rhétorique : Ephraim Mikhaël, René Ghil, Pierre Quillard, André Fontainas, Rodolphe Darzens, Georges Vanor, etc.

Ces jeunes gens fondèrent une petite feuille qu'ils intitulèrent le Fou, mais qui ne dura que quelques numéros. Souhaitons plus longue vie à Coups d'ailes, et aussi que ces jeunes poètes accueillent les influences les plus actuelles. Qu'ils lisent Mallarmé pour l'intuition.

(1) Proses et vers, œuvres posthumes, Messein.

(Jean de Gourmont, Mercure de France, 15 mars 1926, p. 699)


LES REVUES

Le bec de gaz est né en mars : 5o, boulevard Edgar-Quinet. C'est une revue mensuelle dirigée par M. François Sage, graveur de bois très réussis. M. Georges Hamelin précise l'objet de la nouvelle publication par une invocation au bec de gaz « classique » :

Puisse cette revue placée sous ton égide découvrir tant de choses diverses ! Nous n'aurons pas comme toi la prétention d'éclairer la nuit, la nuit des temps ou des idées, mais que notre faible éclat ne soit pas ignoré. Nous sommes tous jeunes, que ta vieille expérience nous serve un peu, et si l'indulgent lecteur s'intéresse à notre travail, le but poursuivi sera atteint.

Ce premier numéro contient un fort impressionnant récit d'exécution militaire : « Prise d'Armes », par M. Georges-R. Bellair, qui date cette relation de Meknès, juin 1921.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mai 1926, p. 712.)


LES REVUES

Naissances.

En avril est né :

« MYSTICISME »

Cahiers d'esthétique et de critique paraissant mensuellement sous la direction de Pèlerin Béarn, pour une plus grande compréhension de la Mort.

Direction : 8, rue Milton, à Paris.

Pélerin Béarn, souvent en voyage, regrette de ne pouvoir accorder de rendez-vous.

« MYSTICISME » est en vente dans quelques librairies parisiennes, à la Galerie du Zodiaque, 52, rue Monsieur-le-Prince, ainsi qu'à la Vache Rose de Jean Millo, 112, rue des Pâquerettes, à Bruxelles.

En raison de notre situation actuelle, les collaborateurs ne sont pas payés.

En mai, Le Cahier de l'ami a vu le jour, 42, rue du Rocher, pour paraître mensuellement. « Libres écrits à l'usage des libres esprits », ainsi se présente notre nouveau confrère. Il commence tout petit comme les enfants lorsqu'ils naissent ».

Le Cahier de l'ami veut être un passe-temps agréable, un réconfort et un délassement.

Il est philosophe et sociologue à ses heures, parfois même aussi psychologue averti.

Il aime les humbles parce qu'il est faible. Il a conscience de sa médiocrité et n'ignore pas que sans lui la terre tournera tout de même autour du soleil.

Le Cahier de l'ami aime tous les hommes, adore toutes les femmes, raffole de tous les enfants.

Il est pitoyable pour les bêtes et sensible à la vie végétative des plantes.

Le Cahier de l'ami veut être une antenne jetée dans la nuit de la marée humaine. Une antenne capable de capter les pensées de même longueur d'onde qui se pressent dans l'infini de l'espace.

Cette estimable revue fournit ses lecteurs de « sujets de conversation » et de « renseignements utiles ». M. Charles Bayle s'y adresse en ces termes à sa grand'mère :

Grand'mère, je veux, quand j'aurai ton âge,
Comme toi porter de beaux cheveux blancs
Et le front courbé sur un mince ouvrage
Près du feu broder de mes doigts tremblants.

Enfin, Mme Eugénie Beauchamps demande « Pitié pour les petits oiseaux ».

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er juin 1926, p. 225)


1927

LES REVUES

Naissance :

Point et virgule. — Directeur, M. Jean-Daniel Maublanc. Adresse : 20, rue Pasteur, à Bois-Colombes (Seine). Revue mensuelle, n°1 sans date. C'est « avant tout, un recueil de prose littéraire ». Le « féminisme y aura sa tribune ». La rédaction invite les poètes : « si étroite que soit leur chaise à notre table », est-il écrit.

Le premier article : « Rachilde et la femme », par Mme Louise Martial, est un gentil hommage à un grand écrivain. « Buissons de barbes », par M. Louis Parrot, annonce un fantaisiste divertissant


1928

LES REVUES

Résurrection : Le Nouveau Mercure est ressuscité en juin. « Son titre seul parle à l'esprit de ceux qui se tiennent au courant du mouvement littéraire français », déclare la nouvelle direction. Nous nous plaisons à voir en cette phrase un éloge implicite de notre vieux Mercure de France.

M. Edmond Pilon par « la Poursuite de Vénus », M. Louis de Gonzague Frick par un éloge de M. Max Régis, agitateur antisémite oublié, dont il annonce le « retour à l'action », M. Jean Héritier, par un abondant travail sur « Quelques papes d'Avignon et de Rome », collaborent au premier numéro.

Naissance : Discontinuité (juin n° I) a pour directeurs MM. Ar Adamov et Claude Sernet. Son siège est 33, rue de Cronstad. Son but, beaucoup moins précis, est exposé sous ce titre : « l'aube n'est pas une épée », lequel couvre le texte d'une grande page très peu claire. La conclusion en est : « il ne nous reste rien ». La mémoire garde à peine davantage des poèmes et des divagations en prose contenus dans ce numéro. Un dessin de M. Victor Beaunier, qui est intitulé « le monde paisible », représente tout simplement un corps humain, des hanches aux pieds, avec un œil énorme à la place du sexe.

Ceci est de M. Claude Sernet :

DIVAGATION SUR DU GRÈS

le fantôme des sources où s'abreuvent les gazelles
et ton ventre fleuri comme l'azur des drapeaux
c'est le nœud du sommeil illustrant les gazettes
chevelure des veines que divulgue la peau

Et voici un poème de Ar Adamov :

VISAGE DE L'HOMME

Une bouche une bouche ouverte comme un revolver
Et c'est déjà le menton et les plaines des joues
Sur les rochers des lèvres les balcons des fronts.
Nos fronts nous traversons nos fronts perdus dans la pureté
Pareils à des puits que brise l'obscurité
Comme les chambres noires de la photographie
Comme les lignes qui séparent les yeux
Comme l'homme accoudé sur le rail de la nuit
Comme l'homme qui crie des fleurs entouré de souris
Pendant que des gants s'échappent de ses tempes.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er août 1928, p. 680-681)


1929

LES REVUES

NAISSANCE

Latinité commence avec l'année sa carrière. Son fondateur, M. Jacques Reynaud, justifie son intention et ses buts par des « notes préliminaires » d'une belle tenue. Elles débutent par cette affirmation :

Quand les revues disparaissent ou qu'elles ne répondent plus au goût du public ; il faut en créer d'autres. Une revue de littérature est nécessaire, aujourd'hui, en France une revue qui ne soit ni une grande revue, ni une revue d'avant-garde ; une revue qui ne soit rédigée ni par des hommes trop mûrs, ni par de trop jeunes gens.

La ligne de Latinité est ainsi exposée :

Pureté de l'art, soumission de l'artiste à l'objet qu'il domine de sa raison et qu'il juge, voilà les principes, esthétiques et moraux, — difficilement conciliables, sans doute, — qu'il faut remettre en honneur dans notre littérature.

C'est sur ces principes généraux que nous aimerions à rallier les meilleurs esprits.

A côté de vertus proprement esthétiques, ils supposent, ces principes, l'intelligence, la générosité, l'enthousiasme, le respect des Maîtres, un sentiment vif et fier de la race et de la tradition.

En somme, tant à la création qu'à la critique de l'œuvre d'art, nous apportons des dispositions classiques.

Nous appelons classique l'état d'esprit d'un homme qui, sensible autant que personne à toutes les voix de l'univers, ne renonce pas à juger ce qu'il sent.

Ainsi, travaillant dans la ligne que nous ont tracée nos aînés, faisant leur juste part au Hasard et à la Raison, nous voudrions retrouver le climat pur où. naîtraient des œuvres qui ne seraient pas indignes de la grande tradition d'Athènes, de Rome et de Paris.

M. Raymond de La Tailhède, au cours d'un bel éloge du poète Henry Charpentier, consigne cette opportune protestation contre le danger du snobisme actuel :

Entre la pleine lumière à Paris et les ténèbres dans le reste du monde, même pâlissantes sous le soleil de minuit, quant à moi j'ai fait mon choix. Et je dis « Arrière » aux oiseaux nocturnes. L'on s'efforce, depuis quelques années, de nous démontrer qu'il faut prendre comme modèle ce qui vient de l'étranger. Mais savez-vous ce qui lui manque à cet étranger ? D'avoir réglé son heure à la nôtre. — C'est donc une question de longitude ? — Si vous voulez. Il lui manque d'être Français.

Ce n'est pas là un nationalisme étroit. M. de La Tailhède voit juste et loin. Les Américains blancs ou noirs contaminent les lettres, après la musique, les mœurs commerciales et l'urbanisme.

Il est indispensable de réagir si l'on veut sauver l'esprit latin. Si Latinité parvient à ramener l'ordre dans la maison des Lettres, elle aura accompli une œuvre de salut.

Notre époque est basse, écrit justement M. Henry Charpentier dans un « manifeste » où il rend hommage à Moréas et à Stéphane Mallarmé.

Nous ne méconnaissons point les qualités et les réussites nombreuses des versificateurs à la mode, observe M. H. Charpentier. Nous pensons que la fantaisie, la préciosité, l'ironie, le baroque, la divagation onirique peuvent être matière ou prétexte à Poésie, mais nous savons qu'ils n'en constituent pas l'essence. Ce ne sont qu'accidents. La Poésie a pour nous un but plus élevé. Si elle le pouvait atteindre, elle s'identifierait avec la complète Connaissance. Elle serait ensemble intuition et architecture logique, Rêve et Raison, éclair illuminant loin les énigmes et la profondeur du Monde et de l'Homme.

Cette ambition, par delà Mallarmé et Moréas, nous unit à tous les poètes qui méditèrent sérieusement sur leur Art et leur mission. Sans remonter à Virgile, Callimaque, Aratos, Pindare ou Homère, nous savons qu'ils se nomment Chénier, Lamartine, Hugo, Vigny, Leconte de Lisle, et que chaque génération française en compta plusieurs. Ils furent heureux ou malheureux dans leur entreprise, mais il est plus beau, il est plus poétique de choir du ciel comme Phaéton, que de se maintenir, au moyen du balancier, sur la corde raide d'un cirque.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er mars 1929, p. 448-449)


LES REVUES

NAISSANCES :

L'Archer (n° 1, février), voit le jour à Toulouse, 9, rue Cujas. M. le docteur Voivenel y publie un discours sur « les Voluptés du médecin psychologue » ; M. Alban Gayraud, une paraphrase versifiée du Cantique de Salomon ; M. H. Jacoubet : « Le dernier chant de Marc Lafargue ; une « Epitaphe », de M. André Ferran, qui débute par ce vers :

Je veux mourir, quand je mourrai.

................................................

Tambour (n° 1, sans date) — directeur M. Harold-J. Salemson, editor ; 3, rue Berthollet, Paris, — emprunte son titre à cette ligne de M. Blaise Cendrars :

Mes yeux sont deux tambours.

L'editor présente ainsi sa revue, qui est rédigée en français et en anglais :

Interpréter le passé, c'est exprimer le présent exprimer le présent, c'est créer l'avenir.

Toute expression artistique, passée, présente, ou future, quelle qu'en soit la tendance, est tolérable. Ce n'est qu'en constatant le mouvement, en avant ou en arrière, de l'art que l'on arrivera à en dégager un sens, une valeur. La direction nouvelle ne peut être conçue qu'à la lueur des leçons du passé.

Dès qu'il s'agit d'art ou de littérature, les idées, les croyances, les races, les espèces, toutes se confondent. Quelles que soient nos origines ou nos convictions, nous ne sommes que des hommes réunis en une toute-puissante recherche de la fin ultime de tout art, le beau.

Nous réunirons tous les genres, toutes les tendances. Nous laisserons aux lecteurs le soin de se prononcer sur eux.

MAIS NOUS ANNONCERONS L'ALLURE NOUVELLE A COUPS DE TAMBOUR.

Une de ces œuvres qui tendent vers « la fin ultime de tout art, le beau » — la voici et signée de M. Blaise Cendrars :

PETIT POÈME
A METTRE EN MUSIQUE

Tango vient de tanguer
Et de jaser vient jazz
Qu'importe t'étymologie
Si ce petit klaxon m'amuse

Le Point (n° 1, février), publié par MM. Jean Gattino et Pierre Bouffard, 26, boulevard Saint-Michel, se propose d'être la « revue mensuelle des générations d'après guerre », ce qui lui promet un avenir illimité, si n'intervient pas une autre guerre.

La « Lettre à un homme d'avant guerre, politique et non combattant » (c'est moi qui souligne) est un pamphlet d'une valeur représentative considérable. M. Gattino hait son correspondant et exprime les raisons de cette haine : « sur le sang infécond de nos morts, vous avez consolidé votre règne ». Et, plus avant :

En face de vous tout bouillonne ;

Le capitalisme international méconnaît les patries ;Le communisme nie les frontières ;

Les religions se meurent ;

Les races jaunes, brunes, noires affirment chacune leur unité.

L'Europe augmente les chances de guerre, dans sa patrie centrale seulement, avec plus de 800 kilomètres de frontières, tandis que la machine, sous les noms de Moscou et de New-York, accapare ses richesses et ses puissances de sentiment.

Nettement, M. Gattino avertit le vieux politicien. La jeunesse veut chasser le Géronte doublé d'un Mercadet. Elle veut prendre le pouvoir. Auparavant, sensée, elle entend « faire le point » comme disent les gens de mer. C'est le but de la nouvelle publication. Nous lui souhaitons les moyens de persévérer et de parvenir à ses fins.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er avril 1929, p. 207-209)


1929

LES REVUES

Naissance :

La Vie littéraire (janvier) dirigée par MM. J.-J. Brousson et R. Escholier, « revue mensuelle d'information littéraire et artistique » est une fondation de la puissante Maison Firmin-Didot et Cie, 56, rue Jacob. Le premier fascicule est composé surtout d'articles brefs et d'échos. L'aspect de la publication est d'un catalogue de librairie que ces articulets et ces échos illustrent, ajoutés à des images.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er février 1931, p. 691)


LES REVUES

NAISSANCES :

Civilisation. N° 1. Avril. 3, rue de Médicis, Paris 6°. « Bulletin analytique et critique du mouvement Civilisation ». Organe mensuel pour la défense de l'indépendance de la pensée contre une philosophie d'Etat, pour la protection de cette liberté unie à celle de la vie sociale. Ces lignes sont les dernières de la déclaration liminaire :

Nous voulons, face aux doctrines qui font de la seule activité économique le moteur de toute civilisation, du travail manuel le seul travail créateur, de l'embrigadement partisan la seule forme de civisme et de la suppression de toute recherche désintéressée la condition du salut de la culture, rendre à la pensée son rôle directeur dans l'histoire humaine et rappeler que son libre exercice et sa puissance créatrice sont à l'origine de toute dignité humaine, de tout progrès et de toute civilisation.

Au sommaire : * * * : « Civilisation, création continue » ; « Liberté et Métier » par M. Gabriel Marcel ; « Sur l'exercice d'une profession créatrice », de M. Georges Duhamel ; «Henri Bergson et la défense de la Civilisation » par M. Gilbert Maire.

Rob. N° 1. 10 avril, 46, rue de Rome.

ROB publie chaque mois une dizaine d'extraits des livres parus ou à paraître, condensés sous forme de « nouvelles ».

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ROB permet de lire en deux heures l'essentiel de la littérature française contemporaine et de faire un choix parmi les œuvres innombrables publiées chaque mois.

Au moment où la crise du livre sévit, la création d'un tel organe aidera au mal que font à la littérature la T. S. F., le cinéma, l'excès des sports et la paresse mentale des masses.

Le Lunain Bajocasse. Mensuel. N° 1. Mars. Publié à Bayeux par (je suppose) M. M. R. Delahaye et M. Poissenot, dans ce but :

En fondant notre revue, nous sommes persuadés de combler une regrettable lacune, car la Basse-Normandie, riche en auteurs, en peintres et en folkloristes, ne possédait pas encore un organe susceptible de les grouper et de propager leurs œuvres, parmi le public. Le Lunain Bajocasse s'efforcera de les faire connaître et apprécier comme ils le méritent. Son ambition est de pénétrer non seulement dans les milieux citadins, mais aussi dans les milieux ruraux.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 mai 1938, p. 190-191.)


1931

LES REVUES

Nous enregistrons avec regret la disparition de La Feuille en 4 qu'ont quatre années durant publiée MM. Gaston Demongé et André Chardine, à Fécamp. L' « indifférence provinciale » a lassé l'effort de ces deux poètes qui n'ont eu de visée que de faire aimer davantage la poésie et de faire aimer davantage leur natale Normandie.

Nous avions rêvé trop de choses — écrivent-ils — : faire aimer ce que nous aimions, exalter notre Normandie, ses écrivains, ses artistes, et par ailleurs cette recherche angoissée de la vérité, la plus vaine qui soit. Nous avions rêvé mettre à l'honneur notre ville elle nous a boudés. A notre tour de jeter le flambeau, comme J. Guillemard le jetait pour sa « Mouette » après dix ans d'effort. Notre flambeau n'a peut-être eu que l'éclat d'une petite chandelle. Quand même elle a tenu, vacillante, comme tout ce qui représente un feu d'âme. Les Bibliothèques municipales nous consacreront au moins une ligne : La Feuille en 4, 1927-1931. Vraiment, nous n'en demandions pas tant.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 1er décembre 1931, p. 451-452.)


1933

LES REVUES

NAISSANCE

La Revue du Siècle (n° 1, avril) « est l'organe de la génération nouvelle ». MM. Gérard de Catalogue, Christian Chenut, Jean de Fabrègues, Charles Forot et Jacques Reynaud composent le Comité de Direction. Le siège est 7, rue Servandoni (VIe).

La « première journée » de Violante, comédie de M. Henry Ghéon, d'après Tirso de Molina ; « Héroïsme de Péguy par M. Daniel-Rops ; « Voyages », poèmes de M. Ch. Forot ; « La Révolution et l'Homme », par M. André Rousseaux ; « l'Europe et la Foi », de M. Hilaire Belloc — composent le substantiel du premier numéro de ce recueil qui est mensuel.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 mai 1933, p. 206-207.)


LES REVUES

Naissances :

Avant-Poste a vu le jour le 1er juin, à Paris, 32, rue de Turenne, pour paraître huit fois l'an et remplir cette « triple tâche » :

Philosophique : Analyser les idées en cours et leur rôle social, selon la méthode du matérialisme dialectique.

Littéraire : Dire l'oppression, la détresse et la colère des opprimés ; dire le malheur de vivre dans la société capitaliste ; chanter le désir d'un monde nouveau, — contribuer à la transformation des forces de la sensibilité en forces révolutionnaires.

Polémique : Contre les manifestations d'une culture dont le dernier but est, actuellement, de dissimuler les problèmes réels.

Dans « Individu et Classe », MM. Guterman et H. Lefebvre annoncent la suppression de « l'individu bourgeois avec toute sa mystique » et son remplacement « par l'individu réel, être social conscient et concrètement libre ». Ce qui suit est imprimé en italiques, comme une déclaration de première importance :

L'humain et l'individu qui n'existent encore que comme apparences et dans leur négation, dans un effort impuissant vers l'existence « pour soi » se réalisent par la lutte des classes et se déploient dans la société sans classes.

La menace est un peu hermétique, si toutefois même il y a menace.

M. Pierre Morhange assemble sous ce titre : «La vie est unique», des poèmes directs, d'un tour populacier, dont celui-ci donne bien le ton :

Pour Motia.

SOLDES

Chers copains, je n'ai
Plus ni bras ni jambes
Mais j'ai encore
Tronc et tête.
Tronc pour avoir faim et dire : Je suis là
Et tête pour voir jusqu'à la fin
Ce qui me reste, et pour boire
Jusqu'au bout le verre de mon destin.
Le Gouvernement me donne
Pour les jambes
Qui ont pirouetté sur le champ de bataille et les bras
Qui ont donné le dernier shake-hand au chirurgien
Une pension charmante, une miniature
Une pension de poupée de vitrine,
Une pension breloque — enfin je roule
Chaque mois jusqu'à la chambre de M. l'employé.
J'ai déjà mangé mes pieds, mes jarrets
Et toute la jambe gauche ; à droite
Il me reste donc la cuisse et le genou
J'ai mangé mes mains, il me reste les bras
Et si un jour enfin, prochain, s'il vous plaît,
Le dieu merdeux jette aux poubelles du néant
Ce qui reste de moi, je veux d'un seul coup
D'un seul festin avaler ce qui reste à courir
De ma pension militaire.

M. Matveev raconte un « Pogrom » exécuté par les Russes blancs, en 1919. C'est effrayant — à peine plus que « Naissance à l'Hôpital », sept pages de Mme Henriette Valet, d'une épouvantable vérité, franches de toute littérature, que tout le corps hospitalier devrait connaître.

Mouvement, revue mensuelle, date du mois de juin 1933 son premier numéro. Ses fondateurs, réunis en comité de direction avec M. Maurice Aubergé pour rédacteur en chef, sont Mme Marciane Herold et MM. Rodolphe Gerder, Jean Lebeuf, Paul Rect et Pierre Voisin. L'adresse de la revue est : 25, rue Richelieu. On traitera de cinématographie, de littérature, de musique.

M. Maurice Aubergé, dans « Feu de Position », fait le juste et nécessaire procès de la cinématographie actuelle, qui est « une honte ». Et il définit les buts de Mouvement :

Réagir sans défaillances contre ces énormités par une action continue.

Passer au moment opportun à une réalisation pratique, qui vous convaincra, vous, que nos seuls articles n'auront pas définitivement conquis.

Faire par dessus tout accéder au rang d'Art ce dernier né de l'Esprit humain : le cinéma, si vite grandi, si bien doué, si tôt entré dans l'âge ingrat, si décidé en apparence à n'en pas vouloir sortir et si plein de promesses qui avorteront demain si l'on ne réagit pas férocement.

Susciter la formation d'une discipline, dégager ou créer de, principes et des règles susceptibles de faire acquérir au cinéma cette vigueur classique dont les autres arts peuvent bénéficier, qui pourtant ayant moins d'aventures nouvelles à vivre ont à craindre des « pas de clercs » moins nombreux ou moins graves.

Une bonne séance de culture intellectuelle de cinquante pages par mois ; notre conviction, votre soutien…

Nous réussirons.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 juillet 1933, p. 449-451)


1934

LES REVUES

Naissance :

Grandgousier (avril) « revue de gastronomie médicale paraissant dix fois par an ». Domicile : 15, rue du Sommerard (Ve). Rédacteur en chef : M. le Dr A. Gottschalk.

« Un projet depuis longtemps médité » a donné naissance à cette « revue d'une formule nouvelle ». Elle est vouée « à la gourmandise franche et raisonnée ». Elle s'efforcera d'éviter les travers des « pédants », des « profiteurs et des « snobs » de la gastronomie. Par la plume d'Epistémon, elle rend hommage à Brillat-Savarin. Elle contient l'épitaphe hargneuse de Rabelais par Ronsard. M. Léo Larguier, poète et gourmet, y traite des « héros à table » ; le Dr Gottschalk, de l' « histoire de la gastronomie » ; Carpalim, du Carême ; M. Prosper Montagné donne la recette de quatre plats de morue et d'un « homard cardinal » ; M. André Berry rime la « Complainte des servantes d'auberge » ; M. Joseph Hémard dessine l'apothicaire de jadis et l'actuel pharmacien ; etc., etc.

(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 mai 1934, p. 170.)


1936

LES REVUES

Mentionnons ici, d'après Le lien « organe spiritualiste mensuel », la fondation de « l'école du Lunain ». C'est un groupement littéraire. Ses membres l'ont baptisé en hommage à une « limpide et coquette rivière » qui coule en Ile-de-France et déjà est le nom d'une rue du XIVe arrondissement de Paris. Voici un extrait du manifeste des novateurs ou rénovateurs :

Les poètes d'aujourd'hui se réclament du concret, et des critiques ont parlé d'un nouveau réalisme poétique. Y a-t-il rien de plus « réel » que cette rivière ?... Mais à ce réel vient s'adjoindre un ensemble de cryphine, de mythes et de rêves. L'onde est tout un monde. Un œil lyrique ne peut-il y plonger, en rapporter des richesses qui ne soient pas seulement des « liquidités » ?

L'Ile-de-France ne fut-elle pas toujours une source d'inspiration, une terre propice à la légende, à l'héroïsme du cœur et de l'esprit ?

Nerval, Baudelaire, Mallarmé répondent. Ces trois « phares » ne s'éteindront même pas avec les ténèbres ! quels que soient les bouleversements de notre époque — car la vraie beauté demeure et continue de resplendir au-dessus des décombres.

L'Ecole du Lunain s'est formée pour grouper quelques poètes gardant leur caractère d'indépendance totale — uniquement soucieux de resserrer leurs secrètes affinités, de découvrir dans la production, un peu confuse du temps présent, l'œuvre marquée d'un authentique signe de poésie et susceptible d'une diffusion congruente par l'attribution d'un prix que les Lunaniens décerneront, chaque année, au plus digne d'entre les fils de l'immortel Mélégisène.

MARIUS RICHARD. ROGER LANNES.

LOUIS DE GONZAGUE FRICK.

JEAN GACON.

JEAN LE LOUET.

P.-S. — Les cinq se proposent en outre de publier un bulletin, d'organiser des manifestations d'un ordre particulier dont le programme sera soumis aux affiliés de l'Ecole du Lunain.

§

Le 15 décembre 1935 a vu renaître La Phalange sous la direction de M. Jean Royère qui l'avait fondée et la dirigea, huit années durant, à des fins poétiques. Ses buts n'ont pas varié : « La Phalange fut, est, sera la revue de la poésie », lisons-nous au dernier verso de la couverture rouge. Cependant, la revue renée paie un tribut à l'actualité politique par un « Hommage à l'Italie » où vers et prose prennent parti dans l'actuel conflit italo-abyssin, pour Rome contre la Société des Nations et contre l'Angleterre.

Selon son expression pittoresque, M. Jean Royère s'est placé « entre les pis de la Louve » pour composer ce numéro. Le poète nous invite à accueillir ces vérités qui lui sont magnifiquement personnelles et doivent à leur auteur une valeur lyrique et rien que lyrique :

Nous aimons la France parce qu'elle est le pays de quelques grands poètes. Or, la poésie, partout et surtout en France, est la fleur de la civilisation. La poésie, c'est la sagesse, la force, la vertu, la candeur, la beauté devenues verbe. Elle ne regarde pas obliquement du côté de Rome. Elle en sort. Les Sept Collines furent pour nous les Neuf Muses. Le Parnasse s'est expatrié avant de nous atteindre. Cette apologie est une évidence. La Louve est l'allégorie du poème payen. Au fiat lux du Monde chrétien et pour qu'il fût, le Christ illumina saint Paul et Mallarmé. L'Angleterre, la Russie, la Scandinavie, l'Allemagne, les Barbares d'autrefois, ne sont pas moins Italiens que l'Espagne, la France, l'Orient européen et les Amériques.

M. Armand Godoy signe avec M. Jean Royère, à propos des sanctions qui menacent l'Italie :

...un suprême appel à tous les poètes français pour défendre, dans la foi et dans l'amour, l'honneur de la France et la fraternité humaine.

Si « la fraternité humaine » commande de soutenir un pays armé à la moderne et qui, par la force, entreprend de conquérir des terres défendues par leurs habitants à peu près dépourvus d'armes, — cette fraternité exclut les Abyssins, catholiques, musulmans, nationaux d'un pays membre de la S. D. N. Pour quelle raison ?

Il me paraît trouver la réponse à cette question dans ces quelques lignes de M. Godoy où l'on verra M. Royère fort heureusement cité :

Comme le dit quelque part Jean Royère, les dialectes sont des Elfes qui attendent seulement le moment de prendre un corps, feux follets prompts à devenir des astres pour embraser l'horizon. Oui, ce sont des cigales en marche vers le Soleil unique.

Un autre poète, Benito Mussolini, grand poète de l'action et poète tout court, voit juste quand il affirme, en exaltant la gloire du Saint des Saints, du plus pur des troubadours, Saint François, que la grandeur italienne est faite de cet amalgame miraculeux : la simplicité d'esprit, la fièvre des conquêtes idéales et les vertus du renoncement et du sacrifice. Il a, par là, défini la Poésie.

Appeler M. Mussolini « un autre poète » et par rapport au doux M. Jean Royère, c'est une gageure d'acrobate !

Cette chronique manquerait à l'impartialité, si elle ne signalait le bon résumé que fait M. Valéry Larbaud de l'action littéraire de la série 1906-1914 de La Phalange, et ne louait grandement M. Charles de Richter de son très émouvant article sur Ernest La Jeunesse, mort il y a vingt ans, qu'il montre sensible et douloureux, tel qu'il se montrait à de rares amis seulement et si supérieur à l'homme connu du Boulevard.

La partie poétique de la revue, étrangère au conflit italo-abyssin, assemble des pièces du meilleur aloi. Les plus originales sont, croyons-nous, la « Cosmogonie sentimentale » de M. Yves Gandon et ce bien curieux poème : « Les vieilles filles », de M. Charles Tillac, traité en eau-forte :

Les chaleurs de la nuit sont leur drame
Mélo
Moderne : le plaisir sans témoin ! — Leurs aïeules
Dorment... A la fenêtre, et folles d'être veules,

Leurs désirs leur font un halo.

Les chauds désirs de Juin qui gonflent les familles
Sans malice... L'Amour défaille à s'approcher.
Pourpre ! Quel avatar lui permet de toucher

L'âme en velours des vieilles filles ?...

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(Charles-Henry Hirsch, Mercure de France, 15 janvier 1936, p. 381-384.)