1. « Première messe solennelle de M. l'abbé Robert de Gourmont dans l'église du Mesnil-Villeman (11 septembre) », « Chez nous », bulletin paroissial de Mesnil-Villeman et de Dragueville, n° 5, septembre-octobre 1932, pp. 4-5.


Première Messe Solennelle de M. l'Abbé Robert de Gourmont
dans l'Eglise du Mesnil-Villeman (11 Septembre)

C'était avec un affectueux intérêt que la paroisse suivait dans ses étapes vers le sacerdoce le petit-fils de ses anciens châtelains. Et ce fut pour tous une joie d'apprendre qu'il viendrait en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge, officier solennellement dans notre église, entouré d'amis et accompagné de tous le siens dont la présence ferait revivre un passé qui est loin d'être oublié.

Avant d'entrer processionnellement dans l'église, M. l'abbé Robert de Gourmont, assisté de M. l'abbé Paul Garengel, et de M. l'abbé Pierre Fauvel, se recueillit devant le Monument des Morts où flottait le drapeau national, pour une prière émue à l'intention de tous ses parents défunts et de nos victimes de la guerre.

M. le Curé crut de son devoir, en saluant le jeune prêtre de lui rappeler les liens qui l'unissent à nous.

Voici le résumé de son allocution :

« Les deux blasons placés aujourd'hui près de l'autel ne sont pas seulement d'élégants motifs de décoration qui décèlent une main d'artiste ; ils sont des documents parlants : L'un d'eux avec les « roses » des Gourmont rappelle la maison qui s'établit à Dragueville, à la suite des du Mesnil-Adelée, marquant de son empreinte toute la région. L'autre, avec les « Pigeons » symboliques de Launey et Vierville, évoque la famille seigneuriale qui, avant 1789, occupait l'antique Manoir des Viel, patrons de cette église, et le fief de Vierville, si riche d'histoire, où le Bienheureux François Lefranc recherchait passionnément les traces des luttes Gallo-Romaines.

Mais à quoi bon des souvenirs si lointains ! Les Fonts Baptismaux portent le nom de M. le comte Auguste de Gourmont, maire de cette commune et président du Conseil de Fabrique, nom qui fut dans la contrée synonyme de droiture et de bonté, votre grand'père.

Et dans notre cimetière repose les restes d'une chrétienne qui fut, ici, pour les corps comme pour les âmes, la « sœur de charité », votre grand'mère paternelle qui dans la généalogie de votre sacerdoce occupe une place de choix.

Comment aussi ne pas rappeler la mémoire de la pieuse Mlle Marie de Gourmont, votre tante, qui avant de quitter cette église, en 1903, fit restaurer le maître-autel et dorer le ciboire ».

Le programme comportait pour l'après-midi la fête de la Sainte-Enfance, prêchée avec un cœur d'apôtre par M. l'abbé Cazengel. La liste des associés contenait une centaine de noms ; une quête fructueuse fut faite par Armand André, Maurice Piel, Marie Lalos et Madeleine Daguier. Avant le salut du Saint-Sacrement, M. l'abbé de Gourmont bénit les enfants et trouva un mot très délicat de reconnaissance et d'amitié pour ceux qui venaient de lui témoigner si spontanément leur affectueuse sympathie.

A l'issue des vêpres, M. l'Abbé et tous les siens, son père M. André de Gourmont ; sa grand'mère, Mme Lemarié des Landelles, et leurs enfants, furent très aimablement reçus au Manoir.

Dans ce cadre historique, les souvenirs de famille s'accompagnèrent d'évocations littéraires : et il ne fut pas possible de ne pas citer les vers de Rémy de Gourmont :

« .............. Les bruits du soir
« Sont doux comme, un cantique chanté par les enfants ;
« L'église obscure ressemble au vieux Manoir »

et de ne pas songer qu'au lustre littéraire venait de s'ajouter un nouveau titre de noblesse, celui d'avoir donné un prêtre à l'Eglise.

Que Dieu soit béni de nous avoir permis de partager ce bonheur !