EXPOSITION DU SYMBOLISME (1936)

Poète, critique d'art à l'occasion, puis ornithologue et bibliographe, Louis Denise fut bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, où il connut Gourmont, qu'il contribua à faire entrer au Mercure de France. Esprit fier, indépendant, il fut de ceux auxquels la vie, conçue noblement, avec des devoirs et des sacrifices, n'a pas permis de continuer l'œuvre, pourtant originale et personnelle, commencée durant leur jeunesse. Mêlé au mouvement qui renouvela la poésie, collaborateur des jeunes revues, ami de Samain, de Louis Le Cardonnel, de Léon Bloy, il prit part aux réunions du petit groupe qui, vers la fin de 1889, fonda le Mercure de France et, pendant quelques années, sa collaboration à la célèbre revue fut constante. Il est infiniment regrettable que ses poésies et ses proses éparses n'aient pas été recueillies, et que, de l'œuvre de Louis Denise, il n'existe, en volume, que la précieuse et introuvable Doxologie du lapidaire.

730. LA MERVEILLEUSE DOXOLOGIE DU LAPIDAIRE... — Paris, Mercure de France, 1893. In-16. — A M. André Jaulme.

Exemplaire sur papier « vert prasin ». Dédicace manuscrite : « Au traducteur de Nietzsche, Henri Albert, en souvenir des bonnes colères et des joies de pensées éprouvée à la lecture de son auteur... » — Commentaire mystique sur les pierres précieuses et leur symbolisme, d'après les traités du moyen âge, la Merveilleuse Doxologie du lapidaire est un des premiers volumes publiés par la Librairie du Mercure de France, à petit nombre, sur ces papiers de couleur, « saphir sombre, vert prasin, topaze brûlé, pourpre escarboucle », qu'affectionna Remy de Gourmont.

731. SYMBOLES. Sonnet autographe. — A M. Francisque Vial.

732. PORTRAIT de Louis Denise à dix-huit ans. Photographie. — A M. Francisque Vial.

(Jaulme et Moncel, Le Mouvement symboliste, Editions des Bibliothèques nationales, 1936, pp. 162-163)


Au courant du mois de décembre de cette année-là [1889], un de mes amis de la Bibliothèque nationale, Louis Denise, qui voulut oublier la poésie par amour pour les oiseaux, me demanda sans guère de préambule si je ne voulais pas m'associer à quelques jeunes gens qui fondaient une petite revue douée de ce titre archaïque le Mercure de France. J'acquiesçai (Promenades littéraires, 4e série).


ŒUVRES DE LOUIS DENISE

1. Idées et doctrines littéraires du XVIIe siècle (Extraits des préfaces, traités et autres écrits théoriques), en collaboration avec M. Francisque Vial. Un vol. in-12 (Delagrave).

2. Idées et doctrines littéraires du XVIIIe siècle (Extraits des préfaces, traités et autres écrits théoriques), en collaboration avec M. Francisque Vial. Un vol. in-12 (Delagrave).

3. La Merveilleuse Doxologie du lapidaire. Un vol. in-16 (Librairie du Mercure de France, 1893. Epuisé).

4. Bibliographie historique et iconographique du Jardin des plantes, ouvrage orné de 8 planches hors texte. Un vol. in-8 (Henri Daragon).

Louis Denise, document communiqué par Thierry Gillyboeuf.

Jean de Gourmont, « Littérature », Mercure de France, 1er juillet 1906, p. 103

Jean de Gourmont, « Littérature », Mercure de France, 1er octobre 1909, p. 483-486


1. « Rimes pour la Vierge Marie », Le Spectateur catholique, n°1, Bruxelles & Paris, 1897 [document communiqué par Bernard Bois].

TIERCES RIMES POUR LA VIERGE MARIE

Mère, je suis parti — comme c'est loin déjà ! —
A la dérive de mes désirs, sans boussole,
Pauvre petit Enfant prodigue qui s'en va...

J'ai fui le charme austère et sain de la Parole,
Mauvais cœur fatigué d'un amour trop divin
Et pressé d'oublier la douleur qui console.

Mon cœur vain s'est gonflé d'un orgueilleux levain.
Et, pour trouver le fruit fatal et m'en repaître,
J'ai marché, dédaigneux du Froment et du Vin.

Pourtant, si loin et si perdu que je doive être,
Mère, ton souvenir me luit, doux ostensoir,
Phare de grâce allumé dans le brouillard traître.

Afin que, l'heure étant proche où le désespoir
Me poindra de n'avoir su vaincre la Chimère,
Mère, je puisse au moins, dans les regrets du soir,

Tourner vers toi mes pauvres yeux en disant : « Mère ! »


A consulter :

- Aurélien Marfée & Léopold Saint-Brice, « Julien Leclercq et Louis Denise », A rebours, n° 50, printemps 1990, p.107-119

- Léon Bloy, « D'un lapidé à un lapidaire », Mercure de France, juin 1893, p. 129-135

- Dédicace de Remy de Gourmont à Louis Denise (cliquer sur la couverture de Théodat)

- Remy de Gourmont vu par Louis Denise