ÉCHOS

Mort de Paul Mariéton. — Une lettre de M. Paterne Berrichon : Rimbaud et Claudel. — Prix littéraires. — Le bi-centenaire de la naissance de J.-J.Rousseau. — Jean-Jacques Rousseau élève de Jussieu. — La Saison artistique à Monte-Carlo. — Le Sottisier universel.

Mort de Paul Mariéton. — L'écrivain distingué qui vient de mourir à Nice, et que la Provence a toujours revendiqué pour un des siens, naquit à Lyon en 1862, soit près d'un demi-siècle après son compatriote le poète Soulary, dont il fut un des amis les plus aimés.

Il débuta dans les lettres par la publication de fines et précises monographies, où il esquissait le caractère et la vie des principaux félibres, notamment des poètes de la seconde génération de l'Armana prouvençau, groupés autour de Mistral : Louis Roumieux, Paul Arène, Alphonse Daudet, Félix Gras, L. de Berluc-Pérussis, Jean Monné, etc. En même temps, il commençait à rassembler les documents de son Histoire du Félibrige, qui devait donner un jour à celui-ci une impulsion nouvelle.

Dès cette époque, et jusqu'à sa mort, on peut dire que Mariéton se consacra tout entier à sa petite patrie d'élection. Paris, qui lui dispensa de bonne heure une renommée discrète, mais sûre, ne parvint jamais à l'en détourner. Actif, d'une activité infatigable, Mariéton fonda et dirigea, durant plusieurs années, une sorte d'organe officiel de la Renaissance du midi : la Revue félibréenne ; il présida, en outre, jusqu'en 1903, aux destinées du théâtre d'Orange dont il fut le rénovateur intelligent et dévoué. Entre temps, il publiait ses premiers volumes de vers : Souvenance (1884) ; la Viole d'Amour (1886) ; Hellas (1888), etc., et un ouvrage de critique : Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, mais c'est en écrivant son beau livre : la Terre provençale, que Mariéton a donné à son pays d'adoption le témoignage d'amour le plus éclatant et le plus durable. Ce « journal de route », écrit dans une langue harmonieuse et colorée, abondante et souple, est l'œuvre d'un pur et fervent poète ; et ni les Epigrammes, ni même l'émouvante histoire des Amants de Venise ne peuvent le faire oublier.

Mercure de France, 16 janvier 1912, p. 445.