Mercredi 1er novembre [1950]. [...] l'enterrement de Pierre de Querlon, dans je ne sais plus quelle banlieue, un jour de pluie (Léautaud).

ÉCHOS

Pierre de Querlon. — Virgile Josz. — Le dernier descendant de Schiller. — Une lettre inédite de George Sand. — Les fêtes cornéliennes de Rouen. — Pour la suppression de l'Académie de France à Rome. — Publications du Mercure de France.

Pierre de Querlon. — Notre collaborateur Pierre de Querlon est mort le 7 juin à Etampes, chez ses parents, après quelques mois d'une maladie imprévue, une grippe négligée transformée en pneumonie. Il n'avait que vingt-quatre ans, et cependant il laisse une œuvre déjà considérable et d'une qualité déjà personnelle, sous ce pseudonyme de Querlon, qu'il prit, pour se distinguer de ses frères, le littérateur et le peintre, Jacques et André des Gâchons.

Pierre de Querlon était certainement, parmi les jeunes romanciers, celui sur lequel on avait le droit de fonder le plus d'espoirs. A trente ans en possession de toute la maturité de son talent, déjà déconcertant, il nous eût donné sans doute de réels chefs-d'œuvre. La Princesse à l'aventure (en collaboration avec son ami Charles Verrier), comparable aux contes délicieux de Mme Leprince de Beaumont et de Mme d'Aulnoy ; l'Oiseau Bleu ou Prince chéri, est bien prêt d'être cela : un chef-d'œuvre : « On ne serait pas très surpris de le trouver dans les recueils anciens ou dans la « Bibliothèque bleue », a écrit M. Remy de Gourmont (1), il est ingénu et compliqué, obscur et merveilleux ainsi que tous les vieux contes... C'est un des livres les plus jolis qui aient paru depuis longtemps. » P. de Querlon fût sans doute devenu cela : un conteur ; il en avait tous les dons : un style sobre et vivant, et une imagination ingénieuse. Il aimait son métier et travaillait beaucoup ses pages si faciles, qu'il nous donnait et qui semblaient improvisées, tant elles étaient bien écrites. Ce n'était pas, d'ailleurs, sans un légitime orgueil qu'il constatait l'estime que lui témoignaient certains maîtres.

Il a publié plusieurs romans : la Maison de la petite Livia, — la Liaison fâcheuse, qui parut ici même, — les Joues d'Hélène à propos duquel Mme Rachilde disait dans sa chronique du Mercure : « Pierre de Querlon a un entraînement surprenant pour un jeune auteur, et il sait son métier comme un maître romancier. » — Les amours de Leucippe et de Clitophon (en collaboration avec Charles Verrier), roman transposé du grec, mais réellement revivifié d'une sensibilité bien actuelle ; — un recueil de poèmes en prose : Tablette romaines ;— une comédie en un acte : Le Bandeau ; — un essai très habile et très documenté sur Remy de Gourmont ; — l'Activité artistique, recueil d'impressions délicates sur la peinture contemporaine.

Il laisse encore un roman prêt à paraître : Céline, fille de ferme, et un autre, inachevé, dont le titre, peut-être provisoire, serait : Promenades avec Antoinette.

Il collabora à beaucoup de Revues : au Mercure de France, à la Renaissance latine, à l'Ermitage, dont il était le secrétaire de la rédaction et où il faisait, chaque mois, un agréable compte-rendu des théâtres ; à la Weekly critical review, où il fit avec M. Jean de Gourmont une enquête sur le roman contemporain (il fut souvent cité parmi les romanciers préférés), à la Chronique des Livres, à la Revue Bleue, à la Revue hebdomadaire, à l'Idée libre, à l'Anthologie Revue, à la Plume, etc. Enfin, il avait fondé, et il dirigea pendant deux ans, l'Hémicycle, une petite revue illustrée, où ne dédaignèrent pas de collaborer nos meilleurs poètes. Il faudrait citer encore des contes au Figaro, au Gil-Blas, etc.

Mais ce qu'il faut surtout dire, c'est combien Pierre de Querlon était sympathique à tous ceux qui le connurent : il avait su se créer de nombreux amis. Très gai, spirituel, la vie lui souriait et il souriait à la vie. Nous ne pouvons que nous associer au deuil et aux regrets infinis de ses parents et de ses amis : nous relirons quelquefois ses livres, où il a laissé un peu de son cœur.

Ses obsèques ont eu lieu à Etampes, le vendredi 10 juin.

M. Ducoté, Directeur de l'Ermitage, a prononcé sur la tombe quelques paroles émues, et dit adieu à son jeune ami si regretté.

(1) The Weekly Critical Review, 19 février 1904. Les Contes de fées. Voir dans ce n° le portrait de Pierre de Querlon d'après une photographie.

Mercure de France, juillet 1904, pp. 280-282.


« Echos : Un hommage à Pierre de Querlon », Mercure de France, 15 juillet 1905, p. 318

ÉCHOS

La « Chronique stendhalienne » : une lettre de M. Remy de Gourmont. — Une lettre de M. Louis Laloy. — Le Médaillon de Pierre de Querlon. — Les Mémoires de Casanova. — Le Théâtre de plein air en Angleterre. — La Rassegna Latina. — Théâtre antique de Carthage. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.

Le Médaillon de Pierre de Querlon. — Le 14 juin a été posé sur la tombe Pierre de Querlon, au cimetière Saint-Gilles d'Etampes, le médaillon que le sculpteur François Sicard, l'auteur de la George Sand du jardin du Luxembourg, a fait de notre jeune et regretté collaborateur.

Mercure de France, 15 juin 1907, p. 767.


A consulter :

Pierre de Querlon