Un Huysmans annoncé et qui n'a pas paru. — Dans le premier volume des Minutes parisiennes : MIDI ; le déjeuner des petites ouvrières, par Georges Montorgueil (Ollendorff, 1899) est donnée la liste des Minutes à venir. On y trouve celle-ci qui changea d'auteur et de sujet :

4 HEURES. Quais, Jardins publics, Flânerie, texte de Huysmans, dessins de A. Lepère.

Parut à sa place :

HEURES. L'essayage, texte de Pierre Valdagne, dessins de Balluriau.

(« Echos », Mercure de France, 1er juillet 1929, p. 510-511.)


Un projet oublié d'Honoré de Balzac. — Le docteur Cabanès nous signale l'ouvrage suivant qui fut annoncé et ne parut jamais : Histoire de la succession du marquis de Carabas au fief de Coquatrix, par Honoré de Balzac.

L'annonce de ce livre figurait, en 1831, au dos d'une édition du roman La Peau de Chagrin parue chez Gosselin.

A propos de cette Histoire de la Succession du marquis de Carabas, l'érudit balzacien Marcel Bouteron nous dit que l'ouvrage devait primitivement former les tomes IV et V des Romans et Contes philosophiques et fut annoncé comme « à paraître » en janvier 1832.

(« Echos », Mercure de France, 1er janvier 1927, p. 253.)


Encore un projet oublié : Un monument à Mme de Staël. — Au moment où l'on publie toute une correspondance inédite de Mme de Staël et de Maurice O'Donnell, avec des commentaires historiques par M. Jean Mistler, il convient de rappeler un projet oublié — non pour souhaiter sa réalisation, mais simplement à titre de curiosité.

Il fut question, en 1909, d'élever une statue à l'auteur de Corinne.

Un comité se constitua sous la présidence de Mme la Duchesse d'Uzès et réunit les noms de Mme Gérard d'Houville, MarcelleTinayre, Louise Dartigues, Gabriel Mourey et Jean Bertheroy.

Le journal Les Nouvelles put même annoncer, dans son numéro du lundi 12 avril 1909, que, sur la proposition de M. Paul Escudier, le conseil municipal avait renvoyé, avec avis favorable, à l'administration la pétition de Mme d'Uzès sollicitant une subvention de la Ville de Paris et un emplacement pour le monument. La statue de Mme de Staël, par Mme José de Charmoy, devait être élevée sur le terre-plein situé à l'angle du boulevard Malesherbes et de la rue de l'Arcade.

Ce bon conseiller municipal Henri Turot, interviewé à ce sujet, déclara en propres termes que Mme de Staël « devait être honorée par la Ville de Paris et par la République ».

Après quoi, on passa à d'autres projets.

(« Echos », Mercure de France, 1er mars 1926, p. 512.)


Et le monument Brillat-Savarin ? — A la fin de l'année 1921, il se constitua, à Paris, un comité pour élever un monument à Brillat-Savarin, dans sa ville natale, à Belley (Ain). Ce comité était exceptionnellement brillant. On y comptait plus de deux cents sommités ou notabilités, parmi lesquelles cinq membres de l'Académie française, un membre de l'Académie Goncourt, le président de la cour de cassation, le président du Conseil municipal, une dizaine de ministres ou anciens ministres, des sénateurs, des députés, des conseillers généraux, des professeurs, des hommes de lettres, des directeurs de journaux, des ministres plénipotentiaires, des présidents de chambres de commerce, un sociétaire de la Comédie Française, les chefs de cuisine des Rois d'Angleterre, de Norvège, etc., etc.

A la présidence, MM. Léon Bérard, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et Robert de Flers, de l'Académie française, président de la Société des auteurs dramatiques.

Cet incomparable comité, où figuraient également les noms les plus illustres de la cuisine française : Escoffier, Mourier, Montagné, etc., organisa, en l'honneur de l'écrivain de La Physiologie du goût, des manifestations auxquelles il est impossible de penser sans gratitude, lorsqu'on y a assisté.

Le déjeuner du 3 décembre 1921 suffirait seul à justifier la gloire de dix comités comme celui-là. M. André Billy estima (cf. Vie intellectuelle du 15 décembre 1921) que le menu de ce déjeuner constituait « un document historique » ; il le publia comme étant le menu du plus beau déjeuner qu'il soit actuellement possible de faire dans le monde ; déjeuner strictement conforme à la doctrine de Brillat-Savarin ; déjeuner irréprochable ; déjeuner qui fut une accumulation de perfections et de délices : Les Caprices de Madame Récamier ; les filets de sole Belle Aurore ; les selles d'agneau à la mode du Bugey ; les bécasses du baron Richerand ; le parfait de foie gras au porto en gelée ; la salade Valroney ; les cœurs d'artichauts Parisienne ; la glace Triomphe ; les feuillets d'Anthelme ; le turban de reinettes Brillat-Savarin ; les corbeilles de friandises ; tous les fruits.

Je ne crains pas, ajoutait M. Billy, que ce poème ne rencontre, parmi mes lecteurs, des poètes dont la sensibilité en puisse être touchée et c'est pourquoi je mentionnerai aussi les vins. Ah ! les vins ! Champagne nature brut 1911 ; Château Haut-Brion en Jéroboam (cachet du château 1899) ; La Tache Romanée 1904 ; Pommery et Greno nature 1906 ; Porto da Sira 1815 ; Grande Fine Champagne 1800...

On s'imagine bien qu'après de telles agapes on parla peu de la statue de Brillat-Savarin. Ne s'éleva-t-elle pas, idéale et indestructible, dans la salle même où étaient réunis les convives ?

Mais il y a de cela près de quatre ans aujourd'hui. Et voici que, dans quelques mois (2 février 1926), tombe le centième anniversaire de la mort de Brillat-Savarin. Alors, ne conviendrait-il pas de reparler, dès maintenant, du monument de Belley ? Ne serait-il pas opportun d'organiser quelque réunion, quelque déjeuner préparatoire ?

(« Echos », Mercure de France, 1er août 1925, p. 860-861.)

Au sujet du monument Brillat-Savarin ? — A la suite de l'écho que nous avons publié sur ce sujet dans le numéro du 1er août, Mme Emily Girod-Mabieu nous signale qu'il existe un buste de Brillat-Savarin non loin de Belley, dans le village de Champagne-en-Valromay. C'est le père de notre correspondante, M. Jean-Emile Girod, qui, ayant doté cette commune de canalisations d'eau, plaça, sur la fontaine, au centre du village, un buste de l'auteur de la Physiologie du goût. Ce buste fut exécuté par le sculpteur André Vermare, prix de Rome.

Une petite rectification de date doit être apportée dans notre écho du 1er août (page 861). Brillat-Savarin est mort le 1er février 1826 et non le 2 février comme l'indique la Grande Encyclopédie.

(« Echos », Mercure de France, 1er septembre 1925, p. 570.)


Le centenaire d'Erckmann. — Nous avons annoncé l'année dernière (Mercure de France du 1er juin 1921) qu'un comité venait de se constituer à Phalsbourg afin de célébrer, le 21 mai 1922, date anniversaire de la naissance d'Emile Erckmann, originaire de cette ville, les auteurs des « Romans nationaux et populaires ». Ce Comité, qui avait pour président d'honneur M. Millerand, et pour présidents MM. Raymond Poincaré et Maurice Barrès, avait même projeté d'élever un monument à Erckmann-Chatrian. Or, nous devons avouer que depuis l'année dernière nous n'avons plus entendu parler de ce projet. Se serait-on heurté à des difficultés qui retarderaient encore la réconciliation posthume des deux collaborateurs si péniblement divisés à la fin de leur vie ?

(« Echos », Mercure de France, 15 avril 1922, p. 562.)

Le centenaire d'Erckmann. — Nous demandions, le 15 avril dernier, ce qu'était devenu certain projet tendant à célébrer à Phasbourg, le 21 mai, date anniversaire de la naissance d'Emile Erckmann, originaire de cette ville, les auteurs des « Romans nationaux et populaires ». La réponse nous est donnée aujourd'hui par un communiqué à la presse annonçant que l'anniversaire du 21 mai sera commémoré sans faute le 10 septembre prochain.

Nous avons déjà dit les raisons de ce retard lorsque nous avons parlé (15 avril) des « difficultés qui retarderaient encore la réconciliation posthume des deux collaborateurs si péniblement divisés à la fin de leur vie » et lorsque nous nous sommes demandé (1er juin) si les organisateurs des fêtes de Phalsbourg « avaient été bien inspirés, à l'occasion du centenaire d'Emile Erckmann, de vouloir honorer les auteurs des « Romans nationaux et populaires ».

(« Echos », Mercure de France, 1er septembre 1922, p. 568.)

Le centenaire d'Erckmann. — Nous nous sommes trop avancés lorsque nous avons écrit (Mercure de France du1er septembre) que l'anniversaire d'Erckmann — 21 mai — serait commémoré sans faute le 10 septembre.

Une note publiée par le Temps le 7 septembre annonce le renvoi des fêtes à une date postérieure ; « des dissentiments se sont élevés entre la municipalité phalsbourgeoise et le comité… »

(« Echos », Mercure de France, 15 septembre 1922, p. 862.)

Le Monument Erckmann-Chatrian. — Le Monument élevé à la mémoire d'Erckmann-Chatrian a été enfin inauguré sans incidents, à Phalsbourg, le dimanche 12 novembre.

Toutefois, après l''nauguration, M.JF. Œsinger, adjoint au Maire de Strasbourg, a cru devoir envoyer à l'Œuvre une lettre qui a été insérée dans ce journal le 13 novembre.

Dans cette lettre M. F. Œsinger, qui voulait prendre la parole au nom de la Franc Maçonnerie française, se plaint d'avoir été empêché par le Comité du Monument de prononcer le discours qu'il avait préparé. Il rappelle que Chatrian appartenait à la loge Alsace-Lorraine, et déclare que M. Charles Reibel, ministre des Régions Libérées, qui présidait la cérémonie, se fût honoré « en donnant la parole, en dépit des efforts du clergé, à ceux qui étaient qualifiés pour parler des deux grands auteurs républicains d'Alsace-Lorraine. Il eût empêché une véritable spoliation dont le clergé n'hésite pas à se rendre coupable par l'organe de M. Maurice Barrés ».

A noter que ce dernier, président du Comité du Monument, avait, par une lettre que reproduit M. F. Œsinger, annoncé que la solennité devait garder un « haut caractère purement littéraire et national ».

(« Echos », Mercure de France, 1er décembre 1922, p. 575-576.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Sur l'initiative,d'écrivains, d'artistes, d'admirateurs de Gérard de Nerval, un comité s'était constitué, en 1910, pour élever un monument à l'auteur de Sylvie.

Le statuaire Jules Desbois avait été chargé de l'exécution du monument qu'il comptait terminer (disaient les Portraits d'hier, n° 44, 1er janvier 1911) pour le 22 mai 1912, 104e anniversaire de la naissance du poète.

L'emplacement choisi était le square Saint-Pierre à Montmartre.

Or, puisque les travaux du square sont activement poussés, ne convient-il pas de remettre à l'ordre du jour le monument Nerval ?

(« Echos », Mercure de France, 1er avril 1923, p. 288.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Qu'est devenu certain projet de monument commémoratif des gloires culinaires aux Halles centrales pour lequel un comité s'était constitue, en 1903, et qui avait à sa tête MM. Marguery, président ; Moquard, trésorier ; Capdeville, secrétaire général, projet que Le Journal du avril 1903 exposait, en ces termes :

Les médaillons de Carême, Brillat-Savarin, Grimod de la Reynière, Beauvilliers, Urbain Dubois, cuisiniers ou gastronomes illustres, surmonteront une fontaine entourée de vasques jaillissantes où seront sculptés des forts de la Halle, des marchandes de poissons et autres professionnels dont l'industrie ravitaille le ventre insatiable de Paris.

Cette fontaine, consacrée aux gloires des professions qui mettent en œuvre les éléments quotidiens apportés aux Halles centrales, dans le centre même du mouvement alimentaire de Paris, mêlera le murmure de ses ondes jaillissantes au multiple murmure des foules. Elle chantera l'eau, cet élément essentiel et primaire, sans lequel aucun autre ne peut exister, et prendra ainsi l'aspect d'un symbole, tout en exprimant l'idée de l'utilité par excellence : « Célébrité et salubrité publiques ».

Ce projet de fontaine serait-il tombé à l'eau ?—

§

Réponse du sculpteur Desbois au sujet du monument Nerval. — A la suite de la publication, dans le Mercure de France du 1er avril dernier, d'un écho rappelant le projet de 1910, un rédacteur de l'Eclair, M. Jean Gille, s'est rendu chez le sculpteur Desbois et lui a posé cette question : Eh bien ! mon cher maître, et votre maquette de Gérard de Nerval ?

Le sculpteur Desbois m'interrompit d'un geste sec.

— Je l'ai détruite.

— Et pourquoi donc ?

— Parce que je ne veux plus entendre parler de cette affaire. Un jour le président du comité dont s'agit — un poète dont le nom ne revient pas à mon esprit — vient me voir et me dit : « Voulez-vous faire un buste de Gérard de Nerval ? J'accepte ; je me mets au travail ; je réunis des documents ; j'achète les premiers matériaux ; je dépense par conséquent de l'argent. Puis je n'entends plus parler de rien. Le comité ne donne plus signe de vie. Je me trompe son trésorier m'a remis, je crois, quelques centaines de francs qui ne représentent qu'une partie de mes débours. En vain fis-je plusieurs tentatives pour savoir si ces messieurs avaient abandonné leur projet. Tous mes appels restèrent sans écho. Alors comme j'ai autre chose à faire de plus pressé et de plus intéressant, j'ai purement et simplement brisé le modèle que j'avais fait. Et voilà.

— Bien, mon cher maître, ne parlons plus de Gérard de Nerval.

— Vous me ferez plaisir.

Cette conversation a été rapportée dans l'Eclair le 31 mars 1923.

(« Echos », Mercure de France, 16 avril 1923, p. 575-576.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Un groupe de membres de la Société des Gens de Lettres a exprimé l'intention, en 1900, de publier un petit agenda qui ne devrait pas être mis dans le commerce et aurait contenu des renseignements pratiques pour les écrivains. On y aurait trouvé notamment une liste des journaux de province classés en cinq catégories :

1° Ceux qui répondent aux lettres qu'on leur adresse ;

2° Ceux qui répondent quelquefois ;

3° Ceux qui ne répondent jamais ;

4° Ceux qui répondent quand on leur envoie un timbre pour la réponse ;

5° Ceux qui gardent les timbres qu'on leur envoie et qui ne répondent pas.

Cette publication aurait certainement rendu de grands services ; pourquoi faut-il qu'elle n'ait jamais été faite ? —

(« Echos », Mercure de France, 1er mai 1923, p. 862.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Il fut question à la fin de l'année 1901 d'élever sur le haut-plateau de Saint-Cloud, à l'endroit où était autrefois la fameuse lanterne de Diogène détruite en 1871, une tour en porcelaine de Sèvres.

M. Sandier, directeur des travaux d'art à la manufacture de Sèvres, avait dessiné les plans de cette tour et le Temps du 25 décembre 1901 exposait ainsi le projet :

Cette tour sera beaucoup plus grande que sa devancière, qui ne mesurait pas plus de 17 mètres. Elle aura 8 mètres de diamètre et 45 mètres de hauteur. Elle ne comportera pas moins de sept étages desservis par un escalier à double évolution copié sur celui du château de Chambord.

Toutes ses parties seront en grès-cérame ou porcelaine et elle sera décorée à l'extérieur de tons bleu turquoise, vert émeraude, bruns, rose corail sur les fonds blancs de la porcelaine. Ces couleurs polychromeront du bas au faite de la tour tout un véritable poème en bas-relief inspiré de la faune, de la flore et des légendes de la forêt de Saint-Cloud.

La cuisson des 30,000 pièces dont se composera cette tour exigera cent fournées, qui auront lieu à raison de vingt fournées par an à partir de 1902.

D'où il ressort que la tour eu porcelaine aurait dû être inaugurée en 1907.—

(« Echos », Mercure de France, 15 mai 1923, p. 287-288.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Le 6 août 1882, M. Jules Grévy, président de la République française, signait le décret. suivant :

Le Président de la République française, sur la proposition du ministre de l'Intérieur,

Vu l'ordonnance du 10 juillet 1816, décrète :

Article 1er. — Est approuvée l'érection par voie de souscription publique d'une statue de Christophe Colomb sur une place de Calvi (Corse).

Art. 2. — Le ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.

Cette statue n'est pas encore érigée. Les habitants de Calvi ne revendiqueraient-ils plus Christophe Colomb comme leur compatriote ?

(« Echos », Mercure de France, 1er juin 1923, p. 575-576.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — A la suite d'une requête du Mercure de France (I-XI-1921) les journaux avaient annoncé que le Conseil municipal de Saint-Brieuc avait l'intention de faire apposer une plaque commémorative sur la maison natale de Villiers de l'Isle-Adam, maison qui est située dans cette ville, place Glais-Bizoin, à droite quand on vient de la rue Saint-Guillaume.

Or, un de nos correspondants de Saint-Brieuc nous écrit pour nous inviter à classer ce projet dans la présente rubrique. Il n'est plus question, dans le chef-lieu des Côtes-du-Nord d'honorer, par la plus modeste manifestation de ce genre, la mémoire de Villiers. Il n'est même plus question de rectifier.l'erreur qui figure sur la place [sic] indicatrice de la rue Villiers de l'Isle-Adam et qui donne comme date de naissance, 1840 au lieu de 1837.

(« Echos », Mercure de France, 15 juin 1923, p. 864-865.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Les projets abandonnés que nous rappelons ci-dessous auraient pu prendre place dans la rubrique créée par Remy de Gourmont sous le titre : Livres annoncés qui n'ont pas paru. (Voir la table du Mercure de France, années 1890-1896, pages 85 et 86.)

Nous trouvons ces projets abandonnés dans une interview par Philippe Gille à Alphonse Daudet et publiée dans Le Figaro, le 25 décembre 1885. L'auteur de Sapho dit au critique :

Je dois faire une étude sur la jeunesse contemporaine dans certains milieux ; je l'intitulerai : Lebiez et Barré ; il faut aussi que j'écrive une Histoire de Napoléon Ier à ma façon ; je veux le montrer comme je le sens, en méridional qu'il était...

Alphonse Daudet annonce encore un autre livre sous le titre : Une rupture dans le monde, mais ce projet fut réalisé sous le titre L'Immortel. On peut regretter qu'il n'ait pas écrit l'histoire de Napoléon : c'eût été à tout le moins fort piquant, surtout si l'auteur avait ainsi composé sa couverture : Histoire de Napoléon Ier, par l'auteur de Tartarin. Sur son cahier de notes pour Tartarin et Numa Roumestan n'avait-il pas inscrit « dans un petit coin : Napoléon, homme du Midi. — Synthétiser en lui toute la race » ? (Cf. Souvenirs d'un homme de lettres, page 45).

(« Echos », Mercure de France, 1er juillet 1923, p. 288.)


Projets abandonnés et projets oubliés.

— Les puissances alliées et associées mettent en accusation publique Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur d'Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités.

Un tribunal spécial sera constitué pour juger l'accusé en lui assurant les garanties essentielles du droit de défense. Il sera composé de cinq juges, nommés par chacune des cinq puissances suivantes, savoir : les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et le Japon.

Le tribunal jugera sur motif inspiré des principes les plus élevés de la politique entre les nations, avec le souci d'assurer le respect des obligations solennelles et des engagements internationaux ainsi que de la morale internationale. Il lui appartiendra de déterminer la peine qu'il estimera devoir être appliquée. Les puissances alliées et associées adresseront au gouvernement des Pays Bas une requête le priant de livrer l'ancien empereur entre leurs mains pour qu'il soit jugé.

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que cet article se trouve dans le texte définitif du traité de Paix remis aux plénipotentiaires allemands le 16 juin 1919 (septième partie — Sanctions ; — article 227).

(« Echos », Mercure de France, 15 juillet 1923, p. 576.)


Projets abandonnés et projets oubliés. — Est-ce un projet oublié, ou un projet abandonné ?

Jules Massenet est mort le 12 août 1912, voici onze ans déjà. Dès le lendemain de sa mort, un comité se forma, comme de juste, afin d'élever une statue au maître de Manon et de Werther ; les noms les plus illustres de l'art et de la politique y figuraient. On désigna même l'emplacement où les admirateurs de Massenet désiraient revoir, dans le marbre ou le bronze, sa souriante effigie : la place Boieldieu, que borne au nord l'Opéra-Comique.

Des fonds, considérables sans doute, avaient été recueillis en peu de temps, et il est fort probable que le sculpteur avait été pressenti, auquel écherrait cette intéressante commande. Deux ans plus tard, la guerre survint.

Qu'est devenu ce projet ?

Peut-être les promoteurs de cette souscription ont-ils pensé que les habitués de l'Opéra-Comique n'avaient pas besoin de saluer le maître statufié avant de l'applaudir au théâtre dont il est l'un des plus fermes soutiens depuis une quarantaine d'années, et qu'au surplus, sa gloire n'aurait rien à y gagner ? — J. G. P.

(« Echos », Mercure de France, 1er août 1923, p. 862.)


Le Monument Gérard de Nerval. — On se rappelle qu'un écho publié par le Mercure de France à la rubrique Projets oubliés, projets abandonnés (1er avril 1923) et qui rappelait certain projet de 1911 relatif à la statue Gérard de Nerval, provoqua, de la part du sculpteur Jules Desbois, interviewé par l'Eclair, des déclarations reproduites dans le Mercure du 15 avril. — Le Comité ne donne plus signe de vie, disait M. Jules Desbois, j'ai purement et simplement détruit le modèle que j'avais fait.

Voici qu'aujourd'hui un nouveau Comité s'est constitué et qu'un autre sculpteur, M. Georges Dubois, offre à la Ville de Paris un monument qu'il décrit ainsi : — Un buste en bronze, de Nerval reposant sur un petit pilastre patiné en vieille pierre. J'ai pris pour modèle la dernière photographie de Gérard de Nerval. Aussi, n'est-ce plus le poète souriant que j'ai représenté, mais l'homme qui a souffert : c'est le Gérard désabusé, pauvre, celui qui finira pendu rue de la Vieille-Lanterne.

Le poète Léon Riotor, conseiller municipal du IVe arrondissement, estime que ce monument pourrait trouver sa place dans le jardin de la tour Saint-Jacques-la-Boucherie. C'est près de là, en effet, que Gérard de Nerval mourut tragiquement le 25 janvier 1855. La 3e et la 4e commissions municipales sont saisies du projet.

Rappelons, à titre de renseignements rétrospectifs, que c'est en janvier 1912 que le premier Comité du monument Nerval tint sa réunion constitutive, à la maison de Balzac, rue Raynouard..Ce comité était ainsi composé :

Président : Paul-Napoléon Roinard ; Vice-Président : Stuart Merrill ; Trésorier : PaulGallimard ; Archiviste : M. de Royaumont ; Secrétaire : Henri Strentz ; Secrétaire adjoint : André Salmon et Jean Clary ; Membres MM. Guillaume Apollinaire; Paterne Berrichon ; Edouard Dujardin ; Fagus ; Gauthier-Ferrières ; Alexandre Mercereau ; Victor-Emile Michelet ; Adrien Mithouard ; Georges Polti ; Henri de Régnier ; Emile Verhaeren ; Ary René d'Yvermont.

Il fut question d'organiser des fêtes à Ermenonville, des représentations théâtrales dont le bénéfice devait aller au monument.

D'aucuns proposèrent un buste, d'autres un médaillon, un groupe symbolique, voire un bloc de granit semblable à celui qui se trouve en Suisse au pied du Seelisberg et qui ne porte qu'un nom profondément gravé : Schiller.

On discuta sur le choix d'un emplacement ; M. Henri Strentz ayant rappelé que le poète, avait eu un logis à Montmartre, tout le monde tomba d'accord pour demander au Conseil municipal, par l'intermédiaire d'Adrien Mithouard, un emplacement dans le square projeté devant le Sacré Cœur.

Le sculpteur Desbois fut, un peu plus tard, chargé de l'exécution du monument qu'il comptait terminer le 22 mai 1912, cent quatrième anniversaire de la naissance de Nerval.

Des souscriptions furent adressées au trésorier, M. Paul Gallimard, 70, rue Saint-Lazare. Celui-ci remit un jour 400 francs environ au sculpteur. Puis on n'entendit plus parler de rien et l'affaire entra dans le grand sommeil des projets abandonnés. Il n'en ira pas de même, nous en sommes persuadés, avec le nouveau Comité.

§

Projets oubliés, projets abandonnés. — Le docteur Cabanès cite et commente, dans la Chronique médicale du 1er août notre écho du 1er juillet dernier sur deux projets oubliés d'Alphonse Daudet : une étude sur la jeunesse qui devait porter pour titre : Lebies et Barré et une Histoire de Napoléon Ier. Il en ajoute un troisième qu'il a recueilli de la bouche du romancier alors qu'il lui rendait visite peu de jours avant sa mort.

Il nous confiait :

Mon fils Léon va bientôt term'iner ses études médicales ; je lui ai indiqué comme sujet de thèse : la maladie de Pascal ; celle dont il sounert toute sa vie... Vous vous rappelez ces trous dont il parle, qu'il voyait béants devant lui, quand il cherchait le sommeil sans le pouvoir trouver ?... Ces trous-là, je les ai vus souvent dans mes insomnies, que le chloral seul peut m'aider à vaincre. Et j'ai pu diagnostiquer sur moi-même le mal dont est mort l'illustre penseur... Allez, nous, les modernes, nous n'avons rien inventé, pas même la névrose !...

Le docteur Cabanès ajoute que ce problème qu'Alphonse Daudet se proposait de faire traiter par son fils va faire l'objet du travail inaugural d'un de nos futurs docteurs en médecine.

(« Echos », Mercure de France, 15 août 1923, p. 286-288.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — Le 3 octobre 1919 la Bibliographie de la France publiait la note suivante :

UNE ACADÉMIE NOUVELLE
L'Académie du Figuier

Un groupement de jeunes littérateurs, composé de MM. Alexandre Mercereau ; Carlos Larronde ; G.-L. Tautain ; Nicolas Beauduin ; Gaston Sauvebois ; Fernand Divoire ; Canudo ; Florian Parmentier ; G. Aubault de la Haulte-Chambre ; Pierre Jandon, vient de se constituer sous le nom d'Académie du Figuier, en vue de décerner chaque année un prix de 1. 000 francs au manuscrit d'un jeune écrivain débutant, manuscrit qui sera publié dans les trois mois.

Qu'est donc devenue l'Académie du Figuier ?

(« Echos », Mercure de France, 1er septembre 1923, p. 576.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — On pourrait ajouter pour celui-ci : projet souvent repris et toujours abandonné.

Le 3 décembre 1886, la Chambre des députés vota, par 262 voix contre 249, la suppression des sous-préfets. M. Sarrien, ministre de l'Intérieur, avait fait tous ses efforts pour empêcher ce vote. MM. Ménard- Dorian, Maurice Faure et Jean Jaurès avaient en vain pris la défense du cabinet et des sous-préfets.

Et cette décision de la Chambre provoqua la chute du troisième ministère de M. de Saulce de Freycinet.

(Echos », Mercure de France, 15 septembre 1923, p. 862.)


L'Académie du Figuier.

Ce 8 septembre de 1923.

Monsieur et cher Confrère,

Vous vous Inquiétez, dans le dernier numéro du Mercure de France, de savoir ce qu'il est advenu de l' « Académie du Figuier ». Elle n'est pas morte : elle n'est qu'endormie, tout comme la jeune fille de l'Evangile elle se réveillera en octobre après deux ans et plus de sommeil.

Cette académie composée de douze membres dont vous connaissez les noms naquit en des temps troublés et se ressentit des graves ennuis qui, un temps, accablèrent, sans toutefois l'altérer, son fondateur l'éditeur Eugène Figuière. Elle a pour président élu Alex. Mercereau, et pour but d'aider les débutants, jeunes ou vieux, qui, par l'injure des circonstances, des hommes ou des choses, ne parviennent pas à publier leurs œuvres méritantes : les académistes priment un ou deux manuscrits qui leur apparaissent dignes des lettres moulées. D'après les statuts l'œuvre acceptée doit être imprimée dans les trois mois qui suivent, et l'auteur reçoit une somme de mille francs par-dessus le marché.

Le premier bénéficiaire fut M. Jules-Georges Millet dont le beau livre, L'Ame philosophale, fut accueilli avec louanges et faveur par la Critique.

L'Académie du Figuier n'a pas de coupole et pour tenir ses assises elle choisit les restaurants : ceci est dommage, car, comme me le disait Paul Fort, au moment de la fondation, les coupoles sont aux acadé-mies ce que les casseroles sont à la guerre des chiens : il en est besoin pour se signaler à la Ville et au Monde.

Croyez, Monsieur et cher Confrère, à mes sentiments très choisis.

G. AUBAULT DE LA HAULTE CHAMBRE
Secrétaire de l'Académie du Figuier.

§

Projets oubliés, projets abandonnés. — On lisait dans le Mercure de France du 15 janvier 1921 :

Un Comité vient de se constituer pour ériger sur la tombe de Guillaume Apollinaire, au Père-Lachaise, un monument de Pablo Picasso. Ce comité est ainsi composé : MM. Antoine Albalat ; P.-A. Birot ; EIémir Bourges ; André Billy ; J.-J. Brousson ; Cremnitz ; André Derain ; Florent Fels ; Serge Ferat ; Gaston Gallimard ; Roch Grey ; Max Jacob ; Paul Léautaud ; André Level ; Toussaint-Lucas ; Robert Mortier ; Pierre Mac-Orlan ; Pablo Picasso ; André Rouveyre ; Jean Royère ; André Salmon ; Jean Sève ; Ardengo Soffici ; Alfred Vallette ; Maurice Vlaminck.

Les peintres mettront à la disposition du Comité des toiles, les écrivains des exemplaires rares, des manuscrits, les amis et les admirateurs de l'argent.

Apollinaire a été inhumé le 11 novembre 1918 (il est mort le 9) dans la 89e Division, 23e rangée. Il a été exhumé le 8 novembre 1920 et transporté dans la 86e Division (huitième ligne) en face le Columbarium. Nous avons visité sa tombe. Elle est fleurie de fuchsias et de géraniums et entourée d'une grille de fer. Mais il n'y a pas encore de monument et, sur la croix de bois que nous avons vue le jour des obsèques et qui l'a suivi là, les lettres blanches de son nom, Guillaume Kostrowitzky, commencent à s'effacer.

(« Echos », Mercure de France, 1er octobre 1923, p.287-288.)


Erratum. — Dans l'écho sur la tombe de Guillaume Apollinaire (Projets oubliés, projets abandonnés, numéro du 1er octobre dernier) lire : « Apollinaire a été inhumé le 12 novembre 1918… » et non le 11 novembre.

§

Projets oubliés, projets abandonnés. — Voici encore trois projets qui auraient pu figurer dans la rubrique créée par Remy de Gourmont : Livres annoncés qui n'ont pas paru (voir la table du Mercure de France, années 1890-1896, pages 85-86).

Ils furent annoncés par Jean Moréas au verso du faux titre des Cantilènes (Léon Vanier, éditeur des Modernes, 1886). Ce sont :

La femme maigre (sous presse — sic) ; Iconostase (en préparation) ; Les contes falots (en préparation).

(« Echos », Mercure de France, 15 octobre 1923, p.575-576.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — Le 10 février 1921, à 19 heures, le Comité qui s'était fondé pour l'attribution de la Coupe Sacrée du poète se réunit dans les salons de Comœdia.

Etaient présents : MM. Hugues Lapaire, représentant M. Edmond Haraucourt, président de la Société des Gens de lettres ; Sébastien-Charles Leconte ; J.-H. Rosny aîné ; Fernand Gregh ; Binet-Valmer ; Paul Fort ; Louis Payen ; Xavier Privas ; J. Valmy-Baysse.

S'étaient excusés : MM. Romain ; Coolus et Emile Blémont.

A l'issue de la réunion une note fut rédigée qui parut dans le numéro de Comœdia du 12 février 1921.

Parmi les noms proposés par les membres du Comité, disait cette note, deux ont réuni le plus grand nombre de suffrages.

Le Comité a alors décidé de faire de la Coupe Sacrée une fondation annuelle dont Comœdia, sur la demande de l'éditeur Figuière, prendrait en main l'organisation.

En conséquence, la Coupe Sacrée pour laquelle avait été convoqué le Comité, étant celle de 1920, les membres présents ont spontanément décidé de constituer une coupe pour 1921 ; le montant en a été couvert par le Comité même.

Et, à la suite d'un vote, la Coupe Sacrée a été attribuées pour 1920 à M. Guy-Charles Cros et pour 1921 à M. Henry-Jacques.

Faut-il conclure du texte ci-dessus que, si la « fondation est annuelle », l'attribution de la Coupe est biennale et verrons-nous, cette année, attribuer ladite Coupe pour 1922 et pour 1923 ?

(« Echos », Mercure de France, 1er novembre 1923, p. 862.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — On lit sur la Couverture des Rhapsodies, le premier recueil publié par Pétrus Borel (1832, in-16), cette liste d'ouvrages « sous presse » :

Faust, dauphin de France, 1 fort volume in-8.

Les Contes du Bousingo, par une camaraderie…

Pâture à liseurs, 1 volume in-8 orné de vignettes de Napoléon Tom et de Joseph Bouchardy.

Appel aux jeunes Français à cœur de lion, brochure in-8.

Le Lycanthrope n'a publié aucun de ces livres. Il a également abandonné le projet de faire paraître certain ouvrage au titre singulier : Aimez-vous la Cornemuse ? qu'il fit annoncer, en 1838, sur la couverture du Fortunio de son ami Théophile Gautier.

(« Echos », Mercure de France, 15 novembre 1923, p. 288.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — La Morgue a déménagé, changé de nom aussi. Voilà déblayée enfin et nivelée la poupe de la Cité. Il paraît que l'on va mettre, en cet endroit, un square, extension, en somme, de celui qui se trouve derrière Notre-Dame, et auquel le conseiller du quartier a déjà fait annexer, il y a plusieurs années, le quai voisin.

Ce conseiller, M. Georges Lemarchand, avait, en avril 1912, lancé le projet d'une ornementation à installer contre le soutènement du quai où va s'étaler le nouveau jardinet. Deux amples perrons descendaient vers une plate-forme, réservée entre le fleuve et trois vasques, dont chacune recevait d'assez haut une cascatelle crachée par un dauphin ou une autre bestiole de ce genre. On a publié de droite et de gauche, à l'époque, le plan et le croquis, et tout le monde approuvait.

Qu'est devenu ce projet ? — A. C.

(« Echos », Mercure de France, 1er décembre 1923, p. 576.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — « Un monument commémoratif sera élevé sur l'emplacement de la salle où l'Assemblée nationale constituante a tenu ses séances, à Versailles, depuis le 5 mai jusqu'au 15 octobre 1789. » (Loi promulguée le 17 avril 1879.)

C'est sur la proposition de M. Edouard Charton, sénateur de Seine-et Oise, rédacteur en chef du Magasin pittoresque, que le Parlement adopta ce projet qui fut présenté au Sénat par le ministre des Beaux-Arts.

Le 3o juillet 1881, le Sénat approuva le projet demandant l'ouverture d'un premier crédit de 45o.ooo francs, pour les travaux préliminaires du monument.

L'historien Henri Martin désigné comme rapporteur s'était exprimé ainsi :

Une seule chose peut étonner en ce qui concerne la proposition qui est soumise aujourd'hui au Sénat, c'est que la pensée en vienne si tard... Il est temps de réparer cette négligence nationale.

L'emplacement choisi fut le jardin de l'Hôtel des Menus Plaisirs, situé avenue de Paris, à Versailles.

Le Magasin pittoresque (Tome L, décembre 1882, page 308) donna les détails suivants sur le concours qui fut institué à la suite du vote de la loi :

Il [le ministre] exprima son opinion, depuis longtemps arrêtée, que l'on ne consacrerait dignement la date du 5 mai 1789 qu'en élevant à ce grand souvenir une colonne égale aux colonnes historiques de la place Vendôme et de celle de la Bastille. Cet avis ayant été adopté, le ministre ne tarda pas à s'occuper des moyens de le réaliser. Par suite, un concours fut ouvert et l'on y convia tous les architectes et tous les sculpteurs français. Cinquante-quatre projets, châssis, maquettes, esquisses en plâtre, furent exposés à l'Ecole des Beaux-Arts. Le jury en distingua dix et il fut décidé que, pour mieux éclairer le jugement définitif, ces dix projets seraient exécutés en plâtre et de haute dimension... Le jury, présidé par le Ministre, décerna le prix à deux jeunes artistes, encore peu connus, MM. Formigé, architecte, et J. Coutan, sculpteur.

Voici enfin, toujours d'après le Magasin pittoresque, la description très complète du monument.

Le projet se compose d'un vaste parvis allant de l'Avenue de Paris au monument, qui comprend la représentation idéale de la salle à ciel ouvert, au milieu de laquelle s'élèvera, sur un piédestal de granit, une colonne de marbre à base et chapiteau de bronze, surmonté d'une figure symbolique également en bronze, reposant sur un piédestal de granit. La colonne mesurerait 37 mètres de hauteur... La salle, entourée sur trois côtés d'un portique dorique, en pierre dure, comprendrait, de plus, trois degrés en marbre où seraient gravés à leurs anciennes places les noms des Constituants... La colonne qui, par son élévation, annoncerait au loin l'édifice présenterait à sa base, sur chaque face, quatre figures de célèbres Constituants : Bailly, Mirabeau, Lafayette, Sieyès... La statue couronnant l'édifice aurait 7 mètres de hauteur, elle aurait à ses pieds un lion, etc., etc.

Pour terminer, le Magasin pittoresque annonçait l'inauguration de ce monument, « qui, disait-il, devra être l'un des plus beaux du siècle », pour le 5 mai 1889, jour anniversaire de l'ouverture des Etats généraux.

(« Echos », Mercure de France, 15 décembre 1923, p. 807-808.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — Au verso du faux-titre de l'Ennemi des lois (Paris, Perrin, 1893) Maurice Barrès avait inscrit : « à paraître prochainement : Emotions ornées ; et, au verso du faux titre d'Un homme libre (Paris, Perrin, 1889) : Bréviaire des principaux rhéteurs de ce temps.

A la fin de ce même ouvrage, une Note de l'éditeur (note qui porte en épigraphe cette phrase de M. de Custine : « On y verra une âme agitée par l'espoir de l'enthousiasme plus encore que par l'enthousiasme... ») annonce que cette série de petits romans idéologiques qui commence avec Sous l'œil des Barbares sera terminée par un troisième volume : Qualis artifex pereo.

(« Echos », Mercure de France, 1er janvier 1924, p. 288.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — Pour celui-ci, il conviendrait d'ajouter « projet abandonné après essai » ; mais l'essai donna des résultats assez cocasses pour qu'il mérite d'être rappelé.

En juillet 1891, l'administration de la Bibliothèque Nationale, sur la demande du public, plaça, à l'entrée des salles de travail, un « registre pour l'inscription des demandes ou des offres de collaboration portant sur les collections de la Bibliothèque ».

Malheureusement cette dernière condition, ne fut pas respectée et les mentions portées sur le registre firent bientôt la joie des journaux, sinon celle de l'administration.

On y relevait :

Une offre de vendre un roman de cape et d'épée pouvant former un beau volume de 500 pages ; l'acquéreur pourrait signer ; discrétion assurée.

Un mathématicien offre la vente d'une découverte géométrique.

Un médecin demande à voyager avec famille ou personne seule, en Italie, en Grèce ou ailleurs.

A vendre une quittance de 150 livres donnée pour une saignée au bras de la Dauphine, le 14 juillet 1688.

On demande un projet de statuts pour une banque hypothécaire.

On demande collaborateur avec petit apport pour journal spécial destiné à un grand succès.

Un capitaine demande à être secrétaire d'homme politique.

On offre, au prix de 6 francs, un ouvrage au titre croustillant.

« Croustillant » pour « croustilleux » ! Bien que l'administration de la Bibliothèque restât étrangère aux indications portées sur ces feuillets, cette dernière mention dut l'indigner particulièrement. Quoi qu'il en soit, pour cette cause ou pour une autre, le registre ne tarda point à disparaître. — L. DX.

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A propos d'un « projet oublié de Barrès ». — On nous écrit :

Paris, le 31 décembre.

Est-il permis de compléter l'entrefilet paru dans le numéro 613 du Mercure sous la rubrique « Projets oubliés » ?

Barrès, à la fin du Jardin de Bérénice, a mis une note, p. 329, dans laquelle il explique pourquoi il a changé le titre du 3e volume du « Culte du moi ».

Il n'en reste pas moins que Qualis artifex pereo reste le sous-titre et le thème du chapitre le plus important, sinon le plus agréable de l'ouvrage.

A. G.

(« Echos », Mercure de France, 15 janvier 1924, p. 575-576.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — On lisait dans le Gaulois du 23 juin 1902 :

La Commission du vieux Paris, sur l'initiative du sculpteur Ringel, va saisir le Conseil Municipal d'un curieux projet.

Il s'agirait « d'illustrer » les plaques indicatrices des rues en y ajoutant un médaillon que fournirait la Manufacture nationale de Sèvres, représentant le personnage illustre, s'il y a lieu, dont le nom aurait été donné à la rue.

Une brève indication rappellerait son œuvre ou ses actes.

Le projet n'aboutit point. Pourtant, à défaut du médaillon, la brève indication sur le personnage illustre ne serait pas toujours inutile pour le faire connaître. Et cet usage n'est-il pas établi dans la plupart des villes de province ?

(« Echos », Mercure de France, 1er février 1924, p. 862.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — M. Emile Massard, en juin 1911 a déposé au Conseil municipal de Paris une proposition tendant à la création d' une école secondaire de musique, qui prendrait le titre de Conservatoire municipal ».

L'initiative, si je ne me trompe, avait été prise par M. Victor Charpentier et M. Auguste Chapuis, professeur au Conservatoire (national) et inspecteur principal (ou général ?) du chant dans les écoles de la ville de Paris. On voulait une école qui rende les études musicales secondaires accessibles à tout le monde, et faciliter l'étude de la musique et de la carrière artistique, comme on facilite les autres études professionnelles dans les écoles Boulle, Estienne, etc. Qu'est devenu ce projet ? — A. C.

(« Echos », Mercure de France, 15 février 1924, p. 288.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — M. Barthélemy Robaglia, en décembre 1913, a proposé au Conseil municipal la création d'un « office municipal pour favoriser l'embellissement de Paris ». Sous la présidence de droit du préfet de la Seine, l'office aurait été composé comme suit : huit conseillers municipaux, deux sénateurs et trois députés de la Seine, trois membres de l'Académie des Beaux-Arts et deux de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, cinq directeurs ou rédacteurs en chef de grands journaux parisiens, le président de la Chambre de commerce, dix personnalités mondaines parisiennes, deux architectes, le directeur des services municipaux d'architecture, le directeur administratif des travaux de Paris, et le directeur des Beaux-Arts de la ville.

Ces messieurs se seraient occupés de « seconder l'action municipale au moyen de subventions destinées à l'acquisition d'immeubles artistiques ou historiques, à l'aménagement des squares, à la décoration de monuments ou d'édifices municipaux ». Ils auraient en outre « suscité ou encouragé l'initiative privée, au moyen de subventions, prix, etc. »

M. Robaglia indiquait par le menu les procédés à employer pour fournir à l'office des ressources importantes et sans cesse renouvelées.

Qu'est devenu ce projet ? — A. C.

(« Echos », Mercure de France, 1er mars 1924, p. 576.)


Projets oubliés, projets abandonnés. — Le 4 avril 1898, la Chambre adoptait une proposition de la loi présentée par M. le député Clapot et tendant à la reconstruction de la salle des séances de la Chambre des Députés. Cette loi fut promulguée le 19 août 1898.

Comme elle resta lettre morte, un projet de résolution fut déposé, le 2 juillet 1903, proposant la nomination d'une commission de contrôle permanente pour l'exécution des résolutions de la Chambre.

Le rapport distribué aux députés montrait que « par ses dimensions restreintes, l'insuffisance de sa superficie, la difficulté de l'accès, la salle actuelle des séances est aussi incommode pour le public et les journalistes que pour les représentants ».

Le rapport ajoutait :

L'aération insuffisante en raison du cube d'air trop restreint nous met dans l'obligation de vivre dans un milieu dont la toxicité augmente avec la longueur de la séance et l'élévation de la température. Cette situation intolérable ne peut durer ; elle retentit sur la qualité et l'ordre de nos travaux.

Mais il faut bien dire qu'en 1895, parlant du même projet oublié, M. le député Clapot allait plus loin encore il écrivait :

A moins d'héroïsme il est impossible de résister à plus de quatre heures de séance...

A moins d'héroïsme !

Et dire qu'il y aura tout de même des candidats aux prochaines élections législatives.

(« Echos », Mercure de France, 16 mars 1924, p. 861.)


Un centenaire et un projets oublié. — Le centenaire, c'est celui de la première célébration d'un service anniversaire de la mort de Louis XVI dans la chapelle expiatoire du boulevard Haussmann (21 janvier 1825). Le projet oublié, c'est celui que présentèrent jadis à maintes reprises des parlementaires tendant à la démolition de cette chapelle et à la vente des terrains sur lesquels elle est édifiée.

La première motion de ce genre fut d'ailleurs adoptée par le gouvernement de la Commune, le 16 mai 1871. Le travail de la démolition fut même commencé mais on n'eut que le temps d'enlever les lourdes chaînes qui réunissaient les bornes de pierre, autour de l'édifice ; quatre jours plus tard l'entrée à Paris des troupes de Versailles arrêtait les travaux.

Par la suite, Jules Ferry, consulté sur l'opportunité de cette démolition, fit des réserves : « La chapelle expiatoire est un monument qui déplaît aux Orléanistes, dit-il. C'est une raison pour le garder. »

Ce monument déplaisait plus particulièrement encore au député socialiste Dejeante, qui réclama plus de dix fois sa disparition en même temps que le déboulonnement de la croix qui surmonte le Panthéon.

Il n'est pourtant pas si laid, ce petit monument à coupole ! Charles Garnier, l'architecte de l'Opéra, considérait comme un chef-d'œuvre les portiques de l'entourage, d'une composition très ferme et caractéristique.

Et dans une lettre à Bigot, en décembre 1883, il trouva cet argument pour défendre l'œuvre de ses confrères Fontanes et Lebas :

— Pourquoi cette haine contre Louis XVI ? S'il n'avait pas régné. on n'aurait pas pris la Bastille !

§

Un projet de théâtre du Vieux-Colombier, en 1805. Une pièce d'archive (Arch. nat. AF IV, 1495), reproduite dans le second volume de Paris sous le premier Empire, à la date de frimaire an XIV (10 décembre 1805), nous apprend que le théâtre du Vieux-Colombier a failli avoir un ancêtre au début du règne de Napoléon ! Un certain Clavel, dont la profession ne touchait que très indirectement au théâtre, puisqu'il était peintre en bâtiments, demandait « l'autorisation d'ouvrir une salle de spectacle rue du Vieux-Colombier. Il n'a pas été pris de précautions suffisantes contre les incendies, ajoutait la note de police qui nous révèle ce petit fait d'histoire parisienne et dramatique. Le bas prix du billet d'entrée attirerait nécessairement un grand nombre d'ouvriers et d'ouvrières, ce qui pourrait être nuisible aux bonnes mœurs. Défendre l'ouverture. »

Le théâtre du citoyen Clavel resta à l'état de projet. Mais quelles singulières raisons morales la police donnait-elle à son refus, et comme ces quelques mots nous donnent une idée singulière des mœurs du bon vieux temps. — J.-G. P.

(« Echos », Mercure de France, 15 janvier 1925, p. 575.)