Gaston Lerévérend : Au pays du cidre, Figuière, 3,5o.

Au pays du Cidre. Sonnets, ce sont des sonnets et quelques ballades par surcroît, sous l'invocation de M. Paul Harel, trouvère truculent et lyrique ; mais il semble bien que, parmi les livres, celui des Trophées ait été surtout lu et médité par M. Gaston Lerévérend, et point en ses parties de faste héroïque, mais aux pages où la Muse pédestre de José-Maria de Heredia cueillait de simples guirlandes pour l'humble dieu des jardins. Normand, M. Gaston Lerévérend aurait pu, comme M. Ch. Théophile Féret, se réclamer surtout des wikings conquérants ; mais il est homme du bas-pays et il n'en rougit pas ; autant que personne, il aurait volontiers célébré

Le moine et le guerrier, l'Eglise et la victoire.

Il a préféré dire la gloire moins éclatante des herbages et des vergers ; il aurait garde de médire de la haie épaisse qui en interdit l'accès aux horzains, c'est-à-dire aux étrangers, quels qu'ils soient, rôdeurs de route ou gens qui, nés ailleurs, se seraient un beau jour installés ; là c'est tout juste si les habitants du Havre ne sont pas déjà presque des horzains : dans leur ville trop grande, on rencontre trop de passants de races diverses et venus d'outre-mer ; ils savent à peine encore, mangeurs de pain mollet, ce qu'est le pain brié, b!anc, compact et sec qui s'effrite sous le couteau en miettes grenues et il n'est pas certain qu'ils goûtent autant qu'il convient le cidre cœuru, vif et paré ; et comme le dieu antique gardien de l'enclos, M. Gaston Lerévérend répugne au voyage :

Clos et taillis sont mes pampas et mes savanes,
Où brebis et bœufs vont en lentes caravanes
Au cri de mes vautours, éperviers et corbeaux.

Chaque saison, mon val aux splendeurs imprévues
Dans un cadre aux accès superbement nouveaux
En révèle des fleurs que je n'avais point vues.

Malheureusement, trop souvent la Muse de M. Lerévérend, bien qu'elle ne prenne jamais de grands élans, s'embarrasse et trébuche la démarche en est hésitante et maladroite et les intentions de l'écrivain sont en général meilleures que ses vers.

Pierre Quillard, « Les poèmes », Mercure de France, 1er mars 1911, p. 139-140.

A consulter :

« La chanson du rouet », Normandy-Revue n° 8, juillet-août 1913, p. 143

« Divertissements », La Mouette, décembre 1926

« L'esprit normand et les poètes normands contemporains », Les Belles-Lettres, signalé par Les Treize, L'Intransigeant, 26 mai 1921, p. 2

« La poésie et les provinces. Les poètes de Normandie », La Muse française, 1926, p. 351-363

André Fontainas, « Les poèmes : Gaston Le Révérend : Le Chemin délaissé, avec dessins de Léon Moignet, Caen, L. Jouan », Mercure de France, 15 novembre 1919, p. 728

Jean de Gourmont, « Littérature : Gaston Le Révérend : La Revanche du bourgeois, divertissements littéraires », Mercure de France, 1er novembre 1921, p. 740-741

Jean de Gourmont, « Littérature : Gaston Le Révérend : Divertissements littéraires », Mercure de France, 1er juillet 1924, p. 193

Jean de Gourmont, « Littérature : Gaston Le Révérend : Pages choisies inédites », Mercure de France, 1er juillet 1924, p. 193

Remy de Gourmont vu par Gaston Le Révérend

Roger Jouet, Ecrivains de (et en) Normandie, Orep, 2009

Annonce de publication :

« Publications récentes : Gaston Le Révérend : Sous la bannière au trois lions », Mercure de France, 1er juin, 1912, p. 662