Coll. Mikaël Lugan

Maurice Le Blond, Essai sur le naturisme, Mercure de France, 1896


Pour moi, des Esseintes, ce maniaque héros qui caractérise si parfaitement l'état d'âme de toute une génération d'artistes suivra bientôt dans l'oubli son devancier le jocrisse et déliquescent Adoré Floupette. L'érudition et l'artificiel seront tenus moins en faveur et il ne s'agira plus, pour être admiré, de donner à sa phrase un tour démodé, d'habiller et de pomponner sa pensée selon des coutumes surannées ou de donner à son style la grâce futile, troublante et gracieuse des temps jadis, comme le font si habilement MM. Marcel Schwob, de Gourmont et P. Quillard. Le poète redevient un mystique et fruste paysan. Comme un Van Gogh affolé, il retourne à la nature n'y cherchant pas seulement le soleil et des couleurs, mais aussi un Dieu et des idées (« La littérature artificielle », p. 34).

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Parmi la multiplicité des élans, et la complexité des tendances qui préoccupèrent la génération précédente, certaines figures apparaissent cependant et émergent violentes, complètes et très nettes. C'est ainsi que M. Barrès résume à son souhait le dilettantisme cérébral, que M. de Gourmont constitue un cas précieux de mysticisme archéologique et que plusieurs autres personnages moins importants peuvent figurer de moindres états d'esprit. Pour M. Mallarmé, il incarne, selon moi, ce souci de forme nouvelle, cette révolution dans l'expression poétique — seule gloire de cette époque transitoire en littérature : le symbolisme (« Stéphane Mallarmé », p. 39).

[page réalisée grâce à Mikaël Lugan, janvier 2005]