1. « Une épuration à l'Académie française », Les Annales politiques et littéraires, 6 avril 1884, p. 223 & 4 mai 1884, p. 286

2. « La question du divorce. De 1789 à 1792 », Les Annales politiques et littéraires, 1er juin 1884, p. 347-348

3. 4e année (1er semestre) — n°140, 28 février 1886, p.143

COMMUNICATION DES ÉDITEURS

Merlette, par Remy de Gourmont, est un roman à la fois dramatique et charmant, que la librairie Plon vient de mettre en vente. Dans un frais décor d'idylle, l'auteur encadre deux figures de femmes bien différentes : une Parisienne raffinée — une jolie paysanne, dont la beauté rustique contraste vivement avec celle de sa rivale.


4. 7e année (1er semestre) — n°314, 30 juin 1889, p. 409 : « Pages étrangères : Les signatures de Napoléon Ier »


5. 7e année (2e semestre) — n°318, 28 juillet 1889 — p. 61 : « Mouvement scientifique. Géographie : Une ville de lépreux. —Histoire d'un martyr. — Lépreux par charité. — La mort du R. P. Damien »

MOUVEMENT SCIENTIFIQUE

GÉOGRAPHIE

UNE VILLE DE LÉPREUX. — HISTOIRE D'UN

MARTYR. — LÉPREUX PAR CHARITÉ. — LA

MORT DU R. P. DAMIEN

La Nineteenth Century, de Londres, vient de publier en mai et juin deux intéressants articles sur les lépreux des îles Hawaï avec lesquels passa, seize ans de sa vie, le P. Damien mort tout récemment de la lèpre qu'il avait gagnée à la fréquentation de ces malheureux. M. Edward Clifford, qui était allé le visiter dans le courant de l'année dernière a raconté avec une sympathie rare chez un Anglais et chez un protestant la vie toute de dévouement de cet homme vraiment remarquable. Une petite revue belge, le Patriote, nous donne quelques détails complémentaires.

Joseph de Veuster était né en Belgique en 1841. Il entra dans la congrégation de Picpus et, devenu le P. Damien, partit pour l'Océanie. « Dans ses voyages aux îles Hawaï, ou Sandwich, il fut frappé de la désolation et de l'horreur qui régnaient dans l'île Molkaï où l'on déportait les lépreux du royaume. Laissés à eux-mêmes, sans contact avec le reste du monde, sans soins matériels ni spirituels, les misérables vivaient dans un véritable enfer. Il prit la résolution de se consacrer à eux en se retranchant lui-même du nombre des vivants et en se condamnant fatalement à contracter tôt ou tard l'horrible mal des exilés du Molokaï.

En débarquant sans espoir de retour sur la plage sinistre au spectacle de la désolante misère des êtres déformés, vieillis, abrutis qui se présentaient à lui, il s'encouragea lui-même par ces paroles : « Eh bien, Joseph ! mon garçon, voilà du travail pour la vie ! » Voici, d'après le rapport qu'il fit à M. Chiffard, quel était l'état de cette île de désolation :

« Lorsque la Providence me dirigea vers Molokaï, j'avais trente-trois ans et une bonne santé : c'était en mai 1873. Dans une sorte d'hôpital primitif et nauséabond, environ quatre-vingt lépreux étaient réunis dans une horrible promiscuité. D'autres s'étaient tant bien que mal construit des abris avec des arbres abattus et des feuillages. Moi-même je n'eus pendant longtemps d'autre toit que les branches de ce pandanus, que vous voyez maintenant au milieu du cimetière. Cimetière ! L'île, en ce temps-là, n'était qu'un vaste cimetière : il y avait plus de morts que de mourants et plus de mourants que de vivants. Entre ceux qui se tenaient encore debout, nuls liens d'affection : c'était une collectivité d'étrangers dont les souffrances et la honte augmentaient encore l'indifférence. Leurs seuls plaisirs étaient le jeu et l'ivresse. Ils jouaient aux cartes et buvaient une sorte de bière de Ki-root (racine d'une plante nommée ki) qu'ils fabriquaient et dont ils s'abreuvaient nuit et jour. Pas de vêtements, pas d'eau et par conséquent une effrayante saleté. Tout cela constituait pour un nouvel arrivant un spectacle vraiment affreux. Souvent, pendant que je saignais un malade dans une de ces cases infectes, il me fallait sortir de temps en temps pour aller respirer dehors un peu d'air frais. Je dus m'astreindre à fumer : l'odeur de la pipe corrigeait un peu l'odeur de la lèpre. »

Se mettant à l'œuvre sans retard et secondé par le gouvernement hawaien, le P. Damien fit en peu d'années de cet enfer un séjour de paix. Il construisit une église, des hôpitaux, des écoles, des maisonnettes, amena l'eau d'un ruisseau éloigné, organisa, enfin, en ce climat assez salubre, une sorte de résidence modèle qui pouvait faire envier, par les sauvages des îles voisines, le sort des lépreux de Molokaï.

Cependant, son tour devait arriver : un jour le médecin qui de temps en temps venait visiter les malades lui dit :

« — Mon père, je ne puis et je ne dois vous le cacher ; vous aussi vous êtes atteint de la lèpre.

— Je savais, répondit le P. Damien, qu'il devait en être ainsi. Que la volonté de Dieu soit faite. »

Et il continua son travail avec cette persévérance enjouée qui faisait l'étonnement et l'admiration de tous.

Il avait fini par acquérir une grande réputation même en Europe. Sur les dernières années, les dons de toute sorte affluaient à Molokaï, on lui écrivait de tous les coins du globe et souvent des femmes le suppliaient de se reposer, de veiller à sa santé, de quitter son île au moins pour quelques mois. C'est ce qu'il ne fit jamais : « Je ne voudrais pas, disait-il, même au prix de ma guérison, abandonner, ne fût-ce qu'un jour, l'œuvre que j'ai entreprise. »

Le P. Damien ne désespérait pas de trouver un remède à la lèpre : il se tenait au courant de tous les travaux scientifiques à ce sujet, et il est toujours certain qu'il avait réussi à prolonger de beaucoup la vie des lépreux, ordinairement voués à la mort à brève échéance. C'était, selon M. Clifford, un homme non seulement dévoué mais très intelligent et même un esprit supérieur, une âme d'une rare élévation.

Quelques mois avant sa mort, il avait demandé un successeur, sentant ses jours comptés. C'est un autre Belge de la même congrégation, le P. Couradi, précédemment dans l'Orégon qui le remplace. Si maintenant le danger n'est guère moindre, du moins la tâche est plus aisée. Trois sœurs de Saint-François sont également établies à Molokaï. Enfin pour la partie protestante des lépreux, il y a un pasteur protestant indigène, lépreux lui-même, qui oublie son mal avec beaucoup de courage pour venir en aide à ses frères.

Il y a quelques mois, à Molokaï on entendit pendant trois jours de longs cris de douleur qui se répercutaient au loin : c'étaient les lépreux qui pleuraient en lamentations funèbres, selon leur rite traditionnel, la mort du P. Damien.

R. G.


6. 7e année (2e semestre) — n°318, 28 juillet 1889 — p. 61 : « Pages étrangères. Comment mourut Edgar Poë. Nouvelle version. Comment on vote aux Etats-Unis. L'électeur malgré lui »

PAGES ÉTRANGÈRES

COMMENT MOURUT EDGAR POË. — NOUVELLE

VERSION. — COMMENT ON VOTE AUX ÉTATS-

UNIS. — L'ÉLECTEUR MALGRÉ LUI.

Les circonstances de la mort d'Edgar Poë n'ont jamais été bien claires. En ce point sa destinée fut assez pareille à celle de Gérard de Nerval sur laquelle on ne pourra jamais faire que des conjectures ; — en ce point ils se ressemblent et en un autre encore, car tous les deux ne furent-ils pas fous, fous d'une merveilleuse et féconde folie, mais fous ? Edgar Poë, du moins, fut atteint d'une bien étrange maladie mentale, d'une sorte de paralysie de la volonté. Il avait horreur de l'alcool et il buvait. Lui qui avait proféré contre l'alcool les plus terribles anathèmes, lui qui avait fait l'éloge de la tempérance, il ne pouvait plus travailler que dans l'hallucination de l'ivresse : « On ne va nullement trop loin, écrit-il dans ses Marginalia, quand on affirme que le mouvement en faveur de la tempérance est le plus important du monde. La tempérance augmente, en effet, dans l'homme la capacité des jouissances saines. L'homme tempérant porte en lui, en toute circonstance, la vraie, la seule condition du bonheur. » Et il ajoute qu'il faut y pousser l'homme par des craintes physiques, des raisons d'hygiène ; la morale y trouvera son compte par surcroît. Pour lui, rien ne l'arrêta et quand on connaît la haute intelligence de Poë, on ne doute pas un instant qu'il ait prévu les affreuses conséquences de ses habitudes d'ivrognerie : il les a prévues et il a persévéré. Rien ne caractérise mieux une maladie de la volonté.

Edgar Poë, qui avait été plus loin en psychologie morbide qu'aucun autre écrivain de son temps connaissait bien ces affaiblissements de la force du vouloir, ou leurs déviations. Il les a étudiées sous le nom d'esprit de perversité, quand il nous montre un homme faisant le mal pour le mal, sans plaisir, sans intérêt, et avec terreur, mais dominé par une puissance mystérieuse. C'est sa propre histoire qu'il a racontée dans Le chat noir, et il n'y manque que l'identité des dénouements. S'il ne poussa pas l'esprit de perversité jusqu'à torturer autrui inutilement, ne fut-il pas, avec une perversité encore plus raffinée, le bourreau de sa santé, de son intelligence, de son génie ?

L'horrible anecdote que nous allons raconter d'après un journal américain le New-York Sun ne contredit que très légèrement le récit connu ou admis de la mort d'Edgar Poë ; il n'a pas, nous semble-t-il, une authenticité absolue ; néanmoins il intéressera par sa vraisemblance. C'est de plus un tableau édifiant des mœurs et de la probité électorale des Américains.

Malade à Richmond, où il avait résolu de se fixer, il fut appelé à New-York pour une affaire importante, se mit en route, mais fut obligé de s'arrêter à Baltimore. Là, il entra dans un cabaret et selon son habitude absorba des quantités d'alcool (ou peut-être, comme à certains buveurs invétérés, ne lui en fallait-il que très peu !) – sans cependant aller comme on l'a dit, jusqu'à rouler ivre-mort. Tout porte même à croire qu'il était peut-être beaucoup moins ivre ce soir-là que bien d'autres soirs, car il était avec quelques-uns de ses amis, buveurs eux-mêmes, mais non ivrognes.

Le petit cabaret était plein ; c'était la veille d'une élection et on buvait ferme aux frais des candidats représentés par leurs agents électoraux. Vers les minuit Poë et ses amis sortirent. Ils n'eurent pas fait dix pas dans la rue qu'ils se trouvèrent enveloppés par une bande d'hommes dont ils ne purent se défendre. Ces hommes n'étaient pas des escarpes, — c'étaient de très honnêtes agents travaillant contre salaire pour leur patron. En effet, il était d'usage à cette époque d'enlever ainsi, à la veille d'une élection tous les ivrognes que l'on rencontrait dans les rues (et ces jours-là, les rues étaient trop étroites), de les séquestrer jusqu'au lendemain matin en compagnie de quelques bouteilles et alors de les traîner, de section en section en les faisant voter jusqu'à vingt ou trente fois comme un troupeau d'automates. Afin d'éviter toute protestation, tout réveil de conscience chez ces malheureux, on avait eu soin de mêler à leur boisson des drogues soporifiques, notamment de l'opium.

Poë et ses compagnons furent enfermés dans une étroite chambre contiguë à une machine à vapeur, au fond d'une impasse, dans Calvert Street. Ils durent y passer la nuit dans une somnolence fiévreuse, tassés les uns contre les autres, en proie à une horrible chaleur, à d'affreuses odeurs, buvant de temps à autre quand la sècheresse de leur gosier les réveillait à demi.

Il est horrible pour qui aime Edgar Poë, pour qui a vécu d'intenses minutes d'émotion avec ses livres, horrible de se le figurer dans un tel état d'avilissement, — et si coupable que fût en lui l'ivrogne, avait-il mérité une telle dégradation ?

Le lendemain matin les raccoleurs revinrent chercher leur troupeau pour les conduire successivement dans trente et une sections de vote. Ceux d'entre ces malheureux qui avaient quelque lucidité n'osaient rien dire ; on les aurait assommés sur place ; les autres allaient comme des machines. Dès la troisième ou la quatrième section, Edgar Poë ne pouvait plus tenir debout : on lui avait sans doute administré une trop forte dose d'opium. Enfin, il devint si pâle que les bourreaux eux-mêmes s'en aperçurent, et se mirent à dire « qu'autant valait faire voter un mort et qu'on pourrait bien avoir des démêlés avec la police. » Pour éviter tout ennui de ce genre, ils prirent le parti de se débarrasser de lui en le jetant dans un cab et en l'envoyant à l'hôpital. Il y mourut, peu d'heures après.

Telle est, paraît-il, la vérité. Edgar Poë serait donc mort, non pas comme l'a dit Griswold, dans un bouge ; non pas, comme on l'a cru ensuite, tombé dans un ruisseau ; mort, non pas ivre, mais empoisonné. Oui, mais après tout, cette aventure électorale n'est qu'un terrible hasard. A ce moment déjà, Poë était perdu et le funeste moment n'a été hâté que de bien peu sans doute :

Mon mal m'envahissait de plus en plus, — car quel mal est comparable à l'alcool !

RÉMY DE GOURMONT.

Note des Amateurs : repris avec des modifications dans « Marginalia sur Edgar Poe et sur Baudelaire », Promenades littéraires, 1904


7. 7er année (2e semestre) — n°331, 27 octobre 1889 — p. 267 : « Pages étrangères. Les médecins servent-ils à prolonger la vie ? »

PAGES ÉTRANGÈRES

LES MÉDECINS SERVENT-ILS À PROLONGER LA VIE ?

Le Tit-Bits vient de poser à ses lecteurs cette question : Les médecins servent-ils à prolonger la vie ?

Oui, répond le journaliste anglais, et il prouve son dire par une statistique qui réduit au silence les contempteurs de la science.

Il constate, avec des documents officiels à l'appui, que le chiffre de la mortalité des différents peuples est presque toujours en raison inverse du nombre de médecins répandus dans un pays.

Par exemple, le pays de l'Europe où la mortalité est la plus grande est la Russie. Nous voyons dans la Courlande, où il y a beaucoup de médecins, et dans la province Baltique le chiffre de la mortalité descendre à 20 et à 22 pour mille, tandis qu'il est de 49 pour mille dans les autres districts où les médecins sont en petit nombre. Toute la Russie, avec son immense population, ne compte que 15,414 médecins réguliers, soit environ un médecin pour 10,000 habitants.

Aussi la moitié seulement des enfants nés en Russie parvient-elle à l'âge de sept ans ; sur 1,000 enfants mâles il n'y en a que 480 à 490 qui atteignent l'âge de 21 ans, et sur ce nombre 375 seulement sont bien conformés.

Les Etats-Unis, au contraire, qui possèdent un docteur en médecine sur 600 habitants, présentent la mortalité la plus basse du monde entier.

La moyenne de la vie est maintenant de cinquante-cinq ans aux Etats-Unis ; en Angleterre elle est de cinquante ans parmi la population urbaine, et de cinquante-quatre ans dans la campagne. En Russie la moyenne de la vie est de vingt-huit ans approximativement comme au Chili, tandis qu'à Ellobed, dans le Soudan, on compte une nouvelle génération tous les vingt-trois ans.

La moyenne de la vie dans la Rome des Césars était de dix-huit ans, maintenant elle est de quarante ans. Dans les derniers cinquante ans la moyenne de la vie a monté, en France, de vingt-huit ans à quarante-cinq ans et demi. Du temps de la reine Elisabeth, la moyenne en Angleterre n'était que de vingt ans.

On attribue ce changement sensible et progressif à l'état plus avancé des sciences médicales, à l'amélioration des égouts, à un régime plus fortifiant, à plus de propreté, à la vaccination, à l'usage des anesthésiques et surtout de la quinine. On voit qu'à elle seule la quinine a prolongé de deux ans la moyenne de la vie de l'homme civilisé. A tous ces agents de bien-être, il faut joindre la diminution de la guerre, l'adoucissement des lois et les progrès de la tempérance.

Ce tableau statistique de la vie moyenne parle éloquemment en faveur des progrès de la médecine.

Jamais, en effet, les médecins ne s'étaient trouvés dans des conditions plus défavorables. Autrefois la vie ne se concentrait pas dans quelques grands centres et les médecins n'avaient pas à livrer bataille à toutes les maladies qui résultent de l'agglomération ; de même la lutte pour l'existence était beaucoup moins rude qu'aujourd'hui. On vivait paisiblement, chacun menant son petit train sans trop de souci du lendemain, et le système nerveux n'était pas ébranlé par le tracas des affaires et les inquiétudes qui minent en si peu de temps l'esprit et le corps.

Donc, rendons grâce à Esculape et faisons des vœux pour que nos conseillers municipaux s'inspirent de plus en plus de ses conseils !

MICHEL READER [pseudonyme de Remy de Gourmont ?].

[Les documents 3 à 7 ont été communiqués par Mikaël Lugan en août 2007]


8. 8e année (1er semestre) n° 342, 12 janvier 1890, p. 30 : « Pages étrangères : Le secret de notre décadence »

PAGES ÉTRANGÈRES

LE SECRET DE NOTRE DÉCADENCE, d'après
un auteur anglais.

En France, les livres se vendent brochés (nous les coupons avec un couteau à papier) ; en Angleterre, ils se vendent tout rognés. Ce fait paraît inoffensif par lui-même ; vous allez voir quelles conséquences peut en tirer un esprit original. Les lignes suivantes sont empruntées à l'humoriste anglais Hill, et traduites par notre collaborateur R. de Gourmont.

Combien croyez-vous qu'il faille de minutes pour couper, avec un couteau à papier, avec le meilleur des couteaux à papier, un volume de trois cents pages ? Le couteau a cinquante tranches, environ, à couper, trente sur le haut, vingt sur le côté, toujours à peu près et selon le format, plus ou moins. Remarquez que je ne fais aucune allusion à ces pliages diaboliques qu'il faut pourfendre sur les trois côtés pour en venir à bout. Reprenons : une tranche de livre ne se coupe pas en une seule fois, si l'on n'a une grande et rare habitude de cette mortelle besogne. Il y faut trois reprises, en tout, cent cinquante mouvements, ce n'est pas du premier coup que l'on insinue le couteau entre les feuilles ; de plus, on est obligé de tourner, sans cesse et de retourner le livre pour atteindre successivement les tranches du haut et les tranches du côté ; joignez à cela les précautions pour ne pas entamer le papier vers les coins ou vers le dos et vous avouerez qu'il est nécessaire de quadrupler le premier chiffre des mouvements que nous avons posé. Nous avons donc, en tout, selon notre moyenne, six cents mouvements, dont la moitié contradictoires au mouvement initial. Mettons, si vous voulez, que chacun de ces mouvements demande une seconde ; c'est bref, une seconde, et il faut plus d'un arrêt entre six cents mouvements successifs ; le coupage d'un volume ordinaire demandera donc dix minutes. C'est un chiffre commode pour le calcul et bien qu'il soit en dessous de la vérité je l'adopte, dans votre intérêt.

R. DE GOURMONT (d'après HILL).


9. n° 1113, 23 octobre 1904, Emile Faguet, « Revue des Livres : Sensations et Opinions d'un Nietzschéen, par M. Rémy de Gourmont »


10. n° 1155, 13 août 1905, Emile Faguet, « Revue des Livres : Promenades philosophiques, par M. Rémy de Gourmont »