Il ne s'agit point ici d'une critique puritaine, mais du reproche plus grave de sacrifier la passion des idées, et la grandeur même de l'amour, aux petites agitations passionnelles des bonnes fortunes et des petites farces adultères. La littérature d'à présent ne vaut pas beaucoup mieux à ce point de vue, que celle où s'ingéniaient misérablement les petits abées roués du XVIIIe siècle. Les meilleurs cerveaux en sont atteints. Il y a une influenza de galanterie. N'est-il pas désolant de voir un homme comme Remy de Gourmont, dépenser les ressources d'une langue ferme, colorée et brillante en menus morceaux de correspondances amoureuses, dont le seul attrait est de savoir comment tous ces suiveurs et suivantes vont à la fin, coucher les uns avec les autres ? Car c'est là tout le Songe d'une femme : C'est du vaudevillisme épistolaire assaisonné de prétendu piment, de soi-disant caractères d'exception, hommes de lettres qui se noient dans leur prose, grandes dames qui font les originales, et petites filles naïves à la Gyp. Je ne raconterai certes pas ce chassé-croisé de gens à la recherche d'un lit et je préfère garder le souvenir heureux, de quelques paysages nets et clairs et deux ou trois mots bien frappés.