Edouard Dujardin : Le Mouvement symboliste et la Musique, 5
Francis Jammes : Poèmes mesurés, 25
Jules Sageret : Henri Poincaré (La Commodité scientifique. — La Science pour la Science.), 33
Albert de Bersaucourt : Balzac et sa « Revue Parisienne », 45
Jean Norel : Le Prochain Conflit du Pacifique, 69
G. Meredith (Marguerite Yersin trad.) : L'Histoire de Chloé (IV-VI), 89

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : LVI . Promenades, 114
Rachilde : Les Romans, 117
Jean de Gourmont : Littérature, 122
Edmond Barthèlemy : Histoire, 136
Georges Bohn : Le Mouvement scientifique, 130
Jean Norel : Questions militaires et maritimes, 134
Carl Siger : Questions coloniales, 140
Charles-Henri Hirsch : Les Revues, 146
R. de Bury : Les Journaux, 151
Jean Marnold : Musique, 156
Auguste Marguillier : Musées et Collections, 159
Georges Eekhoud : Chronique de Bruxelles, 166
Henri Albert : Lettres allemandes, 169
Henry-D. Davray : Lettres anglaises, 173
Marcel Robin : Lettres espagnoles, 178
Jacques Daurelle
: Variétés : Le Salon de Monte-Carlo, 182
Mercure : Publications récentes, 184

Echos, 185


LITTERATURE

Collection des plus belles pages : Stendhal ; « Mercure de France ». — Chronique stendhalienne ; Coffe et Cie, Milan. — F. Baldensperger : Etudes d'Histoire littéraire ; Hachette.

Un des grands mérites de Stendhal, écrit M. Paul Léautaud dans sa courte, mais précise notice aux Plus belles pages de Stendhal, c'est « qu'avant d'écrire il avait vécu ». Stendhal, en effet, s'analyse devant la vie, il s'arrête, comme il le dit, à jouir de ce qu'il sent, et note ses sensations pour les pouvoir revivre. C'est d'abord pour lui qu'il écrit, pour le plaisir secret d'avoir découvert le mécanisme de sa pensée et de ses sentiments. Il n'est peut-être pas d'écrivain à la fois plus dégagé de toute vanité littéraire et cependant plus confiant dans la valeur et la destinée de son œuvre. Ce qui lui donnait cette confiance, c'était la sincérité sans hypocrisie qu'il savait avoir mise dans ses écrits : il s'était fait, d'après son expérience, des idées personnelles sur la vie et sur l'art, qu'il sentait vraies. Comme tous les êtres les plus intelligents, les plus libres d'esprit, les, plus démolisseurs de préjugés, Stendhal était, en réalité, très dogmatique, et il « ne comprenait guère qu'on pût avoir d'autres opinions que les siennes sur les choses et sur les hommes (1) ».

Impulsif, « toute sa vie il fut dominé par son imagination, et ne fit rien que brusquement et d'enthousiasme (2) ». Mais il se rendait compte de ses mouvements et s'arrêtait à les étudier, à en prolonger la sensation. Ainsi, par cette réflexion, la vie se trouve centuplée, en durée et en intensité. Les états de bonheur sont fugaces, et ne prennent une valeur en nous que par le prolongement que nous leur donnons. Volontairement Stendhal fit de sa vie une chasse au bonheur : il le chercha dans l'amour, dans l'art où il retrouvait ses propres émotions, sensuelles et sentimentales, dans la culture de ses sentiments et de ses idées, dans l'étude perpétuelle de son être. Ce n'est pas ici l'œuvre d'un philosophe qui prêche la vie et dédaigne de vivre, mais l'œuvre d'un homme qui a voulu surtout vivre une vie aussi belle et aussi pleine que possible, et qui la décrit et en tire une philosophie : la philosophie du bonheur. On est heureux lorsque l'on sait tirer des événements de l'existence les plus fortes émotions, et qu'on ne se perd pas de vue. Il ne faut pas oublier que Beyle eut des moments, des mois, des années peut-être, de tristesse et même de désespoir : il songea au suicide. Mais ces états de tristesse préparent l'être à de nouvelles floraisons ; et puis, se savoir très malheureux, en connaître les causes, c'est encore une sensation de puissance. Malheureux, découragé, Stendhal l'était, lorsqu'il ne se sentait plus aimé d'une femme, dans l'âme de laquelle il voulait régner en maître ou plutôt en dieu. Alors il s'obstinait et avec une grande conscience de ses gestes, de ses paroles, de ses expressions de physionomie, il voulait arriver à troubler cette femme pour être lui-même troublé de son trouble, et cela sans se perdre jamais de vue. L'amour c'était pour lui comme une vérification de l'idée qu'il se faisait de lui-même ; il voulait être aimé, et je ne crois pas, malgré ses aveux de passion, qu'il ait jamais réellement aimé pour son compte, sans la certitude d'être suivi. Ses souffrances d'amour sont toutes d'amour-propre : elles n'en furent point moins vives et moins réelles pour cela. Il écrit dans Journal : « Elle m'aimait dans ce moment. Sa figure marquait le plus grand attendrissement. Voilà peut-être le plus fort mouvement d'émotion, tendre et profonde que j'aie causé. » Il écrit encore : « Recevoir et jamais prendre. Je trouve cette maxime très convenable à mon caractère, dans lequel la force nécessaire pour l'exécution tue le sentiment. »

Ce qui aggrava sa passion pour Métilde, c'est que cette femme qui l'aimait ne se donna jamais à lui. Pour mériter aux yeux de Dieu, écrit-il, que Métilde l'aimât, il refuse d'être l'amant de la « divine » comtesse Kassera. Il ajoute que jamais il ne se le pardonnera.

Stendhal est encore le prototype de celui qui éprouve le besoin de fixer, de noter ce qui se passe en lui. Se fixer, c'est-à-dire se connaître, faire des découvertes en soi, se surprendre en état de contemplation, d'ironie, de révolte, d'amour ou d'émotion intellectuelle. Toute l'œuvre de Stendhal est une confession et la révélation d'une des personnalités les plus curieuses qui soient : on la découvre dans ses romans comme dans ses ouvrages d'autobiographie. On trouvera, dans ce gros volume de 538 pages, les chapitres les plus curieux, les plus typiques de ses divers ouvrages : Journal, Vie de Henri Brulard, Souvenirs d'Egotisme, de l'Amour. Voici les Préfaces où l'auteur a indiqué le but qu'il se proposait en composant tel et tel de ses livres, les circonstances dans lesquelles il les écrivit. Il y défend ses idées, y explique volontiers qu'elles s'adressent à un public d'élite et qu'elles ne seront guère admises avant 1880. Quelques chapitres de le Rouge et le Noir et de la Chartreuse de Parme, ce roman qu'on relit toujours avec une nouvelle curiosité. Des Anecdotes italiennes, tirées de Rome, Naples et Florence, un des livres les moins connus de Stendhal, et peut-être le plus curieux au point de vue de ses idées sur la vie et sur les mœurs. A-t-on remarqué que ces mœurs si sainement immorales de l'Italie de cette époque étaient comme la continuation de notre XVIIIe siècle français, avec les nuances causées par les différences de climat et de race ? Mais on comprend l'amour de Stendhal pour la vie que l'on menait à Milan, et, en lisant ce beau livre, on se sent vraiment humilié de notre pudibonderie et de notre hypocrisie actuelles. Voici des Anecdotes françaises, tirées des Mémoires d'un Touriste, quelques lettres et, en appendice, la Biographie de Stendhal par R. Colomb, H. B. par un des Quarante, quelques opinions littéraires, parmi lesquelles un morceau du fameux article de Balzac (Revue Parisienne du 26 septembre i84o), l'étude de Taine et l'opinion de Gœthe. Pour terminer le volume (3), deux curieux documents : les Itinéraires de Stendhal ou la liste des villes où il passa au cours de son existence, où il vécut, où il écrivit et où il aima. Une autre liste des 171 pseudonymes de Beyle, dressée comme la précédente par M. Léautaud, et qui parut d'abord dans la Chronique Stendhalienne. Dans cette chronique, on trouvera, à côté d'amusantes anecdotes, des lettres inédites de Beyle, des fragments, inédits aussi, de Promenades dans Rome, ainsi que la main de Stendhal, gravure sur bois d'après la photographie du Mirabeau de Jaley, au Palais-Bourbon. Stendhal avait posé la main pour cette statue du tribun.

§

M. Baldensperger, dans ses Etudes d'Histoire littéraire, recherche comment le XVIIIe siècle expliquait l'universalité de la langue française. Les uns l'attribuaient aux victoires de la monarchie, à l'influence personnelle de Louis XIV, à la création de l'Académie par Richelieu. Certes, « il y a une certaine fatalité qui joint ordinairement ensemble l'excellence des armes et celle des lettres et qui fait que la langue des peuples est dans la plus haute splendeur sous les règnes des plus grands rois (4) ». Mais il y eut à cette prérogative de la langue française d'autres causes : « Si la langue française est maintenant triomphante, écrivait un Italien, Garaccioli, en 1776, c'est que, naturelle et concise dans ses expressions, elle est le langage de la société..., il faut revenir à la langue française quand on veut converser ; moins diffuse que toute autre, moins difficile à prononcer, elle n'exige ni une abondance de mots, ni des efforts de gosier pour donner du corps aux pensées. » M. Baldensperger suit pas à pas les différentes opinions des Français et des étrangers sur cette question et cite de curieuses pages, difficiles à résumer et trop longues pour être reproduites ici. Mais c'est un fait admis par tous, que la France, au XVIIIe siècle, était bien en avant des autres nations au point de vue de la culture et de la philosophie : elle représentait la civilisation. La langue française était alors dans une situation analogue, à celle du latin, durant le triomphe de l'humanisme : elle était, en fait, la langue universelle. Montesquieu écrit de Vienne, le 10 mai 1725 :

Notre langue y est si universelle qu'elle y est presque la seule chez les honnêtes gens et l'italien y est presque inutile. Je suis persuadé que le français gagnera tous les jours dans les pays étrangers : la communication des peuples y est si grande qu'ils ont absolument besoin d'une langue commune.

Depuis Montesquieu, les autres nations européennes ont évolué, ainsi que leurs langues devenues capables de tout exprimer et de tout traduire. Il y a une culture allemande, une culture anglaise, etc., et les langues dominent par la culture qu'elles représentent. Faire l'histoire d'une langue, c'est écrire l'histoire des idées, de la vie, de la force d'expansion d'une race. La langue française conservera toujours ses qualités inhérentes à la pensée française, celles-là mêmes que M. Quinton a naguère, résumées en une admirable formule. Chez les Français, dit-il, « l'intelligence forme un organe différencié. Il y a scission absolue entre elle et la sensibilité »... Si bien que « les connaissances fondamentales sur lesquelles repose notre conception même du monde vivant ont une origine qui est française ». Notre langue est donc nécessaire à la culture européenne, notre langue, traduction de notre mentalité française.

JEAN DE GOURMONT.

(1) Cf. à l'Appendice : H. B., par un des Quarante.

(2) Cf. à l'Appendice : H. B., par un des Quarante.

(3) En frontispice, un portrait gravé sur bois d'après Södermark.

(4) Charpentier, Réponse aux discours de réception de l'abbé Bignon et de La Bruyère, à l'Académie Française, le 15 juin 1693.


LES REVUES

La Phalange, Les Chimères : les précieux de 1885 et ceux de 1908 ; souvenirs de M. F. Vielé-Griffin, opinion de M. G. Apollinaire, vers de M. G.-R. du Costal, prose de M. Claude Roger-Marx. — La Revue : l'art des détectives. — La Revue de Paris : vers posthumes à la mémoire de Ch. Guérin. — Mémento.

Dans la Phalange (15 janvier), M. F. Vielé-Griffin publie une page d'histoire littéraire qui n'est pas sans intérêt : les Précieux de 1885. Il y apporte assez de bonne humeur. Vous allez voir :

Un souvenir dont je ris encore : jeunes et assez enclins à la gaieté, nous composâmes en alexandrins nourris de ce style nouveau un « toast funèbre ». Un de nos amis voulut communiquer cette page (tant il la trouvait réussie) à un parent curieux de littérature et résidant en Alsace. C'était avant l'affaire Schnébelé. La surveillance était vigilante en Alsace-Lorraine, dont la double frontière se hérissait de baïonnettes. Aussi bien la copie du texte funèbre n'arriva-t-elle pas à destination : interceptée, à bon droit, somme toute, par le cabinet noir prussien, elle fut confiée, nous le sûmes par la suite, au service du déchiffrement des cryptogrammes. On se plaît à imaginer le labeur ingrat de l'honnête fonctionnaire germanique chargé de trouver le sens international de cette œuvre de fantaisie; nous y étant essayé nous-même, en compagnie de quelques amis, nous restâmes épouvanté du sens allusoire et riche en conséquences diplomatiques de ce non-sens traité avec quelque subtilité.

Il y a quelques précieux, en 1908, dont les poèmes sont des rébus. Ils ont à peine raison d'écrire pour n'être point compris, s'ils n'ont rien à annoncer au monde et veulent pourtant écrire.

A propos d'un livre de M. Jean Royère,qui est un philosophe de talent, M. Guillaume Apollinaire remarque : « Cette langue est claire comme les flammes de la Pentecôte et ces poèmes sont plus beaux à cause de leur obscurité. » Je note ces mots sans juger Sœur de Narcisse nue, l'œuvre de M. Royère, qui les a inspirés. Je ne connais pas ces poèmes. « Ils sont plus beaux à cause de leur obscurité », voilà ce qui peut choquer aujourd'hui. Et ne vous méprenez pas ; plus avant, M. G. Apollinaire écrira : « On n'a pas à s'occuper de la clarté. » Il insiste, en outre :

On a trop souvent voulu nous faire croire que les Français n'aimaient pas la beauté pour elle-même, mais surtout à titre de renseignement. Le goût français est autrement raisonnable. Nous ne voulons plus d'un lakisme insensé. Sous couleur d'aimer la nature, la science et l'humanité, trop de jeunes gens ont gâté leur art par un enthousiasme écœurant. En France, plusieurs générations littéraires qui pouvaient s'approcher de la perfection en ont été écartées par l'influence de la littérature anglaise, si riche, si attrayante, mais pleine de vérités inutiles.

Que des lettrés, que des hommes cultivés, en arrivent à nier que la clarté soit essentielle à la beauté, cela semblerait une fâcheuse plaisanterie, rien de plus. Mais de jeunes hommes qui se préparent à écrire sont dupés. Ils veulent être originaux et, pour y parvenir, très ingénument, ils assemblent des mots dans un ordre bizarre. Ce mélange barbare peut cacher une toute petite idée neuve, qui eût été charmante, exprimée simplement, dans sa fraîcheur, avec toutes les finesses qu'autorise l'évolution normale de la langue.

Voilà des jeunes gens, par exemple, qui fondent une « revue littéraire », les Chimères (1er février). Ils ont le goût parfait de ne pas publier de programme ni de manifeste. Quelques-uns montrent un véritable talent : MM. V. Muselli, Michel de Gramont, etc... Mais qu'allez-vous penser de ces vers de M. Guy Robert du Costal ? Je les reproduis tels que la revue les imprime :

STANCES

Se sont flétries les roses... dans l'attente
S'est effeuillé l'essor serré des baumes
Et se sont courbées les touffes ardentes
Pleurant les larmes vaines de l'arôme...

Se flétrit d'ennui notre âme tremblante
Car le temps est mort de la moissonnée,
S'endort la pensée de douleur dolente
Et s'est incliné notre espoir fané...

Voulez-vous maintenant un exemple de prose ? Je l'emprunte à la « divagation première », des Quatre divagations du docteur Olocronosse. L'auteur en est M. Claude Roger-Marx. J'ai le plaisir de le connaître assez pour affirmer qu'il parle avec intelligence de philosophie et d'art. Nous eûmes ensemble, il me souvient, une conversation, chez moi, sur Baudelaire. Et nous admirions tous deux le poète. Mon interlocuteur s'exprimait clairement, je vous l'assure. Et encore, on rature, en parlant, il peut y avoir doute, le mot juste peut ne pas venir. M. Claude Roger-Marx, écrivain, a-t-il trop raturé, craignait-il la banalité de l'historiette dont il pensait faire une œuvre rare ? Il a écrit cette invraisemblable prose dont il sera le premier à condamner les excessives inversions, le maniérisme disgracieux, s'il veut bien lire une page de Buffon, de La Bruyère, de Renan, de M. Maurice Barrès ou, s'il lui plaît mieux, de Gautier, de Hugo, de M. R. de Gourmont ou de M. R. Boylesve... Oui, un jeune homme, qui aime les Lettres et ne va pas au café, a écrit ceci :

Sur ce, le docteur Olocronosse souleva sa jambe droite qu'il avait longue, la porta sur la gauche et, cinq minutes durant, tourna. ses pouces alternativement dans les deux sens...

Et réfléchit...

Et se regarda devant la glace : Minable lui parut alors sa mine, lamentables ses yeux en boules de loto qui s'agitaient dans leurs cercles noirs, et misérable sa moustache inculte et brune qui descendait plaintivement sur ses joues maigres. Lors il se rit pourtant du costume tragique et grotesque dont il avait affublé son squelette ; sur son crâne chauve et luisant il enfonça plus avant la calotte sarde et haute de velours rouge sur laquelle sa fantaisie avait brodé la tête énigmatique d'une chouette ; et se délecta en regardant aussi le reste de son accoutrement en même étoffe sanglante et qui le sanglait à la taille. Et, à l'instar des sages de l'Inde, passa un bon moment à contempler rêveusement le bouton symbolique et sans utilité pratique qu'on avait fixé au centre de la susdite robe de chambre et qui figurait un nombril d'or d'où partaient en tous sens de multiples radiations. Songea au système solaire, se dit qu'il était lui-même, Olocronosse, le centre de la terre et du monde, mais fut bien vite repris par le doute universel, souffla sa lampe et regarda par la fenêtre Altaïr, Sirius et Betelgeuse...

Ferma les yeux en ouvrant la bouche vers le ciel, et s'imaginant, avec la puérilité des savants, que les étoiles allaient lui tomber toutes fondantes dans le bec, comme de petits bonbons d'or et d'argent. Puis, pliant en deux son grand corps chétif, prétendit que les effluves des constellations étaient trop salés et expectora une fort grande quantité de salive avec laquelle se mit à jouer la lune amoureuse en y trempant ses doigts blêmes.

Ayant assez de ce jeu bizarre, Olocronosse bâilla en songeant aux décrochements improbables des mâchoires...

Je me suis laissé aller à citer ce morceau, parce que je crois bien avoir écrit, naguère, d'un style aussi ridicule. Je conservais cependant les sujets dans mes phrases, si biscornues et tarabiscotées qu'elles fussent. C'est en mémoire d'elles que je voudrais tenter de détourner les jeunes hommes de 1908 d'imiter les travers que les jeunes hommes de 1895 imitaient des « précieux de 1885 ». Vraiment, on n'a pas le droit de perdre son temps ; car qui sait ce qu'il en aura ?...

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MEMENTO. — La Revue bleue (1er février). — M. Camille Mauclair : « Le dilemme de la peinture ». — M. E. Pilon : « Métiers de Prêtres. »

La Revue de Paris (1er février). — Waldeck-Rousseau : « Ce qui tue les Républiques ». — De M. L. Bertrand, un fort curieux article sur la Première tentation de Saint-Antoine, de G. Flaubert, dont cette revue publiera prochainement le texte. — « Stradivarius », par M. C. Barrère.

Les Documents du progrès (janvier). — De M. Walter Crane : « L'Idéal socialiste comme nouvelle inspiration d'art. »

Le Beffroi (janvier). — Poèmes de MM. Michel Puy, L. Pergaud, L. Dumont.

Le Censeur (1er) contient les réponses à une enquête sur « La République au Portugal ».

La Foire aux Chimères (15 février) publie des poèmes de MM. Banville, d'Hostel, Franconi, G.-H. Mai, B. Marcotte, etc.

La Grande Revue (25 janvier) donne, entre autres articles à lire : « La tragédie de Ravaillac, fort curieuse contribution de MM. J.-J. Tharaud à l'histoire du XVIIe siècle.

Viennent de paraître pour la première fois à Paris :

En janvier : Juvenia, revue que MM. C.-H. de Guy et d'Angelis ont placée sous le patronage de M. Maurice Barrès.

Le 1er février : Floréal, dont la rédaction se recommande de M. Edmond Haraucourt.

CHARLES-HENRY HIRSCH.


LES JOURNAUX

Balzac en province (Le Temps, 7 février). — Stendhaliana (Le Temps, 12 et 13 février).


ÉCHOS

« Les Hommes et les Idées ». — H.-G. Wells et le Socialisme.— Une Lettre de M. P.-N. Roinard. — Mort de Francis Thompson. — Une Découverte capitale pour l'islamisme. —: La Littérature européenne en Chine. — Le Cinquantenaire de Geijerstam. — « Les Amis d'Eugène Carrière ». — Cercle de l'Art moderne, au Havre.— Au Salon d'Automne. — Avis aux sous-préfets. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.

« Les Hommes et les Idées ». — C'est le titre d'une Collection dont nous mettons en vente le premier volume. Cette nouvelle Collection est une œuvre de vulgarisation, dirions-nous, si ce mot, dont on a tant abusé, n'était suspect. Cependant, il n'en est pas d'autre, peut-être, qui la qualifie exactement, pourvu qu'on le prenne dans son sens le plus élevé et le plus général.

Mettre à la portée de tous, dans un format commode et à un prix minime, la connaissance précise des hommes et des idées d'aujourd'hui, et même d'hier, tel est en effet notre but.

Sans prétendre à l'universalité, notre domaine sera des plus étendus : les lettres, les sciences, l'histoire, la philosophie et toutes les études variées leur servant de base, enfin tout ce qui peut intéresser celui qui cultive son intelligence et veut se tenir au courant du mouvement intellectuel.

Ce lecteur, auquel nous faisons appel, se formera en même temps et à peu de frais une petite bibliothèque utile et d'intérêt durable.

Après Henri de Régnier et son œuvre, de Jean de Gourmont, paraîtront René Quinton, la Loi de Constance originelle, l'Eau de mer milieu organique, par Lucien Corpechot ; Rudyard Kipling et la Littérature anglo-indienne, par Henry-D. Davray ; la Naissance et l'Evanouissement de la Matière, par Gustave Le Bon ; Jules Renard, par Henri Bachelin ; la Magie et l'Origine des Religions, par A. Van Gennep ; Francis Jammes, par Edmond Pilon ; etc., etc.

Nous avons pensé que beaucoup de nos lecteurs désireraient recevoir au fur et à mesure de leur publication, sans avoir à les commander, les petits ouvrages de la collection les Hommes et les Idées, et nous avons établi un abonnement par séries de douze (n° 1 à 12, n° 13 à 24, etc.), aux prix de 7 fr. 5o pour la France et 8 francs pour l'étranger.

Les personnes qui auront acheté le premier ouvrage paru (Henri de Régnier et son œuvre), et qui désireraient s'abonner à la première série de douze, n'auront à nous faire parvenir que 7 francs pour la France et 7 fr. 5o pour l'étranger.