J. Pérès : Le Mysticisme de la volonté chez H. de Balzac, 5
Pierre Quillard : Charles Cros, 23
Paul Castiaux : Poèmes, 29
Paul Louis : La Politique des classes moyennes, 32
G. de Reynold : Un Précurseur du Romantisme : Gessner et le sentiment de la Nature, 44
Alexandra David : L'Instruction des indigènes en Tunisie (Opinion de la jeunesse intellectuelle musulmane), 61
Jean Gounouilhou : Les Sollicitations amoureuses, nouvelle, 73

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : LXIV. Crimes, 93
Pierre Quillard : Les Poèmes, 96
Rachilde : Les Romans, 99
Jean de Gourmont : Littérature, 105
Edmond Barthèlemy : Histoire, 109
Jules de Gaultier : Philosophie, 115
Georges Bohn : Le Mouvement scientifique, 119
Jacques Brieu : Esotérisme et Spiritisme, 123
Charles-Henry Hirsch : Les Revues, 129
R. de Bury : Les Journaux, 135
Maurice Boissard : Les Théâtres, 140
Tristan Leclère : Art ancien, 145
Auguste Marguillier : Musées et Collections, 149
Henri Albert : Lettres allemandes, 156
Henry-D. Davray : Lettres anglaises, 161
Marcel Montandon : Lettres roumaines, 165
H. Messet : Lettres néerlandaises, 170
P.-G. La Chesnais : Lettres scandinaves, 175
Charlotte Chabrier-Rieder : Variétés : Le Christian Scientism, 179
Jacques Daurelle : La Curiosité, 185
Mercure : Publications récentes, 188

Echos, 189


LES JOURNAUX

Gaston Boissier (Le Figaro, 11 juin). — Les Décadents (L'Eclaireur de Nice, 9 mai). — Du Mallarmé suspect (L'Intermédiaire, 30 mai).


LES THEATRES

THEATRE MÉVISTO : Le Brouillon de l'Amour, pièce en un acte, de M. Théodore Cahu. En bonne fortune, comédie en un acte, de MM. Pierre Veber et Léon Xanrof. Un Episode sous la Terreur, pièce en un acte, de M. Nozière, d'après la nouvelle de Balzac. Jujules, comédie en un acte, de MM. Auguste Germain et Paublan. Les Trois Masques, pièce en un acte de M. Charles Méré. Mévisto chez Mévisto, fantaisie d'actualité, de MM. H. Trébor et A. Mainger (26 avril). — ODÉON : Socrate, pièce en 4 actes en vers de M. Charles Richet (5 mai). — VAUDEVILLE : Mariage d'étoile, comédie en 3 actes de MM. Alexandre Bisson et Georges Turner (8 mai). — THEATRE DES ARTS : Candida, pièce en 3 actes de M. Bernard Schaw, version française de M. Mme Hamon (8 mai). — ODÉON : L'autre, comédie en un acte en vers de M. André Dumas. Velléda, tragédie en 4 actes de M. Maurice Magre (27 mai). — ATHÉNÉE : Le Chant du Cygne, comédie en 3 actes de MM. Georges Duval et Xavier Roux (3o mai). — M. Huguenet à la Comédie-Française. — M. Paul Bourget et le Théâtre. — Patriotisme. — Memento.


ECHOS

Mort de M. H.-B. Brewster — La Ligue pour la Liberté de l'Art. — La Revue des Idées. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.

Mort de M. H.-B. Brewster. — M. H.-B. Brewster, qui publia ici même un livre d'une philosophie si fine et si libre, l'Ame païenne, vient de mourir à Farnborough (Angleterre), le 13 juin dernier. Son livre lui avait valu de sérieuses admirations et de belles amitiés. En m'annonçant sa mort, M. G. Vannicola l'appelle « un maître de sérénité morale », — et c'était bien cela.

R. G.

§

La Ligue pour la Liberté de l'Art adresse aux gens de lettres et aux artistes une circulaire dont voici les principaux passages.

Paris, le 15 juin 1908.

Monsieur

Vous n'ignorez pas qu'un Congrès international contre la Pornographie a tenu ses assises à Paris, les 21 et 22 mai derniers...

... Nous croyons devoir appeler l'attention des hommes de lettres et des artistes sur une des résolutions prises par ce Congrès. C'est pourquoi nous avons l'honneur de vous faire savoir que le Bureau international d'information contre la littérature immorale, siégeant à Genève, a reçu la mission de fonder une "Union internationale de toutes les sociétés contre la pornographie".

Le but de cette Union est simple : Informer, c'est-à-dire dénoncer. Grâce à l'Union internationale, toute œuvre pornographique sera dorénavant, dès son éclosion signalée aux sociétés anti-pornographiques du monde entier, en sorte qu'elle pourra être poursuivie, condamnée ou interdite immédiatement, non seulement dans son pays d'origine, mais aux quatre coins du monde.

La Société des Gens de Lettres (de Paris) ayant apporté son adhésion solennelle au Congrès international contre la pornographie et, conséquemment, ayant approuvé l'extension des pouvoirs du Bureau international d'Information (de Genève) on peut, sans doute, avoir toute confiance dans ledit Bureau international pour faire respecter partout les droits de l'art français. La pornographie, seule, est visée cela est évident. Mais encore faudrait-il savoir exactement ce que c'est que la Pornographie. A défaut d'une définition précise que le Congrès ne nous a pas donnée, nous trouvons dans les rapports des Congressistes de précieux renseignements. En sachant ce que l'on condamne aujourd'hui, nous pouvons deviner ce que l'on condamnera demain.

Lisons donc ces rapports :

M. JOSEPH PAPPERS, instituteur à Cologne, premier secrétaire de la Fédération des Sociétés masculines contre la pornographie, déclare qu'en Allemagne c'est surtout la « Science qui sert de manteau à l'impudeur » (Rapports sur l'état de la pornographie dans chaque pays et sur sa législation, page 5).

M WILLIAM COOTE, secrétaire de la Littérature immorale et de la Législation (!) de Londres, s'enorgueillit, au nom de la National vigilance Association, d'avoir arrêté et fait condamner les traductions de Zola et de Maupassant (id., pp. 22 et 23).

M. JOSEPH CELS, de Bruxelles, secrétaire général de la Ligue belge contre la licence des étalages et de l'immoralité (sic), déclare obscène « la représentation par l'écrit, par l'image ou par le geste, de tout ce qui peut éveiller les passions sexuelles ou provoquer des curiosités malsaines » (id., p. 32).

Cette « définition » de l'obscénité a permis à la Ligue dont M. Cels est le secrétaire de faire interdire en Belgique de nombreux livres et de nombreux journaux français (dont le Rire et la Vie Parisienne) et de faire saisir, ces jours derniers, les publications pornographiques suivantes :

Aphrodite, de Pierre Louys ; Claudine à l'Ecole, de Willy ; Une Passade, de Pierre Veber ; l'Art et le Beau, de Louis Legrand ; les Dessous de Bruxelles, de Maurice Saye ; les Images galantes, de John Grand-Carteret ; ainsi qu'un grand nombre d'œuvres de Paul de Kock, Armand Silvestre, etc. (Le Journal du Matin, de Bruxelles, 25 mai 1908).

M. BÉRENGER, de Paris... Mais tout le monde connaît son œuvre... C'est par ses soins qu'ont été condamnés ou poursuivis Jean Richepin, Paul Adam, René Maizeroy, Catulle Mendès, Raoul Ponchon, Oscar Méténier, Hugues Delorme, Lucien Descaves, Willette, Louis Legrand, Forain, Louis Morin, Jean Veber, Steinlen, et cent autres...

C'est par son omnipotence dirigeant les lois répressives et supprimant les lois de liberté (notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la Presse) qu'une dizaine de « petits » journaux sont interdits dans certaines gares, en même temps que quelques livres parmi lesquels Tigre et Coquelicot, de M. Charles-Henry Hirsch, et Une vie, d'un certain pornographe déjà condamné eu Angleterre : Guy de Maupassant.

(Bien que ces faits soient de notoriété publique, il est évident que la Société des Gens de Lettres les ignorait. Elle ne connaissait M. Bérenger que comme auteur de la fameuse loi de sursis — qu'il n'a pas inventée, du reste.)

M. REGOUT, député, délégué de la Société hollandaise pour l'honneur et la vertu estime obscènes "les dessins dans le genre de ceux qui se trouvent dans le Rire et le Deutsche Zitz-Hatt et les écrits de même nature".

Des pièces comme Vous n'avez rien à déclarer, ou die Dame von Maxim, sont, pour lui, "d'une obscénité incroyable" (id., p. 42).

M. le Professeur RODOLFO BETTAZZI, de Turin, s'est adressé au procureur du roi « pour obtenir qu'il ne permît pas l'exposition des plus sales vignettes de l'Asino » (id., p. 49). Il est bon de dire que l'Asino est un journal exclusivement satirique anticlérical.

Enfin, M. JÉROME PERINET, de Genève, président du « Bureau international d'information contre la littérature immorale » dont nous parlons plus haut, s'exprime ainsi :

« Tous les livres obscènes publiés en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie, nous arrivent en Suisse et remplissent nos kiosques. Les plus mauvais, nous obtenons encore de les faire ôter de la montre, mais de nouveaux apparaissent aussitôt, plus nombreux et pires que les autres. C'est ainsi que vient d'apparaître en montre, partout, un volume à 95 centimes de la « Modern-Bibliothèque » : La leçon d'amour dans un parc, etc.

Cette édition illustrée à bon marché fait beaucoup de mal à la jeunesse.

Paris-Galant, Aphrodite, les Aventures du roi Panzoles (sic), l'Art d'aimer, d'Ovide, etc. » (id., p. 53).

Et, plus loin (p. 54), à propos de théâtre :

« Nous avons en Suisse, bien souvent, des troupes de passage qui nous apportent sur la scène des pièces ignobles, comme celle que l'on joue en ce moment à l' « Espérance » : Amour et Cie. Ce n'est pas de l'obscénité, c'est de la cochonnerie toute pure, et il y a chaque soir salle comble. Nous nous sommes plaints à la police. Quand une pièce est connue pour être immorale, les comités différents en réfèrent aux autorités compétentes et obtiennent souvent ce qu'ils demandent.

C'est ainsi que le comité de Lausanne a fait cesser dernièrement la représentation d'Education de Prince. Sur la demande de la municipalité la direction du théâtre a supprimé les représentations de cette pièce et les a remplacées par d'autres. »

A quibusdam disce omnes.

Nous avons intentionnellement puisé nos exemples dans les rapports écrits de Messieurs les Membres du Congrès international contre la Pornographie. Nous compléterons bientôt cette énumération, d'après les déclarations verbales tombées de la bouche des orateurs, au cours des quatre séances qu'a tenues le Congrès. Mais il fallait que l'on sût, tout de suite, que l'œuvre de ces Messieurs va se continuer désormais, et que les Sociétés anti-pornographiques du monde entier ont décidé d'obéir au mot d'ordre lancé de Genève. Il fallait que l'on sût qu'Education de Prince est une saleté, qu'Aphrodite est une ordure, et que la Morale, dès aujourd'hui, condamne tout cela.

Que ne condamnera-t-elle pas demain ?

P.-S. — Pour les artistes qui croient encore que les Ligues antipornographiques ne poursuivent que la pornographie et qu'elles respectent l'Art, citons cet extrait du rapport de M. Joseph Pappers (pages 13) :

« Pour déclarer qu'une chose est obscène et par conséquent de nature à blesser la morale en général, le juge doit s'inspirer du sentiment du peuple avec lequel il a au moins autant de points de contact que l'artiste. L'artiste qui, par profession, s'occupe de nudités, n'est peut-être pas choqué par des illustrations de ce genre. Mais son opinion ne saurait influer sur le prononcé du jugement. On ne peut pas non plus faire entrer en ligne de compte qu'une illustration est exécutée d'une façon artistique. En dépit de l'art, et souvent même à cause des raffinements artistiques d'une œuvre, le sujet de cette dernière peut agir sur les sens de la façon la plus pernicieuse.

On ne peut dire combien les appréciations favorables des artistes ont déjà causé de mal. »

M. Bérenger avait déjà dit : L'art n'est pas une excuse.

L'adresse de la Ligue est 111, avenue Victor Hugo-Paris.

§

La Revue des Idées — Une société vient de se constituer pour acheter la Revue des Idées, qui continuera à paraître dans le même esprit, sous la direction de M. Remy de Gourmont, avec M. Lucien Corpechot pour rédacteur en chef. L'Administration de la Revue des Idées est transférée dans les locaux du Mercure de France.

§

Publications du « Mercure de France ».

LES PLUS BELLES PAGES DE CYRANO DE BERGERAC, avec des pages inédites, une Notice de Remy de Gourmont, un portrait, deux gravures anciennes (Le Pédant joué. Lettres satiriques et amoureuses. Scènes de la mort d'Agrippine. Entretiens pointus. Voyage à la Lune et au Soleil. Fragments de Physique. Appendice : Documents biographiques. Jugements littéraires et scientifiques. Bibliographie.) Vol. in-18, 3.5o.

HENRI D'OFTERDINGEN, de Novalis, traduit et annoté par Georges Polti et Paul Morisse. Préface de Henri Albert. Portrait d'après le tableau de Hader. Vol.in-18, 3.5o.

LA NEF DÉSEMPARÉE, poèmes (Le Jardin des Iles claires. La Nef désemparée), par André Fontainas. Vol. in-18, 3 5o.

§

Le Sottisier universel.

Tour à tour, le disert propagandiste prend corps à corps la diarrhée des nourrissons, l'ignorance ménagère, le logement insalubre, la pollution des eaux, la tuberculose, l'alcoolisme ; il ne se borne pas à dénoncer les agents délétères, à flétrir les germes corrupteurs, etc. — PAUL STRAUSS, Figaro, 6 juin.

Mère criminelle. Enfant dévoré par les pourceaux. Suicide du complice. — Titre d'article. La Liberté, 19 juin.

Ulmo n'a pas eu la moindre envie d'en finir avec l'existence, et, s'il a pleuré, c'est, à l'instar des crocodiles, de regret de n'avoir pu arriver à palper la grosse somme. — HENRI ROCHEFORT, La Patrie, 13 juin.

Certes, son but a été vertement atteint. — Libre Parole, 21 juin.

Pour mieux éclairer votre conscience, agissez ainsi : pelez et découpez une douzaine de pommes en tranches mi-épaisses. — La Cuisine des Familles, n° 155, p. 137.

Dès qu'elle se fut imbue de la certitude d'être en possession de l'instruction nécessaire, Huguette Colomieu ne songea plus qu'à prendre son élan, en lâchant les étrivières. — A. JACQUES BALLIEU, Les Sports, 20 mai.

Septième arrondissement. L'Ecole militaire. Inscrits : 2232. Votants 2501. — Le Journal, 4 mai.

Mais ce qu'ils donnent d'une main, ils le marchandent de l'autre par des restrictions et des mesures d'exception. — Lettre de Pie X aux Cardinaux français, 17 mai.

Celui-ci [Harden] continue à être jugé très sévèrement par la presse, à l'exception des journaux qui, depuis le commencement de l'affaire, sont restés ses partisans. — Gazette, 25 mai.