J. Roger Charbonnel : La Musique et la Renaissance de l'Inconscient
Francis Jammes : Pages détachées
André Rouveyre : Visages : VII. Jean Psichari
Tancrède de Visan : Maurice Barrès professeur de lyrisme
Philippe Martinon : Le Trimètre, ses limites, son histoire, ses lois
Albert Cloüart : Cantique aux fruits du Verger, poème
Jacques Mesnil : La Civilisation florentine au XVe siècle
Georges Le Cardonnel : Les Soutiens de l'Ordre (XXII-XXV, fin), roman

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : LXXIX. La Messe
A.-Ferdinand Herold : Les Poèmes
Rachilde : Les Romans
Jean de Gourmont : Littérature
Edmond Barthèlemy : Histoire
Henri Mazel : Science sociale
A. van Gennep : Ethnographie, Folklore
Charles-Henri Hirsch : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
André Fontainas : Les Théâtres
Charles Morice : Art moderne
Henri Albert : Lettres allemandes
Henry-D. Davray : Lettres anglaises
Philéas Lebesgue : Lettres portugaises
Démétrius Astériotis : Lettres néo-grecques
Michel Mutermilch : Lettres polonaises
Félix de Gerando : Lettres hongroises
Mercure : Publications récentes

Echos


LITTÉRATURE

Les Poètes du Terroir, du XVe siècle au XXe siècle. Textes choisis, accompagnés de notices biographiques, d'une bibliographie et de cartes des anciens pays de France, par Ad. van Bever. Tome I. Alsace, Anjou, Auvergne, Béarn, Berry, Bourbonnais Bourgogne Bretagne, Champagne. 1 vol. Ïn-12, 3.5o, Delagrave. — Léon Séché : Etudes d'histoire romantique : Le Cénacle de la Muse française. 1823-1827. Documents inédits. Portraits. Frontispice allégorique de la Muse Française, 1 vol. in-8, 7.5o, « Mercure de France ». — Gustave Lanson : L'Art de la Prose, 1 vol. In-18, 3.5o, « Librairie des Annales ». — Raoul de Houdenc : Le Songe d'Enfer, suivi de la Voie de Paradis. Poèmes du XIIIe siècle, précédés d'une notice historique et critique et suivis de notes bibliographiques et d'éclaircissements par Philéas Lebesgue. 1 vol. in-18, 3.50, Sansot. — P. M. Gahisto : Philéas Lebesgue. 1 vol. in-18, 2 fr., « Edition du Beffroi ».

Cette anthologie : Les Poètes du Terroir, du XVe siècle au XXe siècle, choisie et composée par M. Ad. van Bever permettra d'étudier et de fixer les rapports encore incertains qui existent entre la poésie française, la géologie et l'ethnographie de notre pays. « L'influence du sol, du paysage, se retrouve sans peine chez les écrivains les plus personnels », écrit l'auteur dans son introduction, et on pourrait écrire de curieuses pages « sur le caractère racial » de nos chefs-d'œuvre.

Il suffit, dit-il avec justesse, que l'on prononce les noms de François Villon, Rabelais, La Monnoye, La Fontaine, pour que nous évoquions tour à tour l'Ile de France, la noble et douce Touraine, la joyeuse Bourgogne et la blanche et lumineuse Champagne.

Chaque écrivain subit non seulement l'empreinte directe du milieu où il est né, où il s'est développé, mais aussi l'empreinte plus mystérieuse de ceux de sa race qui l'ont précédé. C'est cette dernière influence que M. Maurice Barrès a résumée dans cette formule : « nous sommes l'aboutissement de nos morts. »

Chacun des petits « pays » de chaque province de France a son aspect particulier, sa physionomie, son parfum, on pourrait dire sa sensibilité pariiculières. L'expression de ces diverses particularités est le patois, qui est la floraison spontanée de la race et du sol. Les patois furent si nombreux en France « qu'on en comptait, il y a un siècle, près de trente mille, soit à peu près autant que de communes » ; ils disparaissent sous l'influence de l'instruction obligatoire et de la centralisation administrative; mais avant de s'éteindre, ils auront légué leur richesse et leur beauté au français où l'on retrouve, vivants les mots les plus caractéristiques des patois disparus. Le français, par les divers apports des écrivains provinciaux, est devenu pour ainsi dire un peu la synthèse de toutes les petites langues que furent les patois.

Même dans sa gloire de langue nationale, écrit M. Mario Roques (Journal des Débats, 5 février 1903, cité par M. van Bever), le français continua ses emprunts. De tout temps les écrivains ont francisé des provincialismes : les auteurs du XVIe siècle en sont pleins ; Malherbe les interdira, mais chez lui-même, Ménage trouvera à blâmer des expressions normandes.

Plus près de nous, V. Hugo a rapporté de Guernesey quelques mots, pieuvre, par exemple, et toute l'école réaliste, de G. Sand au Jacquou le Croquant de M. Le Roy, a librement puisé dans le vocabulaire provincial. Sans le témoignage des parlers locaux, ce serait là autant de points obscurs sans l'histoire de la langue littéraire elle-même.

Et M. van Bever écrit avec hardiesse que les meilleurs vers d'un Ronsard, « pour ne citer que ceux-là, abondent d'expressions villageoises, d'images rustiques où se reflète l'aimable sentimentalité du paysan vendômois ». Le reste, dit-il, n'est que de la « virtuosité, de l'érudition et de cette politesse acquise au contact d'une société d'élite ».

Mais, les patois disparus, il ne faudrait pas croire que ce qui constitue comme la personnalité de ces provinces ait disparu avec eux : l'influence du sol, de l'atmosphère, de la race demeurera toujours la même. De même que certains coteaux produisent des vins exceptionnels, de même certaines régions paraissent être plus riches en poètes que d'autres. M. van Bever, et c'est ce qui donne à son anthologie un caractère scientifique, a tenté d'établir la géographie poétique de la France. Des cartes des diverses provinces qu'il étudie : Alsace, Anjou, Auvergne, Béarn, Berry, Bourbonnais, Bourgogne, Bretagne, Champagne, indiquent le lieu de naissance des poètes. Lorsque ce travail, qui comprendra plusieurs volumes, sera terminé on pourra rechercher s'il existe vraiment un rapport entre la constitution du sol et la poésie. Ce recueil nous révèle encore de nombreux poètes du terroir auxquels le public fera bon accueil.


LES REVUES

Akademos : M. Laurent Tailhade, sur Paul Verlaine. — Le Correspondant : un poème de M. Ch. de Pomairols. — La Revue du Temps présent : J.-K. Huysmans et le langage des pierres. — La Revue : la Photographie des Esprits. — Memento.

Akademos, qui a paru pour la première fois le 15 janvier, est une revue somptueuse, imprimée avec luxe et bon goût. Toutes les belles choses n'ont heureusement pas un destin court et il faut souhaiter la durée à ce nouveau recueil.

M. Laurent Tailhade y donne, sous ce titre : les Carnets de Stéphane Baillehache (souvenirs sur Verlaine), des pages de cette forte prose dont il est un des rares à pouvoir soutenir le ton. Certes, on enrage de le voir décocher ses traits mortels à des gens dont on aime l'œuvre et la personne. Mais quelle puissance n'y a-t-il pas chez ce grand styliste, quel autre s'est nourri de meilleure moelle, quel demeure mieux soi-même, débiteur d'autant aux maîtres qui, depuis notre admirable XVIe siècle, ont édifié la Langue Française !

Ah ! que tous les malades, les neurasthéniques, les abscons, les obscurs, les maniaques qui expriment en rébus le vide sonore de [...].

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MEMENTO. — Akademos (15 janvier) contient un fragment de l'Ajax de M. Jean Moréas, des poèmes de MM. H. Barbusse, J. Ochsé, M. de Noisay, et des articles de Mme Colette Willy, MM. E. Pilon, Robert Scheffer, Legrand-Chabrier, etc.

Le Divan (janvier-février). C'est aussi une revue qui naît. Elle n'a point de programme. M. F. Jammes l'inaugure, avec MM. Léo Larguier, Ed. Jaloux, F. Eon, S. Marsan, L. Naudin, J.-L. Vaudoyer, etc.

Les Guêpes (janvier) donnent une poétique homélie de M. Louis Le Cardonnel en l'honneur de l'arcbange saint Michel et une satire poétique de M. Jean-Marc Bernard, qui est injuste et spirituel, comme ce genre l'exige, et qui a bien du talent.

La Revue hebdomadaire (16 janvier) : Le vin dans l'histoire de Rome, par M. G. Ferrero. — Les élites et le Parlement, par M. Paul Adam.

La Revue de Paris (15 janvier). — Les origines des « Misérables » par M. G. Simon.

La Grande Revue (10 janvier). « Eve et Lilith », par M. F. de Miomandre. Une théorie de M. de Faramond sur sa conception de l'art théâtral.

Poesia (décembre-janvier) pub!ie l'Objet aimé, pastorale en 1 acte, d'Alfred Jarry et publiera les œuvres posthumes de cet écrivain.

La Rénovation esthétique (janvier) : MM. H. Clouard, Marten, Dorsa,, Grolleau, Carco, Lormel.

La Phalange (15 janvier). —« La foire aux tragédies », par M. R.Canudo, est une éloquente protestation contre l'abus des spectacles en plein air qui ne servent pas la vraie poésie.


LES JOURNAUX

Coquelin (Le Temps, 28 janvier). – Réponses de candidats (La Libre Parole, 19 janvier). – Chronique stendhalienne (Polybiblion, novembre 1908).


ECHOS

Mort de Catulle Mendès. — Le Banquet Saint-Pol-Roux. — Une lettre de M. Georges Batault. — L'Aéroplane conduit à une « impasse ». — Une « Passion » piémontaise. — Bettina von Arnim. — Une conférence sur Louis Le Cardonnel. — L'Association des Concerts Séchiari. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.

Mort de Catulle Mendès. — D'un accident brutal, Catulle Mendès est mort, le 8 février, à Saint-Germain-en-Laye. Il avait soixante-huit ans, mais il était plein de santé. Sa généreuse intelligence était plus active que jamais. Il disait la joie qu'il avait des représentations prochaines de Bacchus, à l'Opéra, et de l'Impératrice, au Théâtre Réjane ; il prouvait un entrain juvénile quand il racontait ses innombrables souvenirs, et c'est avec une verve fougueuse qu'il parlait à ses amis des livres qu'il allait écrire.

Catulle Mendès avait débuté très jeune. On sait toute la variété de son œuvre. On y trouve des poèmes : Philomela, Hespérus, Contes épiques, le Soleil de minuit, Intermède, Lieds de France, la Grive des Vignes, les Braises du Cendrier ; des drames : les Frères d'armes, les Mères ennemies, la Femme de Tabarin, la Reine Flammette, Médée, Glatigny, Sainte Thérèse ; des poèmes d'opéra : Isoline, Gwendoline, la Carmélite, le Fils de l'Etoile, Ariane ; des ballets et des pantomimes : le Docteur blanc, Chand d'habits, le Cygne ; des romans : le Roi Vierge, Zohar, la Première Maîtresse, la Maison de la Vieille ; des contes, dont les plus célèbres sont les Monstres Parisiens. Il écrivit à la gloire des poètes de son âge la Légende du Parnasse Contemporain. Comme critique littéraire, dramatique et musical, il joua un rôle important. Un des premiers en France il avait compris et admiré Wagner. A la suite de l'exposition de 1900, il fit un rapport sur la poésie française au XIXe siècle. On sait enfin que depuis de nombreuses années il signait la critique dramatique au Journal, dont il avait assumé la direction littéraire. Nous parlerons plus longuement de Catulle Mendès et de son œuvre dans notre prochaine livraison.

Ses obsèques ont eu lieu le 10 février. L'affluence était considérable, et tant de couronnes et de gerbes de fleurs avaient été envoyées qu'un char et le corbillard en étaient complètement recouverts.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Léon Dierx, le fidèle ami du défunt ; Jean Richepin, Jules Claretie, Paul Hervieu, de l'Académie Française ; Georges Lecomte, président de la Société des Gens de Lettres; Eugène Fasquelle, Gustave Kahn, Saint-Pol-Roux, Adolphe Brisson et au cimetière Montparnasse, des discours ont été prononcés par MM. Jean Richepin, George Lecomte, Adolphe Brisson, Marcel Ballot, Edmond Haraucourt, Alexis Lauze et Gustave Kahn. Un poème de M. Robert Zévaco a été dit par M. Albert Lambert fils.

Le Banquet Saint-Pol-Roux. — Une brlllante et nombreuse assistance s'est trouvée au banquet offert au poète Saint-Pol-Roux à la Taverne Gruber, boulevard Saint-Denis, le samedi 6 février, sous la présidenee de M. Léon Dierx. Plusieurs discours ont été prononcés, par MM. Léon Dierx, Gustave Kahn, Max Anély, Georges Pioch, Jean Royère, qui tous ont rendu hommage à Saint-Pol-Roux, à son talent, à son œuvre probe et à son désintéressement. Une brève allocution de Catulle Mendès a été très applaudie, ainsi que le discours (lu par M. Gustave Kahn) de M. Camille Mauclair, qu'un accident d'automobile survenu en cours de route empêchait d'être présent. L'auteur de la Dame à la Faulx, dans une réponse très littéraire, où il retraça un peu de l'histoire du mouvement symboliste, a remercié tous les assistants d'être venus si nombreux à le fêter et à l'honorer. Ce ne fut pas en effet le côté le moins intéressant de cette manifestation que d'y voir réunis, dans un même hommage à un écrivain, les représentants des écoles littéraires les plus différentes, depuis les Parnassiens, en la personne de Catulle Mendès et Léon Dierx, les Symbolistes, ceux qui les suivirent et jusqu'aux tout jeunes des nouveaux groupes actuels. Ces discours terminés, des poèmes de M. Saint-Pol-Roux ont été dits par Mmes Cœcilia Vellini, Eugénie Nau, et l'on s'est séparé en se donnant rendez-vous à la première de la Dame à la Faulx.

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§

Le Sottisier universel.

AVIS. Par suite du décès de Mme veuve Vautier, son fonds de commerce, de Goderville, continuera à être exploité comme par le passé. — Journal de Goderville, 31 janvier.

Quand j'ai vu le cadavre de M. Remy, j'ai pensé qu'il était mort de mort naturelle, par suicide, par accident ou par assassinat. — Déposition du Docteur Veillon dans le procès Renard-Courtois. — Le Petit Temps, 6 février.

... Car je me suis laissé dire que, sous le titre de la Femme nue, la pièce d'Henry Bataille n'a pas appauvri le Théâtre-Français. — L'Action, 38 novembre

L'homme brun aux yeux noirs est resté maître des quatre demi-hémisphères qui forment l'Europe méridionale. — Gabriel Hanotaux : Histoire de la France contemporaine, IV, page 5o, ligne 1.

Je me souviens avoir passé quelques minutes après le drame à l'endroit où Curie, l'inventeur du radium, fut écrasé. Il y avait encore un rassemblement, des gens effaçaient les traces de sang. Personne ne put me dire le nom de ce mort : on disait Durie, Duray, Bury et même Curie. — L'Eventail (Bruxelles), 31 janvier.

Hier ont eu lieu, aux Sables d'Olonne, des élections à l'effet d'élire un conseiller général… En voici le résultat :

M. Moulin, républicain, 2473 voix, élu.

Anonyme [Aunyme], conservateur, 2268 voix. — Les Nouvelles, 1er février 1909.

Coquilles

Le Président de la République, accompagné de M. Fallières, de M. Ramondon, etc. — Le Matin, 19 janvier.

Cinq années suivirent, cinq années de luxurieuse prospérité. — Salies-Journal, 7 février.