J'ai acheté le Mercure de juillet. Ne me l'envoyez pas. Envoyez l'Ermitage quand vous pourrez et les autres Mercure [9 juillet 1905].

§

J'ai découvert quelques jours après ma visite à la National Gallery l'article du Mercure sur Turner, etc... Tristan Leclère a très bien dit : « Poète de Venise, qui fait chanter les tons dans la lumière argentée ou dorée. » [23 juillet 1905].

§

Je suis tout prêt, je vous le répète, à payer ce qu'il faudra pour l'Ermitage et le Mercure et pour les avoir, mais seulement à la rentrée, comme il est impossible d'envoyer des timbres. — Je paierai même mes cinq sous pour le Mercure de juillet, comme c'est tout naturel. Je ne suis pas un salaud (dictionnaire Littré, avec la note : fam. ) comme G. [23 juillet 1905].

(Jacques Rivière, Alain-Fournier, Correspondance 1904-1914, NRF, 1991)

Nota bene : Nombreuses autres occurrences du Mercure dans cette correspondance.


1er octobre 1910. — L'Epilogue, de M. Remy de Gourmont, a pour titre La jeune Littérature et répond à la question que posait L'Intransigeant : « Quel intérêt pour vous a la jeune littérature ? »

Mais, l'envie, répond M. de Gourmont. C'est le moment de tous les espoirs, de tous les désirs, par conséquent de tous !es bonheurs... Mais qu'est-ce que cela peut bien faire à la jeune littérature qu'on s'intéresse à elle ? Cette question ressemble à une plainte d'orphelin dans une tragédie de Maeterlinck. Pensez-vous qu'on va vous répondre ? Hier, oui, hier encore, c'est nous qui étions la jeunesse et qui en avions l'insolence. Nous recevions avec joie l'encouragement de nos aînés... Nous n'aurions pas supporté facilement le dépeçage de Baudelaire à quoi vient de se livrer M. Faguet. Vous souciez-vous aussi de ce qu'il pense de vous, celui-là ?

29 avril 1911. — Au prochain numéro du Mercure de France : de piquantes révélations de M. R. Dumesnil sur les sources de deux livres des Misérables :

Dans un roman détruit en apparence et que personne jamais ne semblait devoir connaître, Victor Hugo prit d'une façon manifeste les éléments de construction nécessaires à deux volumes des Misérables : L'Idylle rue Plumet et L'Épopée rue Saint-Denis.

Le roman en question est Le Cloître de Saint-Merri, par Rey Dusseuil. Les exemplaires en furent lacérés, le 28 février 1833, sur l'ordre de la Cour d'assises de la Seine. On y trouve déjà un « Gavroche à l'état embryonnaire » qui s'appelle Joseph...

12 juillet 1911. — Un disciple de Max Nordau. Le Mercure de France voudrait-il abandonner la littérature pour se consacrer à la science ?

Le docteur Paul Voivenel donnera dans le prochain numéro une étude sur Le Rôle de la maladie dans l'inspiration littéraire. M. Paul Voivenel se montre dans cette étude ingénument matérialiste et sa définition du Poète satisferait à la rigueur M. Homais :

Le Poète possède une disposition d'esprit caractéristique qui tient à une architecture ou à un fonctionnement particulier de son cerveau.

Certaines des affirmations scientifiques de M. Paul Voivenel ne laissent pas d'être inquiétantes à force de précision :

Pour parler la prose de M.Jourdain ou les vers de Racine, il faut faire fonctionner certaines parties de l'écorce cérébrale qu'on appelle les centres du langage... [...].

(Alain-Fournier, Chroniques et critiques, textes inédits réunis et présentés par André Guyon, Le Cherche Midi, 1991)